Colloque interdisciplinaire : « Pouvoir et autorité à l’épreuve des vulnérabilités »
Lieu : Centre de colloques, Campus Condorcet, salle 50
Place du Front populaire, 93300 Aubervilliers
Métro Front Populaire, ligne 12
Comité scientifique
Sylvie Bauer (ACE, Rennes 2)
Bertrand Gervais (Figura, UQÀM)
Hélène Machinal (ACE, Rennes 2)
Camille Manfredi (HCTI, UBO
Monica Michlin (EMMA, Montpellier 3)
Arnaud Regnauld (TransCrit, Paris 8
Argument
Ce colloque s’inscrit dans le cycle « pouvoir et autorité » qui rassemble cinq universités : Montpellier 3, Paris 8, Rennes 2, UBO, UQÀM. Il a débuté en 2019 à l’UQÀM par le colloque « Monitorer le présent. L’écran à l’ère du soupçon ». Il a été suivi par le colloque « Biopouvoir en culture de l’écran » qui s’est tenu à Rennes 2 à l’automne 2021. Le troisième opus s’intéressera plus particulièrement à la question des vulnérabilités.
Pouvoir et autorité à l’épreuve des vulnérabilités.
L’effondrement de l’autorité, les rétrogradations de ce « grand Autre », Dieu et l’État, et puis d’autres idoles, phallocrates pour la plupart, sont à l’origine d’une fracture dans l’être. Par conséquent, nous sommes toujours en train de ramper, couverts des lésions causées par les affronts que nous a infligés une autorité factice qui suivait ses malheureux représentants à la trace.
Avital Ronell
Losers. Les figures perdues de l’autorité. A. Regnauld trad. Paris : Bayard, 2015.
Dans le cadre du cycle quadriennal portant sur « Formes et représentations du pouvoir et de l’autorité en culture de l’écran », l’université Paris 8 organise la troisième déclinaison de cette réflexion collective, également portée par l’UQAM, l’UBO, l’université de Rennes 2 et l’université de Montpellier 3. Les deux précédents opus s’intitulaient respectivement « Monitorer le présent. L’écran à l’ère du soupçon » (UQÀM, automne 2019) et « Biopouvoir en culture de l’écran » (Rennes 2, automne 2021). Il s’agira plus spécifiquement d’approfondir le rapport entre pouvoir et autorité à l’aune du concept de vulnérabilité. Selon Avital Ronell, « l’autorité institue et investit le politique » et la question de l’autorité se pose de manière d’autant plus aiguë qu’elle se trouve confrontée à la fragilité des démocraties contemporaines, caractéristique intrinsèque à différencier de la vulnérabilité, ouverte sur l’extérieur. Face l’effondrement des fondements métaphysiques qui prônaient Dieu le père comme la plus haute autorité impartiale qui permettait de sceller le pouvoir politique et la reconfiguration des rapports sociaux au sein de la cellule familiale où la figure du pater familias autrefois investie de l’auctorictas dans la sphère domestique selon le droit romain, comment redéfinir un concept aux contours incertains qui fraye au voisinage de syntagmes connexes comme le pouvoir, voire l’autoritarisme qui en signe la chute, l’autorité n’ayant nul besoin de recourir à la force ou à la persuasion ?
De manière connexe se pose la question de l’autonomie du sujet dont la maîtrise de lui-même lui conférerait une autorité intérieure, ce qui n’est pas sans poser problème en ce qu’une telle vision tend à gommer les rapports d’interdépendance propres à la condition humaine. Selon ce modèle théorique, la vulnérabilité constituerait un obstacle à la maîtrise rationnelle, dans un déni du corps et plus largement de ce qui relèverait du sensible, schème largement repris par le transhumanisme. L’injonction de la maîtrise de soi peut dériver d’un autoritarisme d’État prônant non plus la vie bonne, mais une forme de morale coercitive visant à contrer la décadence morale venue de l’étranger, à l’instar des dérives constatées dans certains États (voir à titre d’exemple : « La Chine interdit les tatouages à ses footballeurs », Le Monde, 30 décembre 2021). À l’inverse, penser la vulnérabilité humaine comme exposition irréductible à l’incalculable, ou à défaut l’aléa, intègre d’entrée de jeu la possibilité d’une limitation de ma capacité d’agir sur le monde sachant que je suis toujours pris dans un faisceau de relations d’interdépendance qui fondent le politique. Alors même que se fait jour une défiance accrue vis-à-vis de l’État en tant que dépositaire de l’autorité politique à laquelle se substituent des intérêts techno-capitalistes désubjectivants, il conviendrait d’interroger de fait le rapport entre pouvoir et autorité à l’aune de ce que pourrait être une véritable politique de la vulnérabilité (voir Marie Garrau. Politiques de la vulnérabilité. Paris : CNRS éditions, 2018) qui arpenterait la ligne de partage entre universalisme et particularisme.
En effet, si la vulnérabilité peut être conçue comme une ouverture infinie à l’autre dans une optique universaliste (Levinas), certaines formes de vie précaires (voir Judith Butler, Vie précaire : les pouvoirs du deuil et de la violence après le 11 septembre 2001. J. Rosanvallon et J. Vidal trad. Paris : Editions Amsterdam/Multitudes) relèvent d’une exposition à la violence et d’une incapacité d’agir sur le monde qui menace le développement de sujets sans visage. Dans le sillage des réflexions posthumanistes, ont émergé de nouvelles figures comme celle du cyborg (voir Donna Haraway, Manifeste cyborg. Laurence Allard et Delphine Gardey trad. Paris : Editions Exils, 2007) ou de l’animot (voir Jacques Derrida, L’animal que donc je suis, Paris : Galilée, 2006), lesquelles sont venues troubler la construction de l’Homme comme ayant une autorité « naturelle » sur le monde en le réinscrivant dans la continuité d’un vivant (voir Corine Pelluchon. Eléments pour une éthique de la vulnérabilité. Paris : éditions du Cerf, 2011) toujours déjà technologisé, c’est-à-dire dénaturé, au sens où la Nature n’est pas un élément extérieur garant d’une pureté originaire. Ces figures permettent en effet de déconstruire et de critiquer les rapports de domination et d’assujettissement fondés sur une certaine tradition patriarcale ancrée dans un passé que remettent en question de nouvelles épistémologies et de repenser ainsi la catégorie du sujet humain.
PROGRAMME
Jeudi 29 septembre
9h00 Accueil des participant.e.s
9h30-10h30 Conférence plénière d’Alexandre Gefen, UMR7172, THALIM, (CNRS / Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) « L’idéologie de la résilience »
Modération Arnaud Regnauld
10h30-10h45 Pause
Session 1 Modération Sylvie Bauer
10h45-11h15 Aymen Boughanmi, Université de Kairouan. « Vulnerability of national powers and international authorities in a globalized economy ».
11h15-11h45 Julie Fortin (ENS de Lyon – IAO et Université de Perpignan – CRESEM). « Défendre la Terre face à une autorité destructrice : mise en scène d’une lutte écoféministe dans le film Woman at War de Benedikt Erlingsson (2018) ».
11h45-12h15Ewa Drab, Université de Silésie à Katowice, Pologne. « Entre l’imaginaire et le réel. L’individu et le système dans la littérature polonaise contemporaine ».
12h15-12h45 Questions
12h45-14h30 Déjeuner
Centre Numérique d’Innovation Sociale (CNIS) 14 rue Waldeck Rochet 93300 Aubervilliers
14h30-15h30 Conférence plénière de Fabienne Brugère, UMR LEGS (CNRS / Paris 8)
« Y a-t-il une politique féministe de la vulnérabilité ? »
Modération : Modération Sylvie Bauer
15h30-15h45 Pause
Session 2 Modération Hélène Machinal
15h45-16h15 Elizabeth Mullen, HCTI, Université de Bretagne Occidentale. « “Walk[ing] over the pit of hell on a rotten covering”: Penetrable Patriarchy and the Abject Male Body in The Witch (Eggers, 2015) ».
16h15-16h45 Lisa Haristoy, HCTI, Université de Bretagne Occidentale. « Déesse la mère : inversion et subversion de l’autorité religieuse patriarcale dans The Power de Naomi Alderman (2016) ».
16h45-17h00 Questions
17h15-17h30 Pause
17h30-19h00 Projection-débat autour du film de Judith Deschamps La_Mue_version_0.7 (en cours de création)
Discutante : Gabriela Patino-Lakatos CLEF-apsi, Paris 8 – UTRPP, Université Sorbonne Paris Nord
Dîner
Vendredi 30 septembre
9h00 Accueil des participant.e.s
9h30-10h30 Conférence plénière de Bertrand Guillarme, UMR CRESPPA (CNRS/Paris 8)
« Iris Marion Young: Injustice systémique et responsabilité politique des individus »
Modération Hélène Machinal
10h30-10h45 Pause
Session 3 Modération Arnaud Regnauld
10h45-11h15 Semyon Tanguy-André, EPS, Université de Bretagne Occidentale « Penser l’autorité à partir de la vulnérabilité : grande pauvreté, vulnérabilité existentielle et autorité vitale ».
11h15-12h15 Marie Baudoin, TransCrit, Université Paris 8« Autorité d’une interpellation enfantine dans Galatea 2.2 de Richard Powers et Zero K de Don DeLillo ».
12h15-12h45 Sophie Le Hiress, HCTI, Université de Bretagne Occidentale. « “I am the unreliable narrator of my own story” : réconcilier autorité et vulnérabilité dans Hannibal (Fuller, NBC) ».
12h45-13h00 Questions
13h00-14h30 Déjeuner
Centre Numérique d’Innovation Sociale (CNIS) 14 rue Waldeck Rochet 93300 Aubervilliers
Session 4 Modération Hélène Machinal
14h30-15h00 Mounir Tairi, LERMA/TransCrit, Aix-Marseille Université « « Sympathy for the Devil » : pouvoir panoptique et violence vulnérable dans The Walking Dead (Kirkman/AMC) ».
15h00-15h30 Fatima-Zohra Kettaf (INALCO) and Leah Kelly (Université de Toulouse 1). « Can Asma Speak? Vulnerability as Resistance in Amy Waldman’s The Submission ».
15h30-16h00 Eleanor Proctor, ILLE, Université de Haute-Alsace. « Queen Elizabeth the Last? The vulnerabilities of the British monarchy in the year of the Platinum Jubilee ».
16h00-16h30 Questions
16h30-16h45 Pause
Session 5 Modération Sylvie Bauer
16h45-17h15 Stefania Iliescu, ACE, Université de Rennes 2. « “Consumed by the device” (S, 99) – Cultural vulnerability in The Silence” ».
17h15-17h45 Kevser Güngör, TransCrit, Université Paris 8/UDEM « “We will be the masters” : l’autorité humaine menacée par la figure vulnérable de l’androïde dans le jeu vidéo Detroit: Become Human ».
17h45-18h15 Iulian Toma, Université de Chypre. « Comment raconter la vie des gens sans histoire ? ».
18h15-18h45 Questions
18h45-19h00 Pause
19h00 Performance Conférence d’Olivier Bosson : 3 MORTS BRUTALES
A propos de 3 faits divers symptomatiques de la vie dans les flux.
« C’était finalement à des équipes d’ingénieurs qu’on avait confié la mission de faire fonctionner la société. C’était eux qui avaient dessiné ces scénarios à la gloire des flux, et, tablant sur les bienfaits qu’apporteraient une abondance de circulations, de circuits, de canalisations, ils ont programmé le déploiement autonome infini des machines et des réseaux.
De mon côté, j’ai été marqué par 3 morts brutales survenues au cours de ces dernières années : celle de Nodar Kumaritashvili, celle d’Elaine Herzberg, celle de Jérôme Laronze. Chacun de ces drames nous rappelle les limites des fictions type ingénierie réseau et de leurs promesses. »
Samedi 1er octobre
Cette matinée consacrée à la recherche-création est organisée par Marie Baudoin, Hortense Boulais, Judith Deschamps, Kevser Güngör et Mounir Tairi
9h30 Accueil
10h00-10h30 Performance d’Hortense Boulais et Lorena Lisembard
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10h45-11h15 Performance de Lea Collet et de Kim Boutin
Performer le glitch
11h30-13h00 Présentation sur la traduction collective animée par Rosanna Puyol
Vivre dans des histoires avec des ami*es
13h30 Clôture du colloque