CFP Tourisme, Arts et Mémoire(s)/Tourism, arts and memory(ies), Université de Lille, 29-30 m ars 2024

Chères et chers collègues,

Vous trouverez ci-dessous l’appel à communications pour le colloque sur Tourisme, Arts et Mémoire(s) qui se tiendra à l’université de Lille (Faculté des Langues, Cultures et Sociétés à Roubaix) du 29 au 30 mars 2024

Bien à vous
Nathalie Dupont
MCF-HDR HC en histoire et culture des Etats-Unis,
ULCO

Appel à communications

Tourisme, Arts et Mémoire(s)

Conférence internationale

Université de Lille (Roubaix, Faculté de Langages, Cultures et Sociétés)

29-30 Mars 2024

(https://tam24.univ-littoral.fr)

Ce colloque international et interdisciplinaire, organisé par l’Université de Lille, en partenariat avec l’Université Littoral Côte d’Opale et l’InREnT, vise à rassembler des chercheurs de toutes disciplines mais aussi des professionnels et des acteurs du secteur touristique.

Lors de la sortie du film Il faut sauver le soldat Ryan (Steven Spielberg, 1998), beaucoup ont souligné le réalisme de la séquence du débarquement qui a contribué à faire du film un témoignage vivant des horreurs de la guerre. Le succès du film a ensuite incité de nombreux vétérans survivants de la Seconde Guerre mondiale et leurs familles, ainsi que des touristes, à se rendre encore plus nombreuxsur les lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale, montrant ainsi une fois de plus que le tourisme, les arts et la (les) mémoire(s) sont étroitement liés. Alors que 2024 marquera le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie et donnera lieu à de nombreuses célébrations pour entretenir la mémoire de cet événement, cette conférence internationale sur le Tourisme, les Arts et la (les) Mémoire(s) se propose d’étudier les liens entre ces trois notions.

Le thème de la guerre est malheureusement celui qui favorise la superposition de ces notions, amenant les touristes à marcher sur les pas des soldats évoqués Flanders Fields de John Mc Crae, à se rendre sur les lieux de tournage et voir les paysages liés aux œuvres évoquant la guerre comme le Wilfried Owen Memorial anciennement connu sous le nom de La maison forestière dans le Nord de la France. Les touristes peuvent également se rendre dans des expositions de peintures ou de dessins, tels ceux d’Otto Dix traduisant l’obsédante représentation apocalyptique de la Première Guerre mondiale, ou encore ceux de Léon Delarbre, David Olère et Denis Guillon qui prirent de grands risques en dessinant/caricaturant les atrocités commises à Auschwitz, Buchenwald, Dora et Ellrich afin d’apporter leur témoignage sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

Les touristes peuvent également visiter différents types de mémoriaux de guerre. Ils peuvent parcourir les nombreux sentiers du souvenir qui traversent les cimetières, se rendre dans des lieux de mémoire ou centres commémoratifs, tel le récent et très moderne centre John Monash dédié au corps expéditionnaire australien durant la Première Guerre mondiale. Ces mémoriaux et la manière dont ils sont conçus représentent en effet une forme d’art en soi, destinée à honorer la mémoire des soldats dont les noms « vivent pour toujours ». Le cénotaphe de Whitehall et le mémorial de Thiepval témoignent ainsi de l’œuvre d’Edwin Lutyens tandis que le Mall de Washington D.C. rassemble plusieurs monuments conçus par différents architectes qui, chacun à leur manière, rendent hommage aux soldats américains tombés au champ d’honneur.

La mémoire peut donc être collective et souvent liée à un événement traumatisant, même si les gens peuvent avoir des souvenirs différents de cet événement. On peut par exemple penser aux différents types de souvenir qu’ont les touristes lorsqu’ils se rendent à Ground Zero et visitent le mémorial, parfois sous la houlette de New-Yorkais qui ont eux aussi leur propre souvenir de cette journée. Cependant, ils contribuent tous à la mémoire collective de ce jour fatidique et de ses victimes sur un site qui est devenu un lieu national de commémoration.

La guerre et autres tragédies ne sont pas le seul thème où les trois notions de tourisme, d’art et de mémoire(s) se chevauchent. Par exemple, les touristes peuvent célébrer l’impressionnisme en visitant la maison de Claude Monet à Giverny. Ils peuvent aussi garder vivante la mémoire de différents types d’artistes, par exemple en se rendant dans des musées et des lieux liés à Jane Austen, tel Lyme Park géré par le National Trust dans le Cheshire et ayant servi à représenter Pemberley, belle demeure fictive de M. Darcy dans l’adaptation d’Orgueil et Préjugés qu’en fit la BBC en 1995. Les lieux ayant accueilli le tournage La Mélodie du bonheur (Robert Wise, 1966) en Autriche continuent à accueillir des touristes qui, dans un mouvement collectif, peuvent se souvenir avec tendresse de leur propre enfance lorsqu’ils virent le film pour la première fois, la nostalgie étant une sorte d’association intime qui aide également à « vendre le passé ».

Par conséquent, nous invitons les auteurs à étudier la manière dont différents types d’art, qu’il s’agisse de films, de peintures, de romans, de poèmes, de statues ou de monuments, peuvent amener les touristes à revisiter et à entretenir des souvenirs, qu’ils soient tragiques, historiques, littéraires ou musicaux, comme par exemple Graceland, dédié à la mémoire d’Elvis Presley, le musée des Beatles de Liverpool ou encore le musée Serge Gainsbourg, récemment ouvert à Paris dans son ancien domicile.

La conférence vise également à rassembler des chercheurs qui s’intéressent à la façon dont l’imbrication du tourisme, des arts et de la (des) mémoire(s) a évolué et s’est peut-être adaptée à l’époque actuelle. En effet, la manière dont la (les) mémoire(s) est (sont) célébrée(s) à travers les arts puis par les touristes peut également varier dans le temps, conduisant à voir le passé une fois de plus comme un « pays étranger » et aboutissant à une certaine déconstruction de la (des) mémoire(s) passée(s), ainsi qu’à une remise en question des pratiques touristiques et muséographiques. Par exemple, les touristes qui se rendent près de Parliament Square à Londres peuvent voir la statue de l’ancien député et premier ministre Winston Churchill, œuvre d’Ivor Roberts-Jones, qui a fait l’objet d’un débat sur les statues de personnages historiques liés à l’esclavage et au racisme. Les touristes peuvent visiter des expositions sur les artistes de l’école de la rivière Hudson et les peintures de Frederic Remington, qui célèbrent tous une mémoire et une vision spécifiques des espaces naturels américains du XIXe siècle, tandis que les peintures de cow-boys de Will Cotton tendent à déconstruire cette vision.

Les progrès liés au mouvement pour les droits civiques ainsi qu’au mouvement Black Lives Matter ont progressivement contribué à l’ouverture ou à la modification des lieux liés à l’histoire de l’esclavage, à l’image du musée de la plantation Whitney qui a ouvert ses portes en 2015 en tant que « tout premier musée de l’esclavage aux États-Unis », « déconstruisant le récit romancé des visites de plantations ». Le documentaireDescendant (Margaret Brown, 2022) de Netflix, primé à Sundance, qui raconte la découverte de l’épave de la Clotilda près de Mobile, en Alabama, et ses conséquences sur les descendants afro-américains des esclaves transportés, a donné lieu à l’ouverture d’une exposition spéciale à l’Africatown Heritage House, alors que des touristes commençaient à arriver pour visiter Mobile et son cimetière noir d’Oaklawn.

Les films et les documentaires peuvent également conduire à une déconstruction des souvenirs. Par exemple, les touristes qui ont visité Houston au Texas, le Centre spatial Kennedy et Cap Canaveral en Floride entre les années 1960 et 1980 savaient probablement qui était Werhner von Braun. L’ancien scientifique nazi, qui avait créé la fusée V2 et s’était rendu aux Américains avec une partie de son équipe, contribua ensuite à améliorer les fusées du programme spatial américain, et fut notamment mis en avant par Disney dans les années 1950 en tant que conseiller technique et parfois animateur de programme de télévision Tomorrowland produit par Disney. On peut également deviner sa présence sous les traits du scientifique en chef et de son équipe parlant tous avec un accent allemand prononcé dans L’étoffe des héros (Philip Kaufman, 1983). Mais les touristes d’aujourd’hui pourraient bien avoir une vision différente de leurs homologues des années 1960 et suivantes concernant la contribution des étrangers (et des femmes) au programme spatial américain grâce aux Figures de l’ombre (Theodore Melfi, 2016) où il n’y a pas de personnage de Von Brown puisqu’il est ironiquement remplacé par un survivant juif polonais dont les parents sont morts dans un camp nazi.

Ce colloque international se propose donc d’étudier les multiples relations entre tourisme, arts et mémoire(s) et leurs évolutions, qu’il s’agisse de tourisme lié à un conflit, à l’histoire, la littérature, au cinéma ou parfois d’un tourisme mémoriel nostalgique.
La conférence se déroulera de préférence en présentiel à l’Université de Lille, France (à la Faculté des langues, cultures et sociétés sur le campus de Roubaix), ou en distanciel au cas par cas.

Les propositions peuvent porter sur tous les aspects mentionnés ci-dessus et sur d’autres aspects de la relation entre le tourisme, les arts et la (les) mémoire(s) dans différents pays, pour autant qu’elles croisent les trois notions de tourisme, d’arts et de (des) mémoire(s).

Les résumés (environ 400 mots), rédigés en français ou en anglais, accompagnés de 3 à 5 mots clés et d’une courte présentation biographique, sont à envoyer par e-mail au plus tard le 13 janvier 2024 aux deux organisatrices (nathalie.dupont et laetitia.garcia).

Les auteurs des propositions sélectionnées seront notifiés début février et le colloque fera ensuite l’objet d’une publication avec expertise des articles retenus.

Comité scientifique:

§ Delphine Chambolle (Université de Lille)
§ Nathalie Dupont (ULCO)
§ Michel Felix (SKEMA)
§ Laetitia Garcia (Université de Lille)
§ Marie-Agnès Lanneaux (Université de Lille)
§ Cécilia Tirtaine (Université de Nantes)
§ Philippe Vervaecke (Université de Lille)
§ Philippe Vaesken (Université de Lille)
§ Shannon Wells-Lassagne (Université de Bourgogne)

Call for papers on Tourism, Arts and Memory(ies)

International conference

Lille University (Roubaix, faculty of Languages, Cultures and Societies)

March 29-30, 2024

(https://tam24.univ-littoral.fr)

This international and interdisciplinary conference organized by the University of Lille, in partnership with the University of Littoral Côte d’Opale and InREnT, aims to bring together academics from different fields as well as professionals and players from the tourism sectors.

When Steven Spielberg’s Saving Private Ryan was released in 1998, many pointed to its realistic D-Day landing sequence which contributed to make the film a vivid testimony to the horrors of wars. The film’s success then led many surviving WW2 veterans and their families, as well as tourists, to walk down WW2 memory lane in even greater numbers, therefore once again showing that tourism, arts and memory(ies) are intertwined. As 2024 will mark the 80th anniversary of the D-Day Landing in Normandy and lead to several celebrations so as to keep alive the memory of that event, this international conference on Tourism, Arts and Memory(ies) intends to study the links between these three notions.

The war topic is unfortunately one that favours the overlapping of these notions, leading tourists to walk into soldiers’ footsteps in John Mc Crae’s Flanders Fields, to visit shooting locations and war-themed books’ and poems’ settings such as the Wilfried Owen Memorial/ formerly known as La maison forestière in Northern France. Tourists can also go to exhibits of paintings and drawings like Otto Dix’s haunting apocalyptical rendering of WWI or those by Léon Delarbre, David Olère and Denis Guillon who took great risks while drawing/caricaturing the atrocities carried out at Auschwitz, Buchenwald, Dora and Ellrich as a kind of testimony to the horrors of WWII.

Tourists can also visit different types of war memorial spaces. They can walk the numerous remembrance trails going through cemeteries, and go to memorials and memorial centres such as the recent top-of -the-art John Monash Centre dedicated to the Australian expeditionary Corps during WWI. Indeed, these memorials and the way they are designed represent an art form in itself intended to honour the memory of soldiers whose names “liveth for evermore”. Whitehall’s Cenotaph and the Thiepval memorial thus bear witness to the work of Edwin Lutyens while the Mall in Washington D.C. gathers several monuments designed by different architects who, in their own way, all pay tribute to fallen American soldiers.

Therefore, memory can be a collective one often linked to a traumatic event, even though people may have different memories of that event. One can for example think of the tourists’ different 9/11 memories when they go to Ground Zero and visit the architect-designed 9/11 Memorial, led by local New Yorkers who also have their own recollection of that day. However, they all contribute to a collective memory of that fateful day and its victims on a location that has become a national place of remembrance.

War and other tragedies are hopefully not the only theme where the three notions of tourism, arts and memory(ies) overlap. For example, tourists can celebrate impressionism while visiting Claude Monet’s home in Giverny. They can also keep alive the memory of different types of artists, for example when going to Jane Austen-related museums and places such as the National Trust’s Lyme Park in Cheshire standing for Mr Darcy’s Pemberley in the 1995 BBC adaptation of Pride and Prejudice. The Austrian sets of locally-shotSound of Music (Robert Wide, 1966) still welcome tourists who, in a collective movement, may fondly recollect their own childhood when they first watch the film, as nostalgia is a kind of intimate association that also helps “sell the past”.

Therefore, we invite papers that evaluate the way different types of arts (whether it be films, paintings, novels, poems, statues, monuments…) can lead tourists to revisit and keep alive memory(ies), whether tragic, historical, literary, and musical such as Graceland dedicated to the memory of Elvis Presley, the Liverpool Beatles Museum and the recently opened Serge Gainsbourg museum in the Parisian house where he used to live.

The conference also seeks to bring together scholars interested in how the overlapping of tourism, arts and memory(ies) has evolved and maybe adapted itself to present times. Indeed, the way memory(ies) are somehow celebrated through arts and then by tourists can also differ through time, leading to see the past once again as a “foreign country” and resulting in some deconstruction of past memory(ies) as well as a questioning of touristical and museographic practices. For example, tourists going near Parliament Square in London can see former MP and PM Winston Churchill’s statue by Ivor Roberts-Jones that has been part of the debate over statues of historical figures linked to slavery and racism. Tourists can go to exhibits on the Hudson River school artists and Frederic Remington’s paintings which all celebrate a specific 19th-century memory and vision of American natural spaces, while Will Cotton’s paintings of cowboys tend to deconstruct that vision.

Progress linked to the Civil Rights movement as well as the Black Lives Matter movement gradually contributed to the opening or modification of slavery-linked places like for example the case of the Whitney Plantation Museum that opened in 2015 as the “very first museum slavery museum in the United States” “deconstructing the romanticized narrative of the plantation tours”. Netflix’s Sundance award-winning documentary Descendant (Margaret Brown, 2022) that narrates the discovery of the shipwreck Clotilda near Mobile, Alabama, and its consequences on its slaves’ African-American descendants resulted in the opening of a dedicated exhibit at the Africatown Heritage House as tourists started arriving to visit the specific place and its Oaklawn cemetery.

Films and documentaries can also lead to such deconstruction of memories. For example, tourists visiting Houston in Texas, the Kennedy Space Centre and Cape Canaveral in Florida between the 1960s and 1980s may well have known about Werhner von Braun. The former nazi scientist, who had created the V2 rocket and surrendered to the Americans with part of his team, later contributed to improve the rockets of their space programme, and was notably put in the limelight by Disney during the 1950s as technical advisor and sometimes host of Tomorrowland Disney-produced TV programme. His presence can also be guessed in the character of the chief scientist and his team all speaking with a thick German accent in The Right Stuff (Philip Kaufman, 1983). But today’s tourists may well have a different view from their 1960s and later counterparts relating to foreigners’ (and women’s) contribution to the American space programme thanks to Hidden Figures (Theodore Melfi, 2016) where there is no Von Brown character as it is ironically replaced by a Polish Jewish survivor whose “parents died in a Nazi prison camp”.

This international conference therefore intends to study the manifold relationship between tourism, arts and memory(ies) and its evolutions, whether it be warfare, historical, literary, film and sometimes nostalgic memorial tourism. The conference will preferably be an in-person event taking place at the University of Lille, France (in Roubaix, at the faculty of Languages, Cultures and Societies), or a virtual one on a case-by-case basis.

Proposals can address all the above-mentioned aspects and others of the relationship between tourism, arts and memory(ies) in different countries as long as they intersect the three notions of tourism, arts and memory(ies).

Abstracts (ca. 400 words), written in French or in English, together with 3 to 5 key words and a short biographical presentation, should be sent by e-mail no later than January 13, 2024 to both organizers (nathalie.dupont and laetitia.garcia)

Selected proposals will be announced at the beginning of February and there will be a peer-reviewed publication after the conference.

Scientific committee:

§ Delphine Chambolle (Lille University)
§ Nathalie Dupont (ULCO)
§ Michel Felix (SKEMA)
§ Laetitia Garcia (Lille University)
§ Marie-Agnès Lanneaux (Lille University)
§ Cécilia Tirtaine (Nantes University)
§ Philippe Vervaecke (Lille University)
§ Philippe Vaesken (Lille University)
§ Shannon Wells-Lassagne (University of Burgundy)

TAM24, call for papers.pdf