The Pursuit of Happiness/ La recherche du bonheur
Strasbourg, 06-09 juin 2017
Organisation scientifique : Jocelyn Dupont (Université Perpignan), Marie-Jeanne Rossignol (Paris Diderot), et François Specq (ENS Lyon)
Date limite de soumission des propositions : le 15 janvier 2017
Version Pdf téléchargeable ici : ateliers_tout_fr_pour_pdf.pdf
Liste des ateliers:
Cliquer sur un numéro d’un atelier pour aller directement à la présentation détaillée de cet atelier.
ATELIER 1 :
La Protection de l’environnement et la quête du bonheur : un dilemme américain.
Gelareh Yvard, Angers
ATELIER 2 :
La « recherche du bonheur » est-elle confisquée ? Les nouvelles formes d’(in)égalités aux Etats-Unis.
François Vergniolle de Chantal, Université Paris Diderot-Paris 7, Christine Zumello, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
ATELIER 3 :
La quête du bonheur dans les récits d’esclaves africains-américains.
Claire Bourhis-Mariotti, Université Paris 8 et Michaël Roy, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
ATELIER 4 :
Les Américains LGBTQ encore à la recherche du bonheur ?
Anthony Castet et Georges-Claude Guilbert, Tours
ATELIER 5 :
“Joys in minds that can no further go” : Deuil et célébration dans la littérature américaine moderne et contemporaine.
Aristi Trendel, Le Mans, Theodora Tsimpouki, Athens
ATELIER 6 :
La nature du bonheur : approches écopoétiques et écocritiques.
Yves-Charles Grandjeat, Bordeaux 3, B. Meillon, Perpignan
ATELIER 7 :
Versions de la pastorale dans la littérature américaine.
Richard Anker, Université Blaise Pascal, Clermont Ferrand et Monica Manolescu, Université de Strasbourg
ATELIER 8 :
Poursuite du bonheur et politique étrangère aux États-Unis.
Gildas Le Voguer, Rennes 2 et Frédéric Heurtebize, Paris Ouest Nanterre La Défense
ATELIER 9 :
La quête documentaire : une utopie ?
Delphine Letort, Université du Maine et Zachary Baqué, Université Toulouse Jean Jaurès
ATELIER 10 :
Les entreprises font-elles le bonheur (19e-21e siècles) ?
Alexia Blin, Ophélie Siméon, Évelyne Payen Variéras P, Paris 3 Sorbonne Nouvelle
ATELIER 11 :
Culture(s) populaire(s) et pratiques culturelles : miroirs et mirages du bonheur.
Elodie Chazalon et Danièle André, La Rochelle
ATELIER 12 :
La religion à la poursuite du bonheur ?
G. Christoph, S. Remanosfsky, ENS de Lyon
ATELIER 13 :
La poursuite du bonheur : le jour d’après.
Eléonore Lainé Forrest, Nouvelle-Calédonie et Yvonne-Marie Rogez, Paris 2 Panthéon-Assas
ATELIER 14 :
Joie des psychotropes. Paradis artificiels américains.
Nicholas Manning, Université Paris-Sorbonne
ATELIER 15 :
Les travailleurs non-libres et la quête du bonheur.
Lawrence Aje, Université de Montpellier, Anne-Claire Faucquez, Université Paris VIII, Elodie Peyrol-Kleiber, Université de Poitiers
ATELIER 16:
“La recherche du bonheur” et les choix de vies alternatifs en Amérique, 17e-19e siècles
Allan Potofsky, Paris-Diderot et Steven Sarson, Lyon 3
ATELIER 17:
La Quête du bonheur des autres dans la politique étrangère des Etats-Unis : discours et actes.
P. Guerlain, Paris Ouest Nanterre et Raphael Ricaud, Montpellier 3
ATELIER 18 :
Fictions d’Amérique : le bonheur et ses technès, 1776-1916.
Thomas Constantinesco et Cécile Roudeau (Université Paris Diderot
ATELIER 19 :
L’alimentaire comme principe et/ou métaphore de la recherche du bonheur dans la littérature américaine.
Françoise Buisson, Université de Pau et des Pays de l’Adour
ATELIER 20 :
La danse américaine et la recherche du bonheur.
Adeline Chevrier-Bosseau Université Paris-Est Créteil et Claudie Servian, Université Grenoble-Alpes
ATELIER 21 :
Le bonheur en écriture/ L’écriture, ou ce qui arrive.
Amélie Ducroux, Lyon 2 et Marie Olivier, UPEC
ATELIER 22 :
L’Amérique a-t-elle droit au bonheur ? Et à quel(s) bonheur(s) ? Qu’en disent les films et séries comiques états-uniens ?
Grégoire Halbout, Université François Rabelais,Tours, Gilles Menegaldo, Poitiers, A.-M. Paquet-Deyris, Paris Ouest Nanterre.
Atelier 23 :
Bonheur d’enseigner, bonheur d’apprendre: enjeux épistémologiques et pratiques de l’enseignement en civilisation et littérature Nord-Américaine.
Peter Marquis, Rouen, Emilie Souyri, Nice, et Jean-Marc Serme, Brest
ATELIER 24 :
#VastEarlyAmerica : « Décentrer le récit de fondation étatsunien: Pour une histoire de l’Amérique du Nord».
Emmanuelle Perez-Tisserant, Université Toulouse Jean Jaurès, et Tangi Villerbu, Université de La Rochelle
ATELIER 25 :
L’Amérique jacksonienne : une nation « heureuse » ?
Yohanna Alimi-Levy, Université Paris Dauphine et Augustin Habran, Université Paris Diderot
ATELIER 26::
Parcours, promenade, vagabondage :géographies de la recherche du bonheur.
Pierre-Antoine Pellerin, Lyon 3 & Pierre-Louis Patoine, Paris 3
ATELIER 27: :
Au bonheur des chercheurs : objets, enjeux et méthodes de la recherche en littérature américaine.
Mathieu Duplay, Université Paris Diderot — Paris 7
Atelier 1 : La Protection de l’environnement et la quête du bonheur : un dilemme américain (Gelareh Yvard, Angers)
L’objectif de cet atelier est d’examiner les divers aspects historiques, politiques, économiques et sociaux de la protection de l’environnement aux Etats-Unis et de comprendre le dilemme typiquement américain qui existe entre la quête d’un bonheur collectif en lien avec une meilleure qualité de vie en harmonie avec la nature et l’environnement naturel, et les valeurs de la société de consommation et le mythe du bonheur par le succès matériel aux Etats-Unis. Comme avait affirmé Steward Udall, ministre de l’aménagement du territoire dans les années soixante, la réussite économique des Américains n’est pas un gage de bonheur: « we are not better prepared to inherit the earth or to carry on the pursuit of happiness. » A l’occasion de la Journée Internationale du Bonheur le 18 mars 2016, Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU, précise que la protection de l’environnement est un élément essentiel dans la quête du bonheur. Il insiste notamment sur « l’importance de la lutte contre le changement climatique pour créer un avenir plus sûr, plus durable et plus heureux pour tous ».
Comment le mouvement écologique américain contribue-t-il au rêve américain de la quête du bonheur ? Le bonheur individuel est-il en contradiction avec le bonheur collectif qui est au cœur de l’engagement des groupes écologistes ? Une vision anthropocentrique de la lutte pour une meilleure qualité de l’environnement naturel pour les Américains et les générations futures a souvent été critiquée. Ainsi, les tenants de l’écologie profonde préfèrent-ils mettre en avant à la fois le bien être des humains et des non–humains. Quel est l’impact de la qualité de l’air et de l’eau sur la santé, de l’utilisation des ressources renouvelables et non-renouvelables, ou du développement durable sur le bien-être et le bonheur des Américains ? Peut-on parler d’une écologie du bonheur ? Quel est le rôle de la justice sociale, des minorités, et du genre dans cette quête pour une meilleure qualité de l’environnement ? Quel est l’impact du mouvement pour la justice environnementale dans la réduction des inégalités de classe, de race et de genre? Des propositions abordant d’autres approches en lien avec l’écologie et la recherche du bonheur seront également les bienvenues.
Les propositions de communications en anglais ou en français peuvent être envoyées à Gelareh Yvard.
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Atelier 2 : La « recherche du bonheur » est-elle confisquée ? Les nouvelles formes d’(in)égalités aux Etats-Unis (François Vergniolle de Chantal, Université Paris Diderot-Paris 7, Christine Zumello, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3)
La « recherche du bonheur », promesse politique américaine par excellence, qui, par elle seule, a attiré des millions d’immigrants et a régulièrement mobilisé les Américains lors de périodes de redécouverte de leur credo national, est-elle confisquée ? Le degré d’égalité pouvant être considéré comme un indicateur fondamental de la qualité du développement démocratique, on partira du constat selon lequel la société américaine, devenue plus égalitaire sur certains aspects, est aussi devenue plus inégalitaire sur de nombreux autres, en particulier les disparités de revenus et de richesses. Le cadre général de cet atelier est donc les conséquences et le seuil de tolérance du degré d’inégalité économique, social et politique. Cette tolérance semble d’autant plus grande que la possibilité d’une mobilité sociale à la hausse reste possible pour tous les citoyens, et, si la « voix des citoyens » n’est pas entravée et qu’elle peut être entendue de manière égale d’où qu’elle vienne afin d’être prise en compte par les pouvoirs publics. Or, sur ces deux aspects, le dynamisme démocratique américain semble s’être ralenti. La « crise de la classe moyenne », qui s’apparente trop souvent à un slogan plus qu’à un objet d’étude, semble en être un exemple patent. Elle constitue ainsi un vecteur essentiel pour appréhender la vie politique américaine contemporaine. Tant de fois évoquée par les médias et les responsables politiques, elle nourrit une radicalisation des prises de position.
Nombreux sont les commentaires autour d’une certaine peur du déclassement dont les enfants de cette classe moyenne feraient les frais. Conjuguée à un rejet de tout plafond de verre, cette anxiété conduit à une surenchère qui fait de la polarisation et du populisme les nouvelles formes de la scène politique américaine – ce que la présidentielle de 2016 illustre à l’excès. Néanmoins, cette insatisfaction profonde ne signifie pas pour autant une dépolitisation. Bien au contraire, les exemples récents de mobilisation abondent : du Tea Party à Black Lives Matter en passant par le mouvement Occupy, ou la campagne de Bernie Sanders. S’ils interrogent naturellement les contours protéiformes de cette classe moyenne, ils illustrent aussi combien l’insatisfaction porte sur la seule offre politique, plutôt que sur la politique en général. Dès lors, ce sont les nouvelles formes de la politisation aux Etats-Unis qui sont à sonder, ainsi que les modalités de la crise de l’offre politique. Cet atelier est ainsi ouvert à des propositions de communication sur les dimensions socio-économiques et institutionnelles de la réappropriation contemporaine des idéaux politiques américains face à une certaine rigidification des lignes de partage entre gouvernants et gouvernés ou clients et entreprises. Ainsi, les questions « d’accès » se déclinent aussi bien politiquement que socialement, que ce soit autour des modalités de la crise de la représentation (élections primaires, démocratie directe, financement électoral, exercice du droit de vote, blocages institutionnels, polarisation et reconfigurations partisanes), ou des questions d’économie politique autour de la « crise de la classe moyenne » telle que capturée par les oppositions entre Main Street vs Wall Street ou working America v. ruling America la remise en question des droits sociaux, le salaire minimum, l’éducation et les questions fiscales. C’est dans ce cadre que plusieurs initiatives tentent de contourner les canaux traditionnels de la gouvernance top/down et institutionnelle pour réinsuffler une vigueur démocratique, en particulier les mobilisations dites grassroots sous la présidence Obama. Cet atelier se propose ainsi d’aborder à la fois les lignes de rupture qui ont conduit à un creusement des inégalités aux Etats-Unis, mais également les tentatives de faire (re)vivre la tradition égalitaire américaine, cette « recherche du bonheur », quête infinie et toujours renouvelée.
Les propositions de communications en anglais ou en français peuvent être envoyées à Christine Zumello et François Vergniolle de Chantal
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Atelier 3 : La quête du bonheur dans les récits d’esclaves africains-américains (Claire Bourhis-Mariotti, Université Paris 8 et Michaël Roy, Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
Quoi de plus étranger à l’institution esclavagiste que la notion de bonheur ? Ce n’est pas autre chose que dit Frederick Douglass dans sa seconde autobiographie, My Bondage and My Freedom (1855), lorsqu’il évoque l’un de ses maîtres, William Freeland : « Mon bonheur – ou plutôt mon absence de malheur – lors de cette année passée avec Mr. Freeland, je le dus en grande partie à la sympathie et à l’ardente affection de mes frères esclaves. » L’« absence de malheur » est encore ce à quoi l’esclave peut aspirer de mieux dans un système fondé sur l’oppression, l’exploitation et le maintien de l’ordre par la violence. S’il est un bonheur que les esclaves travaillent à construire, c’est avant tout celui du maître blanc, comme le notait le plus célèbre des propriétaires d’esclaves de l’histoire américaine, Thomas Jefferson (voir Lucia Stanton, “Those Who Labor for My Happiness”: Slavery at Thomas Jefferson’s Monticello, 2012).
C’est pourtant l’enjeu de cet atelier que de mettre au jour le motif de la « quête du bonheur » dans les récits d’esclaves africains-américains. Que les esclaves, dès les origines de la nation américaine, aient été placés en marge du genre humain, et donc privés des droits inaliénables énumérés dans la Déclaration d’indépendance – « liberté » et « quête du bonheur » en particulier –, n’a pas empêché les populations asservies de se réclamer des idéaux révolutionnaires, au nom de l’« égalité » promise elle aussi par les Pères fondateurs. « Et je croyais, alors comme aujourd’hui, que tout homme a droit […] à la liberté et à la quête du bonheur », écrit Henry Bibb dans son récit (Narrative of the Life and Adventures of Henry Bibb, an American Slave, 1849), reprenant à son compte les termes de la Déclaration d’indépendance, comme le font également Frederick Douglass, Solomon Northup (Twelve Years a Slave, 1853) ou encore William et Ellen Craft (Running a Thousand Miles for Freedom, 1860). Il convient dès lors de s’interroger sur les formes prises par cette quête du bonheur chez les esclaves : la fuite en est l’une des réalisations principales, qui signe une « déclaration d’indépendance » de l’esclave envers son maître et rend possible la conquête d’un bonheur politique et social dans les États libres du Nord ou ailleurs (au Canada, dans les îles Britanniques et ailleurs en Europe, dans les colonies britanniques caribéennes, en Haïti ou au Liberia). Pour l’esclave plus que pour quiconque, liberté et quête du bonheur sont irréductiblement imbriquées. La quête d’un bonheur relatif peut aussi être l’un des objectifs de l’esclave qui n’a pas fui, comme le laisse entendre Douglass dans la citation donnée plus haut : la solidarité entre « frères esclaves », la vie de famille, l’accomplissement de soi dans l’apprentissage clandestin de la lecture et de l’écriture sont autant de façons de créer, en régime esclavagiste, des enclaves physiques et intellectuelles, des poches de résistance où la quête d’un certain bonheur devient possible—lequel n’a rien à voir avec le contentement béat que les Blancs prêtent aux esclaves lorsqu’ils affirment à tort, nous dit Douglass, que leurs chants sont « la preuve […] de leur bonheur » (Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave, 1845).
Nous invitons ainsi les participants à examiner ces diverses conceptions du bonheur dans les récits d’esclaves, au prisme d’approches civilisationnelles autant que littéraires. Cet atelier accueillera des communications portant sur les récits d’esclaves canoniques comme sur des formes alternatives de mise en récit de la vie des esclaves : les recherches récentes ont en effet montré que le témoignage des esclaves prenait bien d’autres formes que celles dans lesquelles l’histoire littéraire l’a parfois enfermé, et on prendra ici en compte toutes les sources qui permettent d’entendre la voix des esclaves (courts récits parus dans la presse, documents juridiques, pétitions, entretiens, etc.), afin de mieux comprendre ce que le bonheur pouvait signifier pour ces hommes et femmes victimes de l’institution esclavagiste.
Les propositions de 250 mots accompagnées d’une courte biographie sont à envoyer à Claire Bourhis-Mariotti et Michaël Roy avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 4 : Les Américains LGBTQ encore à la recherche du bonheur ? (Anthony Castet et Georges-Claude Guilbert, Tours)
En 1776, la Déclaration d’indépendance proposait un nouveau contrat aux Américains en leur promettant la pleine égalité et le respect de droits inaliénables dont « la vie, la liberté et la recherche du bonheur ». Cette quête du bonheur était associée à l’affirmation des libertés individuelles, inscrites dans la Déclaration des droits qui devait protéger les citoyens américains contre les excès éventuels d’un gouvernement trop autoritaire et leur permettre d’avoir accès à une justice impartiale. La citoyenneté était la condition nécessaire pour accéder à ce pacte social ambitieux, mais la recherche du bonheur des Américains LGBTQ, relégués à un rang inférieur du fait de leur orientation sexuelle ou de genre, a été une lutte longue et éprouvante dans la 2e moitié du 20e siècle et au début du 21e. Ce n’est qu’à partir de 1996 que la Cour suprême, à travers le juge Anthony Kennedy, se proposait de protéger et de définir les libertés fondamentales des homosexuels, en tant que groupe minoritaire au pouvoir politique limité, victime de la discrimination et de préjugés hostiles. Cela a ouvert la voie à la participation des citoyens homosexuels au processus politique afin que des lois antidiscriminatoires puissent les protéger contre une majorité hétérosexuelle parfois déterminée à agir, par animosité, contre les intérêts de la communauté homosexuelle.
En dehors de l’aspect juridique, où en sont les citoyens LGBTQ dans leur recherche du bonheur actuellement ? Quelles améliorations peut-on encore attendre quant aux modalités de gay parenting ? Quid de ceux qui rejettent l’assimilationnisme ? Quelles sont les conséquences sur la communauté LGBTQ de la popularisation en son sein du modèle « couple de la classe moyenne avec deux enfants et une maison dans une banlieue sans histoire » ? Où en sont les batailles politiques et théoriques entre les gays et les queers ? Au moment où la majorité semble se ranger derrière des déclarations essentialistes (« born this way »), tellement plus pratiques pour se fondre dans le mainstream (voire devenir ultraconservateur), que deviennent les constructionnistes radicaux et autres révolutionnaires ? Quant au T de LGBTQ, pourquoi et comment leur soudaine ubiquité dans les médias suffit-elle à faire oublier que la plupart des personnes transgenres aux États-Unis sont sans ressources et sans cesse victimes de violence ? Leur recherche du bonheur ne passe pas que par le choix de toilettes, si médiatisé en 2016. Quelques mois après une campagne présidentielle mouvementée, d’aucuns voudront s’assurer que les progrès récemment acquis par la communauté LGBTQ ne seront pas remis en question (notamment par des initiatives de la droite religieuse). Nous nous interrogerons dans cet atelier notamment sur le droit au bonheur des Américains LGBTQ et sur le rôle des organisations LGBTQ dans la défense de leurs intérêts.
Les propositions de communication devront être envoyées à la fois à Anthony Castet) et à Georges-Claude Guilbert.
Atelier 5 : “Joys in minds that can no further go” : Deuil et célébration dans la littérature américaine moderne et contemporaine (Aristi Trendel, Le Mans, Theodora Tsimpouki, Athens)
Dans son poème, “Resolution and Independence,” Wordsworth parle de la figure icarienne du poète de la façon suivante : “Poets in our youth begin in gladness; /But thereof come in the end despondency and madness.” La littérature américaine offre plusieurs cas de poètes ou écrivains (Sylvia Plath, Anne Sexton, Delmore Schwarz, Jack Kerouac, David Foster Wallace, Richard Brautigan…) qui ne parviennent pas à exprimer leurs talents de façon continue ou qui n’arrivent pas à accomplir leur œuvre. Contrairement à ces derniers, des auteurs extrêmement prolixes produisent incessamment tout au long de leur carrière (Norman Mailer, John Updike, Susan Sontag, Philip Roth, Anne Tyler, Joyce Carol Oates…).
Cet atelier accueillera des communications qui examineront l’oeuvre des auteurs qui se situent aux deux extremités du continuum littéraire. Les premiers restent-ils fixés dans un deuil perpétuel et les seconds dans une célébration de la vie américaine ? La prolixité va-t-elle de pair avec une recherche constante du bonheur ? A l’inverse, une courte ou relativement courte explosion de créativité, implique-telle une quête sans espoir ? Quelles nuances de malheur ou de bonheur rehaussent leur travail ? Les uns, en deuil, abandonnent-ils la recherche (américaine) du bonheur et les autres, les plus prolixes, persistent-ils dans leur oeuvre malgré les défaillances américaines? Quelle force d’esprit est requise pour persévérer dans la création et qu’est ce qui met fin à cette recheche de créativité/bonheur? Quelle vision de la vie et de la mort, du bonheur ou du désespoir se façonne dans leur oeuvre? Que suggère la dichotomie endeuillé/célébrant, pour la constuction du sujet (historique) américain ?
Les propositions de communication devront être envoyées à la fois à Aristi Trendel et Theodora Tsimpouki avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 6 : La nature du bonheur : approches écopoétiques et écocritiques (Yves-Charles Grandjeat, Bordeaux 3, B. Meillon, Perpignan)
Comme l’écrivait Aldo Leopold dans son Sand County Almanac : “We all strive for safety, prosperity, comfort, long life, and dullness. […] but too much safety yields only danger in the long run. Perhaps this is behind Thoreau’s dictum: In wildness is the salvation of the world”. De fait, pour les Transcendantalistes américains, c’est dans la nature et seulement dans la nature que se trouvent vérité, beauté, santé et bonheur. A la suite d’Emerson déclarant en 1836 “In the presence of nature a wild delight runs through […] man”, et à revers des critiques d’une modernité de plus en plus matérialiste, les écrivains de la nature américains du 19ème siècle, de Thoreau à Muir, ont ainsi proposé de nombreux chants solaires d’affirmation et de célébration de la vie qui unit l’humain à son environnement.
Plus récemment, de nouvelles voix se sont élevées pour remettre en question la notion de « progrès », souvent évoquée pour justifier l’exploitation des ressources naturelles, appelant à l’inverse l’humain à réduire son empreinte destructrice sur la planète pour revenir à la joie d’une cohabitation apaisée avec le vivant « plus-qu’humain » (David Abram).Nombre d’auteurs amérindiens et écoféministes rejoignent ecopsoychologues, philosophes et mythographes, et affirment que la condition postmoderne des vivants se caractérise par une aliénation pathologique des humains au monde naturel, monde pourtant à la source de l’existence et de la subsistance des humains. Soucieux d’apprendre à « réhabiter » le monde (Gary Snyder), écopoètes et écocritiques appellent à une nouvelle éthique respectueuse de toutes les formes du vivant tout en ouvrant leur écriture à « La voix de la terre » (Roszak) ou, mieux, aux innombrables voix et chants non-humains montant de cette terre. Retrouvant des savoirs indigènes, l’écologie démontre l’interdépendance des multiples formes du vivant, et l’éthique environnementale reconnait l’intentionnalité et l’agentivité du non-humain. Quel est donc l’effet esthétique de cette posture selon laquelle le bonheur ne peut être que partagé avec le monde « plus-qu’humain »?
Cet atelier voudrait interroger la façon dont écopoètes et écocritiques américains contemporains ont cherché à répondre à cette question. Nous nous intéresserons aux propositions intellectuelles, critiques, artistiques, ouvrant vers ce nouveau partage, suivant l’adage de Thoreau : “the same soil is good for men and for trees”. Il s’agira d’envisager ces nouvelles propositions à la lumière d’une tradition proprement américaine, tout en considérant l’originalité des formes écopoétiques (d’écoute, d’écriture et de création) qu’elles peuvent susciter.
Les propositions de communication sont à envoyer conjointement à Yves-Charles Grandjeat (Professeur à l’Université de Bordeaux) et Bénédicte Meillon (Maître de Conférences à l’Université de Perpignan) avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 7 : Versions de la pastorale dans la littérature américaine (Richard Anker, Université Blaise Pascal, Clermont Ferrand et Monica Manolescu, Université de Strasbourg)
Dans son ouvrage marquant, The Machine in the Garden. Technology and the Pastoral Ideal in America (1964), Leo Marx évoque l’admiration vouée par Jefferson à Virgile et aux poètes classiques pour formuler une vision de la pastorale américaine qui serait fondée principalement sur des conventions littéraires. Cette reprise littérale de l’Arcadie constituerait le cœur de l’imagination pastorale populaire aux Etats-Unis, reprise qui demeure, comme l’ont montré des révisions critiques féministes, environnementalistes et inspirées par les Cultural Studies, une source de mystification même dans certains des textes les plus réflexifs du début du 19e siècle et jusqu’à nos jours. Dans ces textes, la nature est représentée comme un refuge loin des complexités urbaines et technologiques, et une sensibilité conservatrice, hégémonique et typiquement masculine exerce un contrôle régressif sur ce qui semblait être l’impulsion radicale et libératrice de l’idéal pastoral. Dans son article “American Pastoral Ideology Reappraised” (1989), Laurence Buell met en évidence les différentes tensions inhérentes dans l’écriture de la pastorale et souligne en particulier le conflit qui se développe dans les textes littéraires entre un langage de l’action, qui va dans le sens d’une tendance politique régressive, et certaines stratégies rhétoriques qui vont à l’encontre de cette mystification. Si ces tensions sont bien connues à la suite des lectures rhétoriques pratiquées par Paul de Man, l’analyse critique de ces tensions devient plus urgente et nécessaire que jamais dans la perspective d’une destruction de l’environnement à grande échelle. Il est important, à l’heure qu’il est, de tenter de saisir les différentes dimensions contradictoires au sein des représentations littéraires de la pastorale : conservatrices et libératrices, hégémoniques et radicales, mystificatrices et critiques. Un tel effort critique supposerait une prise en compte de la conscience aiguë qu’a l’écrivain moderne de la temporalité et de la matérialité de la forme littéraire et donc un examen renouvelé des rapports ambigus entre idylle et élégie tels qu’Erwin Panofsky les a révélés dans sa lecture du motif « Et in Arcadia Ego », motif qui met en avant la présence de la mort au sein même de la pastorale.
Cet atelier invite des communications qui explorent les tensions au cœur de la rhétorique de l’imagination pastorale dans la littérature américaine, des tensions qui – au-delà de toute stratégie politique particulière, mais sans tomber dans le piège d’un utopisme ludique – résistent à l’appât simplement régressif du bonheur arcadien et conduisent à une réflexion critique au sujet de la promesse toujours présente dans les versions littéraires de l’imagination pastorale.
Les propositions de communication sont à envoyer conjointement à [Monica Manolescu->
manoles@unistra.fr] et àRichard Anker
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Atelier 8 : Poursuite du bonheur et politique étrangère aux États-Unis (Gildas Le Voguer, Rennes 2 et Frédéric Heurtebize, Paris Ouest Nanterre La Défense)
Malgré la dimension universelle de la Déclaration d’Indépendance, la jeune république américaine se garda bien d’exporter son message à l’étranger et refusa d’apporter son aide aux autres révolutionnaires qui étaient eux aussi en quête de bonheur. En 1793, avec sa déclaration de neutralité, George Washington écartait le plaidoyer effectué par Thomas Jefferson en faveur des révolutionnaires français. En 1821, c’est le Secrétaire d’État, John Quincy Adams, qui ne partageait pas l’enthousiasme de Henry Clay pour les révolutions en Amérique latine et le mouvement d’indépendance en Grèce, au motif que : “[America] does not go abroad, in search of monsters to destroy.”
Pourtant, à la fin du dix-neuvième, en s’engageant dans la guerre hispano-américaine, les États-Unis étaient désormais prêts à apporter leur aide à ceux qui voulaient améliorer leur sort. Mais l’insurrection philippine qui suivit démontra que la quête du bonheur à l’étranger n’était pas chose aisée. L’expérience américaine aux Philippines fut un sérieux avertissement mais elle ne conduisit certainement pas les États-Unis à abandonner tout interventionnisme. À vrai dire, tout au long du vingtième siècle, les interventions américaines à l’étranger devinrent de plus en plus fréquentes et l’objectif initial d’apporter le bonheur aux peuples du monde se perdit parfois en chemin.
Récemment, l’Initiative d’un Grand Moyen-Orient lancée par l’administration de George W. Bush se donnait pour objectif d’apporter un peu de bonheur politique à la région. Il s’agissait dans cette partie du monde de propager la démocratie, d’apporter une aide humanitaire, d’assurer la stabilisation et le développement de l’économie, d’améliorer les règles de gouvernance, d’établir le règne du droit, et de créer une armée et une police dignes de ce nom. Comme on ne le sait que trop bien, cette construction expérimentale d’une nation n’a pas vraiment été couronnée de succès.
Cet atelier aura pour objectif :
-d’étudier la ou les doctrines de la politique étrangère américaine qui sous-tendent les efforts menés par les États-Unis pour édifier des nations,
-d’examiner les périodes où l’on a vu les États-Unis aider des pays tiers à construire leur propre forme de bonheur politique,
-de considérer les acteurs de cette politique : les agences gouvernementales, les diplomates, l’armée, les services de renseignement, les ONG, les think tanks, etc.
Les propositions de communication sont à envoyer conjointement à Gildas Le Voguer et à Frédéric Heurtebize.
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Atelier 9 : La quête documentaire : une utopie ? Delphine Letort (Université du Maine) et Zachary Baqué (Université Toulouse Jean Jaurès)
Souvent dominé par une intention didactique exposant les tenants et aboutissants d’une situation, le documentaire est un genre cinématographique dont le discours est explicitement politique. La présence du documentariste sur les lieux de tournage atteste de la sincérité de son engagement et de son désir d’enregistrer des faits authentiques. De manière paradoxale, le documentaire peut également être vecteur d’un effort militant, notamment sous la forme d’une quête souvent exprimée dans des séquences utopiques, invitant le spectateur à imaginer un autre monde possible. Dans cet atelier, nous nous efforcerons de repenser le genre documentaire à travers les espoirs qu’il soulève au-delà des critiques qu’il formule. Le documentaire se contente-t-il d’être un genre contestataire ou participe-t-il à la construction d’une utopie politique ? En effet, la tradition documentaire américaine peut doublement se relire à l’aune de la « recherche du bonheur » chère aux Pères Fondateurs : l’histoire du genre traduit à la fois la quête d’une forme esthétique idéale et la réalisation d’une utopie politique censée pousser le spectateur à l’action.
Les documentaristes de différentes tendances ont participé aux débats théoriques et pratiques sur le genre et tenté de définir comment approcher au plus près la vérité du monde. On peut songer, par exemple, aux pratiques du cinéma direct dénonçant les manipulations des documentaires d’exposition et à la réponse cinglante des tenants du cinéma vérité qui voyaient dans le direct une autre forme de mensonge. En accord avec cette vision téléologique du documentaire, Bill Nichols identifie six modes documentaires qui, selon lui, contribuent à « étendre le champs des possibles dans la représentation documentaire ».
Dominique Baqué définit la force politique du documentaire engagé par le fait qu’il « donne à penser ». Il semble néanmoins que la force perlocutoire des documentaires à visée politique, selon les modalités du paradoxe évoqué plus haut, soit limitée par les convictions d’un public sympathisant. La dimension utopique du documentaire se réduit peut-être au message politique qui le traverse et qui représente la quête d’un idéal, exprimée par l’expérimentation formelle caractéristique du genre. On pourra, par exemple, interroger la pratique du webdocumentaire en tant que réseau interactif invitant à développer la participation citoyenne dans les projets collectifs (ex : Highrise, Katerina Cizek, 2010) ou l’appel de Peter Wintonick à la mise en place d’utopies par le biais de ce qu’il nomme le « docmedia ».
Cet atelier se propose de contribuer à la réflexion sur cette tension entre réalisme et utopie au cœur du pacte de lecture documentaire. On pourra, par exemple, se pencher sur les questions suivantes, dans une liste qui n’est nullement limitative :
la représentation de systèmes sociaux et politiques se voulant utopiques : de l’entraide ouvrière dans les documentaires des années 30 aux expériences utopiques étudiées dans Documents of Utopia: The Politics of Experimental Documentary, le documentaire constitue-t-il un outil de solidarité ?
la quête technologique permettant l’évolution du documentaire : le cinéma direct a-t-il rendu une liberté d’interprétation aux spectateurs ? Dans quelle mesure le documentaire réflexif renouvelle-t-il le pacte documentaire ?
la propagande du bonheur : les documentaires des années 30 et 40 parviennent-ils à convaincre de l’hégémonie du bonheur américain (Why We Fight) et les bienfaits d’une planification (The River, The City, The Plow that Broke the Plains).
le cinéma militant ou engagé : quels sont les outils de persuasion utilisés par les documentaristes politiques et à quelle fin ? Le documentaire peut-il « changer le monde » en influençant, par exemple une élection (les documentaires « de campagne » en 2004 par exemple) ou en permettant une prise de conscience (An Inconvenient Truth) ? L’impact social d’un documentaire peut-il et doit-il se mesurer de façon empirique, une tendance récemment critiquée par Bill Nichols, ou est-il possible d’envisager une autre façon d’appréhender l’impact politique, émotionnel, utopique du documentaire sur son spectateur ?
La prise en charge des outils cinématographiques par les minorités elles-mêmes (femmes, Afro-Américains, Latinos, Indiens, LGBT), dans un but non pas rétrospectif mais actualisant, permet-elle de changer les perceptions ?
Merci d’adresser conjointement vos propositions à Zachary Baqué et à Delphine Letort.
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Atelier 10 : Les entreprises font-elles le bonheur (19e-21e siècles) ? (Alexia Blin, Ophélie Siméon, Évelyne Payen-Variéras (Paris 3 Sorbonne Nouvelle))
La ferme individuelle de l’ère Jeffersonienne, la société General Motors du milieu du 20e siècle et les « startups » du début du 21e siècle ont peu de choses en commun si ce n’est peut-être leur lien avec l’ensemble de valeurs, de croyances et d’espoirs que l’on rassemble habituellement sous le terme de « rêve américain ». Depuis le début du 19e siècle, la recherche du bonheur a inspiré à la fois des projets de réforme de l’organisation des entreprises et des tentatives plus radicales pour remettre en cause la propriété privée ou pour inverser l’ordre des priorités entre le profit économique, l’épanouissement personnel et l’harmonie sociale.
Nous souhaitons dans cet atelier nous interroger sur la dimension proprement économique du rêve américain, et plus précisément sur le rôle assigné à l’entreprise dans la recherche du bonheur. Dans quels termes les différents acteurs du monde de l’entreprise ont-ils défini cette contribution et comment s’articulent les composantes matérielles, morales, individuelles et collectives du bonheur ? L’aspiration à des relations sociales plus satisfaisantes dans le monde des affaires et du travail a coexisté avec des projets d’expansion de la sphère des loisirs, de la philanthropie et de la consommation. Dans une certaine mesure, l’État a lui aussi joué un rôle dans la quête du bonheur dans l’entreprise.
La relation entre les entreprises conventionnelles et les entreprises alternatives ou marginales est aussi une question à aborder. Des Shakers à Edward Bellamy et aux communes des années Soixante, les projets utopistes se sont souvent heurtés à la difficulté de rompre avec les pratiques économiques établies. Inversement, les initiatives paternalistes, les innovations dans la « gestion des ressources humaines » et dans les stratégies de communication doivent peut-être davantage qu’on ne le pense habituellement aux champions radicaux de la cause du bonheur. C’est autour de ces questions que nous espérons construire cet atelier, en sollicitant des contributions axées sur différents périodes de l’histoire des États-Unis, y compris la période très contemporaine.
Merci d’adresser conjointement vos propositions à Alexia Blin, Evelyne Payen-Variéras et Ophélie Simeon.
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Atelier 11 : Culture(s) populaire(s) et pratiques culturelles : miroirs et mirages du bonheur (Elodie Chazalon et Danièle André, La Rochelle)
L’expression « la recherche du bonheur » a longtemps signifié aspirer à une vie meilleure et était liée à un rêve américain que chacun pouvait prétendument atteindre, mais ce rêve semble pour beaucoup inatteignable. La culture populaire nord-américaine rend visible aussi bien la dichotomie entre la réalité et l’idéal que la fluctuation du terme « bonheur », dont le sens varie selon les sociétés et les périodes. Doit-on repenser le bonheur ? Si oui, en quels termes ?
L’utilisation de l’expression « la recherche du bonheur », comme titre de maintes productions culturelles et comme enjeu commercial, montre que si cette notion est un droit inaliénable qui fait partie de l’héritage nord-américain et de ses valeurs, elle est aussi insaisissable et trompeuse. La société nord-américaine est fondée sur une économie capitaliste dont l’un des mécanismes consiste à persuader les individus qu’ils doivent toujours se procurer/acheter quelque chose afin d’être parfaitement heureux. La culture populaire pousse à repenser le sens de ce que sont et impliquent le bonheur et sa recherche.
La science-fiction et des œuvres précurseurs nous ont montré qu’une société qui veut être l’image du bonheur et qui tient à ce que tous ses citoyens soient heureux ne peut y parvenir qu’en imposant sa vision du bonheur, en contraignant les individus à être heureux ou en leur faisant croire qu’ils le sont. Cela nécessite que soient imposées aux citoyens des normes de vie et de pensée ; ils doivent alors renoncer, volontairement ou non, consciemment ou non, à un autre grand idéal américain : la liberté individuelle.
Les pratiques culturelles, et notamment la culture du leisure – proche du culte et si chère à la nation nord-américaine – reflètent également le paradoxe inhérent aux sociétés de consommation et aux « modes » de vie qu’elles promeuvent. Tout comme la tendance (« trend ») ou le « courant », la mode est à la fois la promesse d’une forme de bonheur et l’annonce de sa fugacité. Analysée par Georg Simmel dans son essai Philosophie de la mode (Der Mode, 1905), la mode – en tant que phénomène – est un mouvement perpétuel de satisfaction/insatisfaction des désirs, de plein et de vide, car elle promet de satisfaire les besoins contradictoires d’imitation et de différentiation sans jamais que ces deux aspects soient finalement comblés.
Les industries culturelles se sont approprié cette dualité inhérente à l’humain si bien que les productions (romans, films, séries TV, bandes dessinées, etc.) et les pratiques culturelles se sont progressivement greffées aux « mythes fondateurs de la nation américaine » (Marienstras) et aux valeurs qui leurs sont afférentes (American dream, self-made man, Gold Rush, pays de Cocagne et Pastorale – individualisme, compétitivité, liberté, libre entreprise, abondance et ascension sociale etc.).
On pourra se demander si la recherche du bonheur n’est finalement pas une « expérimentation » qui passerait par des pratiques et des comportements de plus en plus excessifs, que ce soit dans le moins ou la surenchère. Le végétalisme et les régimes alimentaires « sans », les cosmétiques « nude », le dépouillement d’un style de vie prétendu « bohême », alternatif et hors des circuits de production et de consommation de masse ou au contraire, la consommation ostentatoire et l’hyperconsommation sont des pratiques de l’excès qui donnent aussi le sentiment que la possession ou son apparent opposé, le détachement, procurent le bonheur. La culture populaire et les pratiques culturelles montrent combien ces équivalences sont en train de se modifier, et que le bonheur n’est plus à chercher dans la richesse et l’accumulation, ni même dans le dépouillement.
Si la question d’un retour à des valeurs autres que financières et consuméristes se pose, aspects que la culture populaire transpose, il serait pertinent de savoir si ces mouvements vers d’autres valeurs ne deviennent pas eux-mêmes des tendances et valeurs marchandes qui poussent alors vers une autre uniformisation des désirs et besoins.
Les pistes suivantes, non exhaustives, pourront être explorées :
-les œuvres qui parlent de la « recherche du bonheur » et celles qui proposent des alternatives ou visions critiques
-les œuvres qui questionnent la « culture populaire » et la « culture de masse » comme juges et parties dans l’association entre « bonheur » et « bien » de consommation
-les industries culturelles et les produits culturels comme remèdes au manque et producteurs de désirs
-les pratiques culturelles (modes vestimentaires et alimentaires, sports, jeux (de rôle, vidéo, etc.), rituels corporels, modes de vie) dans leur double mouvement d’imitation/différentiation, satisfaction/insatisfaction des désirs
-la représentation du « désir », du « manque » et de l’ « excès » dans la culture populaire
-l’articulation entre la recherche du bonheur et les notions ci-dessus
Les analyses pourront se concentrer non seulement sur les aspects théoriques, mais aussi sur l’interprétation et l’appropriation de pratiques ainsi que sur la relecture populaire des pratiques et productions de la culture dominante. Les propositions, entre 300 et 500 mots, et une courte biographie sont à envoyer conjointement à Danièle André et Elodie Chazalon.
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Atelier 12 : La religion à la poursuite du bonheur ? (G. Christoph, S. Remanosfsky, ENS de Lyon)
Pour Pascal, si « tous les hommes recherchent d’être heureux », le bonheur est ce gouffre infini que seul un autre infini – Dieu – est à même de venir combler. Pour Saint Just au contraire, si le « bonheur est une idée nouvelle en Europe » au 18e siècle, c’est parce que le christianisme l’avait jusque là condamné, en posant le salut de l’âme et l’obéissance à dieu comme les seules fins dignes d’un vrai chrétien dans un monde périssable, voué à la tentation, au travail et à la souffrance.
Dans la tradition chrétienne, les rapports entre bonheur et religion semblent donc d’emblée marqués au sceau de la contradiction, Pascal préconisant la religion comme moyen d’atteindre le bonheur (fût-ce essentiellement dans l’au-delà), Saint Just et d’autres penseurs radicaux des Lumières estimant que la religion est au contraire un obstacle au bonheur terrestre. S’inscrivant pleinement dans cette tension apparente et élargissant la question à toutes les religions et non plus seulement aux trois grands monothéismes abrahamiques, cet atelier se propose d’explorer les rapports entre bonheur et religions aux États-Unis, pays neuf où l’idée de bonheur revêt une importance telle qu’elle figure comme liberté garantie par l’État dans la Déclaration d’indépendance.
Les communications de cet atelier pourront, dans une optique philosophico-théologique, explorer le rapport que les religions présentes sur le sol américain entretiennent avec la notion de (poursuite du) bonheur. Tout d’abord comment ces religions entreprennent-elles de définir le bonheur ? Le condamnent-elle, le renvoyant, dans le meilleur des cas, à une béatitude que seuls les saints pourront atteindre dans l’au-delà ou bien préconisent-elles au contraire sa poursuite terrestre ? Plus encore, la poursuite du bonheur est-elle considérée comme étant compatible avec la moralité religieuse ?
Une deuxième ligne de questionnement, plus sociologique, pourra interroger l’existence d’une corrélation – éminemment discutable, si l’on en croit l’abondante littérature sur le sujet – entre religiosité et bonheur. Nombre d’études prétendent en effet démontrer un plus grand niveau de satisfaction chez les personnes religieuses, tandis que des contre-études nient toute corrélation probante entre bonheur et religiosité, arguant de nombreux problèmes méthodologiques dans l’exploration de cette question (le principe du “self-reporting”, ainsi que l’utilisation de questionnaires aux résultats totalement contradictoires étant les plus souvent cités).
Enfin et plus généralement, on pourra se demander si les religions contribuent de manière positive ou négative non plus seulement au bonheur de l’individu religieux ou du groupe religieux, mais à celui de la société tout entière, toutes confessions et croyances confondues.
Merci d’adresser conjointement vos propositions à G. Christoph et S. Remanosfsky, .
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Atelier 13 : La poursuite du bonheur : le jour d’après (Eléonore Lainé Forrest (Nouvelle-Calédonie) et Yvonne-Marie Rogez (Paris 2 Panthéon-Assas)
“But somewhere along the line something turned sour”
Emblème du rêve américain, la poursuite du bonheur est née dans une réalité différente de la nôtre, mais non moins difficile. Et les cris des colons américains de faire écho à ceux des Américains d’aujourd’hui ; ceux touchés par la crise des subprimes, par les délocalisations, ceux qui n’ont pas d’assurance maladie, qui survivent dans les quartiers pauvres sans avoir d’autre horizon qu’une mer d’autres ghettos. Dans un monde aux allures apocalyptiques, que reste-t-il alors sinon le rêve du droit inaliénable à l’accès au bonheur, promesse des Lumières ?
Les films, les séries, les romans graphiques, mais aussi les nouvelles et les romans américains enfilent de plus en plus aujourd’hui le costume post-apocalyptique, ou « postapo, » pour raconter cette poursuite du bonheur. Dans une Amérique ravagée par une épidémie, après une catastrophe nucléaire, ou encore poursuivis par des morts-vivants, les survivants n’ont de cesse de rebâtir un monde meilleur, une nouvelle cité sur la colline. Dans The Village (M. Night Shyamalan, 2004), les hommes reconstruisent un monde utopique, meilleur, une nouvelle civilisation qui est équivalente à un retour en arrière, au temps des premiers américains. Sinon pourquoi continuer d’exister ? Pourquoi continuer de marcher tel l’homme et l’enfant dans The Road (Cormac McCarthy, 2006) quand au quotidien on n’a comme spectacle que l’horreur (Julia Kristeva, Pouvoirs de l’horreur, Paris, Seuil, 1980) ?
La poursuite du bonheur est la trame de fond du postapo américain et le postapo rien de moins que le costume de l’Oncle Sam, pour ne pas dire de la réalité mondiale. Plus besoin de Dorian Gray et de son portrait pour révéler l’abject en l’homme. A la manière des lunettes de soleil dans They Live (John Carpenter, 1988), le postapo permet de découvrir le monde tel qu’il est réellement. On y voit alors hommes, femmes et enfants mourir tous les jours pour avoir rêvé de toucher au bonheur d’un monde démocratique et meilleur. Ainsi, la fiction post-apocalyptique américaine raconte notre histoire et celle de notre monde aujourd’hui. Car même s’il est le premier à critiquer les Etats-Unis, le postapo américain projette le mal-être de la planète entière (Hannah Arendt, The Origins of Totalitarism, New York, Schocken Books, 1951 / Bruce Bongar, Psychology of Terrorism, New York, Oxford University Press, 2007 / Jeffrey Kaplan, Terrorist Groups and the Fifth Wave, New York, Routledge, 2010). Aucun pays n’est épargné, surtout pas ceux qui se sont vantés de faire du vingt-et-unième siècle un exemple d’avancées sociales (Evan Osnos, « The Fearful and the Frustrated », The New Yorker, August 31, 2015 Issue).
Le gros bâton de Teddy, la « bien-pensance » (quelle que soit sa nationalité) a atteint ses limites. Combien de fois dans The Walking Dead les personnages se demandent s’ils vont porter secours à une personne en danger, ou encore se voient refuser l’aide d’autres survivants (la non-assistance à personne en danger n’est pas, dans la plupart des cas, considérée comme une infraction dans les pays de common law). Et la formule « tuer pour ne pas être tué » sonne alors de façon étrangement familière (Michael Waldman, The Second Amendment : a Biography, New York, Simon & Schuster Paperbacks, 2015). Ce qui, pensait-on, se passait loin, très loin de nos frontières donne l’apparence de se dérouler dans leur enceinte. Et de sentir l’odeur d’une vérité encore chaude. Le postapo ne propose alors aucune solution, mais fait le constat d’un monde où la démocratie semble être devenue, comble de l’absurde, un agent de destruction plutôt que de construction menant au bonheur (John Brenkman, The Cultural Contradictions of Democracy : Political Thought since September 11, Princeton University Press, 2007).
Ces différentes pistes constituent les thèmes de cet atelier. On l’aura compris, ils sont variés et ne se limitent pas au seul champ de la littérature et du cinéma. Ainsi, tous les américanistes (quelle que soit leur spécialité) sont invités à partager leur recherche sur ces représentations post-apocalyptiques et ce qu’elles révèlent des contradictions inhérentes au rêve américain de la poursuite du bonheur, pour ne pas dire de la démocratie.
Vous pouvez envoyer votre proposition à : Eléonore Lainé Forrest (Université de la Nouvelle-Calédonie)et à Yvonne-Marie Rogez (Université Paris 2 Panthéon-Assas)
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Atelier 14 : Joie des psychotropes. Paradis artificiels américains Nicholas Manning (Université Paris-Sorbonne)
La quête américaine du bonheur pose une ambiguïté cruciale : si le bonheur, comme état de l’affect, présente des causes considérées comme artificielles, pharmacologiques ou psychotropiques, sa valeur se trouve-t-elle mise en cause ? Si l’expérience que les psychotropes peuvent susciter relève de la joie, celle-ci est-elle moins forte, fausse ou contrefaite ? Sa valeur en tant qu’expérience affective est-elle distincte de sa causalité ?
Le terme « psychotrope » sera au centre de nos questionnements. Il peut de fait être compris de diverses façons littérales et symboliques, recouvrant des psychotropes socialement acceptés ou normalisés comme l’alcool, le tabac, la caféine et plus récemment le cannabis, jusqu’à l’expansion massive – au moment du plein essor de l’industrie pharmaceutique dans l’après-guerre américain – des antidépresseurs, psycholeptiques (tel que le ritalin) et psychoanaleptiques (les amphétamines). Ce panel ne se bornera donc pas à l’analyse d’œuvres, littéraires ou autres, qui ont pour thématique centrale la culture de la drogue et des expériences psychédéliques. En abordant la notion de psychotrope dans ses acceptions les plus larges, nous encourageons les réflexions théoriques sur le sens et les usages, dans le contexte américain, de la notion même de psychotrope.
La notion de bonheur psychotropique sera également interrogée dans une culture historiquement marquée par différents courants et contre-courants de limitation et de contrôle. Du puritanisme américain aux mouvements de tempérance des 18e et 19e siècles, de la Prohibition dans les années 1920 à la « Guerre contre les Drogues » instiguée par Richard Nixon à partir des années 1970, la maîtrise de soi est souvent un objet de critique et de satire dans la littérature et la culture américaines.
Les propositions de communication des spécialistes de littérature et de civilisation américaines sont les bienvenues, ainsi que celles relevant des études des médias, des séries télévisées, et du cinéma. Les perspectives comparatistes, qui ne sont pas uniquement monographiques, sont encouragées.
Envoyer un court résumé de 250 mots et une courte notice biographique à Nicholas Manning avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 15 : Les travailleurs non-libres et la quête du bonheur (Lawrence Aje, Université de Montpellier, Anne-Claire Faucquez, Université Paris VIII, Elodie Peyrol-Kleiber, Université de Poitiers)
Dans la Déclaration d’indépendance de 1776, les colons américains déclarent tenir comme évidentes les vérités suivantes : tous les hommes sont dotés par le Créateur de droits inaliénables, parmi lesquels la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Bien que l’auteur principale de la déclaration, Thomas Jefferson, s’inspire des écrits du philosophe anglais John Locke, il remplace le droit à la propriété ou aux richesses, chers au philosophe, par une formulation plus abstraite, philosophique, voire existentielle : celle de tout homme à pouvoir prétendre à la quête de bonheur. Loin d’être une coquetterie stylistique, ou la volonté de masquer la filiation idéologique avec Locke, la reformulation de Jefferson illustre davantage le souhait de produire un texte fondateur fédérateur susceptible de prendre en compte les différentes sensibilités politiques des colonies nord-américaines, notamment sur la question de l’esclavage. En effet, les droits inaliénables que décrit la Déclaration ne s’appliquent pas aux travailleurs non libres, blancs ou de couleur, qui sont exclus du corps politique, en raison de leur sujétion à un maître qui possède leur personne, de façon temporaire, pour les serviteurs engagés, ou perpétuelle et héréditaire, dans le cas des esclaves. Si la corrélation entre la poursuite du bonheur et l’accès à la propriété constitue le fondement, et le moteur, du peuplement et du développement économique des Etats-Unis, elle porte également en creux les germes de la division de l’Union. Il faut dire que la possession par les maîtres de la production des travailleurs non-libres, mais surtout de leur personne en qualité de biens meubles, semble contredire les valeurs cardinales, dites naturelles, énoncées par la Déclaration. Le remplacement progressif des serviteurs sous contrat, qui sont majoritairement blancs, par une main-d’œuvre servile noire, incitent les défenseurs de l’esclavage à justifier comme droit naturel l’accès à la propriété tout en œuvrant, simultanément, pour la naturalisation, par le droit coutumier ou positif, d’un ordre social fondé sur des distinctions raciales, limitant, ce faisant, la liberté individuelle des personnes de couleur. Ainsi – comme l’attestent la loi de 1793 sur les esclaves fugitifs, ou la mise en avant du respect du 5e amendement par la Cour Suprême dans l’Affaire Dred Scott de 1857- c’est au nom de leur droit constitutionnel, considéré comme inaliénable, de jouir de leur liberté individuelle et de la défense de leur propriété servile que les maîtres se font entendre sur le plan national. Mus par des objectifs opposés, les abolitionnistes fustigent la théorie selon laquelle l’esclavage serait un bien positif qui contribuerait à l’épanouissement des esclaves et dénoncent combien la privation de la liberté de la population servile constitue une violation de son droit naturel et une entrave à son bonheur.
Cet atelier, qui s’inscrit dans une dynamique de réflexion sur le statut des travailleurs contraints dans l’espace atlantique, propose d’examiner la consubstantialité des notions d’accès à la propriété et celle de la quête du bonheur au prisme du travail servile, de l’époque coloniale à l’abolition de l’esclavage. Dans quelle mesure les idéaux égalitaires exprimés au moment de la Révolution américaine, en particulier le droit naturel de tout individu à pouvoir prétendre à la poursuite du bonheur, trouvent-ils un écho auprès de la population servile ? La notion de la quête du bonheur peut-elle s’appliquer aux travailleurs contraints ? Si oui, quelles sont les diverses formes de bonheur dont peut jouir la population servile selon les lieux et les époques ? Comment le droit à la propriété établi dans les textes fondateurs est-il instrumentalisé par les Sudistes afin de défendre et préserver l’institution particulière ? L’émancipation des travailleurs contraints – qui n’est autre que le recouvrement de la possession naturelle de sa propre personne par un individu – est-elle le corollaire ou la condition sine qua non pour accéder à d’autres bonheurs ? Voilà, quelques unes des questions, parmi d’autres, auxquelles cet atelier souhaite répondre.
Lawrence Aje, Université de Montpellier, Anne-Claire Faucquez, Université Paris VIII, Elodie Peyrol-Kleiber, Université de Poitiers
Merci d’adresser conjointement vos propositions à Elodie Peyrol Kleiber, Lawrence Aje, Anne-Claire Faucquez.
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Atelier 16 “La recherche du bonheur” et les choix de vies alternatifs en Amérique, 17e-19e siècles (Allan Potofsky (Paris-Diderot) et Steven Sarson (Lyon 3)
L’usage dans la Déclaration de l’expression “pursuit of happiness,” a été traditionnellement considéré comme une façon un peu lyrique de discuter de la propriété comme droit humain. Notre session propose de revisiter cette lecture étroitement économiste et matérialiste au prisme de divers contextes historiques : l’espace atlantique révolutionnaire (Allan Potofsky), la traite des pelleteries en Amérique du Nord (Gilles Havard) et la célébration d’une ruralité neuve et vertueuse face à l’urbanité corrompue de la vieille Europe (Steven Sarson et Natalie Zacek). Les origines et les pratiques de la « poursuite du bonheur » ne renvoient pas uniquement à une célébration matérialiste de l’individualisme possessif, mais sont aussi porteuses de définitions alternatives ou concurrentes, en marge du capitalisme.
Steven Sarson s’interrogera sur le sens donné par Thomas Jefferson à la poursuite du bonheur, en lieu et place de la propriété de Locke. Il montrera que la “pursuit of happiness”, de Jefferson mêle, d’une part, le concept de migrants comme agents libres et un concept agrarien de propriété foncière généralisée, et, d’autre part, ses idées pastorales dépeintes dans la littérature coloniale promotionnelle. Gilles Havard examinera le mode de vie des coureurs de bois (traiteurs de pelleteries en pays indien) sous un angle socio-culturel et non-économiste. La poursuite du bonheur pourrait alors être liée à la définition dans l’Atlantique français de formes alternatives de masculinité, construites dans l’interaction avec les mondes amérindiens, et en marge du modèle dominant de l’homme-propriétaire. Allan Potofsky examinera pour sa part l’usage politique éventuellement abusif du terme happiness / bonheur dans le contexte de la Révolution française. La célèbre phrase de Saint-Just qui voit dans le bonheur une « idée neuve en Europe » met l’accent sur le projet d’un « bonheur de tous » et constitue de fait une critique implicite des définitions de Locke et de Jefferson, orientées vers l’idée d’un bonheur individuel. Enfin, Natalie Zacek se concentrera sur les courses de chevaux dans le Kentucky du 19e siècle comme mise en œuvre des dimensions utopiques et rurales du bonheur. Ce sont les plaisirs « émotionnels » et non pécuniaires qui sont alors valorisés, en lien avec la construction d’une identité régionale et nationale. L’idée populaire selon laquelle ces courses devraient être appréciées simplement pour elles-mêmes, comme source de bonheur, signifiait en retour que ceux qui y assistaient dans l’espoir de gagner de grosses sommes d’argent en pariant étaient rejetés comme des profiteurs dont la présence diminuait le plaisir des autres participants.
Les organisateurs de cet atelier invitent d’autres participants à se joindre à leurs travaux en proposant des communications en lien avec le texte de cadrage ci-dessus, qu’ils peuvent envoyer à Allan Potofsky et à Steven Sarson Steven, avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 17 La Quête du bonheur des autres dans la politique étrangère des Etats-Unis : discours et actes (P. Guerlain, Paris Ouest Nanterre et Raphael Ricaud, Montpellier 3)
La politique étrangère des Etats-Unis se caractérise par une alternance entre phases isolationnistes et interventionnistes. Lors de l’ère progressiste, influencés par la philosophie allemande du 19e siècle, les tenants du courant interventionniste jettent les bases d’une politique étrangère nouvelle. Celle-ci ne se fonde plus sur les intérêts directs des Etats-Unis, mais sur la notion d’altruisme. La promotion du bien-être des autres peuples devient alors un passage obligé dans les discours ayant trait au rôle que l’Amérique va jouer sur la scène internationale.
Cette éthique idéaliste, augmentée de la notion du progrès de l’histoire, donnent lieu à des débats passionnés en amont et lors de la Guerre hispano-américaine (1898), mais aussi lors de la présidence de Theodore Roosevelt où les Etats-Unis se posent en « gendarme du monde. » Lors de l’ère Wilson, l’Amérique réaffirme son devoir moral d’apporter la liberté aux peuples du monde et intervient de manière décisive lors de la première Guerre mondiale avant d’entrer dans une nouvelle phase isolationniste.
Depuis la seconde Guerre mondiale, l’hyperpuissance américaine est plus résolument interventionniste. Ceci est particulièrement vrai lors de la Guerre froide, mais aussi depuis la fin du conflit larvé entre les deux blocs. Sous la présidence d’Herbert Walker Bush, les Etats-Unis sont intervenus au Kuweit puis en Somalie. Le président Bill Clinton a fait envoyer des troupes américaines en Haïti, en Bosnie et au Kosovo. Quant à George Bush fils, c’est en Afghanistan et en Irak qu’il missionna son armée, tout comme Barack Obama.
Un des motifs invoqués de manière récurrente lors de ces interventions est celui de la quête du bonheur. Mais une nation peut-elle pourvoir au bonheur des citoyens d’autres nations ? Quels sont alors les concepts déployés ? Comment sont-il mis en pratique ? Comment cette quête du bonheur d’autrui est-elle reçue, au sein même des Etats-Unis et au-delà de ses frontières ?
Cet atelier s’intéressera tout particulièrement aux discours et aux actes qui accompagnent la promotion de la démocratie, ainsi qu’à l’édification d’entités nationales, tout particulièrement lorsque le topos invoqué est la quête du bonheur des autres.
La quête du bonheur des autres dans la politique étrangère des Etats-Unis pourra tant être étudiée du point de vue de sa conception, de sa transmission, que de sa réception. On pourra s’intéresser à une perspective historique de ces interventions, à leur théorisation, à leur typologie, ainsi qu’à des cas d’études (liste non exhaustive.)
Contacts : Pierre Guerlain (CREA, université Paris Ouest Nanterre La Défense) & Raphaël Ricaud (EMMA, université Paul-Valéry Montpellier 3)
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Atelier 18 : Fictions d’Amérique : le bonheur et ses technès, 1776-1916 (Thomas Constantinesco et Cécile Roudeau (Université Paris Diderot))
En érigeant la « poursuite du bonheur » en droit inaliénable, la Déclaration d’Indépendance a mis la jeune nation au défi d’imaginer les conditions de sa mise en œuvre et soumis l’Amérique du 19e siècle à cette question : peut-on imposer le bonheur, par l’artifice de la loi ou l’usage de la force, « que cette force soit directe ou non, physique ou symbolique, extérieure ou intérieure, brutale ou subtilement discursive et herméneutique, coercitive ou régulative » (Derrida, « Force de loi ») ? Tout au long du siècle, institutions, pratiques et discours régulateurs ont apporté leur éventail de réponses, instaurant une police des corps et des esprits dans le but avoué de minimiser la répartition de la souffrance et de maximiser l’accès au bonheur pour le plus grand nombre, prétendant réunir les conditions de l’harmonie collective en distribuant des « primes au plaisir ou en brandissant la menace de la sanction » (John Dewey, Ethics, 1908). La logique retorse de ces arts et artifices du bonheur n’a pas manqué de nourrir la littérature, de l’informer, à moins que la fiction, justement, doive plutôt être considérée comme le lieu même de la mise à l’épreuve d’une esthétique du bonheur indissociable de sa pratique.Mouvements réformistes (sociétés de tempérance, mouvement pour l’abolition, le droit des femmes, l’amour libre,…) ; innovations pédagogiques (Bronson Alcott, les sœurs Peabody, Margaret Fuller,…) ou médicales (homéopathie, végétarisme, hydrothérapie,…) ; nouvelles formes de gestion de la main d’œuvre ouvrière (manufactures de Lowell,…) ; communautés utopiques en tout genre inspirées des philosophies de Robert Owen (New Harmony), Charles Fourier (Brook Farm, Fruitlands) ou Étienne Cabet (Icarie) ; passion pour l’organisation domestique (Catherine Beecher) ou la planification urbaine (Jane Addams) ; propositions alternatives pour l’« établissement » de l’Ouest ; projets de refonte de l’univers carcéral et hospitalier ; sans oublier les tentatives pseudo-scientifiques pour formaliser des typologies sociales, raciales ou psychologiques destinées à « civiliser » la nation, ces différentes techniques du bonheur se trouvent reflétées dans la fiction du 19e siècle, et plus généralement dans les œuvres littéraires qui en font leur matière et acceptent de jouer les porte-voix de l’obsession nationale, quitte à en mettre au jour les vices cachés.
Consacré au long 19e siècle, cet atelier souhaiterait s’intéresser aux relations que l’« idée » du bonheur entretient avec les formes, notamment littéraires, de sa production. Nous encourageons les propositions qui entendent relire les lettres américaines comme autant de fabriques et fictions du bonheur.
Les communications pourront porter sur les textes suivants, sans exclusive :
-Henry Adams, Democracy: An American Novel (1880) ;
-Louisa May Alcott, Transcendental Wild Oats: A Chapter from an Unwritten Romance (1873), Work: A Story of Experience (1873) ;
-Edward Bellamy, Looking Backward, 2000-1887 (1889), Equality (1898) :
-Frederick Douglass, Narrative of the Life of Frederick Douglass, An American Slave (1845) ;
-Charlotte Perkins Gilman, Human Work (1904), Herland (1915), Moving the Mountains (1911) ;
-William Dean Howells, A Traveler from Altruria (1894) ;
-Henry James, The Bostonians (1886) ;
-Herman Melville, Mardi (1849) ;
-Mark Twain, A Connecticut Yankee (1890) ;
-Walt Whitman, Democratic Vistas (1871)
Merci d’adresser vos propositions (500 mots), accompagnées de quelques lignes bio-bibliographiques à: Thomas Constantinesco et Cécile Roudeau.
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Atelier 19 : L’alimentaire comme principe et/ou métaphore de la recherche du bonheur dans la littérature américaine. (Françoise Buisson, Université de Pau et des Pays de l’Adour)
Même avant la fondation de la nation américaine, le Nouveau Monde était perçu comme « the land of plenty », « the land of milk and honey ». L’alimentaire représentait donc non seulement l’un des buts de la quête de nourritures terrestres, mais il était aussi une métaphore de la recherche du bonheur sur une terre que l’on devait apprivoiser pour la cultiver, et où l’on envisageait de trouver l’abondance et les richesses matérielles. Le repas de Thanksgiving est lui-même une expression de la reconnaissance, de l’harmonie et du bonheur fondés sur le partage de nourriture. L’objectif de cet atelier est d’étudier les représentations de l’alimentaire comme principe et/ou métaphore de la recherche du bonheur dans la littérature américaine, aussi bien dans les champs fictionnels que dans les récits de voyage ou les journaux intimes. Ces représentations de l’alimentaire sont parfois empreintes d’une jubilation de l’auteur(e) qui jouit des mots pour décrire mets, sensations visuelles, olfactives et gustatives. Par alimentaire, nous entendons aussi bien les aliments eux-mêmes, crus ou cuits, solides ou liquides, que les pratiques et les rituels alimentaires qui nous renvoient non seulement à la sphère domestique mais aussi à la diversité ethnique et sociale de la nation américaine. L’étude de ces représentations implique aussi une réflexion sur le culte du bien-être corporel : comme l’écrit Marie-Claire Rouyer, « Représenter, en ses avatars, la nourriture apprêtée, socialisée ou travaillée par l’imaginaire, c’est à la fois dessiner et déchiffrer la carte du corps » (Food for Thought ou les avatars de la nourriture, 1998, p. 18). Il suffit de penser à une œuvre comme The Road to Welville (1993) de T.C. Boyle pour percevoir les liens très forts entre plusieurs mythologies américaines, dont celle de la route et celle d’une quête du bonheur éternel qui passe par une forme d’hygiénisme alimentaire dans un sanatorium où de richissimes patients incarnent le Rêve américain, non loin d’une population parfois affamée qui en est exclue.
Car, si l’alimentaire traduit parfois une libération joyeuse, voire carnavalesque, il peut aussi traduire un malaise, aussi bien par son excès que par son manque, dans une littérature qui décrit souvent des phénomènes d’addiction morbide à l’alcool ou aux stupéfiants et qui montre ainsi l’échec de la quête du bonheur dans une société critiquée pour son hyperconsumérisme et ses gaspillages. De même, si dans la littérature féminine, en particulier celle du Sud, la cuisine peut être un lieu de bonheur partagé et d’épanouissement de soi, elle peut aussi être le théâtre de la marginalisation et de l’asservissement. De plus, la consommation alimentaire problématise notre lien avec la Nature et l’animal, car elle conduit des écrivains comme Jonathan Safran Foer (Eating Animals, 2009) ou les écrivains de la nature en général à s’interroger sur l’exploitation outrancière des nourritures terrestres, et par là même à montrer la face à peine cachée d’une industrie agro-alimentaire qui offre un miroir inversé de la quête du bonheur dans un territoire qui n’a plus rien de pastoral. Car l’hédonisme alimentaire est aussi symbole de carnage et de prédation, aux antipodes d’un art de vivre épicurien qui serait fondé sur la modération et le respect de l’autre, que ce dernier soit humain ou animal. On pense alors au cliché de la junk food et à ses représentations, aux répercussions d’une consommation toxique et outrancière sur le corps individuel ou collectif qui, loin d’avoir accédé au bonheur, est en proie au malaise, à la maladie et à l’entropie.
Merci d’envoyer vos propositions à Françoise Buisson, avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 20 : La danse américaine et la recherche du bonheur. Adeline Chevrier-Bosseau (Université Paris-Est Créteil) et Claudie Servian (Université Grenoble-Alpes)
Art visuel où le corps s’exprime et transmet des émotions au public par le biais du corps du danseur, art où exulte le corps, expression de la joie et extériorisation d’un bonheur que l’on ne peut contenir et exprimer par les mots, la danse semble naturellement s’inscrire dans ce thème très américain de la recherche du bonheur.
Cet atelier propose de s’interroger sur la manière dont la danse américaine s’inscrit dans cet ethos américain, dans cette mythologie américaine, et en reflète les principes fondateurs. La recherche du bonheur est souvent liée à la quête de la réussite en Amérique du nord et à la notion d’individualisme ; cela se manifeste en danse notamment par le développement du solo (Fuller, Duncan, Saint Denis au début du 20e siècle), qui s’accompagne bien souvent de la recherche d’une forme de libération, d’émancipation et d’affirmation de la danseuse. D’Isadora Duncan rejetant la torture du corps imposée par le ballet classique et prônant la libération du corps de la danseuse et la recherche non plus du mouvement parfait mais du bonheur de danser, à Martha Graham et sa technique basée sur l’émotion qui donne naissance au mouvement, nous nous pencherons sur la manière dont les grands maitres de la danse américaine ont su intégrer la recherche du bonheur dans leurs approches de la danse.
Qu’il s’agisse de ces pionniers d’une danse purement américaine ou de chorégraphes ou ballets plus contemporains comme Balanchine, Alvin Ailey, ou Complexions, la danse américaine se fait le reflet de la société et de ses préoccupations, et loin d’être un simple divertissement, la danse participe au débat national sur les questions sociales et politiques que sont la question raciale, le féminisme, les guerres dans lesquelles s’engage l’Amérique, les conflits liés aux classes sociales, les représentations de la masculinité et de la féminité, les divers travestissements d’une société américaine divisée et souvent contradictoire.
Thématiquement certaines chorégraphies peuvent mettre en scène l’homme en quête d’amour dans un monde violent et déréglé, réinterprètent les rêves des Pilgrim Fathers dans une nature sauvage et hostile, ou l’expansion vers l’Ouest. Dans les années 1960, il semble que le rêve américain de liberté, d’égalité et d’abondance se réalise : les arts semblent tenir une position privilégiée dans cette société comme miroir d’une société américaine rajeunie, comme reflet de la conscience contemporaine. L’ère Kennedy est favorable au développement des arts : les ballets sont sponsorisés. Greenwich Village à New York devient le lieu de rencontre des ces avant-gardistes soucieux d’engagement, de transgression, de plaisir. Le Pop Art explose aux alentours de 1963 et le Judson Dance Theatre prospère. Andy Warhol introduit le Pop Movie, le groupe Fluxus arrive à New York et Charlotte Moorman organise le premier festival de l’avant-garde. La danse américaine, toujours novatrice et d’une vitalité qui bien souvent excède celle des ballets européens qui peinent parfois à se renouveler, se fait contestataire.
Les angles d’approche qui pourront être adoptés dans cet atelier incluent aussi :
– la question de la danse comme divertissement, comme source de plaisir pour le public, au détriment – ou non – du danseur : on peut imaginer s’intéresser au sort des danseuses au 19ème siècle, bien souvent exploitées par des directeurs de théâtre peu scrupuleux, aux danseuses de burlesque (qui connaît depuis plusieurs années un renouveau rafraichissant), girly show ou leg show, souvent réduites au statut d’objet, mais également aux « happy darkies » des minstrel shows et des films hollywoodiens (on peut penser à Bojangles, par exemple) qui affichent toujours un large sourire et dansent pour le bonheur des maitres blancs
– les représentations du bonheur dansé dans les comédies musicales et les films, avec des icones comme Fred Astaire, Ginger Rogers, Gene Kelly ou Cyd Charisse.
Les propositions sont à envoyer à Adeline Chevrier-Bosseau et à Claudie Servian, avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 21 : Le bonheur en écriture/ L’écriture, ou ce qui arrive. Amélie Ducroux (Lyon 2) et Marie Olivier (UPEC)
Lors d’une conférence donnée à l’occasion de la remise du prestigieux prix d’écriture Hopwood en 1996, la poète américaine Louise Glück explique non sans humour la crainte que ses séances de psychanalyse ne la rendent équilibrée et heureuse au point de la condamner au silence : “For five years I had been struggling desperately to become whole and sane [. . .]. And I remember very clearly my panic and the terms in which I accused my analyst, who had conspired in all this: he was going to make me so happy I wouldn’t write.”
Si, comme le texte de cadrage du présent congrès l’affirme, la recherche du bonheur est incontestablement un « fondement de l’éthos américain », elle n’en demeure pas moins problématique dans le processus de création et dans l’écriture des auteurs et poètes américains où le bonheur se manifeste souvent en contrepoint d’une plénitude fantasmée.
Plutôt que de considérer la recherche du bonheur comme la visée d’un objet, aussi intangible soit-il, cet atelier se propose d’envisager l’acte d’écrire comme la recherche d’un bonheur qui serait cet acte même. Plus négativement, elle peut s’envisager comme résultant d’une déception (sociale, existentielle), invitant marginaux, exclus d’une société qui les rejette ou qu’ils rejettent, ou victimes de ce que le progrès peut faire perdre d’une certaine vitalité intellectuelle, à rechercher le bonheur ailleurs. L’écriture pourrait être cette autre Amérique, laissant encore un peu de place à l’exploration de nouvelles contrées, encourageant un perpétuel retour à cette dynamique américaine de l’exploration et de la conquête, ou l’expérience revécue de sa prise d’indépendance. Le bonheur d’écrire est peut-être une réserve à laquelle recourir quand aucune promesse de bonheur ne semble plus s’offrir.
En anglais, l’étymologie du mot happiness (hap, happe, happa) renvoie à la bonne fortune, mais aussi à ce qui arrive sans pouvoir être prémédité : « Is happiness the name for our (involuntary) complicity with chance? » demande Lyn Hejinian dans Happily, exploration poétique de cette proximité entre happiness et happen, de ce hap qu’elle s’attache à faire résonner. Ce sens latent de happiness, « ce qui arrive », semble apparemment contredire l’idée de recherche (pursuit). L’écriture ne pourrait-elle pas aussi être envisagée comme une contre-recherche, comme une poursuite au sens d’activité qui, débarrassée de ce but que serait le bonheur, acceptera le bonheur tel qu’il arrive, dans l’acte d’écriture devenu aventure, expérience. Loin d’une vision de l’écriture comme plaisir continu ou satisfaction assurée, l’on considérera, plutôt, les bonheurs d’écriture qui arrivent sans avoir été recherchés, ou les écritures dans lesquelles le bonheur d’écrire s’apparente plus à une jouissance de la langue et des accidents qui lui surviennent. Le mot bonheur peut apparaître comme une étiquette idéale apposée sur ces notions recouvrant des zones d’ombres et ne pouvant se comprendre que dans leur rapport à la négativité et à la mort. L’écriture comme recherche du bonheur perdu, courant après un objet qui n’en est pas vraiment un, produit peut-être, chez son instigateur, autre chose que du bonheur, mais un « autre chose » qui, loin d’être insignifiant, demande à être interrogé. La poésie, sans doute, occupera ici une place singulière ; par le découpage, la mise en scène qu’elle instaure, elle fait arriver quelque chose sur la page, et pourrait peut-être, dès lors, s’envisager comme une redéfinition du bonheur.
À ce bonheur d’écrire en tant que recherche et perpétuel tâtonnement répond peut-être un bonheur de lire non assimilable au plaisir d’une lecture confortable. Par exemple, les oscillations et les disjonctions structurant les romans de Faulkner, les condensations linguistiques de Lorine Niedecker, les hésitations inhérentes à l’esthétique composite du poète contemporain Keith Waldrop, les bégaiements d’un Billy Budd, les répétitions et le babil jouissif de Gertrude Stein, nous offrent des textes qui ne donnent certes pas toujours le bonheur à lire, mais le bonheur de lire. Nous invitons également les participants à s’interroger sur leur propre expérience de « plaisir du texte », à déconstruire la binarité entre plaisir et jouissance afin de voir dans quel langage la quête du bonheur s’exprime dans les écritures américaines.
Merci d’envoyer avant le 15 janvier 2017 vos propositions à Amélie Ducroux (Lyon 2) et Marie Olivier (UPEC)
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Atelier 22 : L’Amérique a-t-elle droit au bonheur ? Et à quel(s) bonheur(s) ? Qu’en disent les films et séries comiques états-uniens ? (Grégoire Halbout, Université François Rabelais,Tours, Gilles Menegaldo, Poitiers, A.-M. Paquet-Deyris, Paris Ouest Nanterre)
Cet atelier se propose d’envisager comment la comédie hollywoodienne et, les séries TV comiques américaines contemporaines, ont abordé la singulière promesse constitutionnelle des États-Unis d’Amérique : la recherche du bonheur comme droit inaliénable, au même titre que la vie et la liberté. Promesse constitutionnelle, idéal démocratique mais aussi un nécessaire désenchantement ?
Les textes restent incertains sur la définition de ce bonheur que la pensée anglo-saxonne a présenté comme une articulation entre félicité individuelle et conjugale, (Milton, Doctrine and Discipline of Divorce, 1643) d’un côté, et bien-être collectif de la République de l’autre. Ce mythe fondateur (Marienstras, 1976) persiste pourtant. Dans la période récente, le Président Obama a placé son action sous le signe de cette quête, à l’occasion de son discours d’investiture (2009) et lors son intervention à la dernière Convention Nationale du Parti Démocratique (2016).
La fiction audiovisuelle américaine pose-t-elle le bonheur comme un droit ou un devoir et dit-elle que c’est ce bonheur constitutionnel qu’il faut rechercher (Le Bonheur, Simha, 2005) ?
Dans une perspective diachronique, afin d’ouvrir un large propos, on pourra notamment réfléchir aux trois perspectives suivantes en se concentrant sur comédies et séries comiques contemporaines:
Les idéaux du classicisme hollywoodien et l’espoir conformiste ; les règles du happy ending (“And they lived happily ever after”) ; les personnages mythiques (Charlot. le cow boy…) ; l’élan vers le mythe du confort matériel de l’après-guerre (suburbia, famille, neighborly association)
Une ontologie du cinéma américain introduite par Cavell (The World Viewed, 1979), précisée dans The Pursuit of Happiness (1981). La comédie du remariage, du classicisme hollywoodien à la comédie mainstream moderne (l’après-Cavell), qui pose la conversation amoureuse et conjugale, « assortie et heureuse » (Cities of Words, 2004), comme une émanation du perfectionnisme moral émersonien. C’est une bataille pour la liberté mutuelle à la tonalité utopique qui exprime « les priorités internes d’une nation » (Ibid.).
La prise de distance contemporaine ; de l’idéal au désenchantement (les réalisateurs) et de l’adhésion au détachement (les spectateurs) ? À titre d’exemple, la nouvelle école comique américaine : les frères Farrelly, l’école Apatow, Wes Anderson, le « frat pack » ; l’autopsie d’un dysfonctionnement social, économique etc. par les séries TV : Breaking Bad, The Middle….
Merci d’envoyer, avant le 15 janvier 2017, vos propositions de 10 lignes conjointement à Grégoire Halbout, Gilles Menegaldo et A.-M. Paquet-Deyris
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Atelier 23 : Bonheur d’enseigner, bonheur d’apprendre: enjeux épistémologiques et pratiques de l’enseignement en civilisation et littérature Nord-Américaine (Peter Marquis, Rouen, Emilie Souyri, Nice, et Jean-Marc Serme, Brest)
Pour la deuxième année consécutive nous proposons aux membres de l’AFEA de se réunir à l’occasion d’un atelier « pédagogie ». Il s’agit de partager interrogations et expériences de notre pratique de l’enseignement dans une optique collaborative, pourquoi pas lors d’une pause méridienne. Après s’être penchés sur l’histoire problématique du terme « civilisation » dans les départements d’anglais depuis les années 1960 l’année dernière à Toulouse, nous nous proposons de poursuivre et d’élargir la discussion. Quid de la poursuite du bonheur dans notre pratique d’enseignant.e.s? Il s’agira donc ici d’échanger sur nos inventions pédagogiques les plus heureuses (en licence, master ou même dans la préparation aux concours) tout en gardant à l’esprit les enjeux méthodologiques abordés en 2016: historiographie et ethnocentrisme, enseignements et rapports de pouvoirs, apports des sciences humaines dans la civilisation. En 2017, il serait intéressant de s’interroger aussi sur les possibilités qu’offriraient le décloisonnement de la civilisation et de la littérature, sur l’enseignement magistral et mise en activité des apprenant.e.s, la pédagogie de projet, la classe inversée, la comparaison avec l’enseignement de la civilisation dans d’autres départements de langues, l’usage du numérique et des outils tels que Google Docs, Quizlet ou du manuel collaboratif The American Yawp etc…Enfin cet atelier sera aussi l’occasion de faire le point de l’avancement du manuel alternatif de civilisation initié à Toulouse.
Les propositions sont à envoyer à Peter Marquis, Jean-Marc Serme et Emilie Souyri. Merci de nous faire savoir aussi si vous souhaitez participer sans présenter.
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Atelier 24 : #VastEarlyAmerica : « Décentrer le récit de fondation étatsunien: Pour une histoire de l’Amérique du Nord» Emmanuelle Perez-Tisserant (Université Toulouse Jean Jaurès,) et Tangi Villerbu (Université de La Rochelle)
Classiquement, l’histoire des États-Unis s’est adossée à un récit ancré à l’Est, dans les Treize colonies qui se sont soulevées contre la Couronne britannique, ont proclamé leur indépendance en 1776, l’ont obtenue aux yeux du monde en 1783 et auraient, en tant qu’Etats-Unis, fondé un nouveau modèle politique outre-Atlantique. Imparfait, marqué par l’esclavage malgré l’idéal démocratique, ce modèle se serait brisé dans la Guerre de Sécession avant d’être réinventé. Néanmoins ce modèle narratif a été complété grâce à des approches par la race, le genre, la classe par exemple, qui ont permis de renouveler les manières de dire les Etats-Unis et ont permis une première forme de décentrement et d’élargissement social, au-delà des élites blanches autour desquelles a longtemps tourné l’histoire du pays. Ce décentrement est désormais aussi spatial, tenant compte de la croissance spatiale des États-Unis et de l’intégration de sociétés et territoires non compris dans ces colonies britanniques fondatrices. Comme l’a proposé l’historienne Karin Wulf, l’objectif de cet atelier est de brosser le portrait d’une « vast early America » aux histoires régionales connectées, qui tienne compte d’une histoire étasunienne globalisée.
Nous voulons dans cet atelier contribuer à ce mouvement par des communications mettant en évidence comment la perspective régionale, voire périphérique ou considérée comme telle éclaire sous un jour nouveau la construction des États-Unis.
Merci d’adresser vos propositions de communications à Emmanuelle PEREZ et Tangi VILLERBU.
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Atelier 25 : L’Amérique jacksonienne : une nation « heureuse » ? (Yohanna Alimi-Levy (Université Paris Dauphine) et Augustin Habran (Université Paris Diderot))
L’ère jacksonienne est souvent décrite comme l’ère du « Common Man ». L’apparente liberté politique (suffrage universel masculin blanc) et économique (développement du laissez-faire) dont semblent jouir les Américains à cette époque pourrait nous faire croire que la promesse de bonheur contenue dans la Déclaration d’Indépendance s’est bel et bien concrétisée. Pourtant, même si l’optimisme et la foi en un progrès indéniable semblent être le moteur de cette société, l’on peut se demander si la Jeune République, plus de cinquante ans après la Révolution de 1776, est à la hauteur des idéaux proclamés lors de sa création. En effet, lorsque Jackson est élu président des États-Unis en 1828, la société américaine a connu de profondes transformations et ne ressemble plus guère à l’Amérique des Pères Fondateurs (industrialisation, urbanisation croissante du Nord-Est, développement du capitalisme moderne et expansion territoriale vers l’Ouest). Inquiets de voir leur société changer si profondément et si rapidement, les américains manifestent une anxiété grandissante face au passage du temps qui les éloigne de plus en plus de leur passé et des idéaux de leur Révolution fondatrice et de l’idéal jeffersonien d’une république égalitaire agraire de fermiers indépendants.
Dans cet atelier, les communications pourront donc s’interroger sur le rapport ambivalent qu’entretient l’Amérique de cette période avec l’idée du bonheur. Alors que certains, à l’image du président Jackson dans ces communications officielles, développent un discours d’autocongratulation et présentent les États-Unis comme une nation « heureuse », d’autres voix, beaucoup plus critiques (groupes de réforme, etc.), s’élèvent et contestent l’idée que le pays aurait réalisé la promesse de bonheur portée par la Révolution et cherchent alors de rendre la poursuite du bonheur accessible à ceux qui, exclus ou marginalisés ne participent pas à cette quête (femmes, ouvriers, afro-américains, amérindiens, etc.).
Merci d’adresser vos propositions de communications à Yoanna ALIMI-LEVY et à Augustin HABRAN, avant le 15 janvier 2017.
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Atelier 26 : Parcours, promenade, vagabondage :géographies de la recherche du bonheur (Pierre-Antoine Pellerin (Lyon 3) & Pierre-Louis Patoine (Paris 3))
Du road movie au récit de voyage et à ses avatars (The Sun Also Rises de Hemingway, On the Road de Kerouac, You Shall Know Our Velocity de Dave Eggers), en passant par le jeu vidéo (Colossal Cave Adventure, Journey, la série des Elder Scrolls), la culture américaine est traversée par le thème du déplacement, de l’errance ou de la quête. Comment ses thèmes s’articulent-ils à celui de la recherche du bonheur ? De quelles manières la littérature et la culture américaines associent-elles le géographique et l’hédonique ?
Alors que l’imaginaire du bonheur aux Etats-Unis est étroitement lié à la protection et au confort que procure l’espace domestique, l’expérience de la mobilité obéit à une idée d’un bonheur qui se définit dans des termes radicalement différents. L’errance dans la nature (Into the Wild de Jon Kraukauer, Walden de Thoreau, The Dharma Bums de Kerouac), les déambulations urbaines (Sexus de Henry Miller, Memoirs of a Beatnik de Diane Di Prima) ou la fuite sur la route (The Electric Kool-Aid Acid Test de Tom Wolfe, Roughing It de Mark Twain, Rabbit, Run de John Updike) permettent aux narrateurs de ces récits de fuir les contraintes sociales, de questionner le rêve américain et de redéfinir leur identité.
La quête d’un autre bonheur, utopique et introuvable, s’organise alors au sein d’hétérotopies précaires, aménagées dans les marges de la société de consommation. Suite à l’échec ou au refus de la vie heureuse promise par l’idéologie capitaliste, définie par l’accumulation marchande et l’idéal hétéronormatif, de nombreux personnages de la littérature et du cinéma américains préfèrent fuir sur la route (Wild at Heart, A Good Day to Die de Jim Harrison) ou sur les mers (Moby Dick de Melville, Sailing Alone Around the World de Joshua Slocum), redéfinissant leur identité autour d’un nomadisme qui génère des « affects positifs » (Kosofsky Sedgwick) échappant aux conventions narratives de la success story et du happy ending.
Si le mouvement et le voyage ont longtemps été l’apanage de personnages masculins qui refondaient des espaces entre hommes en dehors du « carcan familial », femmes (Troia : A Mexican Memoir de Bonnie Bremser, Thelma & Louise), Noirs (This Is My Country Too de John A. Williams, The Circles of Dante’s Hell d’Amiri Baraka), queer ou homosexuels (Girls, Visions and Everything de Sarah Schulman, The Living End, My Own Private Idaho, Postcards from America, The Doom Generation) empruntent des itinéraires qui décrivent une toute autre idée du bonheur. Il est possible de tracer une cartographie de ces parcours littéraires qui font de la désorientation et de la déviation, de l’errance et de la dérive, des chemins de traverse et des contre-allées leurs points cardinaux. Rencontres surprises et découvertes inattendues ponctuent ces échappées belles et ces déviances joyeuses. Cependant, lorsque se rencontrent visions nomades et domestiques du bonheur, le rêve des uns peut devenir le cauchemar des autres (Fear and Loathing in Las Vegas de Hunter S. Thompson, Big Sur de Jack Kerouac).
À travers l’exploration d’un territoire, ces récits forment par ailleurs des syntaxes géographiques qui rythment les états affectifs des personnages, comme ceux du lecteur. Les environnements, les atmosphères, les milieux conditionnent alors le texte, lui imposent une logique qui incurve les dimensions psychologiques ou sociales, souvent dominantes dans la littérature des deux derniers siècles. Le texte devient psychogéographie, dérive à travers des ambiances variées. Pour Debord, la dérive s’oppose « en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade ». Qu’en est-il des aventures proposées par la littérature et la culture américaines ? S’opposent-elles également aux notions classiques de voyage et de promenade ? Et comment le lecteur fait-il l’expérience de ces vagabondages imaginés ? Visitant ou revisitant des paysages textuels, il peut se précipiter vers le but de son voyage (pour résoudre une intrigue, connaître la fin d’un récit) ou choisir au contraire d’errer, de flâner, d’habiter une géographie de mots et d’images. Ces deux régimes de lecture incarnent des types de plaisir, des rapports différents au bonheur.
Cet atelier sera l’occasion d’explorer, à partir de perspectives littéraires et culturelles, ces questions où se nouent géographie, esthétique et politique. Nous vous invitons à faire parvenir vos propositions de communication (250 mots), accompagnées d’une courte notice biographique, avant le 15 janvier 2017, Pierre-Antoine Pellerin et Pierre-Louis Patoine.
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Atelier 27 : Au bonheur des chercheurs : objets, enjeux et méthodes de la recherche en littérature américaine (Mathieu DUPLAY, Université Paris Diderot — Paris 7)
Principe éthique, la « recherche du bonheur » est aussi un enjeu épistémologique ; s’interroger sur elle, c’est se demander ce que c’est que chercher, et singulièrement ce que signifie le bonheur dans la recherche. Qu’est-ce qui est de nature à faire le bonheur du chercheur ? Qu’est-ce qui est de nature à combler, voire à excéder ses attentes — et donc aussi à le décevoir ? Chercher, est-ce attendre quelque chose de précis — entrer dans une logique de projet, ce qui suppose que l’on se fasse une idée claire de l’objectif à atteindre — ou bien se préparer paradoxalement à trouver ce que l’on ne cherchait pas, accueillir ce que la langue anglaise nomme serendipity ? Ou bien faut-il d’abord qu’il y ait projet pour que finalement puisse survenir autre chose que ce qui était projeté ? Chercher avec bonheur, c’est se montrer réceptif à ce qui arrive d’heureux, reconnaître ce qui a l’heur de convenir à l’enquête que l’on entend mener : quelque chose de l’ordre d’une rencontre bienvenue qui fait événement parce qu’on l’a désirée et préparée sans pour autant être en mesure de la prévoir. Peut-être y a-t-il là un enjeu qui concerne spécifiquement la recherche en littérature ; on reconnaît dans cette formulation la question même de la poésie (au sens élargi de poièsis) telle que la posait Emerson en 1844 dans « The Poet » : « The signs and credentials of the poet are, that he announces that which no man foretold. » Peut-être aussi cette interrogation n’est-elle pas sans rapport avec ce que l’on entend par « Amérique », par « littérature américaine », et donc aussi par « recherche américaniste » : faire de l’« Amérique » l’objet d’une recherche, c’est se préparer à ne pas la trouver, ou trouver autre chose, et savoir se réjouir de cette heureuse découverte.
Dans cet esprit, l’enjeu du présent atelier consistera à faire le point, sans idée préconçue, sur les évolutions récentes de la recherche en littérature américaine. On assiste actuellement à l’émergence de nouveaux corpus, mais aussi de nouveaux objets de recherche, à mesure que la question du littéraire et de ses frontières donne lieu à des déclinaisons imprévues, ce qui incite notamment à se pencher sur les rapports que le texte entretient avec ses différents dehors (image photographique ou cinématographique, arts plastiques, arts du spectacle, musique, nouveaux médias…). On observe aussi que les corpus existants ne sont plus abordés comme précédemment, qu’ils ne sont plus là où l’on pensait les avoir laissés et qu’il faut donc, à nouveau, partir à leur recherche. Enfin, il faut reprendre sans cesse la réflexion sur la méthode, autrement dit se reposer, encore et toujours, la question de la question, sans préjuger de la réponse.
Merci d’adresser vos propositions de communications à Mathieu Duplay, avant le 15 janvier 2017.
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