Programmes 2004-5

CAPES externe 2004 ( B.O. S P É C I A L N°3 22 MAI 2003)

1 – Littérature

1. Thomas De Quincey – Confessions of an English Opium-Eater (1821). Oxford : Oxford University Press, Oxford World’s Classics, paperback, éd. Grevel Lindop, 1996, pp. 1-80.

2. Joseph Conrad – Lord Jim (1900). New York : Norton, A Norton Critical edition, éd. Thomas C. Moser, second edition, 1996.

3. Tennessee Williams – A Streetcar Named Desire (1947). Penguin Classics, 2000, éd. E. Martin Browne, p 112-126 et A Streetcar Named Desire, film d’Elia Kazan (1952).

II – Civilisation

Le crime organisé à la ville et à l’écran (États­Unis, 1929-1951); le gangstérisme aux États-Unis et son évolution jusqu’au début des années cinquante avec le développement de la Mafia.

On étudiera, notamment, l’exemple des représentations du gangstérisme dans le cinéma des années trente et quarante pour engager une réflexion sur le statut du criminel et des policiers qui le combattent dans l’imaginaire hollywoodien, et sur le rôle du cinéma dans le développement et/ou la répression du grand banditisme.

On s’intéressera particulièrement à quatre films : Scarface (1932), Angels with Dirty Faces (1938), Force of Evil (1948) et The Asphalt Jungle (1950).

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Agrégation externe 2004 (B.O. S P É C I A L N°3 22 MAI 2003)

Anglais
Épreuves écrites et orales

Écrit : tronc commun

I – Littérature

1 – William Shakespeare. A Midsummer Night’s Dream, Oxford, Oxford University Press, paperback, éd. Peter Holland, 1998. (N.B. – L’édition New Penguin Shakespeare, éd. Stanley Wells sera utilisée à l’oral).
2 – Thomas De Quincey, Confessions of an English Opium Eater (1821), Oxford University Press, Oxford World’s Classics, paperback, éd. Grevel Lindop, 1996, pp. 1 -80.
3 – George Eliot, The Mill on the Floss (1860), Oxford, Oxford University Press, Oxford World’s Classics, paperback, éd. Gordon S. Haight, 1998.
4 – Joseph Conrad, Lord Jim (1900). New York, Norton. A Norton Critical edition, éd. Thomas C. Moser, second edition, 1996.
5 – Tennessee Williams, A Streetcar Named Desire (1947) Penguin Classics, 2000, éd. E. Martin Browne, pp. 112 -226, et A Streetcar Named Desire, film d’Elia Kazan (1952).

II – Civilisation

1. Henry Louis Mencken, A Mencken Chrestomathy. New York, Alfred Knopf, 1949 ; Vintage Books (reprint 1982).

Henry Louis Mencken (1880-1956), – HLM – a exercé pendant une vingtaine d’années une sorte de magistère intellectuel aux États-Unis. C’est comme éditorialiste du Baltimore Sun, puis comme critique littéraire de la revue new­yorkaise The Smart Set qu’il accède à la notoriété dès les années 1910. Ne s’éloignant jamais de Baltimore, sa ville natale, il parvient au faîte de la gloire dans les années 1920, au moment où il dirige The American Mercury. Satiriste, prosateur vigoureux et polémique, linguiste (il laisse une importante étude sur la langue américaine), Mencken s’en prend à tout ce qui bouge, ou ne bouge pas, dans la société américaine de son temps : le Sud, la Nouvelle­Angleterre, le système éducatif, la religion, les hommes et les moeurs politiques, l’opinion publique (cette "booboisie" qu’il méprise), le journalisme, les femmes, le cinéma, le jazz, la Prohibition. Ce cultural critic qui est fier de ses racines allemandes – il fait connaître Nietzsche au public américain – n’est intimidé par aucun tabou et ne dédaigne pas les excès de plume. Mais Mencken s’adapte difficilement au New Deal, et ses provocations, en pleine crise économique, choquent l’opinion. Après Pearl Harbor, il observe l’engagement de son pays dans la seconde guerre mondiale avec un détachement hostile. Son heure est alors passée. En 1948, Mencken compose soigneusement cette anthologie par laquelle il se rappelle au bon souvenir d’un public qui l’a momentanément oublié. D’une étonnante liberté d’esprit et de ton, d’un humour féroce, d’une culture large, les écrits de Mencken renvoient à une pratique journalistique dont on chercherait en vain l’équivalent dans le paysage médiatique américain d’aujourd’hui.

On considèrera donc cet ensemble comme autant de documents d’histoire culturelle des États-Unis. En rétablissant le contexte et les références des interventions non conformistes et roboratives de HLM, en évaluant sa contribution aux débats de son époque, on s’efforcera de dégager le portrait en creux d’une grande puissance toute neuve en mutation rapide. On prendra en compte les dimensions culturelles, politiques et sociales de cette mutation, telle qu’elle a été enregistrée, dénoncée ou combattue par Mencken, témoin impitoyable d’une crise de croissance.

2. La "relation spéciale" Royaume-Uni/États­-Unis, entre mythe et réalité (1945-1990).

Unis par une langue commune, partageant dans une large mesure, la même culture, confrontés l’un au déclin de son influence mondiale, l’autre à l’expansion de ses responsabilités internationales, les deux pays ont, semble-t-il, trouvé dans la convergence de leurs intérêts, l’instrument d’une solidarité implicite à laquelle Churchill a donné le nom de "relation spéciale". Cette relation, qui s’affirme de façon visible – et parfois vivement ressentie par leurs partenaires – dans la gestion des relations extérieures des deux pays, paraît toutefois échapper à toute définition trop rigide et relever, outre d’une sentimentalité diffuse exprimée par les opinions publiques à des degrés divers selon le pays et l’époque considérés, de rapports de confiance exceptionnels entre certaines élites accoutumées à travailler ensemble.

C’est, à l’évidence, au cours de la Guerre froide que cette relation qui s’est fortifiée au cours de la seconde guerre mondiale, a pris sa pleine consistance. La période délimitée par l’arrivée à la Présidence de Harry Truman (avril 1945) et le retrait de Margaret Thatcher (novembre 1990) semble se prêter tout particulièrement à une observation fructueuse de l’évolution de cette relation.

L’étude de la question mérite d’être conduite à quatre niveaux :

1) Le plan stratégique et diplomatique.

C’est l’aspect le plus important de la question. Cette dimension trouve ses racines dans la fraternité des armes de la seconde guerre mondiale et l’élaboration commune d’un projet d’organisation internationale fondé sur les idéaux démocratiques et la coopération entre États (Charte de l’Atlantique, 1941). Elle se concrétise par la présence de nombreuses bases et autres importantes installations militaires américaines sur le territoire britannique.La production, le concept d’emploi et le contrôle de l’arme nucléaire sont au coeur des relations, souvent difficiles entre les deux pays jusqu’à l’accord de Nassau (1962) et l’échec du projet de Force multilatérale. Déjà sensibles pendant toute la phase de genèse du programme nucléaire (projet Manhattan), les tensions s’intensifient pendant les premières années d’après-guerre qui voient s’instaurer un contrôle sans partage de l’information relative au nucléaire par l’administration américaine (loi McMahon, 1946) jusqu’à la relance de la coopération militaire atomique entre les deux pays en particulier après la crise de Suez et le lancement du Spoutnik soviétique. Une fois amorcée la décélération de la course aux armements (accord SALT I, 1972), la question du contrôle des armements conventionnels et de la réduction des arsenaux nucléaires ne verra pas toujours les deux alliés alignés sur la même position. En arrière-plan se pose la question de la participation américaine à la défense de l’Europe (OTAN) à laquelle répondent les tentatives, plus ou moins fructueuses, des européens pour mettre en place un système défensif qui leur soit propre (CED, UEO).
Plus généralement, la question de l’intégration européenne et le rôle que le Royaume-Uni pourrait jouer dans cette construction font souvent l’objet d’interprétations divergentes, voire contradictoires, à Londres et à Washington, notamment lors de la phase de gestation de l’entreprise. Puis, à partir des années 60, le problème devient pour Londres de concilier la préservation de la relation spéciale avec sa quête d’un rôle dans le processus d’intégration déjà en train au sein de l’Europe continentale.
Sur la plupart des grands dossiers internationaux de la période on observe une identité de vues d’autant plus étroite entre les responsables des deux pays qu’ils poursuivent une coopération exceptionnelle en matière de collecte et d’échange de renseignements. On n’en relève pas moins d’importantes divergences qui ont eu pour cadre le Moyen­0rient : la crise iranienne au début des années cinquante (jusqu’à l’arrivée de l’administration Eisenhower), l’affaire de Suez en 1956 qui laissera d’importantes séquelles mais débouche paradoxalement sur ce qui est peut­être la période la plus intense de la relation spéciale. D’autres crises majeures seront l’occasion d’observer certaines failles dans cette alliance réputée indéfectible : politique à l’égard de l’URSS (à certaines périodes), intervention américaine à la Grenade, unification allemande.
(N.B. – On n’attendra pas des candidats une connaissance détaillée des opérations militaires).

2) La dimension économique et financière.

La négociation du prêt américain relevant le prêt-bail, l’aide américaine au titre du Plan Marshall, ont eu un impact important sur les relations entre les deux pays, tout comme le soutien des États-Unis et des organisations financières internationales lors des difficultés économiques que connaît le Royaume-Uni au cours de la période (crise de la livre de la deuxième moitié des années 60 et crise budgétaire de 1976 notamment). La question des investissements directs n’est pas négligeable, pas plus que celle de l’identité des théories économiques et monétaires qui ont prévalu dans les deux pays à l’époque de Reagan et Thatcher.

3) Les relations entre les hommes.

Elles constituent une dimension moins perceptible mais tout aussi capitale de la question. Relations entre les dirigeants politiques, les tandems ou couples célèbres : Churchill/ Truman et plus tard Eisenhower; Macmillan/ Eisenhower puis JFK, Reagan/Thatcher. D’autres tandems ont connu des relations plus complexes ou plus orageuses : Dulles/Eden; Wilson/Johnson; Heath/Nixon. Relations entre les responsables diplomatiques et militaires, notamment dans le domaine de la communauté du renseignement dont le rôle sera capital lors de la guerre des Malouines.

4) La réaction des opinons publiques.

Les Américains sont-ils toujours perçus comme les cousins d’Outre-Atlantique et comme les alliés privilégiés? Assiste-t-on, au contraire, à la banalisation de cette relation dans la percep­tion qu’en ont les opinions publiques des deux pays? On s’interrogera sur l’image de chacun des deux pays et de leur politique dans l’opinion publique de l’autre.

III – Linguistique

a – Phonologie
Bibliographie indicative:- Dictionnaire: Jones, D. English Pronouncing Dictionary, 15th edition. Cambridge:
Cambridge University Press, 1998.
Ou Wells, J. C. Longman Pronunciation Dictionary. London: Longman, 2nd edition, 2000. – Cruttenden, A. Gimson’s Pronunciation of English. London: Edward Arnold, 1994. -Guierre, L. Règles et exercices de prononciation anglaise. Paris : Armand Colin, Longman, 1987.
– Roach, P. English Phonetics and Phonology, 3rd edition. Cambridge: Cambridge University Press, 2000.

b – Grammaire: les questions ne s’appuient pas sur un programme.

Oral

I – Épreuves à option
Le programme des options A et B est constitué par le programme des épreuves d’admissibilité auquel s’ajoute, pour chaque candidat, le programme ci -dessous correspondant à l’option A ou B qu’il a choisie au moment de l’inscription:

A – Littérature

– Geoffrey Chaucer, The Canterbury Tales. New York : Norton, Norton Critical Edition, eds V.A. Kolve and Glending Olson, 1989. The General Prologue, pp3 – 24, The Knight’s Tale, pp.24 -75, The Miller’s Prologue and Tale, pp. 75 -93, The Wife of Bath’s Prologue and Tale, pp. 105 -135, The Franklin’s Prologue and Tale, pp. 169 -191, The Pardoner’s Prologue and Tale, pp. 191 -207, The Nun’s Priest’s Prologue and Tale, pp. 214 -231.

– Steven Millhauser, The Knife Thrower and Other Stories (1998). New York : Vintage Contemporaries, 1999.

B – Civilisation

– Art et Nation : la fondation de la Royal Academy of Arts, 1768 -1836.

La fondation de la Royal Academy of Arts à Londres en 1768 représenta un moment décisif dans l’histoire de la peinture en Grande-Bretagne. Institution de prestige, elle visait à donner aux meilleurs artistes nationaux un lieu de formation et de reconnaissance, inspiré des modèles continentaux. Il s’agissait d’une part de permettre aux peintres britanniques d’acquérir un véritable statut d’artiste professionnel, d’autre part de promouvoir les qualités intellectuelles et édifiantes de l’art, essentielles à toute grande nation. L’exposition annuelle de la Royal Academy, qui, de 1780 à 1836, eut lieu dans les salles spécialement créées à Somerset House, fut un rendez -vous annuel décisif dans la vie intellectuelle et culturelle de la Grande-Bretagne, donnant lieu à des débats passionnés. Car la fondation de la Royal Academy ne fit jamais l’unanimité. Sa volonté d’imposer un programme éducatif traditionnel au service de hiérarchies artistiques importées des académies continentales rencontra l’opposition notam-ment de tous ceux qui défendaient la "liberté" anglaise, et tant les élections des membres de l’Academy que les choix des uvres exposées annuellement divisèrent artistes et intellectuels. On s’intéressera d’une part aux conditions de la fondation de cette institution en 1768, aux débats et aux enjeux qui accompagnèrent sa création, aux critiques dont elle fut immédiate-ment l’objet. Il s’agira de bien cerner l’importance tant idéologique qu’artistique d’une institution "indépendante" vouée à la promotion d’un grand art national.
On s’intéressera d’autre part à son fonctionne-ment, à la nature des enseignements qu’elle dispensait, à ses choix méthodologiques et artistiques,notamment tels qu’ils ont pu être exprimés par son premier Président, Sir Joshua Reynolds, dans la série des Discours qu’il y prononça entre 1768 et 1790. On étudiera le rôle des exposi-tions annuelles de l’Academy jusqu’à leur départ de Somerset House en 1836, à la fois comme événement culturel et comme entreprise de régulation de la production artistique nationale, notamment face à l’émergence d’un véritable marché de l’art. On s’interrogera en particulier sur le rôle ambigu qu’a pu jouer cette institution dans l’émergence d’une "école anglaise de peinture" (Reynolds, Gainsborough, Constable, Turner). On prêtera ainsi attention aux grands genres de peinture (peinture d’histoire, portrait, paysage) qui caractérisent celle-ci, tant dans leur relation aux prescriptions de l’Academy que dans leur contribution à la création d’un art "national", ainsi qu’aux pratiques et discours dissidents qui s’y opposèrent.
Outre les Discours de Reynolds, les candidats pourront être appelés à commenter des textes extraits de sources primaires ou secondaires portant directement sur les différents enjeux de la question décrits ci-dessus. Ces extraits pourront le cas échéant être accompagnés de documents iconographiques (caricatures, reproductions de tableaux).

C – Linguistique

a) Commentaire de texte: les propositions en wh – Dans son commentaire, le candidat devra traiter un sujet choisi par le jury dans le domaine des propositions en wh -, et il pourra aussi, s’il le sou-haite, consacrer une partie de son exposé à tout phénomène linguistique représenté dans le texte.

b) Leçon : Dans le cadre du programme ci -dessous, il est demandé au candidat de répondre à une question d’ordre théorique ou de discuter une ou plusieurs affirmations de linguistes tout en illustrant son argumentation à l’aide d’exemples tirés d’un corpus d’anglais contemporain qui lui sera fourni lors de la remise du sujet. Des connaissances théoriques sont attendues.

I. Le sujet

II. It

II – Épreuves communes

Lors de la préparation de l’épreuve hors programme en anglais, les candidats auront à leur disposition:- Dictionnaires unilingues anglais et américain.
– The Encyclopaedia Britannica.
N.B. – Les éditions sont données à titre indicatif.

Agrégation interne 2004 (B.O. S P É C I A L N°3 22 MAI 2003)

1 – Littérature

William Shakespeare. A Midsummer Night’s Dream, Oxford, Oxford University Press, paperback, éd. Peter Holland, 1998. (N.B. – L’édition New Penguin Shakespeare, éd. Stanley Wells sera utilisée à l’oral).

Jonathan Swift, Gulliver’s Travels (1726), Oxford University Press, Oxford World’s Classics, paperback, éd. Paul Turner, 1998.

William Faulkner, The Sound and the Fury (1929). A Norton Critical Edition, 2nd edition, edited by David Minter. New York & London. W.W. Norton & Company,1994.

2 – Civilisation

Henry Louis Mencken, A Mencken Chrestomathy. New York, Alfred Knopf, 1949 ; Vintage Books (reprint 1982).

Henry Louis Mencken (1880-1956), – HLM – a exercé pendant une vingtaine d’années une sorte de magistère intellectuel aux États-Unis. C’est comme éditorialiste du Baltimore Sun, puis comme critique littéraire de la revue new­yorkaise The Smart Set qu’il accède à la notoriété dès les années 1910. Ne s’éloignant jamais de Baltimore, sa ville natale, il parvient au faîte de la gloire dans les années 1920, au moment où il dirige The American Mercury. Satiriste, prosateur vigoureux et polémique, linguiste (il laisse une importante étude sur la langue américaine), Mencken s’en prend à tout ce qui bouge, ou ne bouge pas, dans la société américaine de son temps : le Sud, la Nouvelle­Angleterre, le système éducatif, la religion, les hommes et les moeurs politiques, l’opinion publique (cette "booboisie" qu’il méprise), le journalisme, les femmes, le cinéma, le jazz, la Prohibition. Ce cultural critic qui est fier de ses racines allemandes – il fait connaître Nietzsche au public américain – n’est intimidé par aucun tabou et ne dédaigne pas les excès de plume. Mais Mencken s’adapte difficilement au New Deal, et ses provocations, en pleine crise économique, choquent l’opinion. Après Pearl Harbor, il observe l’engagement de son pays dans la seconde guerre mondiale avec un détachement hostile. Son heure est alors passée. En 1948, Mencken compose soigneusement cette anthologie par laquelle il se rappelle au bon souvenir d’un public qui l’a momentanément oublié. D’une étonnante liberté d’esprit et de ton, d’un humour féroce, d’une culture large, les écrits de Mencken renvoient à une pratique journalistique dont on chercherait en vain l’équivalent dans le paysage médiatique américain d’aujourd’hui.

On considèrera donc cet ensemble comme autant de documents d’histoire culturelle des États-Unis. En rétablissant le contexte et les références des interventions non conformistes et roboratives de HLM, en évaluant sa contribution aux débats de son époque, on s’efforcera de dégager le portrait en creux d’une grande puissance toute neuve en mutation rapide. On prendra en compte les dimensions culturelles, politiques et sociales de cette mutation, telle qu’elle a été enregistrée, dénoncée ou combattue par Mencken, témoin impitoyable d’une crise de croissance.

La "relation spéciale" Royaume-Uni/États­-Unis, entre mythe et réalité (1945-1990).

Unis par une langue commune, partageant dans une large mesure, la même culture, confrontés l’un au déclin de son influence mondiale, l’autre à l’expansion de ses responsabilités internationales, les deux pays ont, semble-t-il, trouvé dans la convergence de leurs intérêts, l’instrument d’une solidarité implicite à laquelle Churchill a donné le nom de "relation spéciale". Cette relation, qui s’affirme de façon visible – et parfois vivement ressentie par leurs partenaires – dans la gestion des relations extérieures des deux pays, paraît toutefois échapper à toute définition trop rigide et relever, outre d’une sentimentalité diffuse exprimée par les opinions publiques à des degrés divers selon le pays et l’époque considérés, de rapports de confiance exceptionnels entre certaines élites accoutumées à travailler ensemble.

C’est, à l’évidence, au cours de la Guerre froide que cette relation qui s’est fortifiée au cours de la seconde guerre mondiale, a pris sa pleine consistance. La période délimitée par l’arrivée à la Présidence de Harry Truman (avril 1945) et le retrait de Margaret Thatcher (novembre 1990) semble se prêter tout particulièrement à une observation fructueuse de l’évolution de cette relation.

L’étude de la question mérite d’être conduite à quatre niveaux :

1) Le plan stratégique et diplomatique.

C’est l’aspect le plus important de la question. Cette dimension trouve ses racines dans la fraternité des armes de la seconde guerre mondiale et l’élaboration commune d’un projet d’organisation internationale fondé sur les idéaux démocratiques et la coopération entre États (Charte de l’Atlantique, 1941). Elle se concrétise par la présence de nombreuses bases et autres importantes installations militaires américaines sur le territoire britannique.La production, le concept d’emploi et le contrôle de l’arme nucléaire sont au coeur des relations, souvent difficiles entre les deux pays jusqu’à l’accord de Nassau (1962) et l’échec du projet de Force multilatérale. Déjà sensibles pendant toute la phase de genèse du programme nucléaire (projet Manhattan), les tensions s’intensifient pendant les premières années d’après-guerre qui voient s’instaurer un contrôle sans partage de l’information relative au nucléaire par l’administration américaine (loi McMahon, 1946) jusqu’à la relance de la coopération militaire atomique entre les deux pays en particulier après la crise de Suez et le lancement du Spoutnik soviétique. Une fois amorcée la décélération de la course aux armements (accord SALT I, 1972), la question du contrôle des armements conventionnels et de la réduction des arsenaux nucléaires ne verra pas toujours les deux alliés alignés sur la même position. En arrière-plan se pose la question de la participation américaine à la défense de l’Europe (OTAN) à laquelle répondent les tentatives, plus ou moins fructueuses, des européens pour mettre en place un système défensif qui leur soit propre (CED, UEO).
Plus généralement, la question de l’intégration européenne et le rôle que le Royaume-Uni pourrait jouer dans cette construction font souvent l’objet d’interprétations divergentes, voire contradictoires, à Londres et à Washington, notamment lors de la phase de gestation de l’entreprise. Puis, à partir des années 60, le problème devient pour Londres de concilier la préservation de la relation spéciale avec sa quête d’un rôle dans le processus d’intégration déjà en train au sein de l’Europe continentale.
Sur la plupart des grands dossiers internationaux de la période on observe une identité de vues d’autant plus étroite entre les responsables des deux pays qu’ils poursuivent une coopération exceptionnelle en matière de collecte et d’échange de renseignements. On n’en relève pas moins d’importantes divergences qui ont eu pour cadre le Moyen­0rient : la crise iranienne au début des années cinquante (jusqu’à l’arrivée de l’administration Eisenhower), l’affaire de Suez en 1956 qui laissera d’importantes séquelles mais débouche paradoxalement sur ce qui est peut­être la période la plus intense de la relation spéciale. D’autres crises majeures seront l’occasion d’observer certaines failles dans cette alliance réputée indéfectible : politique à l’égard de l’URSS (à certaines périodes), intervention américaine à la Grenade, unification allemande.
(N.B. – On n’attendra pas des candidats une connaissance détaillée des opérations militaires).

2) La dimension économique et financière

La négociation du prêt américain relevant le prêt-bail, l’aide américaine au titre du Plan Marshall, ont eu un impact important sur les relations entre les deux pays, tout comme le soutien des États-Unis et des organisations financières internationales lors des difficultés économiques que connaît le Royaume-Uni au cours de la période (crise de la livre de la deuxième moitié des années 60 et crise budgétaire de 1976 notamment). La question des investissements directs n’est pas négligeable, pas plus que celle de l’identité des théories économiques et monétaires qui ont prévalu dans les deux pays à l’époque de Reagan et Thatcher.

3) Les relations entre les hommes

Elles constituent une dimension moins perceptible mais tout aussi capitale de la question. Relations entre les dirigeants politiques, les tandems ou couples célèbres : Churchill/ Truman et plus tard Eisenhower; Macmillan/ Eisenhower puis JFK, Reagan/Thatcher. D’autres tandems ont connu des relations plus complexes ou plus orageuses : Dulles/Eden; Wilson/Johnson; Heath/Nixon. Relations entre les responsables diplomatiques et militaires, notamment dans le domaine de la communauté du renseignement dont le rôle sera capital lors de la guerre des Malouines.

4) La réaction des opinons publiques

Les Américains sont-ils toujours perçus comme les cousins d’Outre-Atlantique et comme les alliés privilégiés? Assiste-t-on, au contraire, à la banalisation de cette relation dans la percep­tion qu’en ont les opinions publiques des deux pays? On s’interrogera sur l’image de chacun des deux pays et de leur politique dans l’opinion publique de l’autre.

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