Thème proposé par Sylvie Bauer, Université de Rennes 2
Sébastien Mort, Université de Lorraine (Site de Metz)
Elizabeth Mullen, Université de Bretagne Occidentale
La tension entre l’autorité d’une parole et d’un pouvoir hérités et la quête d’une indépendance légitime traverse l’histoire et les cultures des États-Unis. Qu’il s’agisse de proclamer une indépendance politique, culturelle, intellectuelle, littéraire ou artistique par rapport à l’Europe ou d’affirmer une identité propre au territoire, les États-Unis n’ont cessé d’entretenir un rapport trouble à l’autorité – entendue ici principalement au sens d’auctoritas –, maintenant un état de crise dynamique soulignée par le congrès de 2019, qui s’intéressait aux notions de discipline et d’indiscipline. Comme le rappelle le numéro de la Revue Française d’Études Américaines intitulé « Qui a peur des nouveaux canons ? » (Félix et Perrin-Chenour, 2006), la légitimité tant politique que culturelle du pays devait se parer d’un canon. Celui-ci s’est révélé ambivalent en raison de son rapport au pouvoir et d’une « fétichisation » qui lui a conféré une légitimité contestée, mais aussi parce qu’il s’est approprié les marges tout en les excluant. C’est au prisme de la tension entre exclusion et appropriation que nous souhaiterions travailler les problématiques afférentes aux concepts de légitimité, d’autorité et de canon lors du 53ème congrès de l’AFEA.
L’élection puis la présidence de Donald Trump ont récemment projeté ces questions à l’avant-scène des débats politiques, culturels et intellectuels, mais aussi littéraires et artistiques, en raison de l’empreinte très forte que sa présidence a laissée dans l’imaginaire collectif. Figure extérieure à la sphère politique, Trump a fondé sa légitimité sur la persona de magnat de l’immobilier qu’il a façonnée grâce à la téléréalité, alors qu’il était en fait un homme d’affaires en faillite. À l’inverse il s’est imposé dans la course à l’investiture et s’est maintenu au pouvoir en contestant la légitimité de ses adversaires à prétendre à une quelconque autorité du fait de l’insuccès chronique qu’ils connaîtraient dans leurs domaines respectifs.
Au-delà des quatre années de sa présidence, Trump apparaît comme symptomatique d’un moment critique où la contestation des formes traditionnelles du politique, les mutations sociétales et l’accélération de l’innovation technologique engendrent des bouleversements de grande ampleur qui se manifestent, entre autres, par une crise de l’autorité et par la remise en cause des instances légitimantes traditionnelles. D’une certaine manière, ce moment de crise peut s’analyser comme la dernière itération d’un phénomène qui reflète quelque chose d’inhérent à la notion d’américanité et à l’identité étasunienne, et qui surgit et ressurgit tout au long de l’histoire du pays, dans tous les domaines de la culture. Au fond, toute l’expérience américaine peut être lue comme une quête de légitimité sans cesse renouvelée, dont le projet américain de « recommencer le monde », ainsi que l’écrit Thomas Paine au moment où s’amorce le processus révolutionnaire début 1776, semble condenser les enjeux.
La thématique invite à s’interroger sur la perpétuelle remise en cause de l’auctoritas et des canons et sur la façon dont s’établissent de nouvelles instances légitimantes, dans une culture où l’ethos de l’action fait de l’initiative individuelle et de l’éthique du travail des sources suffisantes de légitimité et où s’érigent et se construisent constamment des références nouvelles. L’examen des liens entre légitimité, autorité et canon amène également à se pencher sur la manière dont ces processus mettent en jeu les rapports de pouvoir, tout autant qu’il invite à explorer la crise des autorités, les questions de l’autorité usurpée et de l’illégitimité, les stratégies de délégitimation de l’autre ainsi que le déboulonnement des canons et la désacralisation des autorités établies. Plus globalement, le thème appelle à réfléchir à la façon dont ces processus construisent et infléchissent l’expérience américaine dans les domaines politique, littéraire, artistique, social, culturel, sociétal, historique, anthropologique, économique, ou encore épistémologique.
Au plan politique, ces problématiques sont intrinsèques au projet américain car elles émergent dès l’établissement des premières colonies britanniques, notamment dans les discours visant à légitimer la présence européenne et l’éradication des autochtones. Au cours de la période coloniale, la légitimité des gouvernements locaux et la contestation de l’autorité du Parlement et de la couronne sont au cœur des enjeux politiques. Pendant la Révolution, c’est à une puissance étrangère que la jeune nation demande le soutien pour légitimer son projet d’indépendance ; plus tard, le système de gouvernement et les institutions sont légitimés par l’appropriation et l’adaptation des canons de la philosophie politique européenne, avec lesquels les Pères fondateurs entretiennent un rapport ambivalent.
Au fil des décennies, l’attachement croissant à l’autorité des États fédérés vient souvent remettre en cause celle de l’État fédéral, dont l’intervention est dénoncée comme une immixtion illégitime. On pourra explorer les différentes manifestations de l’hostilité anti-fédérale, en examinant, entre autres, la rhétorique anti-Washington, le « fétichisme fédéraliste », la nullification au cours de la période antebellum ou encore la résistance à l’intégration ethnoraciale et l’interposition lors de moments importants de la lutte pour les Droits civiques. Poser la question de la légitimité des formes de gouvernement, c’est également s’intéresser à la manière dont le rapport de l’individu à l’État tel que le théorise Henry David Thoreau dans Civil Disobedience (1849) inscrit le dissensus au répertoire des valeurs socle de la société américaine et légitime des expériences politiques qui émergent à la marge ou en dehors du périmètre des institutions.
On pourra s’interroger par ailleurs sur la manière dont s’imposent des courants idéologiques endogènes ou des manifestations endogènes d’idéologies qui émergent ailleurs. Comment se légitime un socialisme américain dans une société qui sacralise l’individu et envisage toute expérience collectiviste comme unAmerican, a fortiori dans la période d’après-guerre ? Comment, dans une société sans tradition conservatrice, la contre-sphère publique qui se forme autour des revues telles que Human Events et National Review légitime-t-elle le « conservatisme nouveau » à partir des années 1940 ?
Dans une perspective plus contemporaine, la thématique invite à réfléchir à la façon dont la polarisation du jeu politique et les récits partisans mettent en forme des versions irréconciliables du réel qui sapent la légitimité de celles et ceux qui incarnent les institutions. Quelle est la légitimité de juges accédant à la Cour suprême à la faveur de processus de nomination et de confirmation défaillants ? De quelle légitimité peut se prévaloir la représentation nationale lorsque celle-ci est en partie le fruit du gerrymandering ? Comment des mécanismes électoraux pourtant inscrits dans la Constitution (vote du Collège électoral, certification du vote des grands électeurs par le Congrès) sont-ils remis en cause pour nier au vainqueur sa légitimité et asseoir celle du perdant ? Sous la question de l’autorité affleure donc celle de l’autoritarisme, d’autant que l’époque contemporaine a vu émerger une figure ayant assis sa légitimité par le biais d’attaques constantes contre le système démocratique américain et ses normes, éléments qui ancrent la légitimité de l’expérience américaine, tout en s’appropriant par ailleurs les mythes fondateurs de la nation.
Dans le domaine de la religion, au-delà de la multiplication des voix religieuses et de la capacité du Protestantisme américain à admettre le schisme, la réflexion pourra porter sur l’établissement de confessions spécifiquement américaines (importation et développement du Baptisme ; création du Pentecôtisme, du Mormonisme, de l’Adventisme) et sur la légitimation d’autorités, de rituels et d’expériences religieuses nouvelles (parler-en-langue ; télévangélisme ; baptême électronique). La thématique appelle par ailleurs une réflexion sur la légitimité des confessions non-protestantes (hostilité historique envers le catholicisme ; regain de l’antisémitisme avec la réémergence et l’activisme accru de groupes d’extrême droite ; islamophobie exacerbée depuis le 11 septembre) mais aussi des non-croyants, dans une société où la foi en Dieu est identifiée à la foi dans le projet américain. L’attention pourra aussi se porter sur l’instrumentalisation du religieux à des fins de délégitimation de l’adversaire, notamment dans le domaine politique. A contrario, l’intersection entre religion, sexualité et appartenance ethnoraciale pourra donner lieu à une réflexion sur la façon dont le religieux joue parfois le rôle d’instance légitimante d’expériences et de pratiques sociales non-hégémoniques.
Dans le domaine de la littérature, on pourra examiner comment s’est construite la légitimité des textes américains. Si la Déclaration d’indépendance marque un jalon dans l’émancipation des États-Unis, cette émancipation passe aussi par une littérature et une pensée propres, vaste projet maintes fois souhaité et annoncé et dont les ambiguïtés s’affichent jusque dans la déclaration d’indépendance intellectuelle qu’est The American Scholar de Ralph Waldo Emerson (1837). On pourra alors se demander comment s’est imposée une littérature d’Amérique et comment ont émergé des « voix américaines », pour reprendre le titre de la collection dont la vocation était de faire porter ces voix. Comment la littérature américaine a-t-elle accédé aux canons littéraires au-delà des États-Unis et comment s’est-elle bien souvent nourrie de canons européens dont elle a incorporé la légitimité pour mieux la détourner ? Comment lire la fascination pour cette littérature étasunienne telle qu’elle s’incarne dans la diffusion de certains de ses textes en France, par l’entremise de passeurs que sont les universitaires, les traducteurs, les maisons d’éditions (on pense à Gallmeister, ou à la collection dédiée d’Actes Sud) ou les revues, telles l’éphémère America, qui, toutes, font emprunter aux lecteurs la grand-route tout autant que les chemins de traverse.
Plus largement qu’est-ce qu’un texte canonique et une voix légitime dans le contexte littéraire et éditorial étasunien ? Comment l’œuvre fait-elle référence et comment se font entendre les voix multiples en marge du canon, à contre-courant, ou en courant alternatif ? Qu’il s’agisse de la multiplicité de maisons d’éditions indépendantes, des festivals littéraires, des voix singulières qui diffractent le paysage littéraire, comment une littérature qui serait proprement étasunienne fait-elle entrer en résonance canon et « expérimentation » ? À l’inverse, qu’en est-il de la désacralisation des œuvres ?
Se pose alors la question de l’auctorialité et des autorités narratives (Audi, 2002) : quelles sont les nouvelles pratiques narratives/littéraires qui émergent en dehors des cadres institutionnels lorsque les œuvres se font le reflet d’un contemporain propice aux conflits sociaux et politiques ? Comment alors concilier une littérature parfois revendicative ou engagée – mais aussi Native American, African American, Italian American, Arab American ou encore Women’s literature pour n’en nommer que quelques-unes – et l’idée même de littérature incarnant un universel américain, déliée de toute catégorisation ? Ce questionnement met donc en jeu la légitimité de la parole, rapportée à un genre, une origine, une couleur de peau. La question du canon est liée également à celle de l’institutionnalisation de la littérature, des choix éditoriaux ou universitaires qui tracent les contours de ce que serait une littérature américaine au singulier et dans ses multiples singularités. Enfin, à quelle forme d’autorité le critique littéraire peut-il prétendre ou de quelle autorité peut-il se réclamer alors qu’il a pour objet de l’interroger voir de la remettre en question ? Quelle est la portée et la responsabilité du geste critique et théorique dans la construction d’une pensée faite d’entrecroisements et d’intertextualité et susceptible de proposer un observatoire d’une littérature américaine elle-même enrichie de traditions, de mimétismes, et rapports à une langue héritée, métissée et revendiquée ?
Il en va de même dans le domaine des arts visuels et de l’architecture. Comment sont érigés des canons artistiques et architecturaux américains ? Quel rôle jouent l’appropriation et l’adaptation de canons existants dans la légitimation d’un art américain ? La thématique invite aussi à une réflexion sur le processus de muséalisation et à l’inverse, sur la légitimité de canons qui s’élaboreraient en dehors de l’institution. La problématique est saillante par ailleurs dans le domaine de la musique et la danse. À la faveur de quels processus les livrets d’œuvres opératiques nouvelles sont-ils inscrits au répertoire des grandes salles ?
Au plan historique, le sujet invite à s’interroger sur l’émergence des figures tutélaires, et plus particulièrement sur les processus qui permettent à certaines figures d’intégrer le panthéon des personnages illustres, au contraire d’autres qui auraient pourtant titre à y accéder. Ces enjeux revêtent une centralité toute particulière dans les problématiques afférentes à l’écriture de l’histoire des mouvements de réforme et de la lutte pour les Droits civiques, dans lesquels les femmes jouent un rôle absolument crucial mais dont les récits semblent dominés par les hommes. S’interroger sur la légitimité des figures historiques invite donc à se pencher sur les questions d’historicité, d’autorité de l’historien·ne et d’écriture de l’histoire. De quelle autorité l’historien·ne peut-il ou elle se prévaloir ? Qui a légitimité à écrire les récits nationaux ? Comment les récits historiques de la marge se légitiment-ils ? Ces questions appellent, entre autres, une réflexion sur le travail de légitimation historique des autochtones, des esclaves, des femmes, des groupes minorisés, ainsi que leur place dans les récits nationaux et leur effort pour légitimer leur participation à l’écriture de ces récits, tout en examinant l’incidence des enjeux contemporains sur la façon dont sont érigées les figures historiques canoniques.
La problématique de l’inscription des figures de l’autorité dans l’espace public est centrale également – on pense à l’érection et au déboulonnement des statues de figures confédérées. À l’inverse, poser la question de la légitimité historique invite à se pencher sur « l’offensive culturelle » (Offenstadt, 2014) que mènent les commentateurs de la contre-sphère publique conservatrice, notamment sur les réseaux sociaux, pour remettre en cause les consensus historiques.
Du point de vue de la méthodologie de l’histoire, la thématique suggère une réflexion sur les archives et le processus d’archivage (Quel document a titre à devenir une archive ? Comment le statut d’archive légitime est-il défini ?) ainsi que sur la question du témoignage dans l’écriture de l’histoire (Comment se construit l’autorité des témoignages historiques ? Comment s’établit la légitimité des acteurs historiques ?).
Légitimité, autorité et canons sont également au cœur des enjeux qui entourent les mouvements de réforme, indépendamment de leur mise en récit historique. Comment se légitiment les discours antiesclavagistes et abolitionnistes quand l’esclavage est non seulement vital à l’économie d’une partie du pays mais sous-tend l’édifice social ? Comment faire admettre la légitimité civique et politique des Africains-Américains alors même que leur humanité est en question ? De même, comment se fait entendre la diversité des voix féministes, dans le sillage des militantes lesbiennes au sein de la National Organization for Women, face à une opposition croissante des conservateurs et conservatrices ? Quelle est la place des femmes trans dans les récits féministes ? À l’époque plus contemporaine, la remise en question de l’autorité et des structures de pouvoir est un enjeu central de mouvements tels que #MeToo ou #TimesUp et #BlackLivesMatter, ses dérivés (#TransLivesMatter) et ses appropriations réactionnaires (#AllLivesMatter ; #BlueLivesMatter). De même, outre les avancées et régressions socioculturelles, l’analyse des notions de genre, de sexualité et de binarité s’articule aussi autour du statut épistémologique et ontologique de différentes communautés (Black, African American, Person of Color, BIPOC, LGBTQIA+).
La réflexion pourra enfin porter sur les processus de légitimation de stratégies de contestation déployées en dehors du cadre défini par la désobéissance civile, qui, envisagée comme non-violente, respectueuse des institutions et de l’autorité de l’État, est généralement admise comme seul mode de protestation légitime (Delmas, 2020). Comment des formes de « désobéissance non-civile » (anonymes, irrespectueuses, potentiellement violentes, et visant précisément à contester la légitimité de l’État) ont-elles cherché à s’imposer comme stratégies de contestation légitimes ? Des « sextrêmistes » aux activistes de la lutte contre le SIDA en passant par le culture jamming, l’histoire des États-Unis est ponctuée d’expériences contestataires non-civiles visant à permettre aux minorisé·e·s de se réapproprier leur agentivité et qui viennent compliquer la façon d’envisager l’expression et la mise en œuvre du dissensus.
Les questions d’authenticité, de légitimité et de canons pourront également être explorées en termes de canons cinématographiques à l’âge classique hollywoodien, au moment du nouvel Hollywood, où dans le domaine du cinéma indépendant ou du film documentaire, tout comme les questions d’hybridation générique (ZomComs, Western gai, SF Queer) et transmédiatique (adaptation, remake, reboot, sequel, prequel, coquel), ainsi que leurs univers adjacents. Ces questions se posent aussi quand on aborde les problématiques d’identité, de genre et de sexualité et de leurs représentations (aux écrans, dans les textes). Dans les arts visuels et la production médiatique, il pourrait s’agir par exemple de se pencher sur les liens entre autorité et censure (code Hays, Mapplethorpe obscenity trial) ou entre autorité et production (white/cis/straight/able casting et diversity riders ; choix de la sortie en salles ou en streaming ; signification politique du choix des lieux de tournage).
En termes de représentation à l’écran, l’articulation du pouvoir de la représentation et de la légitimité (“See It to Be It”) mérite réflexion également, notamment dans l’évolution de la production télévisuelle et filmique ainsi que dans ses modalités de réception, de plus en plus actives/activistes. Des mouvements comme #OscarsSoWhite et la polémique autour des Golden Globes mettent en lumière le manque structurel de personnes autres que blanches devant et derrière la caméra, ainsi que dans les jurys qui déterminent quelles productions seront canonisées. Les questions d’intersectionnalité et de privilège (racial, économique, genré) ainsi que la réaction qu’ils suscitent sont au cœur de ces enjeux.
Dans le domaine des médias et du journalisme, le « moment Trump » jette une lumière crue sur des mutations systémiques qui remettent en cause la légitimité des discours et normes journalistiques ainsi que l’autorité culturelle des journalistes professionnels. La généralisation de la portabilité des outils de communication et l’avènement des réseaux sociaux numériques au tournant des années 2010 n’ont fait qu’accentuer la « multiaxialité » de l’environnement médiatique qui émerge à la fin de la décennie 1980 (Williams et Delli Carpini, 2011). À la faveur de ce phénomène, de nouveaux supports et formats s’imposent et viennent remettre en cause la façon d’envisager les frontières entre genres médiatiques ainsi que la manière de déterminer la valeur informationnelle et politique des contenus. En corollaire, les journalistes professionnels se voient ravir le monopole qu’ils exerçaient de longue date dans la définition des contours de l’environnement discursif et l’élaboration de l’ordre du jour médiatique. Sous le régime médiatique « hybride » que ces mutations ont fait advenir, ces tendances s’exacerbent et les logiques propres aux médias traditionnels intègrent celles des nouveaux médias pour ébranler les hiérarchies informationnelles, brouiller les frontières en producteur et récepteur de l’information et mettre en crise le consensus autour de la notion de « fait » (Chadwick, 2017). Dans ce processus, de nouvelles voix émergent qui remettent en cause voire supplantent l’autorité de voix établies.
Enfin, en lien avec la crise de l’autorité culturelle des journalistes professionnels, la thématique invite à se pencher sur la remise en cause de la légitimité des intellectuels et des universités dans les débats de société contemporains tout autant qu’elle place au centre de la conversation les enjeux de légitimité épistémologique. Qu’est-ce qu’un domaine de recherche légitime ? Comment les champs et les disciplines s’imposent-ils comme tels ? Comment s’établissent les canons théoriques et méthodologiques ? Comment se négocient et se maintiennent les frontières entre disciplines ? Dans le domaine spécifique des études anglophones et américaines en France, on pourra s’interroger sur le statut épistémologique contesté de la « civilisation » en tant que discipline. Au-delà du contexte universitaire français, si certains domaines établis ne font l’objet d’aucune remise en cause, qu’en est-il des champs d’études (émergents) tels que les game studies, les AIDS studies, les porn studies ou les disability studies ? De quelle forme d’autorité scientifique se prévaut-on quand on étudie un sujet émergent ? Des enquêtes sur l’apparition de ces nouveaux champs et des études comparatives entre les États-Unis et d’autres pays pourront nourrir la réflexion de façon très à propos.
Références
Amedegnato, Ozouf Sénamin, Gbanou, Sélom Komlan et Ngalasso-Mwatha, Musanji (2011). Légitimité, légitimation. Presses Universitaires de Bordeaux.
Alasuutari, Pertti (2018). “Authority as epistemic capital,” Journal of Political Power, vol.11, n°2, 165-190.
Arendt, Hannah (1956). “What is authority?” In Arendt, Hannah. Between Past and Future: Six Exercises in Political Thought. The Viking Press.
Audi, Paul (2002). « Sémantique de l’autorité (quelques remarques) », La lettre de l’enfance et de l’adolescence, vol. 4, n°50, 15-22.
Beetham, David (2013). The Legitimation of Power. Palgrave Macmillan.
Chadwick, Andrew (2017). The Hybrid Media System: Politics and Power. Oxford University Press.
Cottereau, Alain et Paul Ladrière (1992). Pouvoir et légitimité : Figures de l’espace public. Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Delmas, Candice, “Uncivil Disobedience.” In Schwartzberg, Melissa (Ed.) (2020). Protest & Dissent, Nomos LXII, NYU Press; pp.9-61.
Félix, Brigitte et Perrin-Chenour, Marie-Claude (2006). « Qui a peur des nouveaux canons ? » Revue Française d’Études Américaines. Belin.
Gavoille, Elisabeth (2019). Qu’est-ce qu’un auctor? Auteur et autorité du latin au français. Ausonius Éditions.
Kahn, Paul W. (1992). Legitimacy and History: Self-Government in American Constitutional Theory. Yale University Press.
Karlsson-Vinkhuyzen, Sylvia. (2016). “Legitimacy,” In Ansell, C. et Torfing, J. (dir.) Handbook of Theories of Governance, Edward Elgar, 194-204.
Maini, Irma (2012). Multiethnic Literature and Canon Debates. State University of New York Press.
Offenstadt, Nicolas (2014). L’Histoire, un combat au présent. « Conversation pour demain ». Éditions Textuel.
Patell, Cyrus (2014). Emergent U.S. Literatures: From Multiculturalism to Cosmopolitanism in the Late Twentieth Century. New York University Press.
Patterson, Mark R. (1988). Authority, Autonomy, and Representation in American Literature, 1776-1865. Princeton University Press.
Revault d’Allonnes, Myriam (2009). Le Pouvoir des commencements : Essai sur l’autorité. Editions du Seuil.
Sevel, Michael et Kevin Walton (2019). Legitimacy: The State and Beyond. Oxford University Press.
Smith, R.W. (1970). “The Concept of Legitimacy,” Theoria: A Journal of Social and Political Theory, n°35, 17-29.
Vila-Henninger, Luis Antonio (2020). Social Justification and Political Legitimacy: How Voters Rationalize Direct Democratic Economic Policy in America. Springer International Publishing.
Williams, Bruce et Michael X. Delli Carpini (2011). After Broadcast News: Media Regimes, Democracy, and the New Information Environment. Cambridge University Press.
Williams, Daniel G. (2005). Ethnicity and Cultural Authority: From Arnold to Du Bois. Edinburgh University Press.
Calendrier
18 octobre 2021 | Date limite d’envoi des propositions d’ateliers |
25 octobre 2021 | Publication des ateliers et appel à communications |
17 janvier 2022 | Date limite d’envoi des propositions de communication aux responsables d’ateliers |
14 février 2022 | Date limite d’envoi de la composition des ateliers aux organisateurs scientifiques |
01 mars 2022 | Publication du programme |
31 mai – 3 juin 2022 | Congrès |
Les propositions d’atelier doivent être adressées conjointement à Sylvie Bauer (sylvie.bauer@wanadoo.fr), Sébastien Mort (sebastien.mort@univ-lorraine.fr) et Elizabeth Mullen (elizabeth.mullen@univ-brest.fr).
Legitimacy, Authority, Canons
Call for Papers
The tension between the authority of inherited power and discourse on the one hand and the legitimate quest for independence on the other pervades every aspect of US history and culture. Whether in the nation’s claim to political, cultural, intellectual, literary, or artistic independence from Europe or in its insistence upon the unique nature of its territory, the United States has maintained a vexed relationship with authority—understood in the present context as “auctoritas.” This constant state of dynamic crisis was underscored at the AFEA annual conference in 2019, Discipline/Indiscipline. As suggested in the issue of the Revue Française d’Études Américaines entitled « Qui a peur des nouveaux canons ? » (“Who’s Afraid of New Canons?”) (Félix and Perrin-Chenour, 2006), in order to establish political and cultural legitimacy, the country had to define its own canon. This process of codifying what is (and is not) an essential part of the “American” canon remains an ambivalent one, conferring a legitimacy bordering on fetishization upon certain aspects, while simultaneously appropriating and excluding other elements at the margins.
It is through a more detailed analysis of this tension between exclusion and appropriation that we would like to invite participants in the 53rd edition of the AFEA annual congress to address issues related to the concepts of legitimacy, authority, and canon.
Because of the very strong imprint his presidency has left on the collective imagination, Donald Trump’s election and administration have recently brought these issues to the forefront of political, cultural, intellectual, literary, and artistic debates. A figure outside the political sphere, Trump’s legitimacy was largely based on his own “self-made” persona—that of an outspoken, wildly successful real estate mogul—fueled by his performance on “reality” TV, despite the fact that many of Trump’s various business ventures had ended in bankruptcy. Conversely, he won the Republican nomination and held on to power by challenging the legitimacy of his opponents, draining them of their authority through a theatrical barrage of insults, (often false) claims, and derogatory nicknames.
Looking beyond his four-year presidential term, Donald Trump’s rise to power can be seen as symptomatic of a critical juncture in US history—one where hostility to traditional politics, profound social and societal changes, and the acceleration of technological innovation have all led to major upheavals across the US, made manifest through unprecedented challenges to traditional sources of authority and traditional legitimizing institutions. In a way, this critical moment can be analyzed as the latest iteration of a phenomenon that reflects something inherent to Americanness and American identity, something that ebbs and flows throughout the country’s history in all areas of US culture. Ultimately, the American experiment can be read as a perpetual quest for legitimacy, whose stakes seem to be condensed in Thomas Paine’s American project of “begin[ning] the world over again.”
This year’s congress theme is an invitation to explore the perpetual questioning of auctoritas and canons, and the ways in which new legitimizing institutions are established in a culture where, in keeping with the American ethos of action, individual initiative and a strong work ethic are sufficient sources of legitimacy, and where social, political, cultural, literary, and artistic leaders are constantly endeavoring to legitimize themselves, question authorities and canons, and reinvent new references. Exploring the interaction between legitimacy, authority, and canon also implies examining the ways in which these processes bring power relations into play, as much as it invites us to address questions of usurped authority and illegitimacy, strategies of delegitimization of the Other, as well as the debunking of canons and the de-consecration/desecration of established authorities. More broadly, the theme calls for a reflection on how these processes construct and shape the American experiment in the political, literary, artistic, social, cultural, societal, historical, anthropological, economic, and epistemological fields.
In the realm of politics, these issues are consubstantial to the American project as they arose as early as the establishment of the first British colonies, particularly in discourses designed to legitimize the European presence and to justify the eradication of indigenous populations. During the colonial period, the legitimacy of local governments and challenges to the authority of Parliament and the Crown were at the heart of political debates. During the Revolution, the young nation sought the support of a foreign power to legitimize its project of independence; later, the system of government and institutions were legitimized by appropriating and adapting the canons of European political philosophy, with which the Founding Fathers had an ambivalent relationship.
Over the decades, growing attachment to the authority of individual states has often resulted in challenges to the authority of the federal government, whose interventions have been denounced as a form of illegitimate infringement. Possible topics include the various manifestations of anti-federal hostility—including anti-Washington rhetoric, “federalist fetishism,” nullification during the Antebellum Period, resistance to abandoning segregationist practices and to federal intervention during key moments in the Civil Rights struggle. Interrogating the legitimacy of various forms of government also implies analyzing how the individual’s relationship to the State (as theorized in 1849 by Henry David Thoreau in Civil Disobedience) foregrounds dissent in the repertoire of US core values and legitimizes political experiments that emerge at the margins or outside the perimeter of institutions.
Panels exploring how endogenous ideological tendencies or endogenous manifestations of ideologies emerging elsewhere take center stage would also be welcome. How can a form of American socialism become legitimate in a society that sanctifies the individual and considers any collectivist experience as un-American, particularly in the post-war period? How, in a society without a conservative tradition, does the public counter-sphere that coalesces around publications such as Human Events and National Review legitimize “new conservatism” from the 1940s onward?
From a more contemporary perspective, this theme is an invitation to reflect on how the polarization of the political landscape and partisan narratives shape irreconcilable versions of reality that undermine the legitimacy of the individuals who serve in revered institutions. For instance, what is the legitimacy of justices who come to serve on the Supreme Court through flawed nomination and confirmation processes? How legitimate can elected officials be when they come into office partly thanks to gerrymandering? How are constitutionally enshrined electoral mechanisms (the Electoral College, the certification of the electoral vote by Congress) called into question so as to deny winners their legitimacy and establish that of the losers? Underneath the question of authority lies the question of authoritarianism, especially in light of the emergence of a figure claiming legitimacy through constant attacks against American democracy and its norms—elements that ground the legitimacy of the American experiment—while also appropriating the nation’s founding myths.
In the field of religion, beyond the increasing number of religious voices and the capacity of American Protestantism to accommodate dissent, analysis could focus on the establishment of specifically American denominations (importation and development of Baptism; creation of Pentecostalism, Mormonism, 7th Day Adventism) and on the legitimization of new authorities, rituals, and religious experiences (speaking in tongues; televangelism; electronic baptism). The theme also calls for a reflection on the legitimacy of non-Protestant faiths (historical hostility towards Catholicism; renewed anti-Semitism through the emergence and increased activism of extreme right-wing groups; increasing Islamophobia in post-9/11 America); it also invites us to reflect on the (contested) authority of non-believers in a society where faith in God is equated with faith in the American project. Scholars may also examine the instrumentalization of religion for the purpose of delegitimizing rivals, particularly in politics. Conversely, the intersection between religion, sexuality, and ethno-racial identity forces us to reflect on whether and how religion legitimizes non-hegemonic social experiments and practices.
In the field of literature, we can explore how the legitimacy of American texts was first established, and how it is changing. While the Declaration of Independence marked a milestone in US emancipation from Europe, this process also required Americans to invent a new kind of literature and a specific way of thinking—a vast project whose ambiguities can be seen even in Ralph Waldo Emerson’s The American Scholar (1837), a declaration of intellectual independence. We can then ask ourselves how “American voices” emerged, to use the title of the collection whose purpose was to make these voices heard. How did American literature enter literary canons beyond the United States, and how did it often feed on established European canons in order to gain its own legitimacy? How can we interpret continuing French fascination for American texts, as evidenced in the work of scholars and translators and in publishing houses like Gallmeister or Actes Sud’s special collections, as well as in periodicals (such as the ephemeral America), which lead readers along the main road as often as the “road less traveled by” (Frost)?
More broadly, what makes/defines a canonical text and a legitimate voice in the context of the American literary and publishing industry? What endows a given work with authority, and how are the many voices on the margins of the canon—those which go against the current of the mainstream or those which explore alternative paths—heard? Whether it is the multiplicity of independent publishing houses, literary festivals, or the singular voices that diffract the literary landscape, how does a literature that is properly American resonate with the canon and with “experimentation?” Conversely, what about the deconsecration of formerly canonical works?
The question of authoriality and narrative authority then arises (Audi, 2002): what are the new narrative/literary practices that emerge outside of institutional frameworks when texts reflect a contemporary reality that is rife with social and political conflict? How then can we reconcile literature focusing on specific forms of protest or committed to specific issues—but also Native American, African American, Italian American, Arab American or “Women’s Literature,” to name but a few—with the very idea of literature as the embodiment of a universal American identity, free of any categorization? These avenues of enquiry call into question the legitimacy of discourse relating to gender, ethnic origin, or skin color. The notion of the Canon is also linked to the institutionalization of literature and the editorial or academic choices that delineate the contours of what an American literature “should” be, in the singular and in its multiple singularities.
Finally, what form of authority can literary critics claim, especially when their purpose is to question or even challenge literary canon? What is the role and responsibility of critical and theoretical endeavors in constructing schools of thought stemming from multiple intersections (among which literary, critical, and philosophical intertextuality) likely to serve as an observatory of American literature—a literature rich in mimesis and tradition(s), written in a language marked by and proud of its multiple and mixed heritage?
The same line of thinking is true of architecture and the visual arts. How have American artistic and architectural canons been established? What role do the appropriation and adaptation of existing canons play in the legitimization of American art? This theme is also an invitation to examine processes of “museumization” and, conversely, the legitimacy of canons that are developed outside the institution, including in the fields of music and dance. Through what processes are the librettos of new operatic works included in the repertoire of distinguished opera houses or concert halls?
In the field of history, this year’s theme is an invitation to examine the emergence of tutelary guides or figureheads and more particularly the processes that allow certain major voices to enter the pantheon of illustrious personages/leaders, as opposed to others who could also legitimately claim their place in the pantheon. These issues are particularly central to overwhelmingly masculine accounts of the history of reform movements and the struggle for Civil Rights, when women also played a crucial role. Interrogating the legitimacy of historical figures brings us to address questions of historicity, the authority of the historian, and the writing of history. What authority can the historian claim? Who has legitimacy to write national narratives? How do historical narratives from the margins gain legitimacy? Among others, these questions call for a reflection on the historical legitimization of indigenous people, enslaved people, women, and minority groups, as well as their place in national narratives and efforts to legitimize their participation in writing these narratives, while examining how contemporary issues influence the way canonical historical figures are established.
Debates around the place of authority figures in the public space are also central—one thinks, for example, of the raising and removal of statues of Confederate figures. Conversely, posing the question of historical legitimacy requires examining the “cultural offensive” (Offenstadt, 2014) waged by commentators from the conservative public counter-sphere, particularly on social networks, to challenge historical consensus.
From the point of view of historical methodology, the theme suggests a reflection on archives and the archiving process (What documents should be archived? How is the status of a “legitimate” archive defined?) as well as on the question of testimonies in the writing of history (How is the authority of historical testimonies constructed? How is the legitimacy of historical actors established?).
Legitimacy, authority, and canons are also very much at stake in reform movements, regardless of the way they are narrativized. How did anti-slavery and abolitionist discourses gain legitimacy when slavery was not only vital to the economy of an entire part of the country but was the foundation of its society? How can the civil and political legitimacy of African Americans gain acceptance when historically their very humanity has been called into question? Similarly, following lesbian activists within the National Organization for Women, how can the diversity of feminist voices make themselves heard in the face of growing opposition from conservatives? What is the place of trans women in feminist narratives? More recently, the questioning of authority and power structures has been a key objective for movements such as #MeToo or #TimesUp and #BlackLivesMatter, its offshoots (#TransLivesMatter) and its reactionary appropriations (#AllLivesMatter; #BlueLivesMatter). Similarly, beyond social and cultural advances and regressions, analyses of notions of gender, sexuality, and (non)binarity are also contingent upon the epistemological and ontological statuses of different communities (Black, African American, Person of Color, BIPOC, LGBTQIA+).
Finally, reflection could focus on legitimization processes of protest strategies deployed outside the framework defined by civil disobedience—understood as non-violent, respectful of institutions and the authority of the State—which is generally accepted as the only legitimate mode of protest (Delmas, 2020). How have forms of “uncivil disobedience” (anonymous, disrespectful, potentially violent, and designed precisely to challenge the legitimacy of the state) sought to establish themselves as legitimate protest strategies? From sextremists to AIDS activists to culture jammers, US history is replete with experiments in non-civil protest designed to enable marginalized groups to reclaim their agency, and which complicate the ways we think about how dissent is expressed and implemented.
Questions of authenticity, legitimacy, and canon can also be explored in terms of the cinematic canons of the classical Hollywood age, in the New Hollywood era, or in the field of independent cinema or documentary films, or focusing on generic hybridization (ZomComs, Gay Westerns, Queer SF) and transmedial processes (adaptation, remake, reboot, sequel, prequel, coquel) and their adjacent worlds. These questions also arise when addressing issues of identity, gender, and sexuality and their representations (on screen, in texts). In the visual arts and media production, this could mean exploring the links between authority and censorship (the Hays code, the Mapplethorpe obscenity trial, etc.) or between authority and production (white/cis/straight/able casting and diversity riders; theatrical release v. streaming; political significance of shooting locations, etc.).
In terms of representation on screen, the articulation of the power of representation and legitimacy (“See It to Be It”) also deserves our attention, particularly the evolution of television and film production and its increasingly active/activist reception. Movements like #OscarsSoWhite and the recent controversy around the Golden Globes highlight the structural underrepresentation of nonwhite people in front of and behind the camera, as well as in the juries that determine which productions will be canonized. Questions of intersectionality and privilege (racial, economic, gendered) and various reactions to these questions are central to these issues.
In the field of news media and journalism, the “Trump moment” sheds a harsh light on systemic changes that challenge the legitimacy of journalistic discourses and norms as well as the cultural authority of professional journalists. The widespread portability of communication tools and the advent of social platforms at the turn of the 2010s have enhanced the “multiaxiality” of the post-broadcast media regime that had taken shape at the end of the 1980s (Williams and Delli Carpini, 2011). As a result, new media and formats have emerged, which challenge the way we think about the boundaries between media genres and the way we determine the newsworthiness and political value of content. As a corollary, professional journalists have been losing their exclusive influence on how the contours of the discursive environment are shaped and on how the agenda is set. Under the “hybrid” media regime that these changes have brought about, these tendencies are exacerbated as the logics of “old media” are integrated into those of “new media;” these changes shake up informational hierarchies, blur the boundaries between news producers and recipients, and question the consensus around the notion of “fact” (Chadwick, 2017). In this process, new voices emerge which challenge, or even displace, the authority of established voices.
Finally, in connection with the crisis of professional journalists’ cultural authority, the theme invites us to examine challenges to the legitimacy of intellectuals and universities in contemporary social debates as much as it foregrounds issues of epistemological legitimacy. What is a legitimate field of research? How do fields and disciplines establish themselves as such? How are theoretical and methodological canons defined? How are the boundaries between disciplines negotiated and maintained? In France, the epistemological status of “civilization” as a discipline has been placed at the forefront of academic debates within the specific fields of English and American Studies. Beyond the French academic context, while traditional (canonical?) fields are not challenged, what about (emerging) fields of study such as game studies, AIDS studies, porn studies, or disability studies? What form of scientific authority is claimed when studying an emerging subject? Surveys of the emergence of these new fields and comparative studies between the United States and other countries will provide valuable food for thought.
Références
Amedegnato, Ozouf Sénamin, Gbanou, Sélom Komlan et Ngalasso-Mwatha, Musanji (2011). Légitimité, légitimation. Presses Universitaires de Bordeaux.
Alasuutari, Pertti (2018). “Authority as epistemic capital,” Journal of Political Power, vol.11, n°2, 165-190.
Arendt, Hannah (1956). “What is authority?” In Arendt, Hannah. Between Past and Future: Six Exercises in Political Thought. The Viking Press.
Audi, Paul (2002). « Sémantique de l’autorité (quelques remarques) », La lettre de l’enfance et de l’adolescence, vol. 4, n°50, 15-22.
Beetham, David (2013). The Legitimation of Power. Palgrave Macmillan.
Chadwick, Andrew (2017). The Hybrid Media System: Politics and Power. Oxford University Press.
Cottereau, Alain et Paul Ladrière (1992). Pouvoir et légitimité : Figures de l’espace public. Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Delmas, Candice, “Uncivil Disobedience.” In Schwartzberg, Melissa (Ed.) (2020). Protest & Dissent, Nomos LXII, NYU Press; pp.9-61.
Félix, Brigitte et Perrin-Chenour, Marie-Claude (2006). « Qui a peur des nouveaux canons ? » Revue Française d’Études Américaines. Belin.
Gavoille, Elisabeth (2019). Qu’est-ce qu’un auctor? Auteur et autorité du latin au français. Ausonius Éditions.
Kahn, Paul W. (1992). Legitimacy and History: Self-Government in American Constitutional Theory. Yale University Press.
Karlsson-Vinkhuyzen, Sylvia. (2016). “Legitimacy,” In Ansell, C. et Torfing, J. (dir.) Handbook of Theories of Governance, Edward Elgar, 194-204.
Maini, Irma (2012). Multiethnic Literature and Canon Debates. State University of New York Press.
Offenstadt, Nicolas (2014). L’Histoire, un combat au présent. « Conversation pour demain ». Éditions Textuel.
Patell, Cyrus (2014). Emergent U.S. Literatures: From Multiculturalism to Cosmopolitanism in the Late Twentieth Century. New York University Press.
Patterson, Mark R. (1988). Authority, Autonomy, and Representation in American Literature, 1776-1865. Princeton University Press.
Revault d’Allonnes, Myriam (2009). Le Pouvoir des commencements : Essai sur l’autorité. Editions du Seuil.
Sevel, Michael et Kevin Walton (2019). Legitimacy: The State and Beyond. Oxford University Press.
Smith, R.W. (1970). “The Concept of Legitimacy,” Theoria: A Journal of Social and Political Theory, n°35, 17-29.
Vila-Henninger, Luis Antonio (2020). Social Justification and Political Legitimacy: How Voters Rationalize Direct Democratic Economic Policy in America. Springer International Publishing.
Williams, Bruce et Michael X. Delli Carpini (2011). After Broadcast News: Media Regimes, Democracy, and the New Information Environment. Cambridge University Press.
Williams, Daniel G. (2005). Ethnicity and Cultural Authority: From Arnold to Du Bois. Edinburgh University Press.
Submission
October 25th, 2021 | Submission deadline, panel proposals |
November 2nd, 2021 | Selected panels announced; CFP launch for individual panels |
January 17th, 2022 | Deadline for CFP submissions to panel organizers |
February 14th, 2022 | Deadline for panel organizers to send panel descriptions (speakers, abstracts) to scientific organizers (Bauer, Mort, Mullen) |
March 2022 | Program published |
May 31st – June 3rd,2022 | Conference |
Panel proposals should be submitted jointly to Sylvie Bauer (sylvie.bauer@wanadoo.fr), Sébastien Mort (sebastien.mort@univ-lorraine.fr) and Elizabeth Mullen (elizabeth.mullen@univ-brest.fr).
Lien de téléchargement de cet appel à ateliers https://afea.fr/annualconference/wp-content/uploads/sites/4/2021/07/Theme-AFEA-2022.pdf