Bernard Vincent

Chères et chers collègues,

C’est avec une profonde tristesse que le bureau de l’AFEA a dû par l’intermédiaire de Monica Michlin vous faire part, le 12 février, du décès de Bernard Vincent, qui fut président de notre association de 1983 à 1988.

J’ai rencontré Bernard Vincent en 1991 alors qu’il était professeur de civilisation américaine à l’université d’Orléans et cherchait à développer les recherches sur Thomas Paine dont il était le spécialiste en France. Il avait fait paraître une nouvelle traduction commentée de Common Sense (1983), de The Age of Reason (1789) et de Rights of Man (1991), ainsi que la première biographie en français de Paine, Thomas Paine ou la religion de la liberté, en 1987. Bernard Vincent a dirigé, entre 1991 et 1996, ma thèse sur le rapport de Paine à la religion. Tout au long de ma carrière, il m’a soutenue et encouragée. C’est bien sûr Bernard Vincent qui m’a fait connaître l’AFEA. Si je me suis investie activement dans notre association, jusqu’à la présider entre 2015 et 2018, c’est en grande partie grâce à lui.

Bienveillant, chaleureux, drôle, Bernard Vincent était aussi un homme érudit et d’une insatiable curiosité qui a poursuivi ses activités de traducteur, de biographe et de chercheur jusqu’à récemment. Il a dirigé Les Oubliés de la Révolution américaine, avec Élise Marienstras en 1990, et la synthèse d’un grand travail d’équipe, Histoire des États-Unis, dont la 4e édition est parue en 2016. Il est l’auteur de nombreux articles, ainsi que de Amistad : les mutins de la liberté (L’Archipel, 1998), du Sentier des larmes : le grand exil des Indiens cherokees (Flammarion, 2002), de Lincoln. L’homme qui sauva les États-Unis (L’Archipel, 2009), de Louis XVI (Gallimard, Folio biographies, 2006), de La Fayette (Gallimard, Folio biographies, 2014). En 2015, paraissait chez Fayard Ainsi nous parle Abraham Lincoln. Lettres et discours présentés et traduits par Bernard Vincent.

Bernard Vincent était aussi un fin connaisseur de la langue anglaise. En 2013, il a fait paraître chez Albin Michel un Dictionnaire français-anglais des expressions populaires 7000 expressions + 1 glossaire des faux anglicismes.

Les études américaines en France doivent beaucoup à Bernard Vincent. Il a fait partie de ceux qui ont activement participé à leur institutionnalisation dans l’université française. Il le raconte dans le film produit par l’AFEA en 2017 à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’association, At Fifty Ever Alert. Ce film, Bernard Vincent était heureux d’y participer. On peut y entendre sa voix, le voir consulter ses archives — y compris l’acte fondateur de l’AFEA ! — et l’écouter raconter comme il a «  bataillé comme un fou » pour que l’AFEA puisse être reconnue comme association autonome. Ce film est visible sur Vimeo.

Bernard Vincent nous manquera. Nos pensées vont à ses proches.

Nathalie Caron, pour le bureau de l’AFEA