Repenser les disciplines à travers les s eries televisees (7-8 avril 2022, Universite Paul Valery Mon tpellier 3)

[tags: television, series, disciplines, epistemological, perspectives]

Chères et chers collègues,

Vous trouverez ci-dessous un rappel du CFP pour le colloque "Repenser les disciplines à travers les séries télévisées. Perspectives épistémologiques".

Plus d’informations sur le site du colloque: https://tvseries-discip.sciencesconf.org/

Bien cordialement,

Monica Michlin pour le comité d’organisation

Repenser les disciplines à travers les séries télévisées. Perspectives épistémologiques

7-8 avril 2022

Université Paul-Valéry – Montpellier 3

Site Saint Charles – salle des colloques 2

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Dans leur reflet ou réfraction du monde, les séries télévisées marquent les perceptions de celles et ceux qui les regardent, qu’elles représentent des événements ultra-contemporains, au plus près de l’actualité, ou historiques, ouvrant des mondes sociaux fermés ou évoquant des scenarii catastrophes (sur fond de crise politique et environnementale) dans des mondes dystopiques ou uchroniques. Contribuant à façonner des imaginaires collectifs, ces fictions peuvent en retour influer sur le réel, en particulier lorsque les spectateurs-citoyens s’emparent de mouvements socio-politiques et culturels pour agir dans le monde (défilés de spectatrices en costumes tirés de la série The Handmaid’s Tale (Hulu, 2017- )lors des Women’s Marches sur fond de mouvement #MeToo aux États-Unis).

C’est cette même agentivité de l’objet « série » que l’on entend interroger dans une perspective épistémologique en faisant un pas de côté disciplinaire. En effet, de nombreux.ses chercheur.e.s en lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales ont vu dans les séries télévisées un nouveau terrain d’exploration sur lequel ils/elles ont apporté le regard méthodologique et les outils conceptuels relevant de leurs champs disciplinaires respectifs. Ce colloque entend interroger les chercheur.e.s sur un possible « effet de retour » de l’objet à la discipline, c’est-à-dire se demander si ce nouveau terrain d’étude permet de repenser quelque peu la discipline elle-même. L’objet « séries » a-t-il catalysé de nouveaux concepts, ouvert de nouveaux horizons, permis des analyses qui auraient été plus difficiles à envisager, voire inenvisageables sans lui ?

C’est en définitive l’influence réciproque entre objet et disciplines qui nous intéressera dans ce colloque afin de mesurer l’impact de cet objet culturel, qui connaît un engouement croissant, sur les approches scientifiques des chercheur.e.s en Humanités. L’objet « séries » reliant texte, langue, regards, gestes, images, caméra, contexte sur le temps long des saisons, n’invite-t-il pas également, dans sa multimodalité même, à redessiner les lignes disciplinaires ? En amenant parfois les chercheur.e.s à lire en dehors de leur champ, ne conduit-il pas à une redéfinition (inter)disciplinaire ? Si chaque discipline tend à construire ses objets, ses terminologies et ses instruments d’analyse, l’objet constitué des « séries » invite-t-il réciproquement à repenser la souveraineté de son domaine disciplinaire, à adopter un « autre regard », pour reprendre l’expression de Jean-Paul Resweber (2011 : 179), « sans pour autant renoncer à la logique spécifique de sa discipline, le chercheur en vient à adopter un autre regard qui subvertit le sien propre et peut l’amener à se positionner différemment au sein même de sa discipline » ?

C’est ce nouveau regard sur sa propre discipline, cette forme d’ « impensé » disciplinaire, sur lesquels nous souhaitons interroger les chercheur.e.s dans les divers champs qui se sont emparés de l’objet, que l’on pense à la philosophie (Laugier 2019), à l’histoire (Faure et Taïeb 2017), à la science politique (Faure et Taïeb 2015, 2020), à la linguistique (Bednarek 2018, Sorlin 2016), à la narratologie (Favard et Machinal 2019, Hatchuel 2015, Mittell 2015), aux études culturelles et à la sociologie (Bacqué et al. 2014, Susca 2015), aux études sur le genre (Lefèvre-Berthelot 2020) et aux queer studies (Chambers 2009), voire à la musicologie (Carayol et Rossi 2015). Parce que les séries sont si souvent des adaptations, ou réadaptations (Wells-Lassagne 2017), remakes ou reboots d’œuvres littéraires (Bronfen 2020), de films, ou de séries plus anciennes, elles n’augmentent pas simplement le corpus des adaptations mais le renouvellent, interrogeant le cloisonnement entre études audiovisuelles, cinématographiques, littéraires, et études des médias.

On se demandera ainsi non seulement ce que font les séries aux études cinématographiques (Hudelet et Crémieux 2021), mais comment elles ont participé à l’élaboration de nouveaux concepts : si elles n’étaient pas à l’origine du concept de « remédiatisation » (remediation) élaboré par Bolter et Grusin en 1998, Grusin a bien pensé la « pré-médiatisation » (premediation, Grusin 2010) en partie autour d’elles. N’obligent-elles pas à repenser aussi, du fait de leur diffusion contemporaine, l’idée même de série « télévisée » et ne révolutionnent-elles pas les television studies (Leverette, Ott et Buckley 2008, Lodz 2014), puisque nous les recevons désormais également via des plateformes de streaming, et sur des écrans de toutes tailles (du home cinéma au téléphone portable), ce qui oblige à repenser toute l’écologie des médias, dans une convergence culture (Jenkins 2006) impactée par leur prolifération? Peut-on encore imaginer les études transmédia (Cornillon 2018) sans elles ? Si les séries interrogent à la fois les études sécuritaires (Takacs 2012) comme les surveillance studies (Lefait 2013) dans leur mise en abyme de dispositifs scopiques notamment, ne sont-elles pas aussi devenues incontournables dans les études de la société de l’écran, du sujet digital, et du sujet posthumain (Machinal et Michlin 2018, Machinal 2020) ? Peut-on, de fait, continuer de penser les humanités numériques sans les séries ?

Enfin les séries, trop souvent encore reléguées au statut d’objets populaires « non sérieux », donnent pourtant une épaisseur sociale, politique et institutionnelle à ce qui est souvent inaccessible aux citoyen.ne.s (les coulisses du pouvoir, le fonctionnement des agences de renseignements, des univers sociaux et professionnels auxquels ils/elles ne sont jamais confronté.e.s, des existences « incarnées » qui ne sont pas les leurs). A ce titre elles semblent fonctionner comme passeurs de connaissances à l’endroit de la société civile. Conscient du pont qu’elles incarnent entre connaissance scientifique et connaissance commune, l’enseignant.e-chercheur.se puise parfois dans ces mises en scène des réalités sociales complexes pour en nourrir ses enseignements (les rouages et arrangements cachés derrière le fonctionnement des institutions politiques américaines peuvent-ils être exposés avec autant de force dans un cours magistral que dans un épisode de The West Wing ?). L’on pourra également dès lors s’interroger sur ce qu’elles apportent à la transmission des savoirs.

Nous accueillerons des propositions d’études critiques focalisées sur ce que les séries « font » aux disciplines, à la constitution des savoirs et la transmission des connaissances.

Merci d’adresser vos propositions d’environ 300 mots accompagnées de 5 lignes de bio-biblio pour le 30 septembre 2021 à tvseries-discip

Retour des avis aux auteurs : 30 octobre 2021

Langue de la conférence : anglais et français

Une publication est prévue chez un éditeur anglophone à partir d’une sélection des communications.

Invité.e.s d’honneur :

Monika Bednarek (University of Sidney)

Elisabeth Bronfen (University of Zurich)

Sam Chambers (Johns Hopkins University, sous réserve)

Ariane Hudelet (Université de Paris)

Comité scientifique

Julien Achemchame (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Marjolaine Boutet (Université de Picardie Jules Verne)

Kristy Beers Fägersten (Södertörn University, Stockholm)

Marianne Celka (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Claire Cornillon (Université de Nîmes)

Camille Debras (Université Paris Nanterre)

Florent Favard (Université de Lorraine)

Sarah Hatchuel (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Sébastien Lefait (Aix-Marseille Université)

Sandrine Oriez (Université Rennes 2)

Hélène Machinal (UBO Brest)

Hervé Mayer (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Monica Michlin (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

David Roche (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Sandrine Sorlin (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Vincenzo Susca (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Emmanuel Taïeb (Sciences po Lyon)

Delphine Texier (Université Rennes 2)

Comité d’organisation

Claire Cornillon (Université de Nîmes, RIRRA21), Sarah Hatchuel (Université Paul-Valéry Montpellier 3, RIRRA21), Monica Michlin (Université Paul-Valéry Montpellier 3, EMMA), Sandrine Sorlin (Université Paul-Valéry Montpellier 3, EMMA)

Call for papers

Rethinking disciplines with Television series. An epistemological perspective

In their reflection or refraction of the world, television series seem to affect the perceptions of those who watch them, whether they represent ultra-contemporary ripped-from-the-headline events or historical events, either opening up closed social worlds or offering dystopian scripts in uchronic or alternate worlds as in the real world, political and environmental crises loom large. In their activation of the collective imaginary, these fictions can in turn influence reality, in particular when spectator-citizens translate their viewing into real-life socio-political and cultural movements (for instance, demonstrators dressing up in costumes taken from the series The Handmaid’s Tale [Hulu, 2017-] during the Women’s Marches in the USA or within the #MeToo movement globally).

It is this agency of series taken as an object that we intend to question from an epistemological perspective by reversing our disciplinary lens. Indeed, numerous researchers in literature, the arts, humanities and social sciences have seen in television series new fields to explore, and they have brought the methodological perspective and the conceptual tools of their respective disciplines to them. This conference intends to question researchers on a possible “return effect” of the object on the discipline, i.e., to ask if this new field of study allows to rethink somewhat each discipline itself. Have series catalyzed new concepts, opened up new horizons, allowed analysis that would have been more difficult to envision, or that might even be unthinkable without them?

It is ultimately the reciprocal influence between object and disciplines that this conference will focus on, in order to measure the impact of this increasingly ubiquitous cultural object on the scientific approaches of researchers in the Humanities. In its multimodality which combines text, language, camera, musical soundtrack, actors’ performance and a viewer’s gaze over the course of entire seasons and years of real-life context, does not the very object “series” invite us to redraw disciplinary boundaries?

By inviting researchers to step outside their field to “decipher” them, do series not lead to forms of (inter)disciplinary redefinition? If each discipline tends to construct its objects, its terminologies and its instruments of analysis, this object invites us, in turn, to rethink the sovereignty of the disciplinary field, and to adopt a “different perspective,” to quote Jean-Paul Resweber (2011: 179): “without renouncing the specific logic of his discipline, the researcher comes to adopt another perspective which subverts his own and can lead him to position himself differently within that discipline”.

It is this turning of one’s gaze upon one's discipline to reveal potential disciplinary blind spots that this conference invites, in the various fields that have embraced research on series – from philosophy (Laugier 2019), to history (Faure and Taïeb 2017), political science (Faure and Taïeb 2015, 2020), linguistics (Bednarek 2018, Sorlin 2016), narratology (Favard and Machinal 2019, Hatchuel 2015, Mittell 2015), cultural studies and sociology (Bacqué et al. 2014), gender studies (LeFèvre-Berthelot 2020) and queer studies (Chambers 2009), to musicology (Carayol andRossi 2015). Because series are so often adaptations, or re-adaptations (Wells-Lassagne 2017), remakes or reboots of literary works (Bronfen 2020), of films or of older series, they do not simply increase the body of adaptations, but renew it, calling into question the demarcations between film studies, literary studies, and media studies.

We will therefore wonder not only how series as an object impact film studies (Hudelet and Crémieux 2021), but how they have participated in the development of new concepts. Although remediation (Bolter and Grusin 1998) did not emerge conceptually from a corpus of audiovisual series, Grusin has since elaborated his concept premediation (Grusin 2010) partly around these digital narratives. Given their contemporary distribution through online platforms, series also incite us to rethink the very idea of “television”, revolutionizing television studies as a field (Leverette, Ott and Buckley 2008, Lodz 2014). As content watched (downloaded, streamed) on screens of all sizes (from widescreen sets to computers and mobile phones), contemporary series may prompt us to rethink the entire ecology of media, in a convergence culture (Jenkins 2006) affected by their proliferation. Can we still imagine transmedia studies (Cornillon 2018) without them? If series interrogate both security studies (Takacs 2012) and surveillance studies (Lefait 2013) in their mise en abyme of scopic devices in particular, have they not also become essential in screen studies, as well as in studies of the digital and/or posthuman subject (Machinal and Michlin 2018)? Can we, in fact, continue to imagine the field of digital humanities without series?

Finally, although they are still too often relegated to the status of “unserious” popular objects, series nevertheless give social, political and institutional depth to what is often beyond citizens’ actual scrutiny or experience: the backstage of power politics, the secret workings of intelligence agencies, social and professional universes and embodied lives other than their own. As such, they seem to convey forms of knowledge to civil society. In their lectures or seminars, academics are well aware of how series bridge the gap between scientific fact and common knowledge, and they often draw from series’ staging of complex social realities (can the cogs of the US political system or backchannel communication be exposed with as much force in a traditional lecture as in an episode of The West Wing?). How series can facilitate the transfer of knowledge will therefore also be a focus of the conference.


 We will welcome proposals focused on the critical study of what series “do” to established disciplines; on how series affect the constitution of knowledge; and on how they allow the transmission of knowledge.

Please send your proposals (approx. 300 words + 5 lines of bio-bibliography), by September 30, 2021 to tvseries-discip

Authors will be notified by October 30, 2021. Papers can be delivered either in English or French.

An international publication will gather a selection of papers given at the conference.

Guest speakers:

Monika Bednarek (University of Sydney)

Elisabeth Bronfen (University of Zurich)

Sam Chambers (Johns Hopkins University, to be confirmed)

Ariane Hudelet (Université de Paris)

References

Bacqué, Marie-Hélène, Amélie Flamand, Anne-Marie Paquet-Deyris, Julien Talpin, dir. (2014), The Wire : L’Amérique sur écoute. Paris : La Découverte.

Bataille, Sylvaine et Florence Cabaret, dir. (2013), TV/Series 3 : Écho et reprise dans les séries télévisées (I): Reprise et intermédialité.

Bednarek, Monica (2018), Language and Television Series: A Linguistic Approach to TV Dialogue. Cambridge: Cambridge University Press.

Bolter, J. David and Richard Grusin (1998), Remediation: Understanding New Media. MIT Press.

Bronfen, Elizabeth (2020), Serial Shakespeare: An Infinite Variety of Appropriations in American TV Drama. Manchester : Manchester University Press.

Carayol, Cécile et Jérôme Rossi, dir. (2015), Musiques de séries télévisées. Rennes, PUR.

Chambers, Samuel A. (2009), The Queer Politics of Television. London: IB Tauris.

Cornillon, Claire (2018), Sérialité et transmédialité : Infinis des fictions contemporaines, Paris, Honoré Champion.

Faure, Antoine et Emmanuel Taïeb (dir.) (2015), « Les séries, politique fiction », Quaderni, n° 88.

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Grusin, Richard (2010), Premediation. Affect and Mediality after 9/11. Palgrave MacMillan.

Guilbert, Georges-Claude et Shannon Wells-Lassagne (dir.) (2014), Television Series and Narratology: New Avenues in Storytelling. GRAAT online 15, http://www.graat.fr/backissuetvnarratology.htm

Hatchuel, Sarah. (2015), Rêves et séries américaines. La fabrique d’autres mondes. Aix-en-Provence : Rouge Profond.

Hudelet, Ariane et Anne Crémieux, dir. (2021), Exploring Seriality on Screen: Audiovisual Narratives in Film and Television. Londres et New York : Routledge.

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Leverette, Marc, Brian L. Ott, Cara Louise Buckley. (2008) It’s Not TV: Watching HBO in the Post-Television Era. New York : Routledge.

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Machinal, Hélène et Monica Michlin (dir.) (2018), Posthumains en séries, TV/Series 14, https://journals.openedition.org/tvseries/2757

Machinal, Héléne (2020), Posthumains en série. Les détectives du futur. Tours : Presses Universitaires François Rabelais.

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DOI : 10.4000/questionsdecommunication.2661

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Takacs, Stacy (2012), Terrorism TV: Popular Entertainment in Post-9/11 America. Lawrence, Kansas : University Press of Kansas.

Wells-Lassagne, Shannon (2017), Television and Serial Adaptation. New York : Routledge.