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Appel à contributions :

La revue en ligne Transatlantica proposera dans son numéro 2011-2, à
paraître en automne, le dossier suivant :

LES ANIMAUX DANS L’IMAGINAIRE AMERICAIN

Dans Walden, de Henry David Thoreau, un chapitre intitulé « Voisins animaux
» est consacré à ces animaux sauvages qui partagent leur habitat avec
l’auteur. Ces animaux ont une influence essentielle sur la façon dont
Thoreau se représente l’espace naturel qu’il habite ou, plutôt, dans lequel
il co-habite. Ce bio-centrisme inaugurera un courant de pensée très puissant
dans l’histoire culturelle des États-Unis, courant qui ne cesse d’être
renforcé par les héritiers contemporains de Thoreau, tels David Quammen,
Annie Dillard, Rick Bass ou Barry Lopez pour ne citer que ces quelques noms.

Document constitutif de la culture nord-américaine, Walden, et notamment le
chapitre sur les « Voisins animaux », n’offre cependant qu’un exemple de la
façon dont les Américains se sont servis de la représentation animale ­ des
premières peintures rupestres, en passant par la littérature aux
documentaires à la télévision ou au cinéma ­ pour les aider à définir les
éléments significatifs de leur identité géographique (identité locale,
régionale et territoriale), culturelle et sociale. Même la « jungle urbaine
» suppose un « autre » animal. En somme, le rôle des animaux dans l’histoire
culturelle des États-Unis est celui d’une « altérité significative », pour
emprunter un concept utile à l’anthropologue Donna Haraway (« significant
otherness »). Certes, dans toutes les cultures on a fait porter aux animaux
un fardeau symbolique ; dans celle des États-Unis cependant, la relation
avec le monde animal a toujours été un mode privilégié et singulièrement
riche de l’imaginaire collectif.

Ce dossier de Transatlantica a pour finalité de rendre compte de la variété
et de la richesse des représentations des animaux ­ voire de l’animalité ­
dans l’histoire culturelle américaine. Entre les concepts opposés de
l’animal comme voisin et comme produit de l’industrie alimentaire, la
description du rôle de l’animal dans l’imaginaire américain représente un
défi considérable, défi que les spécialistes de plusieurs disciplines
travaillant dans le domaine des Études Américaines (littérature, arts,
cinéma, culture de masse, histoire culturelle, sociologie, histoire
religieuse entre autres) pourraient être tentés de relever. En effet,
l’analyse de la représentation des animaux dans différents documents
culturels ou politiques ne manquera pas dévoquer certains thèmes
fondamentaux : la nature et l’environnement, la terre et l’état sauvages («
wilderness » – « wildness »), la nation et la région, la ville et la
campagne, la chasse et le pastoralisme, l’agriculture et la production
industrielle, le racisme, l’esclavage, la science et la spiritualité,
l’impérialisme et les nations premières. Dans la représentation de tous ces
thèmes, et la liste est loin d’être complète, on retrouve l’animal : comme
symbole, comme mythe, comme allégorie, comme « autre » non humain, comme
meute, comme nuisance, comme proie, comme compagnon domestique, comme bête
de somme, comme voisin, comme objet scientifique, comme produit. Et on le
retrouve enfin comme défi à la représentation elle-même, problème soulevé
dans les débats sur le post-humanisme ou sur les droits des animaux et que
même une comparaison superficielle entre la représentation des grizzlis, par
exemple, dans Why Are We in Vietnam ? de Norman Mailer et The Lost Grizzlies
de Rick Bass démontrera sans difficulté.

Walden n’est sans doute pas représentatif des États-Unis dans leur globalité
et tous les animaux ne sont pas traités comme des voisins. Mais la relation
entre les animaux non humains et les animaux humains a toujours été une
présence insistante ­ parfois inquiétante ­ dans l’imaginaire américain. Les
articles réunis dans ce dossier de Transatlantica devraient contribuer à
explorer les enjeux et les complexités de ce courant culturel important.

Les propositions d’articles (300-500 mots) sont à envoyer à Tom Pughe avant le 15 novembre 2010.
Envoi des articles avant le 16 avril 2011.
Tous les articles seront lus par un comité de lecture.