Le suffrage féminin aux États-Unis : lois, pr atiques et représentations (19e-21e siècles)

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Le suffrage féminin aux États-Unis :
lois, pratiques et représentations (19e-21e siècles)

Université du Mans (3L.AM) / Université Toulouse Jean-Jaurès (CAS)

Date : 3-4 février 2022

Les femmes états-uniennes furent pendant longtemps exclues du processus électoral sur la base d’une construction sociétale les maintenant dans la sphère domestique. Le droit de vote et son exercice furent obtenus à l’issue de longs combats qu’elles menèrent pour accéder, non seulement à la participation, mais surtout à la représentation du plus grand nombre. L’adoption du 19e amendement en 1920 interdit toute restriction liée au genre dans l’accès au suffrage, mais ne marqua pas pour autant la fin d’un long combat pour le droit de vote des femmes. Il fallut ainsi attendre le passage de la loi sur le droit de vote en 1965 pour que les Afro-Américaines puissent s’inscrire sur les registres des électeurs dans les États du Sud, où des mesures d’exclusion du processus électoral furent mises en place dès la fin de la Reconstruction. Si l’héritage politique et les principes d’égalité des Six Nations amérindiennes inspirèrent les militantes de la première vague, les femmes autochtones furent marginalisées non seulement par leurs consœurs mais aussi par les institutions locales et fédérales. Aujourd’hui encore, certaines femmes n’ont pas toujours accès au suffrage en raison de leur appartenance sociale et/ou ethno-raciale. Les militantes continuent de dénoncer et de combattre le découpage électoral ainsi que toutes restrictions au droit de vote (vote du dimanche, vote anticipé, vote par correspondance).
Ce colloque s’intéressera aux luttes menées par les femmes réclamant l’accès au suffrage universel, ainsi que les obstacles qu’elles durent surmonter pour faire valoir leur droit. Ce droit est indissociable d’un combat féministe dont on pourra envisager les limites dans le cadre des luttes intersectionnelles. Les figures marquantes du suffragisme (Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton, Frances Harper et Ida B. Wells) sont désormais bien connues grâce à des écrits et des discours qui font partie du canon féministe politique, mais la façon dont elles furent traitées à l’époque (soutien ou diabolisation par les affiches ou le dessin de presse par exemple, mais aussi journaux nationaux et magazines dits « féminins ») pourra faire l’objet de discussions et de comparaisons avec la situation contemporaine.
L’entrée des femmes en politique fut l’une des conséquences du suffrage féminin et l’on pourra s’intéresser à la manière dont elles se sont emparées du pouvoir des urnes au 20e et 21e siècles, ainsi qu’aux programmes et causes défendus par les élues, du pacifisme de Jeannette Rankin à l’engagement pour l’environnement de Deb Haaland. Le militantisme politique des femmes n’est pas nécessairement un choix féministe, comme en atteste la carrière de Phyllis Schlafly. Certaines d’entre elles incarnent les politiques conservatrices (Sarah Palin) tandis que d’autres expriment leurs convictions démocrates socialistes (Alexandria Ocasio-Cortez). Le lien entre féminisme et politique pourra être interrogé à la lumière des événements historiques récents ou passés de manière à mieux comprendre la place des femmes dans les partis politiques mais aussi dans les instances nationales du Congrès.
Enfin, les participant.e.s pourront interroger l’impact des médias, des arts et de la littérature sur l’image des femmes politiques (Shirley Chisholm, Hillary Clinton, Kamala Harris, Sarah Palin…). Ces représentations ont-elle accompagné ou au contraire stigmatisé l’engagement au féminin ? Le progrès des femmes en politique est-il purement symbolique ou représentatif du chemin parcouru par les minorités depuis l’obtention du droit de vote ? La mise en scène de l’histoire des femmes en politique participe-t-elle à un effort démocratique ou renforce-t-elle une lecture patriarcale qui invisibilise les femmes ? Dans le contexte actuel où il est question de mettre en place des lois pour limiter la participation électorale des minorités qui penche largement du côté démocrate, les contributeur.trice.s pourront s’intéresser à la façon dont ces lois impactent plus particulièrement les femmes. Le traitement des électrices mais aussi des élues, sous l’angle de la fiction ou de la nonfiction, pourra être ainsi envisagé.
Dans le contexte des commémorations du mouvement (voire des mouvements) pour le droit de vote, leurs grandes étapes et personnalités marquantes, des interventions portant sur l’évolution de l’historiographie et de la muséographie sur le droit de vote féminin seront également bienvenues. Elles permettront d’appréhender la place faite désormais aux militantes auparavant marginalisées ainsi que les modalités de ces réécritures ou expositions et d’apprécier les contributions des Sino-Américaines, des Amérindiennes et encore des Latinas.

Conférencières invitées : Marjorie J. Spruill (University of South Carolina) et Claire Delahaye (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)

Les propositions de communication de 400 mots maximum, accompagnées d’une courte biographie de leur auteur(e) sont à adresser à eliane.elmaleh, elisabeth.lamothe pour le 30 septembre 2021.

Comité d’organisation : Eliane Elmaleh, Elisabeth Lamothe, Delphine Letort, Cristelle Maury

Comité scientifique :
Elisabeth Boulot (Université Marne La Vallée)
Hélène Charlery (Université Toulouse-Jean Jaurès)
Eliane Elmaleh (Université Le Mans)
Laurence Gervais (Université Paris Nanterre)
Pierre Guerlain (Université Paris Nanterre)
Charles Joseph (Université Le Mans)
Elisabeth Lamothe (Université Le Mans)
Delphine Letort (Université Le Mans)
David Lipson (Université de Strasbourg)
Cristelle Maury (Université Toulouse-Jean Jaurès)
Anne Stéfani (Université Toulouse-Jean Jaurès)


Women’s Suffrage in the United States:
Laws, Practices and Representations (19th-21st centuries)

Université du Mans (3L.AM) / Université Toulouse Jean-Jaurès (CAS)

February 3-4, 2022

American women were long excluded from the electoral process because societal constructions kept them confined within the domestic real. Actual enfranchisement was obtained after long struggles to achieve not only equal access to voting, but above all representation. While the adoption of the 19th Amendment in 1920 prohibited all gender-based restrictions on access to suffrage, it did not mark the end of the long struggle for women’s right to vote. It was not until the passage of the Voting Rights Act in 1965 that African American women were able to register to vote in the Southern states, where exclusion from the electoral process had been in place since the end of the Reconstruction era. Although the political heritage and principles of equality of the Six Nations inspired first-wave activists, Native women were marginalized not only by their fellow citizens but also by local and federal institutions. Even today, some women still do not have access to suffrage because of their social and/or ethno-racial affiliation. Activists continue to denounce and fight gerrymandering as well as voting restrictions (Sunday voting, early voting, mail-in voting).
This conference will focus on the campaigns and struggles led by women demanding access to universal suffrage, as well as the obstacles they had to overcome to exercise their right to suffrage. This right is inseparable from a feminist struggle, the limits of which will be considered in the context of intersectional struggles. The key figures of women’s suffrage (Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton, Frances Harper and Ida B. Wells) are now well-known thanks to writings and speeches that have become part of the feminist political canon, but the way they were treated at the time (supported or demonized through posters or press cartoons, for example, but also in national newspapers and so-called ‘women’s’ magazines) will be discussed and compared with contemporary situations.
Women’s access to the political arena was one of the consequences of women’s suffrage, and we will consider not only how they wielded suffrage in the 20th and 21st centuries, but also what programs and causes were taken up by elected women, from Jeannette Rankin’s pacifism to Deb Haaland’s environmentalist commitment. Women’s political activism is not necessarily a feminist choice, as demonstrated by Phyllis Schlafly’s career. Some of them adopt conservative politics (Sarah Palin) while others express socialist democratic convictions (Alexandria Ocasio-Cortez). The link between feminism and politics is to be questioned in light of recent or past historical events in order to better understand the place of women in political parties but also in national congressional bodies.
Finally, participants are invited to question the impact of the media, art forms and literature on the image of women politicians (Shirley Chisholm, Hillary Clinton, Kamala Harris, Sarah Palin…). Have such representations supported or conversely, stigmatized women’s political involvement? Is the progress of women in politics just a token reform or representative of the forward path taken by members of minority groups since the right to vote was obtained? Does the staging of the history of women in politics participate in a democratic effort or does it reinforce a patriarchal perspective that invisibilizes women? In the current context where bills have been proposed to limit minority voter turnout – largely in favor of the Democratic party – has become an issue, contributors may wish to consider how these laws impact women in particular. The treatment of both women voters and elected officials, from the perspective of fiction and nonfiction, may be studied.
In a context of commemoration of the movement (or even movements) for women’s suffrage, their major stages and outstanding personalities, presentations on the evolution of the historiography and museography dealing with women’s right to vote will also be welcome. They will allow us to understand the place devoted to previously marginalized women activists as well as the format of these rewritings of history or exhibitions and to truly appreciate the contributions of Chinese-American, Latinx and Native American women.

Keynote speakers: Marjorie J. Spruill (University of South Carolina) and Claire Delahaye (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)

Paper proposals of 400 words, accompanied by a short biography of the author, should be sent to eliane.elmaleh, elisabeth.lamothe by September 30, 2021.

Organizing committee: Eliane Elmaleh, Elisabeth Lamothe, Delphine Letort, Cristelle Maury

Scientific committee:
Elisabeth Boulot (Université Marne La Vallée)
Hélène Charlery (Université Toulouse-Jean Jaurès)
Eliane Elmaleh (Université Le Mans)
Laurence Gervais (Université Paris Nanterre)
Pierre Guerlain (Université Paris Nanterre)
Charles Joseph (Université Le Mans)
Elisabeth Lamothe (Université Le Mans)
Delphine Letort (Université Le Mans)
David Lipson (Université de Strasbourg)
Cristelle Maury (Université Toulouse-Jean Jaurès)
Anne Stéfani (Université Toulouse-Jean Jaurès)