Liste des ateliers

Congrès de l’AFEA
« De la nature à l’environnement »
Université Stendhal – Grenoble 3
27-29 mai 2010

LISTE DES ATELIERS au 8 octobre 2009

– Susanne BERTHIER-FOGLAR, De la nature sacrée à la politique environnementale
– Sophie BODY-GENDROT, L’empreinte urbaine des défis environnementaux mondiaux
– Antoine CAZÉ , Sites poétiques contemporains
– Claude CHASTAGNER, Take a walk on the wild side. Explorer l’habitat de la musique populaire américaine
– Bénédicte CHORIER-FRYD & Claire FABRE, De l’environnement à la nature : retour de la pastorale dans la fiction américaine contemporaine?
– John DEAN, La nature et l’environnement dans la culture populaire américaine
– Danielle FOLLETT & Ronan LUDOT-VLASAK, Le passage de la nature à l’environnement dans la littérature américaine, 1820-1870 : la science de l’époque à l’épreuve du prisme littéraire
– Olivier FRAYSSÉ & Donna KESSELMAN, De nature à environnement, des enjeux sociaux médiatisés
– Wendy HARDING & Jacky MARTIN, Habiter l’inhabitable
– Abigail LANG, Poétique(s) écologique(s). Formes et genres
– Lionel LARRÉ, Les Amérindiens, de la nature à l’environnement
– Janine LEMAIRE & Bénédicte SISTO, Parcs nationaux américains : espaces protégés, espaces menacés
– Gilles MENEGALDO & Anne-Marie PAQUET-DEYRIS , Cinéma américain : de la nature à l’environnement
– Monica MICHLIN & Serge CHAUVIN, Nature offerte, territoire conquis, environnement à (re)construire : le cinéma face aux paysages américains
– Béatrice PIRE, « Où vont les canards en hiver ? » Central Park et autres parcs dans l’imaginaire littéraire américain
– Serge RICARD, Préservation contre conservation ; d’une nature idéalisée à un environnement maîtrisé : les théories et politiques environnementales aux États-Unis du XIXe siècle à nos jours
– Olivier RICHOMME, Yves-Marie PÉRÉON & Gélareh YVARD, Les politiques de l’environnement aux États-Unis: de l’exploitation de la nature à la protection de l’environnement
– Marie-Jeanne ROSSIGNOL et Rahma JERAD (Paris 1), L’esclavage, l’abolition et leurs environnements en Amérique du Nord, 1765-1865
– François SPECQ & Lacy RUMSEY, De la perte de la nature aux retrouvailles avec le monde ?
– Amy D. WELLS & William DOW, Paysages littéraires du modernisme américain, 1900-1950

Les propositions de communications doivent être adressées aux directeurs d’ateliers pour le 16 novembre 2009 au plus tard.

– Susanne BERTHIER-FOGLAR (Université de Savoie)

De la nature sacrée à la politique environnementale

Traditionnellement, dans le discours « indien », la nature est assimilée à une entité à la sacralité diffuse d’où la géomorphologie fait émerger des lieux marquants – cours d’eaux, montagnes – ; d’autres lieux ont acquis cette sacralité par leur fonction (lieux de culte, cimetières) ou leur rôle joué dans la mythologie (la géomorphologie du sacré).
Lors du peuplement du continent, John Muir, fondateur du Sierra Club, ouvrit la voie afin que cette nature devienne un environnement à préserver pour la population majoritaire (mainstream). En outre, la liberté religieuse garantie par le Premier Amendement fut étendue à d’autres religions, sans pour autant définir le terme. Il s’opéra alors une confusion entre la sacralité de la nature et celle de l’environnement, confusion parfois voulue et entretenue par les protecteurs (non Indiens) de l’environnement.
Cependant, contrairement à la nature sacralisée, l’environnement est un concept politique, incluant une dimension sociétale et économique ; cet environnement est géré par des outils technocratiques. C’est dans ce contexte d’approches et d’idéologies hybrides que les tribus amérindiennes reprennent le contrôle du territoire perdu et s’allient à d’autres protecteurs ou utilisateurs des espaces naturels, qu’il s’agisse d’une nature vierge ou marquée par une utilisation humaine.
Cet atelier propose d’étudier, à partir des décisions de justice, des textes administratifs (du gouvernement américain, des États et des gouvernements tribaux), ainsi que des discours militants de tous bords, les situations où divers acteurs coopèrent ou s’affrontent lors de la mise en place d’une politique de gestion du territoire (protection des sites sacrés, ouverture au tourisme …) ou des ressources (protection des espèces en voie de disparition, utilisation cérémonielle réservée à un groupe).
Les propositions (500 mots + courte bio) sont à envoyer à Susanne Berthier-Foglar.

From Sacred Nature to Environmental Policies

In traditional Native American discourse nature is endowed with a diffuse sacrality where distinctive landmarks – waterways, mountains – occupy a place of choice; other loci have achieved the same characteristics through their function (as places of worship, cemeteries) or through their mythologic role (the geomorphology of creation story).
In the settlement of the Continent, John Muir, founder of the Sierra Club, opened the way for nature as an environment to be protected for mainstream society. Moreover, religious freedom granted by the First Amendment was extended to other religions without defining the term. Thus, confusion occurred between the sacrality of nature on one side and of the environment on the other side, and it was at times welcomed by the non-Native American environmentalists.
Nevertheless, contrary to sacred nature, the environment is a political concept with societal and economic dimensions and a technocratic management. In this context of hybrid perspectives and ideologies, Native American nations are regaining their lost territory and seek alliance with environmentalists or users of natural spaces, whether they are wildernesses or have a visible human history.
This workshop aims to discuss situations where the various actors cooperate or clash in the implementation of environmental policies in matters of land management (protection of sacred sites, tourism) or resource management (protecting endangered species or allowing ceremonial use by a specific group). The source texts to be used are legal decisions, administrative texts, the official texts produced by governmental agencies, state authorities, tribal governments, as well as activist discourse.
Proposals (500 words + short bio) are to be sent to Susanne Berthier-Foglar.

– Sophie BODY-GENDROT (Université Paris – Sorbonne)

L’empreinte urbaine des défis environnementaux mondiaux

De nombreux défis mondiaux, du réchauffement climatique aux flux de migrants qu’il entraîne en raison de la raréfaction des ressources et des conflits se posent concrètement et avec urgence dans les villes. Elles sont alors tenues de développer de nouvelles capacités et des savoirs, bien avant que l’État fédéral ou les États ne légifèrent pour relever de tels défis. Bref, les mesures environnementales ont à réparer les dégâts causés par la nature. Elles sont fréquemment l’expression de résistances. Ainsi en 2007 et 2008, plus de six cents municipalités se saisissant du Clean Air Act se sont opposées à la politique environnementale de l’administration Bush en matière de gaz à effets de serre. Devant les tribunaux, la ville de Los Angeles s’est opposée à l’EPA sur les gaz d’échappement des véhicules qu’elle souhaitait réglementer. De manière plus dramatique, suite à l’immédiateté du désastre naturel de Katrina et des désordres qui ont suivi, la ville de La Nouvelle-Orléans a dû agir rapidement sur de multiples échelles et espaces, à plus ou moins bon escient, bien avant que les échelons de décision supérieurs ne se mobilisent.
Si des mesures positives pour assainir les infrastructures, prévoir les nuisances naturelles relatives à l’eau, pallier les crues, prévenir les incendies sont à mettre au dossier, une interprétation pessimiste associe transformations environnementales, raréfaction, conflits et violences.
Le défi conceptuel de ce séminaire est de réinsérer les dimensions macro des changements tels le réchauffement climatique dans l’épaisseur concrète, locale des villes comme sites d’expressions, de contradictions, de résistances et… de réponses.
Les propositions sont à envoyer à Sophie Body-Gendrot

The Urban Footprint Of Global Environmental Challenges

Numerous global challenges, from global warming to flux of migrants generated by resource scarcity and conflicts become concrete and urgent in cities. Cities have to develop capacities and knowledge, long before the Federal state or the States pass laws to meet them. In brief, environmental measures have to mend the damages caused by nature. They are frequently the expression for resistances. For instance, in 2007 and 2008, taking ground on the Clean Air Act, over six hundred municipal governments have signed a motion against the US government and its CO2 policy and green house gases. Litigation has opposed the city of Los Angeles to the EPA over vehicle emissions it attempted to regulate. More dramatically, due to the immediacy of the Katrina disaster and the disorders that followed, the city of New Orleans had to act on multiple scales and spaces, more or less efficiently, at a fast tempo, long before higher levels of decision making intervened.
If positive measures meant to strengthen infrastructures, anticipate natural nuisance regarding water, detour floods, prevent fires should be in the environment file, a pessimistic interpretation links the global environmental changes, scarcity, conflicts and violence.
The conceptual challenge of this seminar is the linking of macro-level frames of changes such as global warming and the concrete, local thickness of cities as sites for expressions, contradictions, resistances and… responses.
Proposals should be sent to Sophie Body-Gendrot

– Antoine CAZÉ (Université Denis-Diderot – Paris 7)

Sites poétiques contemporains

Dans une lettre adressée en 1955 à Ed Dorn, Charles Olson conseille au jeune poète de s’ancrer dans un site spécifique pour en transmuer la substance en langage :
DOCUMENTS PRIMAIRES. Et s’ancrer à cet endroit représente
toute une vie d’assiduité. Le mieux, c’est de creuser une seule
chose, un seul endroit, un seul homme
jusqu’à ce que toi, tu en saches +
sur la question que n’importe qui d’autre. Peu importe qu’il
s’agisse du Fer Barbelé, du Pemmican, de Paterson ou bien de l’Iowa.
Mais épuise le sujet. Sature-le. A fond.
Et là TU SAIS
tout le reste très vite : un seul truc jusqu’à saturation (ça peut
prendre 14 ans). Et hop, c’est gagné, pour toujours.
(Charles Olson, Additional Prose, Four Seasons Foundation, Bolinas, CA, 1974, p.11)
Pour Olson on le sait, ce site fut Gloucester, dont l’arpentage finit par modifier radicalement le paysage poétique américain en produisant l’œuvre d’une vie : The Maximus Poems.
Le site naturel est littéralement un lieu commun de la poésie américaine d’aujourd’hui. Il offre la possibilité au langage poétique de définir un commun du lieu qui puisse simultanément rendre hommage à sa spécificité et s’en abstraire pour viser l’universel. Qu’il s’agisse de Paiute Creek pour Gary Snyder, des grottes du paléolithique pour Clayton Eshleman, d’un Ouest mythifié chez Ed Dorn, des bois de la Nouvelle-Angleterre coloniale pour Susan Howe, de la « forêt sacrée » de Robin Blaser, du taillis non moins sacré des Journaux de Thoreau pour John Cage, des plaines du Dakota chez Tom McGrath, des marais du Wisconsin dans le superbe Paean to Place de Lorine Niedecker, et de bien d’autres encore, les sites de la poésie américaine invitent à une réflexion sur l’articulation entre langage de la nature et nature du langage.
Situer un poème, et conjointement définir un site poétique (voire un site pour la poésie), voilà une question éminemment environnementale. Aujourd’hui, la dématérialisation du concept même de site par le biais de l’Internet invite à repenser « l’impératif écologique » (Jed Rasula) de la poésie américaine : une textualité expérimentale s’élabore dans l’espace virtuel dont l’imaginaire volontiers tourné vers la nature (cf. p. ex. John Cayley, riverIsland) interroge le rapport entre site poétique et site naturel.
Cet atelier voudrait donc contribuer à l’analyse des pratiques poétiques qui s’appuient sur le type d’archéologie environnementale préconisée par Olson pour transformer la nature d’un lieu en site de langage poétique.
Les propositions sont à envoyer à Antoine Cazé

Contemporary Poetic Sites

In a letter he wrote in 1955 to Ed Dorn, Charles Olson advises his younger fellow poet to strike his roots in a specific site in order to turn its substance into language:

PRIMARY DOCUMENTS. And to hook on here is
a lifetime of assiduity. Best thing to do is to dig one
thing or place or man
until you yourself know more abt
that than is possible to any other man. It doesn’t matter
whether it’s Barbed Wire or Pemmican or Paterson or Iowa.
But exhaust it. Saturate it. Beat it.
And then U KNOW

everything else very fast: one saturation job (it might
take 14 years). And you’re in, forever.

As is well known, Olson’s privileged site came to be Gloucester, MA, which he kept surveying to the point of radically altering the entire American poetic landscape through the work of his lifetime—The Maximus Poems.
Natural sites are literally the common places of American poetry today. They make it possible for poetic language to define a commonality of place that can simultaneously pay tribute to their specificities and make place abstract enough to reach at its universal dimension. Whether it be Paiute Creek for Gary Snyder or the Upper Paleolithic caves in Clayton Eshleman’s explorations, Ed Dorn’s mythified West or Susan Howe’s colonial New England woods, Robin Blaser’s “sacred wood” and the no less sacred textual thickets of Thoreau’s Journals for John Cage, the Dakota plains of Thomas McGrath or the Wisconsin marshland superbly rendered by Lorine Niedecker’s Paean to Place, and so many other places, American poetic sites allow writers to articulate the language of nature as well as the nature of language.
It is an eminently environmental challenge to place a poem in a site/situation while defining poetic sites—and maybe even sites for poetry. In today’s computerized world, the very concept of site has become dematerialized through its ubiquitous presence on the Internet, to the point of entailing a redefinition of what Jed Rasula has termed the “ecologic imperative” of American poetry: an experimental textuality is being built in the cyberspace, whose imagination is often drawn to natural landscapes (see for instance John Cayley’s riverIsland) and calls into question the relationship between poetic and natural sites.
Participants in this workshop will contribute to the analysis of those poetic practices that rely upon the kind of environmental archeology Olson advocates to transform the characteristics of a given place into a site of poetic language.
Proposals are to be sent to Antoine Cazé>

– Claude CHASTAGNER (Université Paul Valéry – Montpellier 3)

Take a walk on the wild side
Explorer l’habitat de la musique populaire américaine

La musique populaire américaine a un rapport schizophrénique à son environnement. Depuis les années cinquante, ses formes électrifiées, du rock’n’roll au grunge, du punk au post-rock, du R&B au rap, se sont toutes présentées comme la musique des villes américaines, traitant de problématiques urbaines et produites le plus souvent pour un public citadin. Le constat reste valable pour la musique country dont le nom suscite pourtant des images plus bucoliques. Là encore, malgré ses origines rurales, la country trouve l’essentiel de son public dans les villes et les banlieues.
Cette prédominance de la ville comme milieu naturel ne pourrait être que le reflet de l’évolution démographique des États-Unis. Pourtant, la musique populaire est tiraillée par une énergie contraire. Avec force, les artistes ont chanté leur attirance pour la wilderness comme pour une Amérique pastorale. Leur refus de la ville s’exprime aussi bien par la prolifération de chansons célébrant la vie rurale ou adoptant des perspectives écologiques que par le renouveau du bluegrass et de l’old-time music et l’explosion récente de l’anti-folk. A l’instar du cinéma et du roman américains, des problématiques parallèles, comme l’importance de la route et de l’espace viennent confirmer cette tension entre enracinement urbain et quête de ruralité, entre prolifération et effacement de l’humain.
Le rapport de la musique populaire américaine à son environnement pose la question de ses sources profondes. D’où vient la sauvagerie qui l’habite ? Est-ce le rêve jeffersonien qui la traverse qui doit nous amener à la lire comme une musique de l’inculte, du sauvage, et donc, littéralement, du non civilisée, du non policée ? Ou est-ce au contraire dans l’énergie électrique urbaine qui en émane qu’est l’origine de sa frénésie, de sa violence parfois ? Dans quelle mesure le rapport contradictoire de la musique populaire à son environnement permet-t-il à ses auditeurs de mieux « habiter la terre », de trouver leur place entre l’humain et le non-humain, de s’enraciner dans un territoire ?
Cet atelier examinera les tensions qui animent le rapport de la musique populaire à son environnement. Nous nous poserons la question des formes que ces tensions peuvent prendre, mais surtout de leur sens. Dans quelle mesure peut-on y observer, là aussi, un glissement de la notion de nature vers celle d’environnement, un gauchissement de leurs implications idéologiques ? Quel rôle jouent-elles dans notre compréhension et notre appréciation de la musique populaire américaine ? De quelle façon permettent-elles d’inscrire cette musique dans une évolution plus globale de la culture et des arts nord-américains ?
Les propositions peuvent prendre la forme de case studies portant sur des formes artistiques contemporaines et mettant en valeur le sens et la fonction des notions évoquées, ou de communications plus théoriques et diachroniques permettant de saisir l’évolution du rapport de la musique populaire à son environnement.
Les propositions (500 mots + une courte bio) doivent être envoyées à
Claude Chastagner. Les communications se feront en anglais.


Take a walk on the wild side
Exploring the Natural Habitat of American Popular Music

American popular music has developed a schizophrenic relation to its surroundings. From the 50s onwards, the various forms of electrified music, from rock’n’roll to grunge, from punk to post-rock, from R&B to rap, have all been regarded as urban music, dealing with urban issues, and aiming at an urban clientele. Even country music, despite its name, has become a genre whose main audience is found in towns and suburbs.
The prevalence of the City as American popular music’s natural habitat could merely be the consequence of demographic evolution. However, another force is pulling these musics in a different direction. American artists have repeatedly sung their attraction for the wilderness as well as for pastoral settings, as the number of songs celebrating rural lifestyles, the revival of bluegrass and old-time music, and the recent explosion of anti-folk exemplify. As in numerous American movies and novels, the emphasis on the road and on the open space is but a trace of the tension between an urban anchorage and a quest for nature, between the proliferation and the effacement of the human element.
Popular music’s relation with its milieu raises the question of the music’s foundations. What is the source of the savageness it often betrays? Does the Jeffersonian dream that runs through it make it the music of the uncultivated, of, literally, the uncivilized, what does not belong to the city? Is it rather its urban energy that fuels its frenzy, its violence? To what extent do these contradictions allow audiences to “inhabit the earth”, to find their place between the human and the non-human, to explore their roots?
This workshop aims to investigate the tensions underlying popular music’s relation to its milieu and its contradictory leanings. To what extent can we observe, here too, an evolution from the notion of nature to that of environment, with what ideological consequences? How does this inform our understanding and appraisal of American popular music, and beyond, of North American arts and cultures?
Participants are invited to submit either case studies of contemporary musical genres highlighting the meaning and function of the notions alluded to, or diachronic proposals focusing on the evolution of popular music’s relation to its surroundings.
Proposals (500 words, and a short bio) should be sent to Claude Chastagner. Papers will be delivered in English.

– Bénédicte CHORIER-FRYD (Université de Poitiers) et Claire FABRE (Université Paris – Val de Marne)

De l’environnement à la nature : retour de la pastorale dans la fiction américaine contemporaine?
“The pastoral ideal has been used to define the meaning of America ever since the age of discovery,
and it has not yet lost its hold upon the native imagination.”
(Leo Marx, The Machine in the Garden: Technology and the Pastoral Ideal in America, 1964)

La dichotomie homme/nature, qui sous-tend la vision pastorale et l’idéal d’une pureté naturelle (nature inhumaine ?) qui aurait préexisté à l’humain, a-t-elle disparu dans une vision environnementale qui ne dissocie pas l’humain de la nature, mais les considère comme un tout dynamique ? Dans une nouvelle introduction récemment apportée à son étude fondatrice, La Machine dans le jardin, Leo Marx souligne l’importance croissante du trope de la menace mécanique dans la littérature contemporaine. Au fondement même de la conception environnementaliste, y a-t-il une « impulsion pastorale » dont les résurgences s’inscriraient dans la fiction, que ce soit en dépit d’un certain naturalisme, ou à travers lui ?
La pensée de la nature comme environnement exclut-elle nécessairement la conception pastorale d’une dynamique naturelle indépendante de l’action humaine, voire d’une natura naturans habitée par des forces transcendantes ? Une écriture « environnementale » serait-elle nécessairement naturaliste ? La présence de tropes de la pastorale dans certaines fictions contemporaines marque-t-elle un retour à une écriture pastorale de l’Amérique ? Ce retour se fait-il sur un mode nostalgique ou ironique ? Voici quelques questions que peuvent susciter des textes comme ceux de Cormac McCarthy, dont la vision post-apocalyptique d’une Amérique dévastée est parfois sous-tendue par le rappel élégiaque de cartographies perdues, ou bien ces évocations persistantes, chez Thomas Pynchon, de prairies, de déserts, de côtes sauvages, lieux propices à la rencontre de fantômes (d’un Age d’Or ?) et de laissés-pour-compte de l’Amérique contemporaine. Ou bien encore, chez Philip Roth, comment entendre une Pastorale américaine, substituée, comme horizon d’attente « indigène », au plus commun « rêve américain » ? La fiction contemporaine est-elle encore mue par une impulsion pastorale ?
Les propositions sont à envoyer à Bénédicte Chorier-Fryd et à Claire Fabre

From the environment back to nature-pastoral impulses in contemporary American fiction?

“The pastoral ideal has been used to define the meaning of America ever since the age of discovery,
and it has not yet lost its hold upon the native imagination.”
(Leo Marx, The Machine in the Garden: Technology and the Pastoral Ideal in America, 1964)

In considering man and nature as co-dependent, does the environmentalist vision bridge the gap between man and nature formerly mourned in the pastoral conception of a pure, natural unity supposedly pre-existing to man—an inhuman nature? In his latest introduction to his classic study of American pastoralism, The Machine in The Garden, Leo Marx observes the rising trope of the threat of the machine in contemporary fiction. Is the environmentalist conception moved by a fundamental “pastoral impulse” in spite of—or perhaps through—naturalist claims?
When “nature” turns into “environment,” is the pastoral conception of natural dynamics independent of human action—of a natura naturans moved by transcendental forces—out of the picture? Is “environmental fiction” necessarily naturalist? Beyond these restrictive classifications, does the presence of pastoral tropes in contemporary fiction signal a return to a pastoral writing of America? Are these new pastoral voices nostalgic or ironic? To wit, Cormac McCarthy’s post-apocalyptic visions of an American wasteland, counterpointed by occasional elegiac evocations of bygone natural mappings—or Pynchon’s recurrent prairies, deserts and rugged coastlines, the meeting-places of ghosts (from a Golden Age?) and modern-day American outcasts—or again, Philip Roth’s American Pastoral, an “indigenous” aspiration, he says, a fitter term than the more common “American dream…” Is American fiction still moved by pastoral impulses?
Proposals are to be sent to Bénédicte Chorier-Fryd and Claire Fabre

– John DEAN (Université Versailles – Saint-Quentin)

La nature et l’environnement dans la culture populaire américaine

Le problème essentiel est le passage du concept de nature — le plus ancien, historiquement construit — à celui plus nouveau et contemporain, d’environnement, dans le contexte de l’Amérique où les questions d’écologie, de politique et de nature sauvage s’expriment dans la culture populaire. La question est de savoir comment, dans la civilisation américaine, la nature s’opposait ou complétait l’humanité (des Transcendantalistes jusqu’à King Kong), alors que l’environnement recherche le dialogue, dans une perspective holistique, et situe l’humanité dans une chaîne des êtres plus large (du Tarzan de E.R. Burrough au Taoïsme d’Ursula LeGuin).
Dans la culture populaire américaine, les questions relatives à la nature et à l’environnement abondent dans les genres de la culture populaire et le consumérisme américains. Prenons la littérature, le cinéma et les arts visuels de fantaisie et de science-fiction : ils sont riches de discussions anarchistes, ethnographiques, féministes, psychologiques et sociologiques concernant le non-humain, l’environnement et la nature sauvage. Dans les textes de Nathaniel Hawthorne, E. A. Poe, Robert E. Howard, Ursula LeGuin, Jack Vance et Octavia Butler; dans les sous-genres de fiction « cyberpunk », « urban», métaphysique et héroïque. Dans les images et l’action des séries télévisées et des films américains : The Twilight Zone, The X Files, and Star Trek. De leur côté, les films de science-fiction, de fiction spéculative proposent les versions de Planet of the Apes, 2001: A Space Odyssey (1968), Silent Running (1972), les versions de Star Wars, toutes celles d’Alien. Et pourquoi ces apparitions extraterrestres s’attardent-elles ainsi en Amérique ? Les westerns présentent également une conscience de cette évolution de la nature à l’environnement. Pensons, par exemple, à la différence entre The Virginian d’Owen Wister (1902) et Deadwood d’HBO (2004-2006). Et l’humain contre le non-humain ?
La protestation populaire américaine, les défilés et les manifestations politiques, offrent aussi des expressions exceptionnelles des questions de nature et d’environnement dans les rues et les parcs, comme par exemple le jour « saint » de Earth’s Day (1970) à travers les versions réelles et filmées de la Bataille de 1999 du WTO à Seattle. L’action de rue engage le débat sur des questions qui vont de tentatives romantiques et mystiques de faire prendre conscience de notre mère la Terre et de l’apprécier jusqu’aux attaques les plus dures contre l’impact des accords commerciaux sur l’environnement, aux protestations de sous-groupes de la culture populaire tels les Weathermen dans les années 1960 et aux tactiques de désobéissance, de désinformation créatrice et de piratage informatique. Est-il « naturel » d’accepter l’autorité et « environnemental » de questionner l’autorité ?
Finalement, le journalisme américain consacré à l’environnement offre des sujets de débats remarquablement visibles. C’est à lire dans le contraste entre les auteurs classiques qui traitent de la nature comme Emerson et Thoreau, et le best-seller actualisé, informé des problèmes de l’environnement, Silent Spring de Rachel Carson (1962) ; dans l’anarcho-primitivisme de « Smells Like Teen Spirit » de Kurt Cobain (1991) ; dans la musique pop du rock alternatif et du grunge ; dans le courant populaire mais interprété par les médias où les héros moralement équivoques de « l’écologisme » comme l’anarcho-primitiviste Unabomber Ted Kaczynski ou comme l’avocat et activiste politique Ralph Nader sont produits et vénérés. Pourquoi ?
Les propositions sont à envoyer à John Dean

Nature and Environment Issues in American Popular Culture

Our core issue is the change from the older, historically constructed “nature” to the newer, contemporary idea of “environment” in America when, where and as issues of ecological, political, and wilderness matters come into popular play. At issue is how in American civilization “nature” opposed or complemented mankind (from the Transcendentalists through King Kong), while “environment” seeks dialogue, holism, mankind’s place amid a greater chain of being (from E. R. Burrough’s Tarzan to Ursula LeGuin’s Taoism).
Nature and environmental issues abound in American popular culture genres and US consumerism. Take the literature, cinema, & visual arts of fantasy and science fiction that are rich with anarchist, ethnographic, feminist, psychological and sociological debates about the nonhuman, nature, environment, wilderness. In words: Nathaniel Hawthorne, E. A. Poe, Robert E. Howard, Ursula LeGuin, Jack Vance, Octavia Butler; plus the subgenres of Cyberpunk, Urban, Metaphysical, and Heroic Fantasy. In images & action of US TV and movies: The Twilight Zone, The X Files, and Star Trek. While Science Fiction, Speculative Fiction, Lit Flick examples offer Planet of the Apes (all versions); 2001: A Space Odyssey (1968); Silent Running (1972); Star Wars (all versions); Alien (all). And why do alien hauntings linger so in America? Westerns equally exhibit an evolving awareness of “nature” versus “environment”. Consider, e.g., the difference between Owen Wister’s The Virginian (1902), and HBO’s Deadwood (2004-2006). And the human versus the nonhuman?
U.S. popular protest, parade, and political manifestations equally offer outstanding expressions of nature and environmental issues in streets and parks. Such as: Earth Day’s “holy day” (founded 1970) through the actual and filmed versions of the WTO’s 1999 Battle in Seattle. Street action engages issues moving from romantic, mystical attempts to inspire awareness and appreciation for Mother Earth to hard-core attacks on the environmental impacts of trade agreements, from popular culture protest sub-groups such as The Weathermen in the 1960s and the tactics of disobedience, creative disinformation and hacking. Is it “natural” to accept authority and “environmental” to question authority?
Finally, US environmental journalism offers strikingly visible issues of debate. Read it in old “nature” writers like Emerson and Thoreau vs. Rachel Carson’s up-dated, environmentally-aware bestseller Silent Spring (1962); in the anarcho-primitivism of Kurt Cobain’s “Smells Like Teen Spirit” (1991); in the pop music genres of Alternative Rock and Grunge; in the popular yet mass-mediated process where morally ambiguous heroes of “environmentalism” like anarcho-primitivist Unabomber Ted Kaczynski or American attorney and political activist Ralph Nader are produced and worshipped. Why?
Proposals are to be sent to John Dean

– Danielle FOLLETT (Université Paris VIII-Saint Denis) et Ronan LUDOT-VLASAK (Université Grenoble III)

Le passage de la nature à l’environnement dans la littérature américaine, 1820-1870 :
la science de l’époque à l’épreuve du prisme littéraire

Le but de cet atelier est d’explorer les modalités selon lesquelles la littérature transcendentaliste et de la renaissance américaine met en mots le début du passage de la nature à l’environnement, surtout dans ses interprétations de la science de l’époque. Pendant cette période, le concept de la nature a subi une profonde transformation, passant d’une idée plutôt déiste de l’unité métaphysique de la nature, à une approche plus empiriste ou pragmatique de l’environnement. Il s’agit également d’une époque d’investigation scientifique intense où le sujet même de l’étude scientifique évolue. Quelle forme de dialogue la littérature engage-t-elle avec ces transformations complexes ? A quel moment la notion d’environnement fait-elle son entrée dans la littérature ? Du « I will be a naturalist » d’Emerson aux réflexions de Melville sur la science, en passant par les scientifiques fictifs de Hawthorne, l’Eureka de Poe, et le journal de Thoreau centré sur l’environnement, un grand nombre d’attitudes envers la science, ainsi que les théories, découvertes et pseudo-découvertes de l’époque, ont trouvé leur place dans la littérature. La création littéraire a fourni un medium privilégié pour l’interprétation et la « digestion » culturelle du passage de la nature à l’environnement, ainsi que de ces enjeux scientifiques.
Quelques pistes, parmi d’autres possibles, pour l’atelier :
L’ambiguïté du romantisme envers la science et la rationalité : la science apporte-t-elle un éclairage sur l’harmonie de la nature, ou bien le progrès scientifique nuit-il à l’équilibre de la nature ?
La relation entre l’homme et la nature, à travers les différentes perspectives sur la science qui apparaissent dans la littérature : la science démontre-t-elle l’intégration harmonieuse de l’homme dans la nature, ou ne fait-elle que fournir des outils à ce dernier pour contrôler et domestiquer l’environnement ?
La technologie, la science appliquée et leurs formulations dans la littérature : le motif de la pastorale et de « la machine dans le jardin » ainsi que les expressions littéraires de l’impact de la technologie sur l’environnement.
Conceptions religieuses et idées scientifiques de la nature : sont-elles compatibles? Quelles sont les expressions littéraires de ces enjeux ? Par exemple, l’idée puritaine selon laquelle le diable vit dans la forêt se trouve balayée par la rationalité et la science ; en outre, la perspective déiste maintenait l’idée d’une convergence entre loi naturelle scientifique et loi morale.
La montée de l’empirisme et/ou du pragmatisme, et leur expression dans la littérature : comment la littérature met-elle en lumière ces transformations de la conception de la nature ?
Les expressions littéraires des nouveaux systèmes de classification botaniques, les découvertes en géologie, le darwinisme et les théories de l’évolution qui l’ont précédé, les progrès en chimie… ainsi que les « pseudo-sciences » et impasses scientifiques de l’époque. On pourra également s’interroger sur la manière dont la littérature subvertit, conteste, réinvente ces évolutions scientifiques.
Les propositions sont à envoyer à Danielle Follett et Ronan Ludot-Vlasak

The shift from nature to environment in American literature, 1820-1870:
literary reflections of contemporary science

The purpose of this workshop is to explore the many ways in which the literature of transcendentalism and the American Renaissance reflected the beginning of the shift from nature to environment, especially in its interpretation and expression of contemporary science. During this period, the concept of nature underwent great transformations, generally passing from a more deist idea of the metaphysical unity of nature, to a more empiricist or pragmatic concept of the environment. This was also a time of intense scientific investigation, and with the transformation of the idea of nature came a shift in the way the object of scientific study was understood. How did literature respond to these complex shifts? When do we see the notion of the environment appearing in the literature of the period? From Emerson’s “I will be a naturalist” to Thoreau’s environmentally oriented journal-writing, to Hawthorne’s fictional scientists, Melville’s reflections on science, Poe’s Eureka and further, many attitudes toward nature and science, as well as contemporary theories, discoveries and pseudo-discoveries found their way into literature. Literary creation thus provided an important site for the cultural interpretation and digestion of the shift from nature to environment, as well as these scientific issues.
Topics may include the following:
The romantic ambiguity toward science and rationality: does science shine a light onto the harmony of nature, or is scientific progress somehow contrary to the integrity and balance of nature?
The relationship between humanity and nature, in the different views of science that appear in literature: does science show how humanity is integrated harmoniously within nature, or does science only provide the tools for humanity’s control or domestication of nature?
Technology and applied science as they are formulated in literature: the pastoral, the “machine in the garden” and literary expressions of the impact of technology on the environment.
Are religious and scientific ideas of nature compatible? What are the literary expressions of this issue? For example, the puritanical notion that the devil lives in the forest was an idea that was swept away by rationality and science; on the other hand, the deist world-view maintained the idea of a convergence of natural and moral law.
The rise of empiricism and/or pragmatism, and their place in literature: how does literature express the changing conceptions of nature and the natural environment?
Literary expressions of the impact of new botanical systems of classification, new discoveries in geology, Darwinism and earlier theories of evolution, progress in chemistry, etc., as well as contemporary pseudo-sciences or scientific dead ends. In what ways did literature also subvert, contest or reinvent such scientific advances?
Please send proposals to Danielle Follett and Ronan Ludot-Vlasak

– Olivier FRAYSSÉ (Paris Sorbonne) et Donna KESSELMAN (Paris XII)

De nature à environnement, des enjeux sociaux médiatisés

Le passage de la notion de nature à celle d’environnement, y compris la fusion/confusion de deux concepts ayant chacun une longue histoire peut-elle s’analyser sans la médiation du social et du politique ?
Esclavage des races adaptées au climat, loi naturelle du marché, fondation explicite des institutions sur la nature humaine, darwinisme social, Bell Curve, toute l’histoire américaine nous renvoie au fondement idéologique d’une prétendue naturalité du social, assise sur la notion de Création.
Dans la réalité, c’est plutôt le social qui détermine le rapport à la nature, et l’environnement « naturel » où vivent les hommes. Aux États-Unis, il est plus qu’ailleurs directement exprimé par le politique. Des paysages créés par la politique fédérale des terres publiques et les tracés des lignes de chemin de fer à la relance verte d’Obama, en passant par les town plans, King Cotton, l’extermination des bisons, le réseau hydrographique dessiné pendant le New Deal, le Highway Act de 1954, les Clean Air Acts, les réglementations minières, etc., un continent « vierge » a été façonné en deux siècles par le travail humain dans un cadre social qui a déterminé des décisions politiques.
Si le travail est la principale médiation entre l’homme et la nature, c’est en effet dans le cadre de rapports sociaux donnés qu’il réalise cette médiation : chaque prise de position sur « la nature », et aussi « l’environnement » est une prise de position dans les rapports sociaux, chaque prise de décision dans les rapports sociaux modifie le cadre dans lequel l’homme agit sur la nature, et le résultat concret du travail humain sur la nature est déterminé par le jeu des forces sociales dans le champ politique.
Les forces sociales dont la résultante est le travail de transformation de la nature agissent par le biais d’intermédiaires : lobbies, associations, syndicats, organes de presse, puissance publique. La manière dont les enjeux sociaux sont ainsi médiatisés influe in fine sur la nature depuis longtemps, mais aussi sur l’évolution des concepts : les débat sur l’érosion des sols cotonniers, les inondations, le ranching, le boll weevil, le Dust bowl, les enseignements de l’USDA ou du National Geographic ont joué un rôle crucial.
Les questions sociales ont toujours modelé la pensée des rapports de l’homme avec la nature et l’environnement : quand William Jennings Bryan parlait d’environnement, il parlait de « l’environnement chrétien de son enfance », il parlait de Dieu quand il parlait de la Nature, et refusait le darwinisme parce qu’il refusait le darwinisme social. Quand B.F. Skinner faisait disparaître le sujet dans l’interaction comportementaliste entre stimuli internes et externes, il s’inscrivait dans l’environnement marketing de la société de consommation.
Quels sont donc les enjeux sociaux et politiques qui ont permis le glissement de la notion de nature à celle d’environnement au sens actuel du terme, quelles sont les conséquences sociales et politiques de ce glissement, comment les forces sociales en ont-elles fait usage ?
C’est à cette dimension socio-politique de la question que nous nous intéresserons dans cet atelier.
Les propositions sont à envoyer à Olivier Frayssé et Donna Kesselman

From Nature to Environment: the Social and its mediations as Mediator

When nature as notion turns into environment, through the fusion / confusion of two concepts with their own narratives, can this be understood without the social and political as mediators?
Enslavement of races adapted to climate, natural market laws, institutions explicitly conceived to deal with human nature, social Darwinism, Bell Curve… American history perpetually renews the ideological foundations of an allegedly natural social reality, within the paradigm of Creation.
In reality, the way human beings interact with nature and their “natural” environments is driven by social forces. In the US – more than elsewhere? –, this socially driven interaction is expressed in political terms. From landscapes sketched out by federal public land and railroad policies to Obama’s green recovery plan, not to mention town plans, King Cotton, the extinction of the buffalo, the New Deal’s hydrographical network, the 1954 Highway Act, Clean Air Acts, mining regulations… a “virgin” continent was sculpted by two centuries of human labor, at work within social relations that shape political decisions.
Work is the main mediator between human beings and nature, operating within social relations at a given time: the stance one takes vis-à-vis “nature” and / or “environment”, depends on one’s place within the social; decisions affecting society’s relations modify the frame in which human beings act upon nature, and the materialization of human work applied to nature proceeds from social forces as they play out in the realm of politics.
Social forces which impact nature through work are expressed via intermediaries: business, associations, labor unions, the press, and public powers. Such mediation of social stakes has left its mark upon nature, as upon concepts and their evolution: debates over the erosion of cotton fields, floods, ranching, boll weevil, Dust Bowl, or the education provided by USDA or The National Geographic have played a crucial role.
Social issues have consistently cast relations between humans, nature and the environment: when William Jennings Bryan spoke of environment, he was speaking of the “Christian environment of his youth”, of God when he spoke of Nature, and his refusal of Darwinism was inseparable from his fight against social Darwinism. When the person as subject vanished into B.F. Skinner’s behaviorist interaction between internal and external stimuli, it did so within the marketing environment of consumer society.
What are the social and political determinants of the move “from nature to environment”? What are the social and political stakes and consequences of this evolution, how has it been exploited by social forces? This panel proposes to explore the socio-political dimension of this transition.
Proposals should be sent to Olivier Frayssé and Donna Kesselman

– Wendy HARDING (Toulouse le Mirail ; CAS) & Jacky MARTIN (Montpellier 3)

Habiter l’inhabitable

Cette formulation paradoxale a pour but de dégager le thème de cet atelier et dénoncer son apparente banalité. Notre problématique sera l”habiter”, une autre façon de contourner l’inévitable dualité nature/culture.
Le glissement terminologique de “nature” à “environnement » dans le discours ambiant semble avoir résolu l’incidence et conséquences de l’inscription de l’homme dans son univers. Autrefois « nature » était tout ce qui n’était pas habitable ; aujourd’hui, dans le cadre des idéologies de l’ « environnement», notre habitation ne distingue plus ce qui est habitable de ce qui ne l’est pas. Nous sommes placés dans une niche écologique quelque part au centre ou dans la complexité d’un univers avec lequel nous interagissons. Le problème de l’habiter semble évacué, non pertinent.
Or ce problème continue à se poser, comme par le passé, peut-être de façon encore plus aiguë. L’habiter en tant qu’interface entre humain et non humain nous semble brouiller les concepts d’humain et de non humain en ce sens qu’elle concerne la nécessité pour les hommes de s’adapter et/ou d’adapter leur environnement. Les deux processus ne sont pas seulement en interaction, ils sont interdépendants. Ils ne concernent plus des concepts stables mais des processus. En envisageant les deux limites extrêmes de cette interface :1/ l’adaptation de l’humain dans les milieux hostiles (Les lieux extrêmes sont les espaces préférés des Nature Writers) et 2/ l’adaptation des milieux hostiles à la présence des hommes (On pense aux régions autrefois désertes ou marécageuses qui ont vu surgir d’immenses ensembles urbains), nous avons voulu sensibiliser le colloque non seulement à ce phénomène, mais à ses nombreuses réalisations dans le contexte américain : on pense aussi au paradoxe sociologique de certains Parcs Nationaux vidés de leurs habitants pour redevenir sauvages et à l’exil de ces mêmes populations vers des territoires inhospitaliers.
Dans ce processus d’adaptation mutuelle, ni l’humain ni le non humain ne sortent indemnes. On est dans le domaine des mixtes, des hybrides, des « cyborgs » et des phénomènes d’interférences que nous observons aussi bien dans la littérature que dans la culture américaine. Habiter est aussi bien habiter l’espace qu’être habité par l’espace.
Les propositions sont à envoyer à Wendy Harding et Jacky Martin

Dwelling in uninhabitable places

The paradoxical title of this session aims to focus on the question of dwelling in a way that will take us beyond its apparent banality. Our focus on dwelling in uninhabitable places is hopefully a way to get around the apparently inevitable duality between nature and culture. The transition from the term “nature” to that of “environment” in current discourse seems to have revised and resolved the question of humanity’s insertion in the universe. Formerly. “nature” designated all that was not habitable ; now, with the concept of environment, our dwelling places no longer distinguish what is suitable for habitation from what is not. Instead they are placed somewhere within an ecological niche at the center of or within the complexity of a universe with which we interact. The question of dwelling as intermediary between habitation and location seems to have been evacuated, or seems not pertinent.
Yet this problem remains, as in the past, perhaps even more acutely. Redefining dwelling as an interface between the human and non-human seems to blur the two categories insofar as it requires human beings to adapt their environment or to adapt to it. The two processes are not only interactive, they are also interdependent. They no longer involve fixed concepts but processes. We can envisage two extreme limits of the interface between humanity and the non-human: 1) human adaptation to hostile environments (American Nature writers have a tendency to seek out extreme conditions) and 2) the adaptation of hostile environments to the presence of man (consider the desert regions or former swamps in which vast urban conglomerations have grown up). Such apparently perverse situations are fairly common in the American context. We could also consider the sociological paradox of some National Parks which have been emptied of their inhabitants in order to be converted to wilderness, while at the same time, government policy has exiled those populations into inhospitable territory.
In the process of mutual adaptation, neither the human nor the non-human comes out unchanged. Instead we are in the domain of mixtures, hybrids, “cyborgs” and other phenomena of interference to be found in American literature and more generally in the culture. Dwelling means both living in space and being inhabited by space.
Proposals should be sent to Wendy Harding and Jacky Martin

– Abigail LANG (Université Denis Diderot – Paris 7)

Poétique(s) écologique(s). Formes et genres

Les critères qui définissent les « textes environnementaux » concernent avant tout leur contenu. Il s’agira ici de s’interroger sur les effets formels qu’une prise de conscience écologique peut avoir en littérature.
Quelques pistes, non exhaustives :
. Les textes présentant une sensibilité écologique manifestent-ils une affinité pour certains genres (fiction, poésie, théâtre, essai) ou certaines formes ?
. En biologie comme en littérature, la classification par genres donne lieu à des croisements et des hybrides. La « naissance » de Dolly et les manipulations scientifiques du vivant ont-elles des échos formels en littérature ?
. L’écologie remet l’homme à sa place dans la chaîne des êtres et dans le système des échanges. Par quels moyens formels la littérature réalise-t-elle ce changement de perspective ? Comment la littérature reflète-t-elle la remise en cause du schéma sujet-objet ?
. Les animaux sont traditionnellement mis à contribution par la littérature pour les abécédaires et les fables, réduits à une lettre ou à un trait, stéréotypés et humanisés. En philosophie, l’animal est le faire-valoir de l’exception humaine, le fond sur lequel se détache le propre de l’homme : raison et langage. Quels sont les procédés qu’invente la littérature pour représenter son autre, les êtres hors-la-langue ?
. Quand l’écologie devient militante et se fait écologisme, la littérature retrouve les écueils traditionnels de l’engagement et de la propagande. Les écrivains à sensibilité écologiques ont-ils développé de nouvelles formes pour convaincre ?
. Parmi les innombrables pratiques citationnelles contemporaines, peut-on dégager des techniques et une esthétique du recyclage ?
. La « découverte » de la nature à la fin du XVIIIe siècle a partiellement défini le romantisme. L’acuité de la crise écologique actuelle suscite(ra)-t-elle un semblable bouleversement esthétique ?
Au final, peut-on esquisser une, plusieurs poétiques(s) écologique(s) ?
Tous les genres littéraires pourront être abordés : fiction, poésie, théâtre, essai, théorie.
Les propositions sont à envoyer à Abigail Lang

Ecological poetics. Forms and genres

« Environmental texts » tend to be defined in terms of content and approach. This panel proposes to consider and explore the formal effects that a growing ecological awareness produces in literature. All literary genres may be considered : fiction, poetry, theatre, essay and theory.
The following topics might be considered:
. Do texts that display an ecological awareness favor certain genres (fiction, poetry, theatre, essay) or forms?
. In biology as in literature, classifying individuals by genres creates cross-breeding and hybrids. Have the “birth” of Dolly and other genetic manipulations had formal echoes in literature?
. Ecology puts man in his place within the chain of beings and the system of exchanges. By what formal means does literature enact this change of focus? How can it question the ingrained subject-object pattern?
. Literature has used the service of animals for alphabet books and fables, reducing them to a letter or a trait. Western philosophy has used animals as foils, as a ground for the figure of man’s exceptionality: reason and language. By what techniques can literature represent its other — beings outside language?
. When ecology turns to politics and activism, its literature runs the familiar risk of propaganda. Are ecologically-minded writers inventing new forms of persuasion?
. Among the countless current practices of citation, do specific techniques and an aesthetic of recycling emerge?
. Romanticism partly emerged from the “discovery” of nature at the end of the XVIIIth century. Is the acuteness of the current ecological crisis about to produce an aesthetic revolution even remotely similar in scope?
Ultimately, can a (or various) poetics of ecology be sketched?
All literary genres may be considered: fiction, poetry, theatre, essay, theory.
Proposals should be sent to Abigail Lang

– Lionel LARRÉ (Université Bordeaux 3)

Les Amérindiens, de la nature à l’environnement

L’objectif de cet atelier sera dans un premier temps de dépasser les clichés trop communs quant aux Indiens et aux rapports qu’ils entretiennent avec la nature. Il s’agira cependant dans un deuxième temps, en examinant l’histoire et les pratiques ancestrales, certes, mais surtout les cultures et sociétés modernes amérindiennes, de comprendre ce rapport avec ce qu’il conviendra de définir comme nature ou comme environnement : les Amérindiens forment-ils/ont-ils formé des sociétés naturelles ou des cultures environnementales ? À quel point les conceptions amérindiennes ont-elles inspiré les formes écologiques euro-américaines ? Peut-on dire que les formes écologiques euro-américaines ont influencé les manifestations modernes de préservation ou de conservation des Amérindiens ? Quel est le lien à établir – certains le font – entre la préservation de cultures ancestrales et la protection de l’environnement ? Il y aura un intérêt à tenter de répondre à certaines questions proposées dans l’appel du Congrès d’un point de vue amérindien, au regard des cultures et pratiques amérindiennes : entre autres, « la place de l’homme au centre est-elle la meilleure façon de penser la relation entre l’humain et le non-humain » ? Quels sont les « droits des animaux dans une nature devenue environnement » ? « Quel est le rôle de l’enracinement dans un lieu » ?
Si les supports de la réflexion peuvent être des textes littéraires, la réflexion devra se mener dans une perspective de cultural studies et jeter des ponts entre littérature et civilisation.
Les propositions sont à envoyer à Lionel Larré

Native Americans from Nature to Environment

The first objective of this workshop is to move beyond the usual clichés about the Native Americans and their relationship to nature. Participants are invited to examine not only the history and the ancient cultural practices but also modern Native American cultures and societies in order to understand the relationship they have with what will be defined as nature or environment. Have Native Americans ever formed natural societies or environmental cultures? To what extent have Native concepts inspired Euro-American forms of ecology? Have Euro-American ecological manifestations inspired modern preservation policies of Native America? What is the link one can establish between the preservation of ancient cultures and the protection of the environment? Besides these questions, it will be interesting to try to answer some others suggested by the conference call for papers: should the relationship between the human and the non-human be constructed with man occupying the center? What are the rights of animals when nature has become the environment?
Literary texts are only some of the documents which should be examined to answer these questions and others to be posed, but the analysis should be placed in a cultural studies perspective.
Proposals should be sent to Lionel Larré

– Janine LEMAIRE (Université de Provence, Aix-Marseille I) et Bénédicte SISTO (Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand)

Parcs nationaux américains : espaces protégés, espaces menacés

Yellowstone, premier parc national au monde, fut créé en 1872 dans l’idée de préserver un paysage exceptionnellement spectaculaire tout en mettant la nature à la disposition du public à des fins récréatives (« for the benefit and enjoyment of the people »). Près d’un demi-siècle plus tard, en 1916, le Congrès américain votait le Organic Act marquant la naissance du National Park Service investi d’une mission de préservation et de protection des parcs (au nombre de 14 à l’époque) mais aussi de transmission intacte des sites aux générations futures. En 1947, grâce à la détermination de l’écologiste Marjory Stoneman Douglass, était inauguré le parc des Everglades, avec pour ambition nouvelle de protéger l’environnement. Si les États-Unis comptent aujourd’hui 58 parcs situés en grande majorité dans l’Ouest américain (plus d’un tiers sont regroupés dans les trois États que sont l’Alaska, la Californie et l’Utah), notre atelier propose de s’intéresser à l’évolution des parcs nationaux, « non plus au nom de la mémoire, mais en fonction d’enjeux écologiques ». Nous pourrons par exemple étudier :
. la façon dont les biologistes, loin de considérations purement esthétiques, ont progressivement imposé une gestion scientifique plus écologique des ressources naturelles des sites ;
. les pratiques de gestion de la nature et de la vie animalière adoptées face aux conséquences engendrées, par exemple, par :
la surfréquentation des lieux (5 millions de visiteurs en 1932, 35 millions en 1952, et 272 millions en 2007) et la tension entre deux priorités divergentes : la protection du parc et l’accueil des visiteurs ;
la pollution environnante provoquée, par exemple, par les véhicules motorisés mais aussi par les activités périphériques comme l’agriculture intensive ;
l’arrivée d’espèces intrusives provoquant des ravages sur l’environnement local ;
les effets du réchauffement climatique.
. l’empiètement urbain qui réduit le périmètre des parcs ; les débats entre élus et défenseurs de l’environnement (on citera par exemple la National Parks Conservation Association, le Conservation Movement ou bien encore le Sierra Club) lorsque l’intérêt des parcs rencontre celui des industriels, compagnies pétrolières ou des promoteurs immobiliers ;
. l’évolution des pratiques de gestion liées au mode de financement des parcs : politique fédérale, donations, philanthropie,…
. les considérations écologiques, au fil des décennies, des leaders politiques et des différentes administrations (y compris l’administration Obama) vis-à-vis des parcs nationaux
. la situation actuelle de crise liée aux restrictions budgétaires : usure du réseau et des infrastructures, entretien insuffisant, manque récurrent de personnel…
Près de 150 ans après la création de Yellowstone, peut-on encore parler de préservation intacte des lieux dans ces vastes espaces publics souvent décrits comme les trésors de l’Amérique sauvage ? D’un partage de la nature et des connaissances avec les générations à venir ? Les parcs nationaux ne sont-ils pas devenus des laboratoires d’observation des dommages causés par l’homme sur son environnement ? Sont-ils condamnés à se détériorer ou bien pourront-ils rester des sanctuaires ? La priorité jusqu’ici accordée par le National Park Service à l’aménagement des « beautés de la nature » cédera t-elle la place à une gestion plus strictement scientifique de ses ressources dans le cadre de la protection de l’environnement ? Notre atelier accueillera des communications portant sur les différents aspects des parcs nationaux au cours de leur histoire sans limitation aux thèmes évoqués ci-dessus.
Les propositions sont à envoyer à Janine Lemaire et Bénédicte Sisto

National Parks in the United States : under protection, or under threat?

Yellowstone, America’s first national park, was established in 1872 in order to preserve a scenic natural wonder “for the benefit and enjoyment of the people”. Nearly half a century later, in 1916, the U.S. Congress passed the Organic Act giving the National Park Service the responsibility for not only conserving and protecting parks (14 at the time), but also for leaving them “unimpaired for the enjoyment of future generations.” In 1947, the Everglades National Park officially opened thanks to the efforts of environmental activist Marjory Stoneman Douglas, marking the first large-scale attempt to protect the area’s unique fauna and flora. Today, the number of parks has expanded tremendously: the National Park Service manages 58 national parks located mostly in the American West with one third of them in Alaska, California and Utah. This workshop will explore the critical interaction between Man and the environment and will examine the ways in which the preservation of nature in American national parks has evolved. Papers are invited to focus on:
. the way resource managers, especially biologists, have progressively imposed the role of ecological science in parks beyond the scope of purely aesthetic considerations;
. the park management of nature and animal life when dealing with the consequences caused by:
overcrowding (5 million tourists in 1932, 35 million in 1952, 272 million in 2007) and the tension between two divergent priorities: protection of the natural environment and providing visitor facilities;
environmental pollution caused by visitors’ motor vehicles but also by surrounding activities like intensive farming;
the arrival of invasive species that harm the parks’ ecosystems;
the environmental effects of global warming;
. urban development encroaching on park areas; debates over the use of land between environmentalists (the National Parks Conservation Association, the Conservation Movement, the Sierra Club etc.,) and local government representatives, manufacturers, oil companies, property developers, etc.
. the evolution of the National Park Service budget over the years: federal funding, donations, philanthropy…
. the way environmental issues have been taken into account by political leaders and the federal government of the United States (including the Obama administration) over the last hundred years;
. the current financial crisis and the budget restrictions national parks have recently been facing: wear and tear in park networks and infrastructure, insufficient maintenance, understaffing and underfunding, etc.
Nearly 150 years after Yellowstone was first established, can the national parks, often referred to as America’s national treasures, still be considered “wilderness areas”? Is this natural heritage really “unimpaired for the enjoyment of future generations”? Or has it become a scientific observatory for studying the various negative effects of climate change on the environment? Are they destined to remain sanctuaries or are they doomed to deteriorate? Will the priority hitherto given by the NPS to preserving “the beauty of Nature” eventually give way to stricter scientific management of natural resources with a view to environmental conservation? Our workshop invites papers dealing with any aspect of the history of national parks including – but not limited to – the topics mentioned above.
Proposals are to be sent to Janine Lemaire et Bénédicte Sisto

– Gilles MENEGALDO (Université de Poitiers) et A-Marie PAQUET-DEYRIS (Université Paris X-Nanterre)

Cinéma américain : de la nature à l’environnement

La définition de l’identité américaine a toujours été liée au rapport de l’homme à la nature. L’importance du paysage naturel et des grands espaces dans le western, genre fondateur, en est un exemple essentiel. En fait, ce genre, pensé comme « pur » depuis les origines car relativement dépourvu de toute hybridité, fait à chaque nouvelle occurrence le récit d’un enracinement dans un lieu spécifique que les pionniers s’approprient. Un lieu spécifique mais qui, précisément, devient iconique et stéréotypique, et qui fonde à l’écran ce qu’on pourrait appeler l’environnement westernien.
L’implantation d’une communauté qui se structure autour de cet environnement nouveau et les enjeux, notamment écologiques et politiques, qu’elle génère, implique inévitablement un conflit avec la visée utopique d’un rapport vierge à la nature. Récits d’une impossible isolation, certains films comme le western écologique Jeremiah Johnson de Sydney Pollack en 1972, ou le road movie « écologiquement correct » mais désabusé Into the Wild de Sean Penn en 2007, reflètent la complexité de ce lien problématique, cette ligne frontière entre environnement et nature sauvage. Lopposition entre espace vierge et lieu reformaté se retrouve également transposée dans le motif du désert tel qu’il est exploré dans le film d’horreur ou le cinéma de science-fiction.
Nature et environnement infléchissent aussi les modes de représentation des problèmes liés au développement urbain. L’affrontement ville/nature dans le film noir (Out of the Past, Jacques Tourneur, 1947 ; Asphalt Jungle, John Huston, 1950) en serait probablement l’exemple le plus systématique et le plus singulier.
Enfin, tous genres confondus, l’importance de l’environnement urbain dans le cinéma américain est centrale. Les enjeux liés à la sécurité, à l’immigration, aux conflits entre communautés (Spike Lee et ses films des années 1980 comme Do the Right Thing, 1989) y sont explorés selon des perspectives multiples. Les déclinaisons politiques, esthétiques ou autres en sont récurrentes, depuis la terreur du contrôle environnemental dans THX 1138 (George Lucas, 1971), la surpopulation dans Soylent Green (Richard Fleischer, 1973) et plus récemment, avec la manipulation absolue des individus dans Dark City (Alex Proyas, 1998), ou le surgissement du chaos dans les films-catastrophes et de cataclysmes naturels. Dans de nombreux films contemporains qu’on ne manquera pas d’explorer, une tension dynamique s’instaure entre nature et environnement. La mise en scène d’un paysage dévasté ou au contraire, d’un espace refuge préservé du chaos, signifie la nécessité du maintien d’un équilibre qui reste le plus souvent précaire.
En vous inspirant librement de ces quelques lignes directrices, merci d’expédier un intitulé précis, un bref synopsis de votre projet de communication, ainsi qu’un court CV de 5 lignes au plus aux deux adresses suivantes
Gilles Ménégaldo, Anne-Marie Paquet-Deyris

American Cinema: from Nature to Environment

Defining Americanness has always been strongly connected to man’s relation to Nature. The importance of virgin territory and wide open spaces in western movies, a founding genre if any, is a good example of it. Each new western movie whose genre is often referred to as “pure” since the beginning because of its non-hybrid nature offers new variations on the story of pioneers settling down in a specific place they take over. It is at first a truly specific place, but it soon turns iconic and stereotypical thus founding and defining what could be called the western environment.
A community developing a new type of environment and the political and ecological stakes it entails inevitably stand in sharp contrast with the utopian view of some unfettered connection to Nature. Narratives of such an impossible relation like Sydney Pollack’s 1972 ecological western Jeremiah Johnson or Sean Penn’s 2007 Into the Wild reflect this complex and problematic rapport, this metonymic frontier line between the environment and the wilderness. The opposition between virgin space and reformatted place is also inscribed on screen through the motif of the desert, especially in horror or SciFi movies.
Nature and environment also reshape the representational modes of the problems linked to urban development. Film noir’s opposition between city and Nature (in Jacques Tourneur’s 1947 Out of the Past or John Huston’s 1950 The Asphalt Jungle) would probably provide the most systematic and distinctive instance of it.
Whatever the genre however, the urban environment in American cinema takes center stage. The problems relating to security, immigration, inter-communal conflicts (Spike Lee and his films from the 1980s such as Do the Right Thing, 1989, for example) are being consistently explored from diverse perspectives. Their inflections whether political, aesthetic or other are wide-reaching, from the scare of environmental control (THX 1138, George Lucas, 1971), overpopulation (Soylent Green, Richard Fleischer, 1973) to more recently the nightmare of absolute power over individuals (Dark City, Alex Proyas, 1998) and the irruption of chaos in disaster movies.
Thank you for sending your proposals, abstratcts & 2 to 5 l. bios to both e-mail addresses:
Gilles Ménégaldo, Anne-Marie Paquet-Deyris

– Monica MICHLIN (Université Paris-Sorbonne) et Serge ChAUVIN (Université Paris X-Nanterre)

Nature offerte, territoire conquis, environnement à (re)construire :
le cinéma face aux paysages américains

Si les films mettant en scène la question de l’environnement au sens écologique le plus contemporain du terme sont d’apparition relativement récente, nombreuses sont les œuvres mettant en scène la présence humaine dans des paysages sauvages (déserts, rapides, montagnes, plaines), souvent déjà en voie d’être conquis, voire pollués, par l’activité humaine. Objet de contemplation mystique, lieu d’un retour aux sources, « autre » affronté comme un défi ou une aventure, la nature est aussi le théâtre, voire l’objet, d’âpres luttes, pour des ressources cachées dans le sous-sol ou déployées somptuairement dans le paysage lui-même (vertes prairies, forêts à perte de vue, cours d’eau, paysages côtiers, océan…). Si l’espace sauvage est souvent synonyme de liberté, si la thématique de la Frontière reste forte, le désir d’un ailleurs encore « pur » comme peut l’apparaître, aujourd’hui, le Grand Nord, n’est-il pas l’envers déjà nostalgique des terreurs qui apparaissent dans le cinéma fantastique ou les thrillers représentant la contamination des villes par des virus, la guerre nucléaire, et toutes les autres formes de désastre liées à l’activité humaine ?
Cet atelier sera un lieu où s’interroger sur la manière dont le cinéma américain, à travers différents genres – du film d’aventures épique à la science-fiction dystopique, du thriller au road movie – donne à voir les rapports de la nation à son espace, et dont le questionnement écologique fait évoluer cette vision du concept de nature à celui d’environnement, et d’une approche esthétique à une approche politique.
Quelques pistes possibles :
. La nature : présence, espace, symbole, territoire à conquérir, ou simple « décor » ?
. Le cinéma « immortalise-t-il » les paysages filmés ? Du cadrage au cliché, le cinéma marque-t-il au contraire la « dénaturation » des espaces captés sur pellicule ?
. Gigantisme et démesure ; paysage sublime ou dégradation « apocalyptique » d’un environnement « déchu »…
. Lien entre oppression politique et environnement hyper-urbain (Blade Runner, Minority Report, etc), mais aussi entre environnement urbain contemporain et liberté (Woody Allen et al) ; nostalgie « agrarienne » dans les films situés en milieu rural ; l’environnement suburbain comme cauchemar américain ou comme caricature …
. Affrontement avec les forces de la nature ; paradoxe du lieu naturel « surnaturel » (topos de l’île fantastique) ; paradis perdu ; enfer…
. Espace et diversité ; enracinement local ou régional et fresques épiques « nationales »…
Les propositions sont à envoyer à Monica Michlin et Serge Chauvin

Discovering Nature, conquering the territory, (re)building the environment:
cinema and the American landscape(s)

If films staging the environment in the contemporary, ecological meaning of the term are relatively recent, numerous works stage natural landscapes (deserts, wild rivers, mountains, plains), undergoing human conquest – and, often as not, pollution. As an object of mystic contemplation, as a wellspring for rebirth, or as an alien presence to be faced as a challenge or an adventure, Nature is also the theater, and the object, of a merciless struggle for the resources it either conceals beneath its surface or abundantly displays (grassy prairies, forests stretching as far as the eye can see, rivers and streams, the coasts, the oceans…). If the wild seems synonymous with freedom, and if the motif of the Frontier still endures, the desire for some other, as yet unsullied or « pristine » landscape, such as the Great North might embody today, may well be the nostalgic twin of the terrors expressed in dystopian films or thrillers depicting cities contaminated by viruses, by nuclear fallout, or any other disaster resulting from human activity.
This workshop will examine how American cinema in its many genres — from epic adventure film to science-fiction, from thrillers to road movies – stages the relation between the American nation and space, and stress how the ecological perspective has prompted a shift from the concept of Nature to that of the environment, i.e., a shift from a purely aesthetic perspective to a more political one.
A few issues to be explored:
. Nature: presence, space, symbol, territory to be conquered, or mere “setting”? -Does cinema immortalize the landscapes it films? From framing to snapshot and to stereotype, does cinema on the contrary alter the nature of the spaces “captured” on film?
. Gigantism and excess; sublime landscape or apocalyptic “degradation” of a “fallen” environment…- – The connection between political oppression and a hyper-urban environment (Blade Runner, Minority Report, etc), but also between contemporary urban environments and freedom (Woody Allen et al); “agrarian” nostalgia in films set in rural settings; the suburban environment as American nightmare or as caricature…
. Confronting the forces of Nature: the paradox of the “supernatural” natural landscape (topos of the enchanted island); symbolization of either a paradise lost or a hell on earth…
Space and diversity: locally or regionally rooted versions of identity; epic sagas defining a “national” identity.
Proposals should be sent to Monica Michlin et Serge Chauvin

– Béatrice PIRE (Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3)

« Où vont les canards en hiver ? »
Central Park et autres parcs dans l’imaginaire littéraire américain

Dessiné par les architectes paysagistes Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux en 1857, Central Park est le premier grand parc public aux États-Unis. « Trouée géante dans la grille de Manhattan » (Hubert Damisch) abritant quelque 200 espèces d’oiseaux et une dizaine de mammifères, il est une célébration de la monumentale nature américaine, divisée en trois ensembles : la pastorale, le pittoresque et une partie d’inspiration plus formelle. Espace de sauvagerie au sein de la civilisation, corps primitif en marge du corps institutionnel, il permet l’inscription dans la géographie urbaine d’un temps mythique, parallèle à l’histoire. Le but de l’atelier est de cerner, dans la littérature (romans, poésie, théâtre), comment cette réserve naturelle (eau, végétation, faune) crée un environnement spécifique dans la ville et module identités et relations : surgissement des fantasmes et des pulsions, rapport spécifique à la liberté et au plaisir, nouveau lien démocratique. Les participants sont invités à souligner en quoi Central Park – comme toile de fond, métaphore ou personnage à part entière – détermine une ontologie urbaine originale et distincte de la jungle en asphalte alentour. D’autres grands parcs publics peuvent aussi être abordés.
Les propositions sont à envoyer à Béatrice Pire

« Where do the ducks go in winter ? »
Central Park and other parks in American literary imagination

Designed in 1857 by landscape architects Frederick Law Olmsted and Calvert Vaux, Central Park was the first urban public park in the United States. « A gigantic gap in the Manhattan grid » (Hubert Damisch), it is a wildlife sanctuary, an oasis for a few hundred migrating birds, an American nature in miniature that divides into three different kinds of landscapes, pastoral, picturesque and a more formal one. As a wilderness surrounded by civilization, a primitive locus set aside by the social and institutionalized world, it allows access to mythic time outside history. This workshop looks at the way this natural reserve has created a unique environment within the city and mapped new identities and relations. How do animals, water and vegetation in a public park deeply redefine the urban self, others and the very notions of freedom, pleasure and democracy? Participants to this pannel should show how Central Park, as a setting, a metaphor or a character even, determines a specific urban ontology that is different from the asphalt jungle around. Other public parks, also central in American literary imagination (whether in fiction, poetry or theater) can be picked up.
Proposals should be sent to Béatrice Pire

– Serge RICARD (Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

Préservation contre conservation ; d’une nature idéalisée à un environnement maîtrisé :
les théories et politiques environnementales aux États-Unis du XIXe siècle à nos jours

On s’intéressera aux sensibilités et à l’héritage de deux courants et de deux philosophies antagoniques dont on trouve les prémices au XVIIIe siècle et que vont incarner deux pères fondateurs de l’écologie américaine, John Muir et Gifford Pinchot. La vision idéalisée de Muir d’une nature dont la pureté originelle doit être préservée sera partagée un temps par Pinchot qui s’en écartera et se verra préférer très vite, sous l’influence de ce dernier, une conception utilitaire de la conservation des ressources naturelles pour les générations futures qui conduira aux politiques actuelles de développement durable.
Les propositions sont à envoyer à Serge Ricard

Preservation vs. Conservation; from Idealizing Nature to Taming the Environment:
Environmental Theories and Policies in the United States from the 19th Century to Our Day

Emphasis will be placed on the positioning and legacies of two antagonistic trends and philosophies embodied by two founding fathers of American ecology, John Muir and Gifford Pinchot, and whose origins can be traced back to the 18th century. Muir’s idealized view of nature whose primeval purity must be preserved was shared for a short while then abandoned by Pinchot. Under the latter’s influence Muir’s vision was quickly superseded by a utilitarian conception of the preservation of natural resources for the generations to come which would lead to today’s policies of sustainable development.
Proposals should be sent to Serge Ricard

– Olivier RICHOMME (Université Lyon 2), Yves-Marie PÉRÉON (Université de Rouen), Gélareh YVARD (Université d’Angers)

Les politiques de l’environnement aux États-Unis:
de l’exploitation de la nature à la protection de l’environnement

Si les pionniers qui ont peuplé les espaces de l’Ouest en ont développé les ressources naturelles, ils ont aussi participé à leur destruction. Bien que la force motrice de l’écologie américaine procède de la réflexion philosophique, les précurseurs du mouvement pour la conservation de la nature ont adopté une approche pragmatique afin de se faire entendre dans l’arène politique. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, les Américains ont été parmi les premiers à adopter des lois afin de préserver les terres et les ressources naturelles de leur pays. Toutefois, si l’intervention des pouvoirs publics américains dans ce domaine est très ancienne, sa philosophie et ses modalités ont considérablement évolué. Dans le discours politique, la notion de « protection de l’environnement » s’est progressivement substituée à celle de « conservation des ressources naturelles », dont Théodore Roosevelt se faisait, au début du XXe siècle, l’avocat. À partir des années 1960, la protection de l’environnement s’est étendue à toutes les formes de pollution ; plus récemment, la menace d’un épuisement des ressources énergétiques a contribué à la prise de conscience de la nécessité d’agir rapidement. Aujourd’hui, l’environnement est un enjeu majeur des débats politiques nationaux et internationaux. De nouveaux problèmes, comme le changement climatique, sont apparus ; ils nécessitent une coopération internationale face à des menaces d’ordre planétaire. L’opinion publique américaine et la communauté internationale attendent que le gouvernement américain donne l’exemple en matière de politique écologique et énergétique. Cet atelier souhaiterait obtenir des communications qui analysent l’impact politique de ce passage d’un rapport presque exclusivement esthétique à la nature vers une protection de l’environnement et des pratiques écologiques. Ainsi, les propositions pourront traiter de cette transition d’un point de vue historique, politique et juridique, à travers l’intervention des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, aux niveaux local et national.
Les propositions sont à envoyer à
Olivier Richomme, Yves-Marie Péréon, et Gélareh Yvard

Environmental Policies in the US:
From the Exploitation of Nature to the Protection of the Environment

If the pioneers who conquered the West developed its natural resources, they also participated in their destruction. While the dynamism of American environmentalism is rooted in philosophical inquiry, its precursors have adopted a pragmatic and utilitarian approach in order to be heard in the political arena. As early as the second half of the 19th century, Americans were among the first to pass laws protecting land and natural resources of their nation. However, if environmental policies in the US can claim an already long history, their philosophy and content have changed significantly over time. In political speeches, “the protection of the environment” has replaced “the conservation of natural resources” advocated by Theodore Roosevelt at the beginning of the 20th century. From the 1960’s on, environmental protection has progressively covered all kinds of pollution; more recently, the threatening exhaustion of energy resources has contributed to public awareness that swift action is needed. Today, the environment is a major issue in national and international politics. New problems, such as climate change, have surfaced. International cooperation is required in order to deal with global threats. The American public opinion as well as the international community expect the US government to take the lead in environmental and energy policies. This panel seeks papers that will explore the political ramifications of this transition from an almost exclusive aesthetic relationship towards nature to the protection of the environment and ecological practices. Therefore, propositions may examine this evolution from a historical, political and legal standpoint through the interaction of the three branches of government at the local and national levels.
300 word proposals should be sent to:
Olivier Richomme, Yves-Marie Péréon, and Gélareh Yvard

– Marie-Jeanne ROSSIGNOL (Paris – Diderot) et Rahma JERAD (Paris 1)

L’esclavage, l’abolition et leurs environnements en Amérique du Nord, 1765-1865

Par la fuite, la mission de prosélytisme ou le voyage vers d’autres régions, les acteurs de la question de l’esclavage et de l’abolition ont inscrit la nature au cœur d’un combat politique, et ont ainsi défini des « environnements » naturels de l’esclavage, contextes actifs d’un combat politique.
Au cœur de l’histoire de l’esclavage et de l’abolition en Amérique se trouve un environnement naturel qui façonne l’institution, contraint et libère l’esclave à la fois. On pense par exemple à l’esclave en fuite, qui utilise la nature environnante pour dissimuler sa fuite, une nature qui peut aussi le trahir. De même, certains abolitionnistes ont-ils inscrit leur combat dans de longues traversées de l’Amérique, où ils arpentent les chemins sur d’immenses distances, à cheval ou même à pied, sensibles à la sauvagerie de la nature et de ses habitants autochtones, à la variété des régions et des réactions de ses habitants. D’autres acteurs états-uniens de ce grand processus, pro-esclavagistes, sont fascinés par une « nature » propice à la société et l’économie esclavagistes et vont chercher cet environnement au-delà même des frontières de leur pays, dans des lieux exotiques et pourtant proches.
Les communications pourront porter sur la fuite dans les récits d’esclaves et les romans, sur l’environnement réel géographique de l’esclavage (et son impact sur l’économie), sur l’environnement rêvé de l’esclavage et sur les lieux de confrontation des esclavagistes et des émancipationnistes (frontière des Appalaches par exemple).
Atelier transversal civ-litt présenté par Marie-Jeanne Rossignol (Université Paris-Diderot) et Rahma Jerad (Université Paris 1). Les propositions sont à envoyer à Marie-Jeanne Rossignol, et Rahma Jerad

Slavery, abolition and their natural environments in America 1765-1865

Through flight, a proselytizing mission or journeys to other regions, actors of the slavery and abolition question inscribed nature within their political struggle, and thus defined natural « environments» for slavery, the living contexts of a political struggle.
At the heart of the history of slavery and abolition in America lies a natural environment that shaped the institution, while constraining and freeing slaves at the same time. One may think of the runaway slave, using nature to hide his flight, but sometimes exposed by this very nature. In the same way, some abolitionists inscribed their struggle in long journeys over vast distances, riding horses or even walking, while being made sensitive to a wild nature and its wild native inhabitants, and realizing the diversity in North American regions and its inhabitants’ reactions. Other proslavery participants in this great debate, were fascinated by the idea of a « favorable » environment for their slave society and economy, and went looking for it beyond the borders of their own country, in exotic yet nearby climes.
Papers can bear on runaway slaves in slave narratives and novels, on the real geographical environment of slavery (and its impact on the economy) as well on its imagined environment and on the places of confrontation between slave-owners and emancipationists (the Appalachian frontier for instance).
This is an interdisciplinary American Studies workshop open to scholars both in literature and history. Proposals should be sent to Marie-Jeanne Rossignol, et Rahma Jerad

– François SPECQ et Lacy RUMSEY (ENS Lyon)

De la perte de la nature aux retrouvailles avec le monde ?

Le déplacement d’accent de la nature à l’environnement au cours de la période contemporaine a-t-il été une manière de reconnaître ou au contraire d’effacer la spécificité de la relation de l’homme au monde ? La littérature et les arts ont-ils réellement été affectés par le changement de paradigme que suppose la dichotomie nature/environnement ? Et, si oui, de quelles manières ? Cet atelier voudrait particulièrement contribuer à explorer jusqu’à quel point les œuvres littéraires et artistiques depuis la période romantique ont dépassé ou avivé les polarités sujet/objet, homme/nature, ou bien ont totalement rendu caduques ces dichotomies. La création littéraire et artistique a-t-elle gagné quelque chose dans cette évolution ? Les critiques ou subversions postmodernes des conventions réalistes ont-elles été une manière paradoxale de ré-enchanter un monde qui pourrait sembler avoir perdu son aura en raison de la prééminence donnée à la notion d’environnement par rapport à celle de nature ? Les communications se proposant d’interroger les divers liens esthétiques et philosophiques entre l’époque post/romantique et la période contemporaine seraient particulièrement appréciées.
Les propositions sont à envoyer à François Specq et Lacy Rumsey

Losing nature, finding the world?

Has the discernible move from nature to environment over the contemporary period been a way of acknowledging or of dissolving the specific human relationship to the physical world? Have literature and the arts really been affected by the paradigm change suggested by the nature/environment dichotomy? And, if so, in what ways? This workshop invites papers that seek to explore the extent to which literary works since the Romantic period have overcome or enhanced the separation of subject and object, man and nature, or altogether erased these dichotomies. Has literary and artistic creation lost or gained anything in the process? Are postmodern critiques or subversions of realism a paradoxical way of re-enchanting a world whose aura may seem to have been lost in the rise of environment to pre-eminence? Papers seeking to interrogate the various aesthetic and philosophical links between the Post/Romantic era and the contemporary period are especially welcome.
Send proposals to François Specq et Lacy Rumsey

– Amy D. WELLS (Limoges / Blaise Pascal – Clermont 2 ; Espaces Humains et Interactions Culturelles – EHIC) et William DOW (Paris-Est – Marne-la-Vallée)

American Modernist Literary Landscapes 1900 to 1950:
From “Nature” to “Environment”

The relation of people to land is finally a product of the interaction of three factors: the basic physical nature of the environment, the preconceptions with which it is approached by its inhabitants, and the changes man makes in it. (Leonard Lutwack, The Role of Place in Literature)

In their quest to establish a truly American literary tradition, Modernist American writers such as William Carlos Williams (In the American Grain, 1925) and Sherwood Anderson (Winesburg, Ohio, 1919) strive to capture elements of American paysage and its identity in their writings. This Modernist tradition evolves from the literary force of the American frontier, which suggests that there is something innate in American soil (of a physical nature) which contributes to the American literary tradition.
The turn of the century and the development of urban spaces are underlying elements of Modernist Literature, and a factor which contributes to the transition from “nature” to “environment” is the important role the cityscape plays in Modernist texts. While Flannery O’Connor’s and William Faulkner’s literature of the South still hinges upon the literal “nature” of its setting, urban writers such as Djuna Barnes and Anaïs Nin employ the city “environment” and networks to structure their narratives. Whether rural or urban, writers’ and readers’ preconceptions of these spaces are relied upon to make characters and stories work.
American Modernist Literary landscapes are also a question of perspective and changes. More precisely, the literature of the expatriate movement offers a view of America from abroad, creating a sub-genre of American literature. In Paris France (1940), Gertrude Stein speaks to the importance of both physical and metaphorical distance when writing about a place:
After all everybody, that is, everybody who writes is interested in living inside themselves in order to tell what is inside themselves. That is why writers have to have two countries, the one where they belong and the one in which they live really. The second one is romantic, it is separate from themselves, it is not real but it is really there. […] Of course sometimes people discover their own country as if it were the other […] but in general that other country that you need to be free in is the other country not the country where your really belong. (2-3).
It was in writing about America from Paris that Stein attempted to capture the essence of The Making of Americans (1906-08/1925).
In this panel, we will reflect on the special relationships of nature—environment and landscape—cityscape—paysage in Modernist American works with a special focus on the physical nature, the preconceptions, and the changes present in these relationships. Question to consider include:
How do natural landscapes and cityscapes merge in the Modernist text?
What is written by and through the land? Can we identify “environmental” narrative strategies?
How are American landscapes and cityscapes represented from an expatriate perspective?
How does “writing the land” play a role in preservation?
Do literary representations of landscape, cityscape and paysage break down along gender lines?
Proposals should be sent to Amy D. Wells and William Dow

Paysages littéraires du modernisme américain, 1900-1950

Dans leurs efforts pour établir une tradition littéraire purement américaine, des écrivains américains modernistes tel que William Carlos Williams (In the American Grain, 1925) et Sherwood Anderson (Winesburg, Ohio, 1919) saisissent les éléments du paysage américain dans leurs écrits. Cette tradition moderniste, qui se nourrit de la force littéraire du front pionnier américain, révèle l’importante contribution de l’essence de la terre américaine (une nature physique) à la tradition littéraire américaine.
Le début du XXe siècle et l’essor des espaces urbains sont des topos de la littérature moderniste. Ces facteurs contribuent à la transition de « nature » à « environment » du fait du rôle important joué par le paysage urbain dans les textes modernistes. Ainsi la littérature du Sud de Flannery O’Connor et William Faulkner s’appuie toujours sur une « nature » littérale inscrite dans son contexte, tandis que des écrivains urbains comme Djuna Barnes et Anaïs Nin se servent de « l’environnement » urbain et de ses réseaux pour structurer leur textes. Rurales ou urbaines, les préconceptions de ces espaces par les écrivains et leurs lecteurs sont impliquées dans la compréhension des textes.
Dans la littérature moderniste américaine, les paysages sont aussi une question de perspectives et de changements. Plus particulièrement, les écrits des expatriés proposent une perspective sur les États-Unis depuis l’étranger, créant un sous-genre de la littérature américaine. Dans son ouvrage Paris France (1940), Gertrude Stein évoque l’importance de la distance, à la fois physique et métaphorique, en écrivant sur un endroit :
After all everybody, that is, everybody who writes is interested in living inside themselves in order to tell what is inside themselves. That is why writers have to have two countries, the one where they belong and the one in which they live really. The second one is romantic, it is separate from themselves, it is not real but it is really there. […] Of course sometimes people discover their own country as if it were the other […] but in general that other country that you need to be free in is the other country not the country where your really belong. (2-3).
C’est justement en écrivant sur les États-Unis depuis Paris que Stein veut capturer l’essence américaine dans son texte The Making of Americans (1906-08/1925).
Dans cet atelier, nous réfléchirons sur les rapports entre « nature », « environment » et landscape—cityscape—paysage dans la littérature moderniste américaine, en soulignant en particulier la nature physique, les préconceptions et les changements présents dans ces rapports. Quelques questions sont ainsi à considérer :
Comment les paysages ruraux et urbains sont-ils fusionnés dans les textes modernistes ?
Qu’est-ce qui est écrit par et à travers le paysage et le territoire ? Peut-on identifier des stratégies narratives « environnementales » ?
Quelle est la représentation des paysages ruraux et urbains américains du point de vue des expatriés ?
Le fait « d’écrire le territoire » joue-t-il un rôle dans sa préservation ?
Existe-t-il des rapports entre le genre de l’sécrivain et sa représentation des paysages ruraux et urbains ?
Les propositions sont à envoyer à Amy D. Wells et William Dow

Le comité scientifique du congrès :
Yves Figueiredo (Université Paris Sorbonne)
Michel Granger (Université Lyon 2)
Tom Pughe (Université d’Orléans)