Conférence, Toulouse, 17-18 mars: Staging American Rebellion

Cher.e.s tou.te.s,

Nous sommes heureuses de vous annoncer la tenue de l’édition 2022 du colloque itinérant "Staging America." Il se tiendra cette année à l’Université Toulouse-Jean Jaurès les 17 et 18 mars: nous aborderons la thèmatique de la rebellion dans un approche pluridisciplinaire nord/sud.

Les propositions de communications sont attendues pour le 15 novembre.

Vous trouverez ci-dessous d’appel à communications ainsi que les détails relatifs à l’envoi des propositions.

Bien amicalement,
Nathalie Dessens, Anne Stefani, Modesta Suarez, Emeline Jouve

[PLEASE, SCROLL DOWN FOR THE ENGLISH VERSION]

Staging American Rebellion

Mise en scène de la rébellion dans les Amériques

Université Toulouse-Jean Jaurès

17-18 mars 2022

Après avoir inscrit au programme des rencontres Staging America un certain nombre de problématiques étatsuniennes, nous privilégions désormais les études permettant de croiser ces problématiques entre Nord et Sud du continent. Nous faisons se côtoyer des recherches résolument interdisciplinaires : histoire, anthropologie, littérature, sémiotique de l’image, cinéma, théâtre, entre autres. En effet, la notion de « mise en scène » qui fonde nos problématiques se veut plurielle. Elle renvoie à tout mode de représentation utilisant les ressorts de la dramatisation dans son acception la plus large.

La prochaine rencontre, prévue à l’Université Toulouse-Jean Jaurès, les 17 et 18 mars 2022, aura pour but de centrer nos questionnements sur le terme de « rébellion » et la polysémie qui peut l’accompagner lorsqu’on le pose dans un contexte américain : celui d’« insurrection », de « soulèvement », de « dissidence », de « désobéissance », d’« insubordination », voire de « révolution ». Il nous faudra définir des forces en présence mais aussi les formes que peuvent prendre ces luttes, ces crises, ces résistances, et leurs enjeux, que l’on soit dans le domaine de l’histoire, des sociétés ou des imaginaires. Il est important également, tout en réfléchissant à la violence que génèrent ces mouvements, de considérer un de ses principaux moteurs constitué par le désir (de s’affranchir, de contester, de se libérer, de redevenir sujet, de prendre le pouvoir, de rendre justice).

La rébellion est inscrite dans l’histoire de la nation étatsunienne depuis les tout débuts de la colonisation. Entendue comme une révolte, une attitude d’indiscipline, d’insubordination à un régime ou une institution, d’opposition à l’autorité publique considérée comme abusive (que ce soit l’État, le pouvoir, l’ordre établi), la rébellion est même inscrite dans sa déclaration d’indépendance qui proclame institutionnellement le droit de renverser un gouvernement abusif. Les débuts de l’histoire nationale ont été marqués par des rébellions populaires visant le pouvoir fédéral et touchant toutes les aires géographiques de la nouvelle nation. Les esclaves, quant à eux, visèrent par des révoltes (appelées, en anglais, « slave rebellions ») l’institution qui les avaient asservis, marquant le XIXe siècle du sceau de la défiance à un ordre pourtant bien établi.

L’ensemble des Amériques répond à un constat : de la Révolution haïtienne, assise sur une rébellion massive des esclaves, aux rébellions indiennes qui ont marqué les premiers siècles de la colonisation jusqu’à l’époque des indépendances latino-américaines, c’est le continent tout entier qui a été marqué de mouvements populaires de tous ordres mettant à mal le pouvoir installé. Les XXème et XXIème siècles ne font pas exception. Depuis les nombreux mouvements d’opposition au gouvernement fédéral jusqu’aux combats pour l’obtention des droits civiques, aux mouvements populistes et aux mobilisations contemporaines (Tea Party, Occupy Wall Street, Black Lives Matter, etc.), les États-Unis semblent marqués du sceau de la rébellion. En Amérique latine et dans la Caraïbe, le terme a parfois été concurrencé par celui de « révolution » venu caractériser des mouvements populaires qui ont souvent porté au pouvoir des groupes sociaux (paysans, indigènes, habitants des favelas) défendant les intérêts du « prolétariat » ou de la « paysannerie ». Ainsi, la Révolution mexicaine de 1910, la Révolution cubaine de 1959 ou celle du Nicaragua en 1979. Mais ces « rébellions », de manière plus générale, ont mis en évidence la confrontation, sur l’ensemble du continent, de forces et de corpus idéologiques parfois endogènes, avec des mots d’ordre souvent internationaux, comme ce fut le cas pendant la guerre froide.

La mise en récit de ces événements a constitué, dans de très nombreux cas, le socle de l’imaginaire qui prévaut encore sur le continent. La prose mais aussi les vers ont pris le relais des témoignages et autres reportages pour brosser le portrait des héros et héroïnes dont la biographie inventée ou réelle peut alimenter encore, au-delà des frontières nationales, les chroniques ou les utopies de notre début de XXIème siècle. On peut penser aux icones comme Emiliano Zapata, Evita Perón, Martin Luther King, le Che ou Rosie the Riveter et à tous leurs avatars fictionnels.

On considèrera des formes artistiques (slogans, graffitis, formules politiques, photographies, banderoles, affiches, etc.) et un inventaire de formes qui ne cesse de se renouveler. On pourra aussi s’intéresser à la mise en scène historique et historiographique des rébellions, voire à qu’en a fait la culture populaire, qui tend à scénariser la rébellion américaine sous forme métaphorique (on pense, entre autres, à la saga de Star Wars, pour ne citer qu’un exemple).

Pourront donc être envisagées, sans que la liste qui suit soit exhaustive, les cinq grandes problématiques suivantes :

Rébellion et pouvoir

Rébellion et révolution

Rébellion et mémoire

Représentations de la rébellion

Rébellion et esthétique

Bibliographie succincte :

América Latina 1960-2013, Photographies, Paris, Fondation Cartier, 2013.

Artières Philippe et Eric de Chassey, Images en lutte (La culture visuelle de l’extrême-gauche en France (1968-1974), Paris, Beaux-Arts de Paris Ed., 2018.

Berryman, Phillip. The Religious Roots of Rebellion: Christians in Central American Revolutions, Eugene, OR, Wipf and Stock, 2004.

Butler Judith, « Soulèvement », in Didi-Huberman Georges (coordination et introduction), Soulèvements, Paris, Gallimard, Musée du Jeu de Paume, 2016, p. 23-37.

Brustein, Robert, The Theatre of Revolt: An Approach to the Modern Drama, Chicago, Elephant Paperbacks, 1991.

Craven, David, Art and Revolution in Latin America 1910-1990, New Haven, Yale University Press, 2006.

Didi-Huberman Georges (coordination et introduction), Soulèvements, Paris, Gallimard, Musée du Jeu de Paume, 2016.

Downes Paul, Democracy, Revolution, and Monarchism in Early American Literature, Cambridge, Cambridge Univ. Press, 2009.

Dunbar-Ortiz Roxanne, Contre-histoire des États-Unis, Paris, Ed. Wildproject, 2018.

French Scot, The Rebellious Slave: Nat Turner in American Memory, Boston, Houghton Mifflin, 2004.

Jankovic Ivan, The American Counter-Revolution in Favor of Liberty: How Americans Resisted Modern State, 1765-1850, Cham, Palgrave Macmillan, 2019.

Lyday Leon F., George W. Woodyard, eds., Dramatists in Revolt: The New Latin American Theater, Austin, University of Texas Press, 2011.

Marable Manning, Race, Reform, and Rebellion: The Second Reconstruction and Beyond in Black America, 1945-2006, Jackson, University Press of Mississippi, 2007.

Tréguer Annick, ChicanosMurs peints des États-Unis, Paris, PSN, 2000.

Young, Ralph, Dissent: The History of an American Idea, New York, New York University Press, 2015.

Zinn, Howard, Histoire populaire des États-Unis – De 1492 à nos jours, Marseille, Ed. Agone, 2002.

Les propositions devront être envoyées au plus tard le 15 novembre 2021 à Nathalie Dessens (nathalie.dessens), Émeline Jouve (emeline.jouve), Modesta Suarez (modesta.suarez) et Anne Stefani ( anne.stefani)

Elles comprendront : a) un abstract (4 000 caractères maximum) ; b) une courte biographique.

Langues officielles : français, anglais et espagnol.

Staging American Rebellion

Université Toulouse-Jean Jaurès

17-18 March 2022

After organizing several Staging America conferences bearing exclusively on United States issues, we now favor a trans-American North/South perspective. We also intend to engage in interdisciplinary exchanges, welcoming specialists of history, anthropology, literature, image semiotics cinema, theater, among others. Indeed, the notion of “staging” at the origin of our discussions is not limited to drama studies and considers any mode of representation using dramatization methods in the broad sense of the word.

The next conference, which will be hosted at the Université Toulouse-Jean Jaurès, on March 17-18, 2022, will question the notion of “rebellion” and its polysemy in the American context involving notions of “insurrection”, “upheaval”, “dissidence”, “disobedience”, “insubordination”, and even “revolution”. We will define the forces involved, but also the forms taken by these struggles, crises, resistances, as well as their stakes, in the fields of history, societies, and fiction. It is also important, while considering the violence these movements generate, to take into account one of its main drives: desire (for freedom, for protest, for agency, for power, for justice).

Rebellion has been inherent in the history of the United States since the early age of colonization. Taken in the sense of revolt, indiscipline, insubordination to a regime or an institution, opposition to public authorities considered as abusive (be it the state, power, the established order), rebellion is even written in its declaration of independence which proclaims the institutional right to overthrow an abusive government. Early national history was marked by popular rebellions against the federal government everywhere in the new nation. As for slaves, they fought, through several rebellions, against the institution that had subjugated them, inscribing defiance against the established order in 19th-century US history.

The trajectory of the whole of the Americas follows the same logic of defiance: from the Haitian Revolution, which was the result of a massive slave rebellion, to the Indian rebellions that marked the first centuries of colonization, to the Latin-American independences, the whole continent was marked by popular movements of all kinds against what represented power.

The 20th and 21st centuries are no exception to the rule. From the many movements against the federal government to civil rights movements, populist upheavals, and contemporary mobilizations (Tea Party, Occupy Wall Street, Black Lives Matter, etc.), the United States has kept its rebellious tradition. In Latin America and in the Caribbean, the word “revolution” was, at times, preferred to that of rebellion to characterize the popular movements that sometimes brought to power social groups defending the interests of the “proletariat” or of “peasantry” (farmers, Indigenous peoples, inhabitants of the favelas). Such was the case of the 1910 Mexican Revolution, of the 1959 Cuban Revolution, or the 1979 revolution in Nicaragua. From a more global perspective, these “rebellions” have highlighted the confrontation, on the whole continent, of ideological forces and corpuses, sometimes endogenous, often with an international scope, as was the case during the Cold War.

The narrative of these events has been, in many cases, the foundation of an imaginary that prevails on the continent. Prose, as well as verse, have taken over from testimonies and reports to represent the heroes whose invented or real biographies can feed the chronicles and utopias of the early 21st century, across national borders.. This is the case, for instance, of iconic figures like Emiliano Zapata, Evita Perón, Martin Luther King, Jr., Che Guevarra, or Rosie the Riveter, and their fictional avatars.

Special attention to original art forms (slogans, graffiti, political catchphrases, photographs, banners, posters, etc.) is encouraged, as well as an inventory of forms that are constantly being renewed. It will also be interesting to consider historical and historiographical ways of staging rebellions, as well as their representations in popular culture that often metaphorically scenarizes American rebellion (for instance in the Star Wars series, to cite only one example).

Although the list is far from exhaustive, the following themes can be considered:

Rebellion and power

Rebellion and revolution

Rebellion and memory

Representations of rebellion

Rebellion and aesthetic

Short bibliography:

América Latina 1960-2013, Photographies, Paris, Fondation Cartier, 2013.

Artières Philippe et Eric de Chassey, Images en lutte (La culture visuelle de l’extrême-gauche en France (1968-1974), Paris, Beaux-Arts de Paris Ed., 2018.

Berryman, Phillip. The Religious Roots of Rebellion: Christians in Central American Revolutions, Eugene, OR, Wipf and Stock, 2004.

Butler Judith, « Soulèvement », in Didi-Huberman Georges (coordination et introduction), Soulèvements, Paris, Gallimard, Musée du Jeu de Paume, 2016, p. 23-37.

Brustein, Robert, The Theatre of Revolt: An Approach to the Modern Drama, Chicago, Elephant Paperbacks, 1991.

Craven, David, Art and Revolution in Latin America 1910-1990, New Haven, Yale University Press, 2006.

Didi-Huberman Georges (coordination et introduction), Soulèvements, Paris, Gallimard, Musée du Jeu de Paume, 2016.

Downes Paul, Democracy, Revolution, and Monarchism in Early American Literature, Cambridge, Cambridge Univ. Press, 2009.

Dunbar-Ortiz Roxanne, Contre-histoire des États-Unis, Paris, Ed. Wildproject, 2018.

French Scot, The Rebellious Slave: Nat Turner in American Memory, Boston, Houghton Mifflin, 2004.

Jankovic Ivan, The American Counter-Revolution in Favor of Liberty: How Americans Resisted Modern State, 1765-1850, Cham, Palgrave Macmillan, 2019.

Lyday Leon F., George W. Woodyard, eds., Dramatists in Revolt: The New Latin American Theater, Austin, University of Texas Press, 2011.

Marable Manning, Race, Reform, and Rebellion: The Second Reconstruction and Beyond in Black America, 1945-2006, Jackson, University Press of Mississippi, 2007.

Tréguer Annick, ChicanosMurs peints des États-Unis, Paris, PSN, 2000.

Young, Ralph, Dissent: The History of an American Idea, New York, New York University Press, 2015.

Zinn, Howard, Histoire populaire des États-Unis – De 1492 à nos jours, Marseille, Ed. Agone, 2002.

Conference paper proposals should be sent by November 15, 2021 at the latest, to Nathalie Dessens (nathalie.dessens), Émeline Jouve (emeline.jouve), Modesta Suárez (modesta.suarez) and Anne Stefani (anne.stefani).

They should include: a) an abstract (4,000 characters maximum); b) a short biographical sketch

Official languages: French, English and Spanish.

Emeline Jouve
Champollion University/Toulouse II- University, France.
emeline_jouve; emeline.jouve