Liste des ateliers

LISTE DES ATELIERS

Vous trouverez ci-dessous la liste des ateliers classés pour plus de commodité par rubrique (Histoire et Civilisation, Littérature, Arts et Médias) et par ordre alphabétique des coordinateurs. Nous vous invitons cependant à lire l’ensemble de ces propositions car certains ateliers se situent en fait à la croisée de ces grands axes. Ces ateliers interdisciplinaires font l’objet d’un rappel en fin de liste.

Please find below the list of workshops classified under three headings (History and Civilization, Literature, Arts and the Media) and in alphabetical order of the coordinators’names. Please read all proposals carefully as some workshops are interdisciplinary. The interdisciplinary workshops are enumerated again at the end of the list.

Les propositions de communication doivent être envoyées aux directeurs d’atelier avant le 15 décembre 2011

Proposals should be sent to the workshop coordinators by December,15 2011

Histoire et Civilisation / History and Civilization

1.Quel(s) héritage(s) religieux pour l’Amérique ?
Nathalie Caron (Université Paris-Est, Créteil) et Sabine Remanofsky (Université Lyon 2)
Aux États-Unis, la préparation de la cérémonie de commémoration des attaques du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center, puis la cérémonie en elle-même ont été l’occasion de débats virulents sur la place à accorder publiquement à l’héritage religieux de la nation. Le maire de New York, Michel Bloomberg – dénoncé comme « théophobe » par plusieurs groupes d’intérêts religieux – a souhaité proscrire toute prière lors de la cérémonie. De son côté, le président Barack Obama a, selon les dires de plusieurs commentateurs, « réaffirmé l’héritage religieux américain » en lisant une version très légèrement modifiée du psaume 46 – psaume également sélectionné par le révérend Billy Graham lors de la cérémonie du 14 septembre 2001.
Se trouve là démontré, une fois encore et de façon tout à fait symbolique, que l’héritage chrétien – plus précisément évangélique – est donné comme configurant l’héritage national états-unien. Toutefois, si la « thèse évangélique », telle qu’elle est développée par William McLoughlin, dans Revivals, Awakenings and Reform (1978), continue de dominer l’historiographie américaine, des historiens comme Jon Butler ou Catherine Albanese ont pu souligner que des traditions diverses, certaines présentes dès l’époque coloniale, d’autres apparues plus tardivement, ont contribué à la construction d’une religiosité nationale complexe. L’ancrage sur le sol américain de ces traditions est due à la présence d’autochtones aux spiritualités multiples, ainsi qu’à certains phénomènes allogènes tels l’immigration – d’abord européenne, puis latino-américaine, asiatique et africaine – et l’esclavage des noirs venus d’Afrique et des Caraïbes ; mais aussi à des processus intellectuels et culturels, tels les Lumières, le développement des sciences, ou encore la démocratisation de la société et, partant, celle de la religion elle-même. Ces traditions participent aujourd’hui, au même titre que le protestantisme évangélique, aux recompositions du religieux telles qu’elles se manifestent aux États-Unis, leurs adeptes revendiquant par exemple une visibilité nationale longtemps refusée.
Les responsables de cet atelier souhaiteraient que la question des héritages religieux aux États-Unis soit posée dans sa pluralité confessionnelle et terminologique et selon plusieurs perspectives. (1) Du point de vue théologique, on pourra examiner les débats et controverses portant, au sein d’une communauté donnée, sur la sauvegarde de traditions religieuses. On pourra, à l’inverse, s’intéresser à l’évolution des traditions, par le biais des échanges et des contacts, ou à leur adaptation à des fins de pérennisation. (2) Du point de vue social, on pourra considérer l’importation, la transmission ou le rejet d’héritage(s) religieux à l’intérieur de groupes sociaux donnés, qu’il s’agisse de groupes issus de l’immigration ou non. (3) Du point de vue politique, on pourra s’interroger sur la présence du religieux dans la sphère publique américaine, selon des termes souvent hérités du protestantisme, et réfléchir à la manière dont la laïcité américaine articule héritages séculiers et héritages religieux.
Les propositions de communication doivent être adressées à nathalie.caron@u-pec.fr et à sabine.remanofsky@ens-lyon.fr

American Religious Heritages

Nathalie Caron (University Paris-Est Créteil) and Sabine Remanofsky (University Lyon 2)

In the US, heated debate about the public importance of the nation’s religious heritage surrounded both the preparation for the ceremony commemorating the 9/11 attacks on the Twin Towers and the ceremony itself. New York Mayor Michael Bloomberg—whom several religious groups denounced as a “theophobe”—chose to ban all clergy-led prayer from the ceremony. President Barack Obama on the other hand was seen as “[reaffirming] the nation’s religious heritage” when he read a slightly modified version of psalm 46 at Ground Zero, the very same psalm Rev. Billy Graham had chosen for the 2001 ceremony.
What transpires here once more is that America’s Christian heritage—and more precisely the evangelical tradition—is seen as the major force shaping the national heritage. However, if the “evangelical thesis,” as it was developed by William Mc Loughlin in Revivals, Awakenings and Reform (1978) continues to dominate American historiography, historians such as Jon Butler or Catherine Albanese have underscored that various traditions, some present as early as the colonial era, others appearing later on, have contributed to the construction of a complex national religiosity. The presence of these traditions on American soil is due to the existence of a variety of native spiritualities, together with a number of non-indigenous phenomena, such as immigration—first from Europe, then from Latin America, Asia, and Africa—and the enslavement of black people from Africa and the Caribbean. It is also due to the emergence of intellectual and cultural trends, such as the Enlightenment, the development of science, the democratization of society, and, concurrently, that of religion. Today, these traditions, like evangelical Protestantism, play a part in the transformations that are currently reshaping the religious landscape in the United States, their adherents claiming a visibility of their own they had for long been denied.
This panel will address the question of American religious heritages by taking into account the plurality of its denominational and terminological dimensions, and in light of various perspectives. (1) It will, for example, examine the theological debates and controversies over the preservation of religious traditions within a given community. Conversely, it may explore the evolution of traditions, by means of contacts and exchanges, and their adaptation for survival and continuation. (2) Presenters may also consider the importation, transmission, or rejection of religious heritages within particular social groups, whether they are immigrant groups or not. (3) The panel also welcomes papers on the public presence of religion, which is to a large extent grounded in Protestantism, and on the way secular and religious heritages both participate in the definition of American identity.
Proposals should be sent to nathalie.caron@u-pec.fr and to sabine.remanofsky@ens-lyon.fr


2. L’individu et le patrimoine national américain : quels héros pour la nation ?

Agnès Delahaye (Université Lyon2) et Marie Plassart (IEP, Lyon2)
Cet atelier propose d’étudier les processus politiques, sociaux, culturels et institutionnels qui sous-tendent la constitution de ces lieux de mémoire particuliers que sont les héros de la nation américaine. La place considérable qu’occupent les pères fondateurs dans le récit national ne pourra servir que de point de départ à cette réflexion sur la représentativité de l’expérience individuelle, les formes d’institutionnalisation de la mémoire collective et l’héroïsme dans l’histoire. Il s’agira plutôt de mettre en évidence et de comparer les différents types de héros nationaux, régionaux, locaux ou communautaires (hommes d’états, mais aussi hommes de la frontière ou de guerre, entrepreneurs, inventeurs, activistes sociaux et politiques, etc.) afin d’identifier des constantes ou des divergences dans la manière dont ils sont entrés dans l’histoire. On pourra étudier les pratiques conservatrices des musées nationaux ou régionaux, le rôle de la fiction dans la popularisation de certaines expériences américaines, l’engouement récent du grand public pour la pratique généalogique et la biographie, les politiques éditoriales des universités et des grandes maisons en matière de documents et d’ouvrages d’histoire, la multiplication des sociétés d’historiens amateurs et des activités commémoratives locales et bénévoles, ou encore le rôle de l’école dans la création et la diffusion des types de citoyens modèles ou de héros nationaux. Dans un champ narratif et iconographique dominé par les hommes blancs, il s’agira notamment de se pencher sur les critères de sélection et les modes de construction de la mémoire des minorités, ainsi que sur l’émergence de l’histoire des femmes comme discipline à part entière et comme modèle alternatif au récit héroïque dominant. Comment s’articule le rapport entre les représentations et valeurs incarnées par le héros national et celles des figures commémorées par les communautés particulières, qu’elles soient géographiques, ethniques, culturelles, sociales ou politiques ? Le capitalisme triomphant chanté par le néo-libéralisme de la seconde moitié du XXe siècle a-t-il transformé l’imaginaire national? Les valeurs incarnées et commémorées sont-elles nécessairement masculines et patriarcales ? Autant de questions qui pourront nous aider à réfléchir en profondeur sur la relation qu’entretiennent l’individu et la mémoire collective dans l’imaginaire national américain des origines à nos jours.
Envoyez vos propositions accompagnées d’un court CV à a.delahaye@univ-lyon2.fr et Marie.Plassart@sciencespo-lyon.fr

Choosing the nation’s heroes: individual experiences become part of the national narrative of the United States.

Agnès Delahaye (University Lyon2) and Marie Plassart (IEP, Lyon2)
This workshop will focus on the multiple institutional, cultural, and social processes that contribute to the selection and formation of national heroes in the grand narrative of American development. We seek to move the discussion beyond the obvious dominant position of the Founding Fathers in this narrative, to reflect on the ways and means through which individual experience becomes representative of the collective experience and is revered as such. We wish to focus on the processes behind the institutionalization of collective memory and the enduring attractiveness of heroism in American history. We invite papers that will focus on different national, regional, local or community heroes—politicians, frontier or war heroes, political or social activists, entrepreneurs and inventors—to try and identify recurrent dynamics behind the emergence of their special status as representatives of the community’s values and experience. The conservation practices of local and national museums, the recent popular passion for genealogy and biography, the multiplication of amateur volunteer historical societies and commemorative events, the contribution of school curricula and publications, as well as the editing policies of universities and publishers are all relevant to this debate. The study of the formation and transmission of the collective memory of minorities and the shaping of alternative individual experiences that challenge the domination of white males in the national narrative will be of particular interest here. How do individual stories emblematic of community values or identities tie into the common representations of national heroes? How does women’s history relate to the methods and paradigms of the national narrative? Have those paradigms and values changed under the individualistic pressures of neo-conservatism in the second half of the 20th century? These are just some of the issues that will further our understanding of the dynamics that form the basis of the relationship between individual experience and the national narrative of the United States, from its foundation to the present day.

Please send abstracts (350 words) and short CV to a.delahaye@univ-lyon2.fr and marie.plassart@sciencespo-lyon.fr

3. L’héritage colonial américain

Anne-Claire Fauquez et Bertrand Van Ruymbeke (Université Paris VIII, Vincennes St Denis)
L’Amérique coloniale, l’ère pionnière des Etats-Unis a laissé ses empreintes sur l’histoire de la nation. Période clef qui a vu émerger treize colonies aux identités distinctes, cette Amérique des premiers temps vit la mise en place d’institutions fondatrices comme l’esclavage qui modifia à tout jamais les relations interraciales du pays mais aussi son économie et sa politique et façonna son paysage, divisé entre les plantations du Sud et les villes marchandes du Nord. Elle vit également émerger les premières assemblées coloniales, origine de la vie parlementaire états-unienne.
Au cours de cette période mouvementée longue d’un siècle et demi, ces sociétés de transition étaient partagées entre leurs identités européennes et leur identité américaine en construction. Ces dernières furent bâties sur un héritage multiple à la fois culturel, religieux (les colonies étant alors un lieu de refuge pour toutes les branches religieuses persécutées en Europe), politique, économique, voire même juridique si l’on pense à la Common Law, avec des populations issues d’Europe, d’Afrique, et des Antilles ou déjà présentes sur le continent comme les Amérindiens. Ce brassage de cultures et de traditions a laissé place à toute une gamme de pratiques, certaines demeurant intactes, d’autres fusionnant et se « créolisant ». Nous pourrons également explorer la façon dont les colons cherchèrent à se démarquer de l’Europe et transmirent en héritage un rejet de tous les symboles européens comme la monarchie, l’Eglise établie et la présence d’un gouvernement central fort.
Ces multiples héritages ne cessent d’être célébrés par un grand nombre de sociétés historiques qui cherchent à commémorer les moments clefs de la période comme la fondation de Jamestown en 1607, l’arrivée des Pères Pèlerins en 1620 au Massachusetts ou des faits majeurs comme l’existence de l’esclavage à New York. Tantôt revendiqué ou décrié, cet héritage colonial reste fondamental car il est à l’origine de la construction des mythes et de l’identité de la nation américaine.
Les propositions de communication doivent être envoyées à acfaucquez@gmail.com and bvanruymbeke@hotmail.com

The American colonial heritage
Anne-Claire Faucquez et Bertrand Van Ruymbeke (University Paris VIII , Vincennes St Denis)
Colonial America, the pioneer era of the United States has left many marks on the history of the nation. This early America saw the emergence of thirteen colonies with distinct identities which laid the foundation for American diversity. During this key period major institutions developed such as slavery which modified the nation‘s race relations forever, as well as its economy and politics and shaped its landscape, dividing it between the Southern plantations and the Northern merchant towns. It was also at the origin of the first colonial assemblies which gave birth to today’s American parliamentary life.
During this unstable period which lasted almost one century and a half, these transition societies were shared between their past European identities and their new emergent American identity. Americanness was thus built on a multiple heritage, shaped by cultural, religious (the colonies were a place of refuge for all the religious branches that were persecute in Europe), political, economic, and legal customs (if one thinks at the Common Law), with populations coming from Europe, Africa, the West Indies or being already present on the continent like the Natives. If some practices remained unchanged, others combined to give rise to a new creole culture, that is, one born in the New World. However, some settlers also defined their identity as non-European and transmitted a rejection of European symbols like monarchy, the Established Church or a strong central government as an heritage to future generations.
These various forms of heritage are continuously celebrated by a great number of historical societies which try to commemorate the key moments of the period like for instance the foundation of Jamestown in 1607, the arrival of the Pilgrim Fathers in 1620 in Massachusetts or the existence of slavery in New York. Whether celebrated or denigrated, this colonial heritage is thus fundamental for it is at the very origin of the construction of the myths and the identity of the American nation.
Proposals should be sent to acfaucquez@gmail.com and bvanruymbeke@hotmail.com

4. Le combat anti-esclavagiste, 1765-1865 : écriture et histoire

Arlette Frund (Université François Rabelais, Tours) et Marie-Jeanne Rossignol (Université Paris Diderot)
Le combat anti-esclavagiste, legs de l’époque coloniale qui l’avait vu naître, mit dès l’époque de la Révolution, l’écriture au cœur de son action. Poèmes, chants, récits d’esclaves, puis romans militants ou presse engagée, formèrent aux Etats-Unis le terreau/terrain d’une lutte d’opinion qui misait sur la force de l’expression, à l’oral comme à l’écrit.
Pour les abolitionnistes, noirs en particulier, il s’agit également d’écrire une histoire, individuelle et collective, celle des hommes et des femmes de la communauté africaine- américaine, de leurs héros mais aussi des plus humbles d’entre eux, de faire émerger une geste, mais également des récits de vie.
L’objectif de cet atelier interdisciplinaire est d’explorer ensemble les formes variées que prirent l’écriture et l’histoire, ou l’écriture de l’histoire, au sein du mouvement anti-esclavagiste nord-américain, d’ancrer davantage les récits de résistance et de vie dans la réalité multiforme de l’esclavage nord-américain, tel qu’il avait été mis en place par les autorités coloniales, afin d’en faire apparaître richesse et diversité.
Les propositions de communication doivent être adressées à frunda@aol.com et à rossignol@univ-paris-diderot.fr
The Anti-slavery struggle, 1765-1865, History and the Written Word

Arlette Frund (University François Rabelais, Tours) and Marie-Jeanne Rossignol (University Paris Diderot)
The written word was central to the American anti-slavery struggle, a movement that originates during the colonial period yet flourishes during the Revolutionary Era. It was then that activists used writing as a major political tool to fight the institution and practice of slavery. Poems, songs, slave narratives, militant novels, and a partisan press gave voice to and shaped a struggle that came to rely and capitalize upon written and oral forms of expression. Black abolitionists believed that stories and songs contributed to the writing of both individual and collective history through which the life stories of heroes and humble folks could be recovered. This interdisciplinary panel aims at exploring the varied forms that writing, history and the writing of history took with the United States abolitionist struggle. We also want to anchor and trace the development of this form of resistance and the use of life stories from the colonial era onward, examining the multifaceted and complex literature of North American antislavery.
Proposals should be sent to frunda@aol.com and rossignol@univ-paris-diderot.fr

5. Que faire, puisque nous n’avons plus la terre en héritage?

Wendy Harding (Université de Toulouse-Le Mirail) et Jacky Martin (Université Paul Valéry)
Approfondir la notion d’héritage, tout spécialement dans le cas des Etats-Unis, nous amène à examiner le lien qui unit la terre à ses habitants. L’histoire américaine qui met en parallèle la spoliation et la déportation des peuples premiers et l’afflux d’immigrants venus d’autres continents, place le concept d’héritage sous un jour problématique. Les Indiens d’Amérique avaient une conception de la terre différente de celle des colons britanniques qui la considéraient comme une chose possédée en propre destinée à être utilisée, échangée ou transmise à leurs descendants. Cette conception reposait en partie sur une dissociation entre la terre et ses occupants et sur une vision du territoire comme bien transmissible, marqueur d’une identité partagée. Les théories post-structuralistes remettent en cause cette vision dualiste et dénoncent l’appropriation de la terre et le statut de la terre en tant que propriété. Certaines théories écocritiques, dans le sillage d’Aldo Leopold et de sa ‘land ethic’, reconnaissent les droits de la terre (Roderick Nash; Michel Serres). La notion d’héritage se trouve encore fragilisée par la conscience nouvelle des dangers qui menacent la planète, par la fragilité de notre prise sur ce qui nous entoure et par l’évidence des bouleversements que notre expansion a provoqués. La terre hérite de nous tout autant que nous héritons d’elle; et pour achever de subvertir ce concept, on pourrait même dire que les hommes et la terre héritent les uns des autres. Ce paradoxe transparaît dans The Road, à travers la vision catastrophique que donne Cormac McCarthy d’une Amérique perçue comme une terre profanée sur laquelle un père se trouve dans l’incapacité de transmettre à son fils le monde tel qu’il l’a connu, car ce monde ne correspond plus à ses valeurs; une autre conception du monde est nécessaire mais on ne voit pas laquelle, parce qu’elle n’est tout simplement pas pensable. C’est sur cet impensable devenu nécessaire que nous voudrions attirer l’attention. Bien que ce scénario apocalyptique soit l’une des réponses à la fin du dualisme, on est très loin d’une solution définitive. De nouveaux concepts, de nouvelles utopies, d’autres visions sont nécessaires si l’on veut éviter de répéter les incohérences du siècle dernier. Cet atelier se propose de rassembler des communications en littérature et civilisation américaines qui envisagent les conséquences du concept de propriété de la terre et les solutions alternatives proposées. L’accent sera mis sur les tentatives de cette première décennie du XXIe siècle (ou celles qui ont précédé) pour théoriser et représenter cette nouvelle situation de co-responsabilité entre l’homme et la terre, qui a toujours existé, mais qui prend un relief particulièrement dramatique de par les récents désastres écologiques qui se sont abattus sur l’Amérique et ailleurs dans le monde.
harding@univ-tlse2.fr jacky.martin@univ-montp3.fr

If we cannot inherit the earth, what next?

Wendy Harding (University Toulouse-Le Mirail) and Jacky Martin (University Paul Valéry)
Investigating the notion of heritage, particularly in the case of the United States, demands that we consider the relation between the land and its occupants. The national history, which juxtaposes the spoliation and displacement of indigenous peoples and the influx of immigrants from other continents, renders the concept of heritage problematic. Native Americans conceptualized their relationship to the land differently from the English colonists, who saw it as property to be claimed, utilized, and exchanged or passed on to their descendants. That vision depended in part on dissociating the earth from its human inhabitants and representing the land as property apt to be transmitted and encapsulating a shared identity. Post-structuralist theory calls into question that dualistic vision, disowns the owner’s rights and question the proprietary tag attached to the land. Certain ecocritical theories, developing Aldo Leopold’s call for a land ethic, accord the land its own rights (Roderick Nash; Michel Serres). Adding to the instability of the notion of heritage is the new consciousness of the environmental dangers threatening the earth, of the fragility of our hold on the land and of the upheaval that our expansion has caused. We are as much inherited by the land as inheritors of it, or, to completely subvert the heritage concept, it could be said that men and land inherit each other. This paradox is expressed in Cormack McCarthy’s catastrophic vision in The Road of America as a desecrated land where a father is unable to pass on to his son the world he has known, for this world no longer tallies with the father’s values; another conception of the earth is called for, but we do not know what, since it is unthinkable. We want to focus on this necessary but unthinkable reconception. The apocalyptic scenario is one of the possible answers to the failure of the dualistic vision, but it is, of course, far from being the ultimate solution. New concepts, new utopias, and alternative visions are necessary if we want to avoid repeating the last century’s errors. This session will bring together papers on American literature and civilization that consider the consequences of and the alternatives to the dominant conception of ownership of the land. The accent will be placed on attempts in the first decade of the 21st century (or before) to think and represent the new situation of co-responsibility between man and land that has always existed but has been brought into dramatic prominence by recent ecological calamities in America and elsewhere.
Send abstracts to harding@univ-tlse2.fr and jacky.martin@univ-montp3.fr)

6. Hériter et transmettre : antécédents et résonances de la “nouvelle gauche” au XXe et XXIe siècles.

Ambre Ivol (Université de Nantes) et Caroline Rolland-Diamond (Université de Paris Ouest Nanterre)
Le militantisme radical des années 1960 est souvent présenté comme un phénomène exceptionnel dans l’histoire américaine tant par l’ampleur des masses mobilisées que par les ambitions transformatrices/révolutionnaires de cette génération issue du baby-boom. Partant d’une définition inclusive de la “nouvelle gauche” qui refuse de repousser dans les marges de l’histoire les militantismes des minorités ethno-raciales et sexuelles et la contestation de militants non étudiants, cet atelier se propose de revenir sur cette notion de génération militante de la “nouvelle gauche” en en montrant le caractère problématique et de réfléchir aux antécédents de ces multiples militantismes qui ont imprimé leur marque sur les années soixante et au-delà.

Pour ce faire, il s’agira de revenir sur ce dont la dite “nouvelle gauche” est héritière : qu’est-ce qui la distingue des mouvements sociaux des années 1930 (y compris dans les formes de contestation estudiantine) ? Que dire des forces contestataires de l’immédiat après-guerre (avant et pendant le maccarthysme)?

Si elle est définie relativement à ce qui la précède, la “nouvelle gauche” a pris forme et contenu également par rapport aux types de militantisme qui lui ont succédé. Comment s’inscrit-elle dans la durée? Quels groupes politiques, mouvements et/ou mobilisations spécifiques s’en sont
revendiqué ? Au vu de l’histoire contestataire aux Etats-Unis depuis la fin des années 1970, comment comprendre que cette gauche d’un genre nouveau ait conservé son caractère particulier? Est-il pertinent de considérer qu’aucune contestation d’ampleur et de nature comparables n’a émergé depuis?

Ancrée dans un moment historique – voire datée – la “nouvelle gauche” semble avoir acquis un statut historiographique bien particulier. Il s’agira de réfléchir aux causes et aux effets d’une telle influence, tant pour les acteurs des mouvements sociaux américains que pour les critiques et
chercheurs en sciences sociales qui les étudient.

Les propositions de communication doivent être adressées à ambre.ivol@univ-nantes.fr
et à caroline.rolland-diamond@u-paris10.fr

Legacies and Transmissions : Forerunners and Echoes of the “New Left” during the 20th and 21st Centuries.

Ambre Ivol, University of Nantes and Caroline Rolland-Diamond, Paris Ouest Nanterre University
Radical activism of the 1960s is often presented as an exceptional phenomenon in US history, both because of the scale of mass mobilizations and the transformative/revolutionary aspirations of this baby boom generation. Emphasizing the complexity of a “new left” entity including ethno-racial and sexual minorities as well as non student forms of activism, this workshop intends to revisit such a militant generation by considering the forerunners of a multi-faceted militancy which left its mark on the 1960s and beyond.
Our goal is to approach the « new left » as a legacy bearer: how is it distinct from the social movements of the 1930s (including student activism)? What should we make of the protests of the immediate postwar (before and after McCarthyism)?
The “new left” took shape and form through what came before it and what has occurred since. How did this happen over time? What political groups, movements and/or specific political/social campaigns claimed it as their model? Considering US protest history since the late 1970s, how are we to understand the very special status the « new left » has acquired? May it be posited that no protest similar in both size and nature has emerged since then?
Grounded in a historical moment – if not dated –, the « new left » seems to hold a specific historiographical position. This workshop aims at evaluating the causes and implications of such an influence, both for activists of US social movements and for the critics and scholars who study them.
Proposals should be sent to ambre.ivol@univ-nantes.fr and caroline-rolland-diamond@u-paris10.fr

7. « Le vif saisit le mort » : L’invention de la tradition dans la jeune nation états-unienne (1776-1860).

Elise Marienstras (Université Paris Diderot) et Naomi Wulf (Université Paris 3)
La révolution de la « table rase » que se flatteront d’accomplir les conventionnels français quelques années après leurs homologues anglais en Amérique, ne fut ni parfaitement réussie, ni même totalement, sincèrement envisagée par ces derniers.
Si Thomas Jefferson et Thomas Paine ont l’un et l’autre renié la formule médiévale juridique selon laquelle « le mort saisit le vif » en lui transmettant l’héritage, c’est peut-être que Jefferson aurait préféré que l’héritage des biens fût aboli plutôt que de léguer ses dettes à ses descendants. De même Thomas Paine ne disposait lui-même d’aucun bien qu’il pût léguer à quiconque.
Cependant l’intérêt personnel qu’ils avaient tous deux à renverser la formule redonnant aux vivants la prévalence sur le dictat des morts se doublait, faut-il le rappeler, d’une solide conviction théorique. Se « libérer de ses fers » pour les révolutionnaires américains, c’était s’arracher aux règles iniques, aux lois injustes édictées par les générations passées, cesser de se prévaloir de richesses gagnées par le labeur ou la Fortune des ancêtres, de plier la nuque devant les puissants ecclésiastiques ou les monarques illégitimes, et, comme le développa longuement Jefferson dans son texte de 1774 (A Summary View of the Rights of British America), se donner la liberté de quitter son appartenance, de renoncer à ses attaches parentales juridiques, historiques et culturelles pour aller, délesté de l’encombrant héritage d’une patrie native, en adopter une autre où ils fonderaient l’avenir de la nation de leur choix.
Tourner le dos à leur héritage, ce fut alors, dans le discours et la pratique des premières générations anglo-américaines, la liberté proclamée de choisir son allégeance, de créer ses propres traditions en empruntant éventuellement l’héritage culturel d’autrui pour bâtir leur roman national.
 Dans quelle mesure y réussirent-ils vraiment ? Par quel biais trouvèrent-ils l’héritage sans lequel aucune nation ne peut se prétendre telle ?
 Par quel moyen s’approprièrent-ils l’héritage des autochtones ? Et dans quelle mesure les autochtones eux-mêmes, dépouillés de leurs biens, se convertirent-ils à des traditions venues d’outre-mer
 Comment s’inventèrent des traditions anglo-américaines ?
 Et surtout, quel fut le poids des traditions et de l’héritage persistants au sein de ce monde atlantique où les historiens d’aujourd’hui voient voguer les idées, les hommes, les biens et les traditions?
Telles sont certaines des questions que cet atelier pourra se poser en prenant pour acteurs aussi bien les révolutionnaires que les autochtones, les Africains en esclavage que les constituants ou les réformateurs ainsi que les travailleurs dans une Amérique en voie d’industrialisation, au cours de l’une ou de l’autre des décennies qui s’écoulent entre la Révolution et la guerre de Sécession.
Les propositions de communication doivent être adressées à elise.marienstras@free.fr et à naomi.wulf@univ-paris3.fr

«The living bind the dead»: The invention of tradition in the young American nation (1776-1860)

Elise Marienstras (Université Paris Diderot) and Naomi Wulf (Université Paris 3)

The tabula rasa which the French revolutionaries had dreamt of accomplishing after their American counterparts was never completely achieved nor even really embraced by most American revolutionaries.
Indeed, the reasons why Thomas Jefferson and Thomas Paine both refused the medieval formula according to which « one generation can bind another » may have been due to their personal financial problems (Jefferson not being inclined to pass on his debts to his descendents; and Paine having no wealth whatsoever to beget).
However, their private interests in reversing the old relation between past and present, was reinforced by a strong theoretical conviction. For the American revolutionaries, « shaking off their shackles » meant breaking away from the unfair rules and unjust laws which had been adopted by past generations; no longer valuing oneself on the basis of wealth earned or inherited; and refusing any humbling deference while addressing powerful religious priests or secular monarchs. Rather, as Jefferson demonstrated eloquently in his 1774 Summary View of the Rights of British America, the point was to displace one’s allegiance, move away from one’s legal, historical and cultural bonds and thus be relieved of the burden of the cumbersome native country to feel free to invent a new one.
Thus turning their backs on their heritage, the first Anglo-American generations were meant to create their own, by borrowing in particular from foreign traditions on which to build a national story of their making.
 To what extent did they actually achieve this plan? How did they « invent » the heritage which is inherent in any nation-building process?
 How in particular did they appropriate the culture of the Natives? And to what extent did the Natives themselves, while being stripped from their belongings, convert to new traditions from overseas?
 How were new Anglo-American traditions created?
 What was the weight of persistent traditions and heritage within the Atlantic world, where, according to historians today, ideas, men, commodities and traditions sailed back and forth?
These are a few of the questions that may be addressed in this panel, whether the actors be revolutionaries, Native nations, enslaved Africans, or Constitution makers, reformers, industrial workers, in the decades from the Revolution to the Civil War.
Proposals should be sent to elise.marienstras@free.fr and to naomi.wulf@univ-paris3.fr

8.L’héritage des identités raciales aux États-Unis
Olivier Richomme (Université Lyon2)
À l’heure où le président des États-Unis est généralement reconnu, et se définit lui-même, comme une personne noire, tous les indicateurs suggèrent que la nation Américaine est encore divisée par la question raciale. La ségrégation résidentielle et la ségrégation scolaire persistent. Les écarts de revenu et de richesse entre les Blancs et les non-Blancs perdurent. L’absence d’opportunités économiques et les inégalités du système judiciaire ont mené à l’érosion de la famille noire. Les disparités de santé entre groupes raciaux restent très élevées. Toutes ces inégalités persistantes semblent être transmises de génération en génération, parfois sans aucune amélioration malgré des politiques publiques prenant en compte l’identité raciale.
Cet atelier propose d’explorer les différentes façons dont l’identité raciale est héritée, transmise et transformée dans la société américaine contemporaine. Nous étudierons la construction, l’évolution et la permanence du concept de race à travers les discours sociaux, culturels, politiques, administratifs et/ou scientifiques. L’atelier explorera l’évolution du discours racial contemporain à la lumière, par exemple, de thèmes tels que la ségrégation sociale (résidentielle, scolaire, lors du mariage…), les affiliations raciales et/ou culturelles (associations communautaires, racialisation des comportements, règle d’hypo-descendance, mouvement multiraciaux…), le rôle joué par la question raciale en politique (allusions raciales, procédures électorales, mobilisation et démobilisation…), le rôle de l’Etat (politiques antidiscriminatoires, statistiques raciales, politiques fiscales et sociales, système judiciaire…) et/ou le rôle joué par la recherche scientifique (manuels scolaires, génétique, essais cliniques, tests ADN…). Le but de cet atelier est d’analyser les différentes façons dont l’identité raciale est assimilée et transmise aujourd’hui, ainsi que le rôle qu’elle joue dans le maintien des inégalités, tout en montrant comment ces identités sont modifiées afin de s’adapter à de nouvelles normes sociales et de nouveaux contextes politiques.
Les propositions de communication doivent être adressées à: olivier.richomme@univ-lyon2.fr

The inheritance of race in the U.S.
Olivier Richomme (University Lyon2)
While a commonly identified and self-identified black man was elected president, every indicator seems to suggest that the United States is still divided on race and by race. School and residential segregation persists, wealth and income gaps between Whites and non-whites endure. The lack of economic opportunity and the inequality of the justice system led to the erosion of black families. Health racial disparities are still very high. All these patterns of inequalities seem to be passed on from one generation to the next sometimes without much improvement in spite of race-based public policies.
This workshop proposes to explore the different ways through which race is inherited, transmitted and transformed in the U.S. today. We would like to analyze the social, cultural, political, administrative, and /or scientific discourses framing the concept of race and shaping its evolution and permanence. The workshop would focus, for example, on examining the evolution of different patterns of social segregation (residential, school, interracial marriage…) and racial/cultural affiliation (race-affiliated associations, racialized behavior, the one-drop rule and multiracial movements…), the role played by racial politics (racial appeal, electoral procedures, mobilization and demobilization…), the role of government (anti-discrimination policies, racial statistics, fiscal and welfare policies, criminal justice…) and/or the role played by scientific research (textbooks, genetics, drug trials, DNA testing…) in the current evolution of racial discourse. This workshop’s goal is to question the ways through which racial identities are internalized and passed-on, and what roles they play in maintaining patters of inequality, while also showing how they are modified to adapt to new social norms and political contexts.
Proposals should be sent to olivier.richomme@univ-lyon2.fr

9. L’héritage des Amérindiens : comment transmettre le peu qu’il reste
Bernadette Rigal-Cellard (Université Bordeaux 3)

Cet atelier se penchera sur les moyens spécifiques mis en œuvre par les Amérindiens pour préserver et surtout transmettre à leurs enfants l’héritage tribal : divers aspects de leur culture, leur langue, les terres et notamment les espaces sacrés, les techniques ancestrales, les rituels religieux, les rites de guérison… tout ce qui constitue la mémoire d’un peuple pour construire l’avenir, alors que de nombreux fragments sont déjà perdus. Seront privilégiées les études portant sur des réalisations précises de ces dernières décennies dans ce domaine primordial.
Les propositions de communication doivent être envoyées à bcellard@numericable.fr

The Heritage of Native Americans: how to pass on what remains

Bernadette Rigal-Cellard (Université Bordeaux 3)
The workshop will focus on the specific processes implemented by Native American peoples as they struggle to maintain, remember and most importantly to transmit their tribal heritage to their children: elements of culture, languages, knowledge of sacred territories, ceremonial techniques, healing rituals. All precious memories, many lost forever, and critical now more than ever as modern Native Americans work to build their future. We expect to receive studies of specific projects carried on in the past decades that explore this critical issue.
Proposals should be sent to bcellard@numericable.fr

10. Cultures et littératures LGBTQ

Hélène Tison (Université de Tours)
Les questions d’identité, individuelle et collective, qui se posent de façon récurrente dans les écrits et les mouvements LGBTQ s’articulent nécessairement autour de la notion d’héritage, héritage familial mais aussi culturel, social, historique, politique.
Nombreux sont celles et ceux qui ont cherché à établir une généalogie et un héritage (Kenneth Dover, Michel Foucault, Lillian Faderman, Jeffrey Weeks, Martha Vicinus, Neil Miller, etc.), à écrire une « histoire de l’homosexualité », pour contrer un effacement, une invisibilité au service de la marginalisation, voire de la répression de ce qui continue d’être représenté comme une déviance. Cette réinscription dans l’histoire commune est destinée à humaniser les déviant/es non seulement aux yeux de la société dominante mais à leurs propres yeux également. A partir souvent d’expériences personnelles, les auteur/es (comme les militant/es) LGBTQ racontent presque unanimement cette quête d’ancêtres et de semblables, et l’exaltation ressentie quand cette archéologie se révèle fructueuse.
Les recherches n’ont pas porté exclusivement sur l’histoire et le nombre de théoricien/nes LGBTQ issu/es des études littéraires est frappant ; la création d’un contre-canon littéraire a beaucoup mobilisé ; il s’est agi de se réapproprier les ancêtres dérobé/es par la culture dominante (John Dillimore) ou (Eve Kosoksky Sedgwick) de proposer une relecture queer des classiques.
Si l’épidémie du SIDA a bouleversé le rapport au temps (Leo Bersani), elle a pu aussi contribuer à mettre en lumière la tyrannie de la famille, la filiation, l’héritage. C’est notamment, mais pas exclusivement, dans ce contexte qu’on a pu voir se développer des mouvements contradictoires, tant politiques que culturels : un courant « normalisateur » qui cherche à s’ancrer dans l’histoire commune et un autre (qualifié parfois de révolutionnaire) qui cherche à faire table rase d’un passé et d’un présent qui nient légitimité et même réalité à qui s’éloigne de la norme sexuelle.
Les axes de l’ascendance et de la descendance, qu’elles soient intellectuelles ou familiales, sont toujours un lieu d’interrogations et de bouleversements. Outre la question du lien familial, souvent rompu, qui continue de se poser aux personnes LGBTQ, celle de la reproduction demeure centrale et étonnamment problématique. La conception dominante du temps dans laquelle reproduction, filiation et héritage sont essentiels (conception « naturelle » dans laquelle nombre de personnes déviantes souhaiteraient s’inscrire) est fondamentalement remise en question par une « temporalité queer » (notion développée notamment par J. Halberstam) qui s’affranchit de ce parcours imposé.
Cet atelier s’intéressera aux déclinaisons de la notion d’héritage dans une perspective LGBTQ ; la réflexion pourra porter sur la littérature, le cinéma, l’histoire, la sociologie, la théorie.
Les propositions doivent être envoyées à lntison@yahoo.fr


LGBTQ Cultures and Literatures

Hélène Tison (Université de Tours)
Issues concerning identity, whether individual or collective, which recur in LGBTQ writings and activism hinge on the notions of legacy and inheritance, be they familial, cultural, social, historical, political.
Many researchers have sought to establish a genealogy and a legacy (Kenneth Dover, Michel Foucault, Lillian Faderman, Jeffrey Weeks, Martha Vicinus, Neil Miller, etc.), to write a “history of homosexuality” in an attempt to resist the erasing and invisibility which have been used to marginalize or even to repress what continues to be perceived as deviance. The re-inscribing within common history has aimed at humanizing deviants, not only in the eyes of mainstream society, but in their own eyes also. Numerous LGBTQ authors and activists have described this quest for ancestors and kin, and the exhilaration experienced when this archaeology proved fruitful.
Research has not focused exclusively on history, and the number of LGBTQ theorists who have a literary background is impressive; the creation of a literary counter-canon has focused much attention in an attempt to re-appropriate the forebears who had been confiscated by mainstream culture (John Dillimore), or in the queer rereading of classics (Eve Kosoksky Sedgwick).
While the AIDS epidemic has disrupted the relation to time (Leo Bersani), it has also contributed to highlighting the tyranny of family, filiation, legacy. In this context (though such lines of enquiry had appeared long before) conflicting approaches, both cultural and political, have developed: a normalizing trend which seeks to reaffirm its position within human history, and one that has sometimes been labeled revolutionary, which aims at making a clean sweep of a past and a present that negate the legitimacy, even the reality, of those who stray from the sexual norm.
The axes of ancestry and descent, be they intellectual or familial, have remained a locus of interrogation and upheavals. In addition to the issue of the often disrupted family link, that of reproduction remains central and astonishingly problematic. The dominant conception of time in which reproduction, lineage and inheritance are essential (a “natural” conception in which many deviants yearn to be allowed to take part) is profoundly challenged by a “queer temporality” (Judith Halberstam) which breaks free from this imposed pattern.
This workshop will discuss the meanings and implications of the notions of inheritance/ legacy from an LGBTQ perspective, in such fields as literature, cinema, history, sociology, theory.
Proposals should be sent to lntison@yahoo.fr

Littérature / Literature

11. Héritages modernistes

Isabelle Alfandary (Paris-Est) et Axel Nesme (Lyon-2)

La notion d’héritage suscite dans la représentation commune une relation duelle mettant aux prises un héritier et un ascendant. Cependant toute transmission suppose nécessairement la présence d’un témoin convoqué en vue d’attester d’un transfert et dont la neutralité ne va pas de soi. Deux configurations complémentaires sous-tendent la problématique de l’héritage : l’une qui articule le légataire au legs qui lui est transmis selon des modalités à approfondir ; l’autre qui implique la fonction du tiers, témoin ou garant de l’héritage.
S’agissant du rapport qui unit le légataire au legs, celui-ci s’affiche avec une évidence particulière dans les poétiques modernistes de la citation (dans les collages citationnels d’Eliot, Pound, Moore, Zukofsky, mais aussi chez Williams par le biais de l’ekphrasis). Mais l’héritage ne se transmet pas uniquement à la manière d’un objet (textuel) qui change de lieu, de main (inscription). On pourrait utilement se pencher sur les formes de l’appropriation qui rendent impossible l’identification de l’origine du corps plus ou moins étranger à l’œuvre : depuis l’hommage distant (« Homage to Sextus Propertius ») à la reprise ironique, de la polyphonie (« Hugh Selwyn Mauberley ») à la citation inavouée (« in my beginning is my end »), sans oublier la traduction-réécriture (« The Seafarer ») qui vaut également reconnaissance de filiation, le modernisme entretient avec la tradition une relation que l’on peut qualifier de paradoxale, la convoquant, la révoquant tour à tour, la convoquant pour mieux la révoquer.
Pour que les poètes modernistes soient en position de légataires ou de testateurs, il faut qu’une instance se porte garante des liens de filiation présumés. Un héritage, pour se constituer, pour se transmettre, suppose nécessairement une forme de prise à témoin lancée de facto à l’endroit du lecteur/critique. Ce fut notoirement le cas de l’Ecole du New Criticism, gardien autoproclamé du testament moderniste, qui endossa la responsabilité d’instituer, et de veiller à la conservation de l’Héritage du Nouveau. Il convient d’interroger la fonction et le travail du dépositaire, fût-ce au risque de dresser un portrait du critique en notaire de la chose littéraire, en préposé à l’identification de lignées et à l’intronisation/exclusion d’héritiers.
Les lieux et les fonctionnements institutionnels et éditoriaux où les héritages se font et se défont méritent d’être examinés. Les logiques qui président à la rédaction de biographies autorisées, la constitution de sociétés savantes (Robert Lowell Society etc.), l’élaboration d’anthologies, pourraient également être passées au crible. Lorsque Jerome Rothenberg et Pierre Jorris déclarent en préambule de leur anthologie : « we have tried not to be restricted by a superficial avant-gardism but to allow the inclusion of all works that we feel significantly test the limits of poetry » (Poems for the Millenium 1, p. 13), ce geste ne va pas sans contreparties qui peuvent prendre la forme d’exclusion ou de minoration qu’il faudrait interroger, tant il est vrai que, dans la poésie américaine du XXe siècle, canons et contre-canons dessinent leurs contours à coup de références qui ne se transmettent pas toujours sur un mode linéaire. Les tenants de la poésie expérimentale peuvent s’inscrivent dans des lignées multiples et contradictoires. John Ashbery, volontiers rapproché de Wallace Stevens, inspire les Language Poets qui, pourtant, ne se reconnaissent guère dans l’esthétique stevensienne. Ce constat ne tient pas seulement de l’anecdote, car il nous invite à nous interroger sur ce qui, chez certains auteurs d’avant-garde, relève de l’héritage non-revendiqué, de la filiation inavouée, ignorée, contradictoire.
Toute revendication d’héritage ressortit forcément à une fiction, tout au moins à un discours qui s’autorise à reconnaître l’existence d’un lien patrimonial. En interrogeant les motifs de ce geste, motifs dont l’éventail va des préoccupations esthétiques aux engagements politiques, on sera amené à se demander si le scénario qui sous-tend le concept bloomien d’agon suffit à rendre compte de tous les effets de transmission qui se jouent au sein du corpus moderniste, puis entre celui-ci et les esthétiques post-modernistes. De toute évidence, l’héritage se thématise volontiers sur le mode de la confrontation, comme en témoignent les œuvres rangées sous la bannière de la poésie dite confessional, qui se construisent autour d’héritages (familiaux, idéologiques) à assimiler ou à saccager. Mais il se négocie également par un travail sur la forme dont on pourra se demander s’il est exempt d’investissements libidinaux ou idéologiques : villanelles, sonnets, sestines sont des formes héritées que les poétiques de la modernité et de la postmodernité américaine retravaillent de part et d’autre de l’axe Pound/Stevens, et dont l’intitulé du colloque nous invite à étudier les avatars au fil du XX° siècle.
Vos propositions doivent être envoyées à isabelle.alfandary@free.fr and Axel.Nesme@univ-lyon2.fr

On the Functions and Fictions of the Modernist Inheritance

Isabelle Alfandary (University Paris-Est) and Axel Nesme (University Lyon-2)

In ordinary representation the notion of inheritance conjures up a dual relationship between an heir and his/her forebear. Yet all forms of transmission require the presence of a witness who is summoned to testify that a transference has indeed taken place, and whose neutrality may never be taken for granted. Central to the problematic of inheritance are two complementary configurations: one in which an heir and the legacy bequeathed upon him/her are joined following certain rules that need to be defined and explored ; the other involving the function of the third party, whether he/she is a simple witness, or has been appointed to preserve the inheritance.
The heir-legacy relationship is particularly evident in Modernist poetics of the quote—in Eliot’s, Pound’s, Moore’s, and Zukofsky’s citational practices as well as in Williamsian ekphrasis. Inheritance, however, is not just passed on in the form of a (textual) object which changes hands and/or places (as an inscription). We need to examine the appropriation strategies which make it impossible to identify the origin of the more or less foreign body within the work. By means of distant homages (“Homage to Sextus Propertius”), ironic echoes, polyphony (“Hugh Selwyn Mauberley”) unidentified quotes (“in my beginning is my end”), translations/rewritings (“The Seafarer”) which are as many ways of acknowledging filiation, Modernism maintains a paradoxical relationship to tradition, alternately convoking and revoking it—or convoking tradition the better to revoke it.
In order for Modernist poets to be in a position to bequeathe or receive a bequest, some agency needs to testify to the alleged filiation. In order for an inheritance to be gathered and transmitted, the reader/critic needs de facto to be called upon to testify. This was famously the case with New Criticism, the self-proclaimed guardian of the Modernist testament, which took upon itself to establish and watch over the preservation of the Heritage of the New. The function and the work of such depositories call for investigation, albeit at the risk of drawing a portrait of the critic as a notary of things literary, or as a functionary appointed to the identification of lineages, in charge of securing the throne of lawful heirs, while protecting if from others who may lay claim to it.
The institutional loci and functioning modes where and whereby legacies are assembled and undone deserve to be examined, as do the various logics which preside over the writing of authorized biographies, the creation of scholarly societies (the Robert Lowell Society, etc.), and the editing of anthologies. When Jerome Rothenberg and Pierre Jorris wrote in the introduction to the first volume of Poems for the Millenium, “we have tried not to be restricted by a superficial avant-gardism but to allow the inclusion of all works that we feel significantly test the limits of poetry,” this critical gesture was inevitably accompanied by a series of exclusions and devaluations which need to be analyzed, especially since in 20th-century American poetry the emergence of canons and countercanons followed a trajectory which was anything but linear. Proponents of experimental poetry may fall within multiple, if not contradictory lineages. While John Ashbery, for instance, is often compared to Wallace Stevens, he inspired several Language Poets who do not recognize themselves in Stevensian aesthetics. Far from being simply anecdotal, such observations indicate that we need to study those legacies which are intentionally ignored by certain avant-garde authors, as well as various forms of unacknowedged, repressed or contradictory inheritance.
Claiming an inheritance inevitably requires a modicum of ficitonalization—or at the very least a discourse which draws its authority from acknowedging a patrimonial link. By questioning the motives behind this gesture, which range from aesthetic to political considerations, we will be led to ask ourselves whether the scenario underlying the Bloomian concept of agon suffices to account for all the avatars of transmission which are played out within the modernist corpus, as well as between Modernism and Post-Modern aesthetics. Obviously, issues of inheritance are often voiced thematically in terms of confrontation, as witness those works which were grouped under the banner of confessional poetry, all of which were built around family or ideological inheritances to be assimilated and/or ransacked. But inheritance also involves formal strategies which may carry their share of ideological and libidinal cathexes: the villanelle, the sonnet, the sestina are inherited poetic forms in which Modernist and Post-Modern poetics have reinvested on either side of the Pound/Stevens divide, and whose transformations the title of this year’s conference invites us to trace throughout the twentieth century.
Proposals should be sent to isabelle.alfandary@free.fr and Axel.Nesme@univ-lyon2.fr

12. Shakespeare aux Etats-Unis : les paradoxes de l’héritage

Vincent Broqua (Université Paris-Est Créteil) et Ronan Ludot-Vlasak (Université Grenoble3)
Si, comme le dit l’appel à communication du congrès, « le pouvoir d’invention de la langue et du renouvellement des formes, perceptible dans la poésie américaine depuis Whitman et Dickinson, traduit la volonté de (se) créer à partir de rien, » qu’en est-il alors de la place fondamentale de Shakespeare dans la culture américaine ? Tout à la fois force légitimante de la jeune république, faire-valoir dans les luttes antibritanniques, et enjeu littéraire chez les auteurs majeurs du canon américain (de Melville à Faulkner, en passant par James, Twain, en n’oubliant pas Philip Roth et une majorité de poètes des XIXe et XXe siècles), Shakespeare a un statut paradoxal dans la culture américaine et emblématique de cette dernière : il est celui dont toute la culture hérite et pourtant, au départ, il n’a rien d’américain. En outre, bien que le dramaturge participe de l’émergence d’une scène littéraire américaine, il n’en reste pas moins l’auteur qui, plus que tout autre, incarne depuis le XVIIIe siècle le génie littéraire anglais. Cet héritage prend d’ailleurs des formes diverses : s’il est pour certains, un bien que l’on doit respectueusement préserver, il est également récupéré, détourné, travesti à l’envi.
Si la volonté de créer à partir de rien, ou, comme le dit Whitman d’éviter de se nourrir dans les « spectres » des livres (« Song of Myself », Section 3), conduit la culture, la littérature et les arts américains à « expérimenter » (D. H. Lawrence disait que les poètes américains étaient conscients de la rupture qu’ils opéraient et de la transgression qui était son corollaire), la reprise de Shakespeare dans la culture américaine et son assimilation n’est-elle pas en contradiction évidente avec sa définition même ? Comment la culture américaine (littérature, art, cinéma, institutions culturelles etc.) a-t-elle hérité de Shakespeare ? Pourquoi le dramaturge a-t-il une si grande importance? Face à la diversité signifiante des modalités selon lesquelles le dramaturge est réinventé dans la littérature et la culture américaines, on pourra se demander s’il existe un Shakespeare américain. Quelles formes prennent les interprétations, adaptations et citations de Shakespeare : en quoi sont-elles créatrices de littérature ou de culture américaines (au-delà de l’évidence qui tient à dire qu’elles participent de la culture américaine parce qu’elles sont produites aux Etats-Unis) qui font « bégayer » l’idiome shakespearien – une langue étrangère et à la fois familière ? Voici quelques unes des questions que cet atelier souhaite penser.
On ne se limitera pas à la question littéraire : on parlera des adaptations filmiques, des mises en scènes, des lieux du théâtre et de l’étude de Shakespeare, des usages – contrastés ou non – de Shakespeare dans la culture highbrow et lowbrow, des genres, de la citation shakespearienne (dans la littérature, l’histoire des idées, mais également dans la sphère politique ou au cinéma), des relectures tant critiques que littéraires de l’œuvre du dramaturge et poète élisabéthain. En d’autres termes, on s’intéressera avant tout au devenir fécond de cet héritage.
Vos propositions sont à envoyer à Vincent Broqua (vincentbroqua@gmail.com) et Ronan Ludot-Vlasak (ronan.ludot-vlasak@u-grenoble3.fr)

Shakespeare in the United States: a paradoxical legacy

Vincent Broqua (Université Paris-Est Créteil) and Ronan Ludot-Vlasak (Université Grenoble3)
If, as the call for papers of the conference argues, “the power of invention of language and the renewal of forms, which has been felt in American poetry since Whitman and Dickinson, shows a desire to create (oneself) out of nothing,” what about Shakespeare’s crucial place in American culture? As he was both a legitimizing force in the early Republic and a major literary issue for American writers, his status in American culture is both paradoxical and emblematic of this very culture: he was, and still is, a literary figure American culture inherits, and yet he was not an American at first. Although the playwright contributes to the advent of a national literature, he remains nonetheless the author who, more than any other one, has been a symbol of the English literary genius since the 18th century. This legacy is also multiple: while some consider that the Bard is to be preserved and worshipped, others recuperate, distort and transform his works.
If the desire to create out of nothing – or, as Whitman said, to avoid “feed[ing] on the spectres in books” – leads American culture, literature and art to experiment (D.H. Lawrence argued that American poets were conscious of the break they created and of the ensuing transgression), is not the recycling of Shakespeare and his assimilation in American culture in obvious contradiction with the definition of this very culture? How did American culture (its literature, art, cinema and cultural institutions) inherit Shakespeare? Why is the playwright’s place so central in it? Given that Shakespeare is reinvented in so many ways in the USA, one may also wonder if there is such a thing as a unique American Shakespeare. What happens when Shakespeare is interpreted, adapted, or quoted? How do these forms of appropriation generate American literature or culture (beyond the mere fact that they originate in the US) and make the Shakespearean idiom “stutter” –a language that is both familiar and foreign to them? Those are some of the issues this workshop would like to explore.
We will not focus on literature only: this workshop will envisage film adaptations, stage productions, theatrical venues, the study of Shakespeare, the sometimes contrasted uses of Shakespeare in highbrow and lowbrow culture as well as literary genres, Shakespearean quotations (in literature, history of ideas, but also in political discourse or in films), critical and literary re-readings of the Elizabethan playwright and poet. In other terms, this workshop will explore the fertile development of this legacy.
Abstracts should be submitted to Vincent Broqua (vincentbroqua@gmail.com) and Ronan Ludot-Vlasak (ronan.ludot-vlasak@u-grenoble3.fr).

13. Commencer ou recommencer?
Transferts littéraires et culturels dans l’espace anglo-américain, 1776-1891

Thomas Constantinesco (Université Paris Diderot) et Laurent Folliot (ENS)

Benjamin Franklin dut en partie sa prospérité d’imprimeur à la publication, en 1742, de la Pamela de Richardson. La sujétion culturelle que suggère l’anecdote ne prit pas fin avec l’Indépendance des États-Unis : jusque tard dans le XIXe siècle, la communauté de langue et le prestige de Londres ou d’Édimbourg rendent difficile aux auteurs américains d’ignorer la massive production britannique. Et si la Renaissance américaine est généralement définie comme le moment d’accession à la maturité culturelle de la nation, son aspiration à faire table rase du passé pour instaurer « an original relation to the Universe » (Emerson) la rend en même temps héritière d’une modernité largement anglaise, du projet baconien à la poésie romantique (« Come forth into the light of things », écrivait Wordsworth en 1798) en passant par la tradition du Dissent.
Cet atelier voudrait se pencher sur les héritages multiples légués par les lettres anglaises (du roman gothique à la poésie « cosmopolite » de Byron et Browning, en passant par Scott, Charles Lamb ou le romantisme lakiste) à la littérature américaine du XIXe siècle (de Brockden Brown et Irving jusqu’à Dickinson et au-delà). On souhaiterait, par ailleurs, ouvrir la perspective, en s’intéressant par exemple à la place qu’occupent, en retour, l’Amérique et sa littérature dans l’imaginaire anglais, mais aussi en évoquant des problématiques plus strictement historiques, comme les institutions du transfert culturel vers les États-Unis.

À titre de pistes possibles, mais la liste n’est pas exhaustive, on pourra envisager des études sur :
– Irving et ses sketches de la Vieille Angleterre.
– Brockden Brown, Poe, et le gothique américain.
– Byronisme et cosmopolitisme : Poe, Hawthorne, Melville.
– Paine et les transcendantalistes.
– Cooper et Walter Scott.
– Melville et toute la littérature anglaise – sans parler de quelques autres.
– L’Italie de Hawthorne est-elle anglaise ?
– Wordsworth (ou Blake) dans la Renaissance américaine [chez Emerson, Thoreau et Melville?]
– Boston, capitale de la culture américaine ou relais de l’Europe ?
– Les Essays of Elia de Charles Lamb et Bartleby
– Joel Barlow, poète et homme d’affaires anglo-américain
– Hopkins et Whitman

Vos propositions sont à envoyer à thomas.constantinesco@univ-paris-diderot.fr et à
laurent.folliot@ens.fr

Beginnings Anew? Literary and Cultural Transfers Across the Atlantic, 1776-1891

Thomas Constantinesco (University Paris Diderot) and Laurent Folliot (ENS )

Part of Benjamin Franklin’s success as a printer stemmed from his publishing Richardson’s bestselling Pamela in the American colonies (1742). The cultural subordination this anecdote suggests did not end with US Independence: until late into the 19th century, the preeminence of London and Edinburgh as well as the sheer fact of English as a shared language made it difficult for American writers to ignore Britain’s vast literary output. Although the American Renaissance is generally seen as the nation’s coming of age, its very aspiration to a life freed from the cobwebs of the European past and to “an original relation to the Universe” (Emerson) inscribed it within an essentially English tradition of modernity, running from Baconianism to Romantic poetry by way of Dissent.
This workshop will have as its main focus the manifold legacy left by English literature (from the gothic novel through Scott, Lamb or ‘Lake School’ Romanticism to Byron or Browning’s ‘cosmopolitan’ outlook) to 19th-century American authors (from Brockden Brown and Irving to Dickinson and beyond). However, other related issues should also be considered, including the resonance of American literature in Britain itself, as well as the emergence of an Anglo-American ‘public sphere’ through various literary and cultural institutions.

Possible topics include, but are not limited to:
– Irving and his sketches of Old England.
– Brockden Brown, Poe, and the American Gothic.
– Byronism and cosmopolitanism: Poe, Hawthorne, Melville.
– Paine and the Transcendentalists
– Cooper and Walter Scott.
– Melville and the whole of English literature – along with a few others.
– Is Hawthorne’s Italy English?
– Wordsworth (or Blake) and the American Renaissance [in Emerson, Thoreau and Melville?]
– Boston: America’s cultural capital or Europe’s outpost?
– Charles Lamb’s Essays of Elia and Bartleby
– Joel Barlow, Anglo-American poet and businessman
– Hopkins and Whitman
Proposals should be sent to thomas.constantinesco@univ-paris-diderot.fr and to laurent.folliot@ens.fr


14. Entre héritage et testament : les paradoxes de la transmission héréditaire dans la littérature et dans les arts

Mathieu Duplay (Université Paris Diderot — Paris 7)
« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament », écrivait René Char dans Feuillets d’Hypnos (1946). Ce constat paradoxal situe le sujet d’énonciation, le « nous », au cœur d’une temporalité qui, pour être celle de la transmission héréditaire, n’en est pas moins discontinue et non linéaire. Discontinue, car le geste par lequel le légataire prend possession de son bien ne prend pas la relève de celui du testateur, mais donne après coup à percevoir son absence : quelque chose a peut être précédé, mais cet avant indéterminé est aussi autre chose qui sans doute appelait d’autres suites et qui, à ce titre, résiste à l’appropriation rétrospective. Non linéaire, car rien n’interdit de penser qu’il peut aussi, malgré tout, y avoir un testament et que celui ci, s’il existe, demeure en attente d’un destinataire dont on ne sait rien, hormis qu’il n’est pas « nous ». Les biens que « nous » recevons en héritage nous appartiennent parce que nous nous en saisissons : ce que nous recevons d’eux, c’est la faculté de raconter une histoire littéralement sans précédent, qui doit à cela d’être pleinement la nôtre, de débuter avec nous et de nous renseigner sur ce que nous sommes. Par conséquent, ils ne peuvent être délibérément transmis à un individu ou à un groupe déterminé, puisque le seul testament qui vaille désigne un légataire qui n’existe pas encore et que par conséquent on ne peut pas nommer — double paradoxe où Hannah Arendt, dans On Revolution (1963), voit une définition de la liberté politique.
L’enjeu du présent atelier consistera à examiner la résonance de cette problématique dans la littérature et dans les arts américains (cinéma, arts plastiques, musique). D’un côté, on examinera la manière dont les diverses pratiques esthétiques interrogent les discours de la prédestination censés garantir la légitimité de la transmission héréditaire, qu’elle soit littéraire, artistique, culturelle, politique ou territoriale ; on s’intéressera notamment à ce que l’héritage occulte ou dénie, à ce dont il prend la place ou aux histoires interrompues dont il cherche en vain à dissimuler les traces. D’un autre côté, on se penchera sur les déclinaisons à la fois esthétiques et politiques du paradoxe en vertu duquel ce que le légataire reçoit, c’est d’abord la faculté d’être lui même, quitte à renier les prédécesseurs auxquels pourtant il doit tout, à l’instar des transcendantalistes. Enfin, on réfléchira aux multiples manifestations du geste testamentaire en littérature et dans les arts, à la manière dont il fait signe vers un après tout en refusant de l’identifier précisément, à sa façon de ménager, au sein d’un projet de transmission parfois mûrement prémédité, la place de la discontinuité, de la nouveauté et de la surprise.
Vos propositions doivent être envoyées à mduplay@club-internet.fr

From Inheritance to Testament: The Paradoxes of Hereditary Transmission in Literature and the Arts

Mathieu DUPLAY (Université Paris Diderot — Paris 7)
“Notre héritage n’est précédé d’aucun testament” (“Our inheritance was left to us by no testament”), René Char wrote in Feuillets d’Hypnos (1946). This paradoxical observation associates the speaker/writer, referred to in the first person plural, with a form of temporality which, despite being linked to hereditary transmission, is presented as discontinuous and non linear. Discontinuous, as the act whereby the legatee takes possession of what now belongs to him/her does not logically follow from the signing of a will, but instead reveals that such a will is nowhere to be found. Something may have existed before the legacy was claimed and thus can be said to have “preceded” it, as Char’s initial formulation implies; however, this indeterminate “something” probably prefigured very different developments and thus does not lend itself to appropriation by later generations. Non linear, as Char does not rule out the possibility that there may be a testament after all, albeit one whose recipient is unknown, save for the fact that s/he is not “us.” In other words, what “we” inherit belongs to “us” because we claim it as ours; it confers upon us the ability to tell a new story of which we are the sole initiators and which thereby shows us who and what we are. As a consequence, such an inheritance cannot be deliberately bequeathed to a specific individual, since the only legacy worth mentioning is intended for a recipient who as yet does not exist and who, consequently, cannot be named. In the final pages of On Revolution (1963), Hannah Arendt suggests that this paradox encapsulates the essence of political freedom.
The purpose of this workshop will be to examine the implications of this issue in literature and in the arts as practised in America (including film, music, and the visual arts). On the one hand, participants may wish to focus on the ways in which various aesthetic practices challenge the belief in predestination invoked in order to legitimize hereditary transmission, whether of literature or literary traditions, art and the artistic canon, political institutions, and territory. Particular attention may be given to what the act of claiming an inheritance denies rather than affirms, to the unrealized possibilities of which it takes no account (except in order to repudiate them), and to the incomplete narratives whose traces it vainly seeks to erase. On the other hand, participants will examine the aesthetic and political expressions of the paradox whereby what the legatee receives is the right to be him/herself and thus to reject the predecessors to whom s/he owes everything, as illustrated with particular clarity in the writings of the nineteenth century transcendentalists. Lastly, attention will be given to the significance of willing or bequeathing something to someone as expressed in literature and in the arts—to the way in which a will or testament, no matter how carefully premeditated, gestures towards a future which it declines to identify with any precision, as if in order to leave room for novelty, discontinuity, and surprise.
Proposals should be sent to mduplay@club-internet.fr


15. L’héritage : une histoire de femmes ?


Stéphanie Durrans (Université Bordeaux 3)

Cet atelier vous invite à considérer la notion d’héritage dans ses rapports avec la position des personnages féminins dans la littérature américaine mais aussi des femmes écrivains. L’héritage a souvent été utilisé comme moteur du récit ou deus ex machina pour orienter de manière décisive la destinée des personnages de fiction. Il joue notamment un rôle clé dans le roman sentimental qui s’épanouit au XIXe siècle, ne serait-ce que par les nombreuses tentatives de captation d’héritage qui y sont mises en scène.
On pourra s’interroger sur le traitement particulier des personnages féminins et la façon dont ils gèrent cet héritage attendu ou inespéré. A l’inverse, quelles stratégies adoptent les femmes exclues du droit successoral ? Revendiquent-elles un autre type d’héritage, de nature plus spirituelle peut-être ? Y aurait-il lieu de distinguer entre « patrimoine » et « héritage » lorsqu’on aborde le champ de la littérature féminine ? Quelle est la place du jardin (par opposition à la terre, domaine a priori réservé à l’homme) pour les femmes soucieuses de s’inscrire dans une logique de continuité et de reconnaissance vis-à-vis de leurs aïeules ? Le fait que la transmission soit perçue comme une affaire d’homme est également source de tensions et de paradoxes pour les femmes qui entrent en écriture, tout particulièrement lorsque certaines femmes écrivains se voient nier le droit de se réclamer d’une filiation patriarcale. A quelles stratégies les femmes écrivains ont-elles recours dans leur quête d’affirmation de soi ? Se positionnent-elles délibérément dans le sillage des grands maîtres ou se tournent-elles au contraire vers d’autres formes d’héritage qui les mènent à la redécouverte de modèles féminins jusqu’alors refoulés ?

Vos propositions de communication doivent être envoyées à stephaniedurrans@club-internet.fr

Women’s stories: a tale of inheritance?

Stéphanie Durrans (University Bordeaux 3)

This workshop will focus on the theme of inheritance as it affects both the lives of women characters in American literature and those of women writers wrestling with imposed patterns of inheritance or, at worst, with patriarchal society’s attempts to deny their inheritance rights altogether. Inheritance has often been used as a catalyst of action or as deus ex machina in order to give a decisive turn to the fates of fictional characters – be they male or female. It definitely plays a key role in 19th-century sentimental fiction, which features various attempts at depriving characters of their legitimate inheritance rights.
Participants are invited to examine the specific position of women characters who come into an inheritance that they may not necessarily have expected. Inversely, what strategies are adopted by those who are denied a right to inherit? Do they claim another form of inheritance – of a more spiritual nature maybe? Could it be useful to establish a distinction between “patrimony” and “inheritance” when dealing with women’s literature? If we consider land inheritance as a male preserve, what part does the garden play for women who seek to establish a female literary lineage? Men’s privileged position in the field of inheritance also fosters a number of tensions and paradoxes for young women writers who can be regarded as frauds, impostors or, at best, pale imitators when they claim the literary inheritance of male mentors. What strategies do women writers resort to in their quest for self-assertion and literary recognition? Do they deliberately position themselves as heirs to the great masters or do they turn instead to other forms of inheritance that can lead them to rediscover female models they had hitherto neglected?

Proposals should be sent to stephaniedurrans@club-internet.fr

16. Écritures minoritaires : entre héritage impossible et réinvention des traditions

Michel Feith (Université de Nantes) et Claudine Raynaud (Université Paul Valéry, Montpellier III).
La question de l’héritage se pose de façon particulièrement aiguë dans le cas des littératures minoritaires américaines. Productions d’écrivains « hyphenated », sont-elles pour autant des littératures « à trait-d’union », susceptibles d’être ghettoïsées dans le statut d’écritures « mineures » ? Leur emblème typographique suggère-t-il l’établissement de passerelles entre traditions diverses, « mainstream » et ethniques, ou n’est-il qu’un « trait de désunion », contestant radicalement, depuis les marges, les canons idéologiques et littéraires de la nation ?
Certains héritages sont imposés, d’autres consentis. Ainsi, dans le domaine afro-américain, le lien à l’Afrique est le plus souvent revendiqué, alors que le passé de l’esclavage pèse des poids conjugués du trauma individuel et collectif, du complexe du survivant, de la dette, sur une écriture qui se fait archéologie de l’indicible. « Not a story to pass on » (Morrison, Beloved) : dans l’ambiguïté de l’expression se révèlent les contradictions d’un héritage impossible, en souffrance. Mémoire de l’oppression, de l’aliénation dans le regard de l’Autre, ou au contraire valorisation des richesses de la culture du groupe ethnique, ou encore hommage rendu, dans des sagas familiales, à l’instinct de survie et à la persévérance de générations d’ancêtres fondateurs, constituent un fonds commun à de nombreuses littératures minoritaires. Les textes mettent souvent en scène des situations de transmission, orales ou non, qui rendent palpable l’importance de l’héritage, non seulement comme contenu mais aussi comme processus.

L’humour est un des traits essentiels de ces traditions minoritaires : ce n’est pas par hasard que des auteurs comme Henry Louis Gates, Jr. ou Gerald Vizenor ont défini la figure du trickster comme un trope fondamental des littératures noire et amérindienne. L’humour et la dérision sont en effet une stratégie de survie, ainsi qu’une critique voilée d’un ordre social et symbolique injuste. Mais la tradition de la subversion peut vite s’inverser en subversion de la tradition : figée, celle-ci devient étouffante. Les querelles littéraires sur la question de l’authenticité – telles celle qui a opposé Frank Chin à Maxine Hong Kingston à propos de la fidélité au canon mythique et littéraire chinois, ou la réécriture parodique des textes de l’ « expérience noire » dans Erasure, de Percival Everett – s’insèrent dans la problématique très américaine du droit à réinventer les traditions héritées, voire à s’en affranchir.
Mais les littératures minoritaires ne résultent pas simplement du face-à-face entre tradition ethnique et tradition dominante, qu’il se conjugue sur le mode de l’affrontement ou du métissage. Si les héritages sont sans cesse à réinventer, l’on peut se construire des « usable pasts » par épissage des traditions, qu’il s’agisse du classique parallèle entre Noirs et Juifs, dont The Human Stain, de Philip Roth, représente l’un des avatars récents, de l’inspiration extrême-orientale de Gerald Vizenor, ou encore de la présence de la Grèce antique dans les écrits de Percival Everett. Un tel éclectisme présente-t-il un risque de dilution au sein du domaine américain, ou au contraire, comme semble le montrer l’exemple de la littérature des Chicanos, l’ouverture au métissage n’offre-t-elle pas une promesse de renouvellement permanent des littératures minoritaires et de leurs traditions ?
Vos propositions doivent être envoyées à Michel.Feith@univ-nantes.fr et à claudine.raynaud@univ-montp3.fr

Minority Literatures : Between Impossible Inheritance and Reinvention of Traditions

Michel Feith (Université de Nantes) and Claudine Raynaud (Université Paul Valéry, Montpellier3)
The question of heritage is particularly acute in the field of minority literatures. Are the works of “hyphenated” writers necessarily hyphenated themselves, special-interest literatures to be pigeon-holed on the side-shelves of libraries? Does their typographic emblem symbolize the bridging of diverse traditions, mainstream and ethnic, or is it a divisive slash that radically questions, from the sidelines, the ideological and literary canons of the nation?
Some inheritances are claimed; some are imposed. In the African American field, for example, the filiation with Africa is often valorized, whereas the slave past weighs down with a conjunction of individual and collective trauma, survivor’s complex, and indebtedness, upon texts that become archeologies of the unspeakable. “Not a story to pass on”: the ambiguity of the concluding formula of Toni Morrison’s Beloved is laden with the contradictions of an impossible inheritance of suffering and dehumanization. Memories of oppression, alienation in the Other’s gaze; or, on the contrary, the praise of the cultural wealth of the minority group; the tribute, in family sagas or family romances, to the survival instinct and endurance of generations of founding ancestors; all these themes constitute a common ground to many minority literatures. The texts often stage situations of transmission, oral or written, which flesh out the importance of heritage, not only as patrimony but as process.
Humor is a key feature in these minority traditions, as confirmed by the choice, by such renowned critics as Henry Louis Gates. Jr. and Gerald Vizenor, of the figure of the trickster as a defining trope of Black and Native literatures. Humor and derision are survival strategies, as well as a veiled critique of an unfair social and symbolic order. But the tradition of subversion may quickly be reversed into the subversion of tradition: when fixed in essences, heritage can become stifling. The literary debates on authenticity – visible in Frank Chin and Maxine Hong Kingston’s argument on the subject of faithfulness to the Chinese literary and mythic canon, or in Percival Everett’s parodic revisiting of the “black experience” school of writing – are part of a very American problematic: the right and feasibility to reinvent inherited traditions, of to dispense with them altogether.
Yet, minority literatures do not result only from a face-off, or a compromise, between mainstream and ethnic traditions. If inheritances are to be remade constantly, one can frame “usable pasts” out of a splicing of multiple traditions, as in the classic parallel between African Americans and Jews, one of whose latest avatars is Philip Roth’s The Human Stain; the Chinese and Japanese influences in Gerald Vizenor’s novels and poetry; or the presence of Ancient Greece in Percival Everett’s writings. Could such eclecticism pose a threat of dilution into the mainstream or, as suggested by Chicano literature, does not mestizaje open up a promise of permanent renewal for minority literatures and traditions?
Proposals should be sent to Michel.Feith@univ-nantes.fr and to claudine.raynaud@univ-montp3.fr


17. L’Héritage national et les failles de la « communauté imaginée » dans la littérature américaine du XIXe siècle

Mark Niemeyer (Université de Bourgogne, Dijon)

De nombreuses œuvres littéraires américaines du XIXe siècle participent à la création de l’image d’un nouveau pays unifié, de ce que Benedict Anderson appelle la « communauté imaginée » de la nation. Si ces romans, nouvelles, poèmes, essais et récits de voyage reflètent certains aspects du débat contemporain sur l’identité nationale américaine en cours de formation, ils ont également contribué à la créer. Ce faisant, les auteurs exploitent souvent des données historiques géographiques ou culturelles. Cependant, l’image de cette communauté ainsi créée présente souvent des incohérences et des contradictions. Cet atelier explorera l’utilisation de ces héritages en vue de la création d’une « communauté imaginée » dans la littérature américaine du XIXe siècle et s’efforcera de faire ressortir les failles qui apparaissent, ici et là, dans ces images d’une nation américaine censée être unie.

Vos propositions de communication doivent être envoyées à mark.niemeyer@noos.fr

National Heritage and Faults in the Image of the Imagined Community of the Nation in Nineteenth-Century American Literature

Mark Niemeyer (Université de Bourgogne, Dijon)

Many works of nineteenth-century American literature participate in the creation of the image of a new and unified country, of what Benedict Anderson calls the “imagined community” of the nation. If these novels, short stories, poems, essays and travel narratives reflect contemporary conceptions of the American national identity that was in the process of being formed, they participate at the same time in the creation itself of that identity. And in this act of creation, authors often exploit the historic, cultural and geographic heritage of the United States. However, this heritage is sometimes deformed and the image of this community often presents inconsistencies and contradictions. This workshop will explore the use of these heritages in the creation of the national imagined community in nineteenth-century American literature and try to highlight the flaws, or faults, which appear, here and there, in these images of a supposedly unified American nation.

Proposals should be sent to mark.niemeyer@noos.fr

18. L’Héritage esthétique dans la littérature sino-américaine

Marie-Claude Perrin-Chenour (Université Paris-Ouest)
La littérature sino-américaine est souvent lue comme de la sociologie. C’est oublier que le premier but de ses auteurs est de jouer avec des codes esthétiques et de croiser des formes inspirées d’univers variés pour produire des œuvres originales. Le rapport de l’Occident avec la Chine fonctionne, depuis Marco Polo, sur le mode de l’échange artistique. La récente exposition du Louvre sur la Cité interdite montre qu’à l’époque où les Cours européennes agrémentaient leurs peintures et la décoration de leurs palais de « chinoiseries », les Empereurs chinois faisaient peindre leurs portraits, « à l’occidentale », par des jésuites français ou italiens qui incorporaient leur modèle dans des paysages au lavis traités comme des peintures chinoises classiques. La pollinisation générique et esthétique entre cultures orientale et occidentale n’est donc pas un phénomène récent, mais, depuis le XIXe siècle, la fixation aux Etats-Unis de populations chinoises immigrées a permis à ce phénomène de se démocratiser.
Cet atelier abordera la problématique de l’emprunt de genres littéraires occidentaux (tels que l’autobiographie ou le roman) pour y décrire une expérience étrangère à la fois au mode de vie occidental, mais aussi aux valeurs esthétiques de ce nouveau monde. Les communications se concentreront sur la transmission d’un patrimoine culturel hérité du passé chinois et de la trace que cet héritage laisse dans des œuvres dont la forme est souvent très éloignée des genres littéraires privilégiés dans le pays d’origine (la légende, la poésie classique et l’opéra). Nous tenterons de faire affleurer dans les textes les résurgences de ces formes littéraires transmises par une culture écrite et orale riche de sa philosophie, de sa “peinture-écriture”, mais aussi de modes d’expression dans lesquels la voix a une place prépondérante (fables déclamées, chant). Nous examinerons les métamorphoses subies par cet héritage au contact d’autres formes esthétiques mais aussi la façon dont il rejoint et complète le patrimoine culturel américain en le transformant en profondeur.
Vos propositions de communication doivent être envoyées à marie-claude.chenour@wanadoo.fr

Aesthetic Heritage in Chinese-American Literature
Marie-Claude Perrin-Chenour (Université Paris-Ouest)
Chinese-American literature is often assessed in merely sociological terms. Critics tend to forget thus that the main goal of its writers is to play with aesthetic codes and to produce highly original forms derived from various cultural sources. Since Marco Polo’s journey to China, European exchanges with the Orient have been as much artistic as commercial. The current exhibition at the Louvre museum on the Forbidden City has revealed that, at the time when European Courts decorated their palaces with Chinese works of art, the Chinese Emperors had their portraits painted in “Western fashion” by French and Italian Jesuits who incorporated their models within typical Chinese ink-wash landscapes. Generic and aesthetic hybridization thus is not a recent phenomenon. But, since the 19th century, the settlement of Chinese immigrant populations in the United States has made it more democratic.
The aim of this workshop will be to study how Chinese-American writers have borrowed Western literary genres (such as the autobiography or the novel) to give shape to their experience of the New World, but at the same time to convey aesthetic values foreign to a Western way of life. Papers will focus on the transmission of a cultural heritage handed down from a (sometimes reconstructed) Chinese past and on the traces left by this heritage in works of art that often bear little resemblance to the forms and genres practiced in the Old World (opera, legends and classic poetry). They will attempt at retrieving from the texts the shadowy presence of these original forms which have been transmitted to their authors through a written culture fraught with philosophical and artistic references, but also through popular storytelling in which the “voice” is of paramount importance (epic stories, fables, songs). Papers will examine the metamorphoses undergone by this heritage when brought into contact with other aesthetic forms, and also the way this heritage profoundly transformed the American cultural and literary experience.
Proposals should be sent to marie-claude.chenour@wanadoo.fr

19. Stratigraphies d’une nation : écrire l’Amérique à l’épreuve du temps long

Cécile Roudeau (Paris 3-Sorbonne Nouvelle)
Alors même que la Déclaration d’Indépendance américaine jette les bases d’une temporalité nationale et règle son compte à l’héritage colonial, affleure, intempestive, dans les années de la « jeune République », une étrange profondeur temporelle difficilement compatible avec l’idéologie de l’amnésie constructive ou l’ancienne lecture typologique, qui faisait correspondre l’histoire nationale à la geste biblique. Si Cuvier et ses pairs, dans la vieille Europe secouée par les révolutions, espèrent alors « repousser les limites du temps comme les astronomes avait repoussé celles de l’espace », de l’autre côté de l’Atlantique, un amateur naturaliste à l’aura révolutionnaire, Thomas Jefferson, creuse la terre américaine en quête, lui aussi, d’une autre temporalité qui donnerait à la jeune nation une généalogie et un héritage propres. Mammouth, fossiles et autres artefacts aborigènes deviennent alors les signes d’une sédimentation non européenne, sans pour autant conforter le paradigme national. Le désir de fonder la nation en nature grâce à une excavation de ses espèces originelles, d’inventer un héritage, voire une hérédité, continentale à la jeune République, fait surgir une temporalité qui paradoxalement menace d’estomper la découpe spatio-temporelle qu’on appelle « nation ».
A l’instar des historiens qui, tel Thomas Carlyle arpentant les champs de bataille de l’ère puritaine, se mettent alors à user de la langue de la géologie, voire de la paléontologie, les hommes et femmes de lettres américains fouillent les strates du passé en quête d’un nouvel héritage. Dans quelle mesure l’extension du continuum historique jusqu’à l’ère des fossiles affecte l’écriture même ? Si l’on part, en revanche, de l’hypothèse, tout aussi prégnante à l’époque, d’une trame trouée du temps, comment construire une narration qui puisse s’accommoder de ces blancs, de cette nouvelle contingence de l’histoire ? En interrogeant le temps comme continuum, la longue durée géologique devient principe perturbateur de narration.
La veine géologique affleure à maintes reprises dans la littérature du XIXe siècle américain : stratigraphies fantasques dans Mardi de Melville, parodie d’excavation dans Life on the Mississippi de Mark Twain, coupes géologiques d’un H. D. Thoreau, fouilles régionalistes dans le passé local…La géologie et la paléontologie font même office de tropes méta critiques, quand les lettres britanniques, sous la plume de Oliver Wendell Holmes, James Russell Lowell ou Henry James, deviennent « spécimens fossilisés » ou « mégathéria littéraires ». Il ne s’agit donc pas tant de « rendre » la littérature américaine à la longue durée, comme le suggère Wai-Chee Dimock – le temps long y est partout présent – que de l’envisager depuis cet angle, qui n’a souvent été qu’un point aveugle de la critique. Tirant profit du regain d’intérêt, outre-Atlantique, pour l’extension du temps historique1, cet atelier entend explorer, depuis le bord littéraire, comment le legs géologique se pense et s’écrit dans les lettres américaines du XIXe siècle, comment l’ouverture du référent américain à la longue durée continentale ébranle les fondations d’une narration nationale.
1.Henry Gee, In search of Deep Time: Beyond the Fossil Record to a New History of Life, New York: The Free Press, 1999; Wai-Chee Dimock, Through Other Continents: American Literature Across Deep Time, Princeton: Princeton University Press, 2006; David Lord Smail, On Deep History and the Brain, Berkeley: University of California Press, 2008.
Vos propositions de communication doivent être envoyées à cecile.roudeau@univ-paris3.fr

Writing Across Deep Time: American Literary Stratigraphies and the Sedimentation of a National Narrative

Cécile Roudeau (Paris 3-Sorbonne Nouvelle)

In the age of revolution, the “shot” fired by Cuvier and his peers, who hoped to “burst the limits of time as the astronomers had burst the limits of space,” was heard round the world indeed. In the young United States of America, Jefferson’s fascination with the underground vestiges of a continental temporality, his active promotion of the “American Mammoth” and excavation of Indian mounds indicated the resonance of this revolution in historicity, and signaled the anxiety of a “Founder” whose nation, born of a denial of the colonial past, was yet without a genealogy. In this pivotal moment of American history, the abysmal and still obscure heritage of deep time was opening up under the feet of the nation’s new citizens as archives of a new type were being disinterred – fossils known as “nature’s medals or coins;” valleys and volcanoes now to be read as the new “annals” of the world. But deciphering the palimpsest of the earth’s strata was not an easy task. The questions kept cropping up with each new fossil: was this the nation’s heritage, its newly recovered heredity? Or was there, in the earth’s, as in the nations’ history, revolutions and radical discontinuities? How to account for the disturbingly “civilized” relics of an Indian past? Would comparative philology help to find the “parent stock” of the aboriginal tongues of America? In a word, could the nation cash nature’s coins and capitalize on a continental heritage that challenged its temporal axis even as it offered America a native sedimentation?
While historians used the geological and paleontological paradigm, like Thomas Carlyle in the battlefields of the Puritan times, men and women of letters likewise burrowed through the layers of the past, and tried to reconsider the very possibility of a national narrative across deep time. To what extent does the extension of the historical continuum into the ages of fossils affect storytelling? On the other hand, if the hypothesis of a discontinuous past is to be taken for granted, how to build a narrative on the lapses of time and the new contingencies of human and prehuman history? Questioning the perception of time as the “product of the density of events, and their proximity and relatedness to one another in chains of cause and effect” (Gee), deep time challenges the modalities of narration itself.
The renewed interest in the extension of historical time in the late 1990s and 2000s 1 will be the framework of this workshop. “Deep time” surfaces again and again in nineteenth-century American literature: in Melville’s parodic description of the “Isles of Fossils” in Mardi, Thoreau’s stratigraphy of Massachusetts, or Twain’s humorous account of excavations in Life on The Mississippi as well as in the regionalists’ digging of the local past. As recent studies in Victorian literature have shown, paleontology and geology also functioned as meta-critical tropes giving American writers like Oliver Wendell Holmes, James Russell Lowell or even Henry James a sarcastic metaphor to dismiss British letters as “literary Megatheria” or “fossilized specimens.” American literature, then, needs not so much to be restored to a longue durée (Dimock)—deep history keeps outcropping throughout its pages—as reconsidered from that perspective which has too often been but a blind spot of criticism. This workshop will explore how nineteenth-century American fiction addressed the question of heritage through a geological and genealogical bias that built up new legacies and a new continental scope even as it loosened up the chronology of the national narrative.
1.Henry Gee, In search of Deep Time: Beyond the Fossil Record to a New History of Life, New York: The Free Press, 1999; Wai-Chee Dimock, Through Other Continents: American Literature Across Deep Time, Princeton: Princeton University Press, 2006; David Lord Smail, On Deep History and the Brain, Berkeley: University of California Press, 2008.
Proposals should be sent to cecile.roudeau@univ-paris3.fr

20. Le doute en héritage: jeux et enjeux critiques de l’intertextualité dans la fiction américaine contemporaine.

Françoise Sammarcelli (Université Paris IV, Paris-Sorbonne)

“Au-delà du soupçon”, souvent traversée par le doute, la fiction américaine contemporaine a développé des stratégies variées pour négocier avec diverses formes d’héritages et, dans ce cadre, les effets intertextuels relèvent d’une mise en tension du passé littéraire et esthétique, tout comme d’une problématisation du sens. Cet atelier se propose de repenser l’héritage, un peu comme Edgar Allan Poe qui, dans ses « contes grotesques », s’interrogeait sur la possibilité incertaine d’une littérature américaine qui ne soit pas une copie de la littérature anglaise de son temps et qui définissait l’originalité comme brassage nouveau d’éléments pré-existants. De John Barth à William Gaddis, de Percival Everett à Steve Tomasula, le poids de la mémoire se module souvent dans le recours à la répétition ou à la parodie, et le rapport à l’héritage (littéraire, génétique, économique, etc) se joue en termes de réflexivité dans des textes qui posent fréquemment un défi herméneutique. Il s’agira d’examiner les jeux de l’intertextualité (voire de son volet intersémiotique) dans la fiction contemporaine et de se demander en quoi le doute (d’origine ancienne) qu’ils instaurent ou manifestent contribue à une revitalisation inquiète. En explorant les emplois transgressifs de la citation ou de l’allusion, la redéfinition des conventions génériques, les stratégies par lesquelles la fiction subvertit les limites formelles d’un texte (entre autres aspects), on envisagera donc aussi le phénomène intertextuel dans sa dimension critique et sa relation à l’épistémé contemporaine.
Vos propositions de communication doivent être envoyées à frasamm@club-internet.fr

A legacy of doubt : intertextual strategies and their critical effects in contemporary American fiction
Françoise Sammarcelli (University Paris IV, Paris Sorbonne)

« Beyond suspicion », often permeated by doubt as to its legitimacy, contemporary American fiction has developed various strategies to negociate with its heritage, so that intertextual effects contribute both to an ambiguous reactivation of the aesthetic and literary past and to a problematization of meaning. This workshop aims to reconsider the issue of heritage, somewhat like Poe who, in his « grotesque » tales, investigated the possibility of inventing an American literature genuinely different from the British literature of his time, and who defined originality as a new reshuffling of pre-existing elements. From John Barth to William Gaddis, from Percival Everett to Steve Tomasula, the burden of memory has often been inscribed through the use of repetition or parody, while the attempt to deal with the literary (genetic, economic) heritage has entailed self-reflexivity in texts that often raise hermeneutic challenges. The speakers will try to examine intertextual (and sometimes intersemiotic) experiments in contemporary fiction and study how the (often deep-rooted) doubt they convey contributes to an ambivalent revitalization. While exploring the transgressive use of quotations or allusions, the redefinition of generic conventions or the strategies that help subvert the formal boundaries of a text (among other aspects), the workshop will therefore also address the intertextual phenomenon in its critical dimension and its relation to the contemporary episteme.
Proposals should be sent to frasamm@club-internet.fr

Arts et médias / Arts and the Media

21. L’héritage dans l’art américain des origines à nos jours : transmissions, translations, réactions, ruptures
Claudine Armand (Université Nancy 2)
Parler d’héritage(s) dans le domaine de l’art américain semble relever d’un truisme dans un pays qui est le creuset de différentes cultures. En outre, le poids de l’Europe a particulièrement pesé sur le continent nord-américain depuis l’aube de la conquête jusqu’au milieu du XXe siècle. Qu’il s’agisse des artistes-explorateurs et des premiers portraitistes, des réalistes urbains ou, encore, des peintres de paysage, l’empreinte de l’Europe est partout visible, que ce soit par imitation, par assimilation, ou par rejet. Ainsi, on pourra rappeler l’influence considérable de Reynolds sur Benjamin West, considéré comme le père de l’école américaine, sa carrière à Londres, son atelier, lieu de rassemblement des jeunes peintres américains ; l’attrait grandissant de Paris dès la moitié du XIXe siècle sous l’égide de Baudelaire et des modernistes ; les nombreux échanges, collaborations entre artistes français et américains (Duchamp, Man Ray, Cornell, Léger, Stieglitz etc.) ; les apports et influences réciproques qui ont contribué à l’émergence de l’Ecole de New York. On évoquera également les figures de la dissension, de la résistance et de la rébellion (par exemple, les rivalités entre régionalistes et modernistes, la remise en question de l’héritage européen par Barnett Newman, entre autres, et le désir de faire table rase après la deuxième guerre mondiale); les divers modes de détournement, de transgression, de ruptures ou bien de métissage du modernisme au post-modernisme et au monde contemporain à l’heure de la globalisation, dans l’art mais aussi dans l’architecture. On n’oubliera pas non plus les artistes amérindiens, afro-américains et ceux issus des autres minorités (hispaniques, etc.) dans leur rapport à leur propre héritage et à celui des autres américains.
Pour analyser la question de l’héritage / des héritages aux Etats-Unis, plusieurs axes de réflexion pourront être envisagés et étudiés sous des angles divers (esthétique, historique, idéologique, politique, philosophique, ethnique, culturel…) et à travers les concepts d’emprunt, de transfert, de détournement, d’appropriation et de déconstruction, d’hybridation etc. :

– nature de l’héritage. Comment est pensé ce paradigme ? Qui est concerné ? De quel héritage parle-t-on lorsque l’on est issu d’un groupe minoritaire ?
– modalités et enjeux de la transmission
– poids de la tradition picturale (peinture de chevalet, hiérarchie des genres…), choix des dispositifs (installations, multi-média…)
– identité(s), filiation et singularité : impact et relecture des différents mouvements artistiques européens et américains, (tous les ismes de l’art mais aussi la Harlem Renaissance et l’art des artistes afro-américains contemporains, l’héritage de l’art amérindien vu à travers The Studio School à Santa Fe sous le patronage de Dorothy Dunn et repensé par le sculpteur Allan Hauser…)
– rôle et influence de critiques et historiens d’art (Greenberg et son emprise sur les artistes expressionnistes abstraits)
– héritage de figures tutélaires : Picasso, Duchamp, Mondrian, John Cage, Allan Kaprow, Hans Hofmann etc. en peinture et sculpture mais aussi Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright etc. en architecture
– Andy Warhol et ses héritiers : Basquiat, Koons, Haring, June Paik…
– déplacement de l’œuvre, déplacement du regard (choix de lieux alternatifs, Land Art, Street Art, pratiques curatoriales et critique institutionnelle…)
– origines et originalité. Remise en question de la notion d’auteur : éclatement, dispersion, mélanges, hybridation, brouillage, hétérogénéité (expériences collectives, comme Group Material, Bernadette Corporation ou Bruce High Quality Foundation…)

Vos propositions de communication doivent être envoyées à Claudine.Armand@univ-nancy2.fr

Heritage in American art from its origins to today: transmission, translation, reactions, breaks

Claudine Armand (Université Nancy 2)

To speak of “heritage(s)” in American art seems like a truism in a country which blends together so many different cultures. Furthermore, from the early days of the conquest until the middle of the 20th century, the influence of Europe on North America has been tremendous. Whether we look at the works of the first artist-explorers and portraitists, of the urban realists or of the landscape artists, the imprint of Europe is visible everywhere, be it by imitation, assimilation or rejection. For instance, we may recall the profound influence that Reynolds exerted on Benjamin West, regarded as the father of the American school, his career and his studio in London being a magnet for young American painters; the ever-increasing attraction of Paris as early as the mid-19th century under the aegis of Baudelaire and the modernists; the numerous exchanges and collaborations between French and American artists (Duchamp, Man Ray, Cornell, Léger, Stieglitz etc.); the reciprocal contributions and influences which have played a role in the rise of the New York School. We may also highlight the figures of dissent, of resistance and rebellion (for example, the rivalries between the regionalists and the modernists, the questioning of the European heritage by Newman, among others, and the desire to start from scratch after World War II; the various forms of subversion, transgression and breaks, of crossbreeding and cross-fertilization from modernism to postmodernism in our contemporary era of globalization in art and architecture. Likewise, we should not forget Native, African American and other minority artists (Latino, etc.) and their reaction to their own heritage and to that of other Americans.
To analyze the notion of heritage(s) in the United States, several fields of study may be addressed and approached from various angles (aesthetic, historical, ideological, political, philosophical, ethnic, cultural…) and by means of concepts such as borrowing, subversion, appropriation and deconstruction, hybridization etc.:

– the nature of the heritage and reflection on the paradigm. Who is concerned? What heritage is referred to by a minority group?
– the modes of transmission and what is at stake in them
– the heritage of pictorial tradition (easel painting, hierarchy of genres…), choice of practices (installations, multi-media techniques…)
– identity(ies), lineage and singularity: the impact and re-reading of various European and American art movements (all the Isms in art but also movements like the Harlem Renaissance and the art of contemporary African Americans, the legacy of Native American art as seen through The Studio School in Santa Fe under the patronage of Dorothy Dunn and reinterpreted by sculptor Allan Hauser…)
– the role and influence of art historians and critics (Greenberg’s power and influence over the abstract expressionists)
– the legacy of tutelary artists like Picasso, Duchamp, Mondrian, Allan Kaprow, Hans Hofmann etc. in painting and sculpture but also of Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright etc. in architecture
– Andy Warhol’s heirs: Basquiat, Koons, Haring, June Paik…
– the concept of displacement of the work, of the artist’s and the viewer’s gaze (choice of alternative sites, Land Art, Street Art, curatorial practices and institutional critique…)
– the concepts of origins and originality. Questioning and challenging the notion of authorship: fragmentation, dispersal, blending, hybridization, blurring, heterogeneity (collective experiences such as Group Material, Bernadette Corporation or Bruce High Quality Foundation…)

Proposals should be sent to Claudine.Armand@univ-nancy2.fr

22. Séries télévisées américaines: les héritages

Sarah Hatchuel (Université du Havre) et Ariane Hudelet (Université Paris Diderot)

En envisageant la série télévisée comme objet esthétique, idéologique, narratif et socioculturel, cet atelier se propose d’explorer la notion d’héritage dans ce genre télévisuel. Les communications pourront croiser les pistes suggérées ci-dessous :

Approches socioculturelles et questions idéologiques :
– représentations et enjeux des successions familiales (Six Feet Under, Brothers and Sisters…);
– batailles juridiques autour des héritages (Law & Order, Ally McBeal, Drop Dead Diva,…)
– représentations des relations parents/enfants, apparitions spectrales des parents (Dexter, Lost, Big Love, Grey’s Anatomy…)
– guerres de succession, historiques ou imaginaires (Rome, Game of Thrones…)
– héritages mythologiques (Battlestar Galactica, The Wire…)
– héritages de “race” et de “genre” comme bases dramatiques (Roots, Mad Men, Queer as Folk…)
– héritages historiques, politiques et sociaux (The Wire, Treme…)

Intertextualité, intermédialité, interpicturalité :
– héritages artistiques et génériques: influences du cinéma, de la littérature, des beaux-arts et des autres séries (Desperate Housewives, Mad Men…)
– spin-offs, suites et prequels (CSI, Private Practice, Caprica…)
– remakes (Battlestar Galactica, The Prisoner, V…)

Les communications pourront être en français ou en anglais.
Les propositions de communication (un résumé de 300 mots et une notice biographique de 100 mots, en français ou en anglais) sont à envoyer à shatchuel@noos.fr et ariane.hudelet@wanadoo.fr.

US TV Series: heritage and inheritance.

Sarah Hatchuel (Université du Havre) and Ariane Hudelet (Université Paris Diderot)

Bearing in mind that TV series can be regarded as aesthetic, ideological, narrative and sociocultural objects, this workshop will focus on the notions of inheritance and heritage in this television genre. We will welcome paper proposals focusing on the connections between the following aspects:

Sociocultural approaches and ideological issues:
– the representations (and stakes) of family successions (Six Feet Under, Brothers and Sisters…)
– legal battles over inheritance (Law & Order, Ally McBeal, Drop Dead Diva…)
– relationships between parents and children; spectral apparitions of parents (Dexter, Lost, Big Love, Grey’s Anatomy…)
– wars of succession, whether historical or imaginary (Rome, Game of Thrones…)
– mythological heritage (Battlestar Galactica, The Wire…)
– heritage of race and gender (Roots, Mad Men, Queer as Folk…)
– historical, political and social heritage (The Wire, Treme…)

Intertextuality, intermediality and interpictoriality:
– heritage of arts and genres : the influences of cinema, literature, fine arts and other series (Desperate Housewives, Mad Men…)
– spin-offs, sequels and prequels (CSI, Private Practice, Caprica…)
– remakes (Battlestar Galactica, The Prisoner, V…)

Papers may be given either in English or in French.

Please send a 300-word abstract and a 100-word biographical note (in English or in French) to shatchuel@noos.fr and ariane.hudelet@wanadoo.fr.

23. Icônes photographiques. Les photographies qui ont « fait » l’Amérique
Jean Kempf, Université Lumière Lyon 2.
On s’interrogera dans cet atelier sur des photographies (ou des séries) qui, en atteignant le statut d’icônes, ont activement participé à la construction voire à la critique de l’Amérique. En devenant icônes, ces photographies se sont constituées en partie comme lieux de mémoire et sont donc entrées dans une économie de l’héritage. On entendra par là bien sûr le recyclage de ces images dans des formes et des contextes variés, mais aussi leur potentiel écho sur d’autres images (photographiques ou non) conduisant à leur réinterprétation au fil du temps, des besoins et des spectateurs.
Il s’agira de comprendre comment ce phénomène s’est produit, de faire apparaître par la confrontation des différences temporelles et des objets eux-mêmes, et ainsi de contribuer à une histoire de la transmission aux Etats-Unis.
Les propositions porteront sur une photographie, ou une série de photographies, et aborderont la question sous un angle historique qui fera apparaître à la fois la genèse de l’image, sa postérité et donc sa « valeur » mémorielle dans l’héritage. On pourra porter une attention particulière aux nouveaux « flux » d’images que permet le numérique et ce que ceux-ci apportent à de nouvelles formes de mémoire.
Nous souhaiterions que les contributeurs puissent venir d’horizons variés, sans être nécessairement des spécialistes de la photographie.
Vos propositions doivent être envoyées à Jean.Kempf@univ-lyon2.fr

Photographic Icons. The photographs that « made » America
Jean Kempf, Université Lumière Lyon 2.
This workshop will concentrate on the photographs (or series of photographs) which have become cultural icons and as such have actively participated in the making — and sometimes even the criticism — of America. In becoming icons, these photos have turned into sites of memory and entered the economy of inheritance. This was done through their recycling in various forms and contexts, as well as the potential echo they had on other images (and not simply other photographs) leading to their reinterpretation through time according to social needs and the changing nature of audiences.
We expect papers to suggest how this phenomenon took place and to contribute to a history of photographic transmission in the US by confronting the issues of time and of the variations in the nature of the objects themselves.
Proposals will involve a single image or a series of images (without excluding digital images and digital fluxes) and will adopt a historical perspective, showing the genesis and the posterity of the image and thus its memorial value in the process of inheritance.
Contributors from all fields and not simply from the history of photography are welcome.
Please send proposals to Jean.Kempf@univ-lyon2.fr

24. Hollywood : entre terre d’Amérique et héritage européen

Gilles Menegaldo (Université de Poitiers) et Anne-Marie Paquet Deyris (Université Paris Ouest Nanterre)

Le cinéma hollywoodien a partie liée avec la notion d’héritage de diverses manières. L’industrie cinématographique a été créée et développée par des immigrants d’origine européenne, principalement d’Europe centrale et de l’Est. De nombreux réalisateurs, scénaristes, chefs opérateurs, décorateurs immigrés au mis leur talent au service des studios. Ils sont venus, au gré des circonstances socio-politiques, nourrir le processus de création sur le nouveau continent, apportant leur savoir-faire, leur culture et leur histoire. Parmi ces artistes, certains se sont imposés et ont fait carrière (Fritz Lang, Michael Curtiz, Joseph von Sternberg, Ernst Lubitsch, Billy Wilder, Robert Siodmak, Rouben Mamoulian pour citer quelques exemples).
Alors que Lubitsch adapte des pièces hongroises à l’écran, Mamoulian utilise un type de montage métaphorique assez éloigné du montage transparent classique. L’héritage du cinéma expressionniste marque l’esthétique des films d’horreur et des films noirs grâce au travail de chefs opérateurs comme Karl Freund ou Nicolas Musuraca. Le talent de Jacques Tourneur allié à celui de Val Lewton permet ainsi à la RKO de se renflouer financièrement au début des années 1940. L’héritage littéraire européen est également au cœur de cet élan créateur. De nombreuses œuvres classiques ont ainsi été adaptées par Hollywood dès les débuts du cinéma.

Mais le cinéma hollywoodien se nourrit aussi d’un autre héritage qui lui est propre, celui de la terre d’Amérique. Il met en scène les paysages spectaculaires et l’histoire épique de ce territoire dans un genre comme le « western » qui n’était au départ qu’un simple adjectif. Genre fondateur et sui generis s’il en est, il impose sa propre catégorie qui devient synonyme de récit des origines de la nation américaine. Son esthétique, sa grammaire et ses grands motifs ne cessent d’être repris et partiellement réinventés depuis L’Attaque du Grand Rapide d’Edwin Porter en 1903, jusqu’aux variations plus récentes du néo-western telles Appaloosa en 2008 où Ed Harris décline de façon décalée les codes du western. La figure féminine ambiguë au cœur du récit filmique divise le couple de justiciers comme elle divise la communauté familiale et fait vaciller les certitudes du héros Ethan (John Wayne) lorsqu’il retrouve sa nièce Debbie (Natalie Wood) indianisée dans La Prisonnière du désert (John Ford, 1956).
Le cinéma rend aussi compte des grands événements de l’histoire états-unienne, se nourrissant de son propre héritage culturel et infléchissant à l’écran ses propres mythes, comme celui du Grand Pacificateur Lincoln dans les nombreux films qui lui ont été consacrés depuis le début du XXe siècle (Abraham Lincoln de Griffith, 1930, avec John Huston, ou Young Mr Lincoln, de John Ford, 1939, entre autres) ou encore la figure du gangster, avatar dévoyé de la modernité urbaine. Il met en scène les grandes phases de la constitution de la nation américaine sous forme de grandes fresques historiques depuis Naissance d’une Nation de Griffith en 1915, jusqu’à Autant en emporte le vent de Victor Fleming en 1939 et les « heritage films » (Martin Scorsese, The Age of Innocence, 1993) par exemple.

Les communications de cet atelier viseront à explorer certains des aspects de cet héritage duel et complexe. Les intitulés et résumés d’environ 1/2 page sont à envoyer conjointement à :

paquet.deyris@yahoo.fr ET gilles.menegaldo@univ-poitiers.fr

Hollywood movies are connected to the central notion of heritage in a number of ways. The cinema industry was created by and thrived thanks to immigrants of European descent, mainly from Central and Eastern Europe. Numerous immigrant directors, screenwriters, cinematographers and set designers brought their talents to the great studios. They came over under the pressure of socio-political problems and shaped the creative process once on the American soil, contributing their expertise, culture and history. Among these talented artists, some took center stage such as Fritz Lang, Michael Curtiz, Joseph von Sternberg, Ernst Lubitsch, Billy Wilder, Robert Siodmak or Rouben Mamoulian more specifically.
While Lubitsch was adapting Hungarian plays for the screen, Mamoulian devised a kind of metaphorical montage which greatly differed from the classicly transparent editing process. The rich heritage of expressionistic cinema influences the horror movies and films noirs’ aesthetic thanks to the work of cinematographers such as Karl Freund or Nicolas Musuraca. It was Jacques Tourneur’s talent along with Val Lewton’s which helped RKO keep afloat at the beginning of the 1940s. The European literary heritage is also at the heart of this creative momentum. Quite a few classics were adapted by Hollywood as early as the silent era.

But Hollywood cinema also feeds upon another type of heritage which is characteristically American and is intrinsically connected to the Nation’s mythic origins, the land itself. It started staging spectacular landscapes and epic historical episodes very early on in the western film, a descriptive label which was a mere adjective. Somewhat of a sui generis genre par excellence, the western creates its own idiosyncratic category and came to embody America’s mythic past thanks to a body of specific film conventions. Its aesthetic, grammar and great motifs will be time and time again recycled, reworked on, reinvented ever since the release of the alleged first “western” ever, The Great Train Robbery, by Edwin Porter in 1903 to the later variations on a renovated set of conventions in Ed Harris’ Appaloosa (2008), for instance. The ambiguous female figure in the movie forces the two sheriffs apart as it sowed the seeds of division in the family circle in John Ford’s The Searchers (1956) for instance, causing the hero Nathan (John Wayne) to doubt his own convictions when trying to find his niece Debbie (Natalie Wood) abducted by Indians.

Cinema also chronicles major events in the history of the United States, feeding on its own cultural heritage and indefinitely reformatting its own myths on screen, as the Great Pacificator’s in the numerous films about or starring Lincoln ever since the beginning of the twentieth century (D.W. Griffith’s 1930 Abraham Lincoln starring John Huston, or John Ford’s 1939 Young Mr Lincoln starring Henry Fonda, among others), or else the gangster figure, a depraved avatar of the urban modernity. It captures the great movements of the American Nation by orchestrating epic tableaux like Griffith’s 1915 Birth of A Nation or Victor Fleming’s 1939 Gone with the Wind and “heritage films” like Martin Scorsese’s 1993 The Age of Innocence for example.

The papers of this workshop will explore some of the central aspects of this two-fold complex heritage. The proposals with their titles and short summaries should be sent out CONJOINTLY to:
paquet.deyris@yahoo.fr & gilles.menegaldo@univ-poitiers.fr

Rappel/ Reminder

Ateliers interdisciplinaires / Interdisciplinary Workshops

Shakespeare aux Etats-Unis : les paradoxes de l’héritage
Shakespeare in the United States: a paradoxical legacy
Vincent Broqua (University Paris-Est Créteil) and Ronan Ludot-Vlasak (University Grenoble3)
(cet atelier figure déjà sous la rubrique Littérature, atelier 12. This workshop has already been listed under the heading Literature, workshop 12)

Entre héritage et testament : les paradoxes de la transmission héréditaire dans la littérature et dans les arts
From Inheritance to Testament : The Paradoxes of Hereditary Transmission in Literature and the Arts
Mathieu Duplay (Université Paris Diderot — Paris 7)
(cet atelier figure déjà sous la rubrique Littérature, atelier 14. This workshop has already been listed under the heading Literature, Workshop 14)
Le combat anti-esclavagiste, 1765-1865 : écriture et histoire
The Anti-slavery struggle, 1765-1865, History and the Written Word
Arlette Frund (Université François Rabelais, Tours) et Marie-Jeanne Rossignol (Université Paris Diderot)
(cet atelier figure déjà sous la rubrique Histoire et Civilisation, atelier 4. This workshop has already been listed under the heading History and Civilization, workshop )

Que faire, puisque nous n’avons plus la terre en héritage?
If we cannot inherit the earth, what next?
Wendy Harding (Université Toulouse-Le Mirail) et Jacky Martin (University Paul Valéry, Montpellier)
(cet atelier figure déjà sous la rubrique Histoire et Civilisation, atelier 5. This workshop has already been listed under the heading History and Civilization, workshop 5)
L’Héritage esthétique dans la littérature sino-américaine
Aesthetic Heritage in Chinese-American Literature
Marie-Claude Perrin-Chenour (Université Paris-Ouest)
(cet atelier figure déjà sous la rubrique Littérature, atelier 18. This workshop has already been listed under the heading Literature, workshop 18)
Cultures et littératures LGBTQ
LGBTQ Cultures and Literatures
Hélène Tison (Université de Tours)
(cet atelier figure déjà sous la rubrique Histoire, Civilisation, atelier 10. This workshop has already been listed under the heading History and Civilization, workshop 10)