Nouveaux mondes, anciens mondes, mondes perdus : représenter et médiatiser la Préhistoire dans l’art et la culture visuelle américains 7-8 avril 2022, INHA

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De l’Atlantide, aux « Mound Builders » précolombiens, en passant par le combat acharné entre un T. Rex et des hommes des cavernes, les visions des mondes anciens et « perdus », flottant entre les faits et la fantaisie, ont longtemps exercé une fascination sur les artistes et les acteurs de la culture visuelle en Amérique. Comment ceux-ci ont-ils dépeint la Préhistoire et à quelles fins ? Comment l’imaginaire de la Préhistoire, du XVIIIe siècle aux années 1980, a-t-il contribué à de nouvelles conceptualisations de la culture, du temps, et de l’espace ?

Dès les premiers contact entre les Amérindiens et les peuples du « Vieux Monde », les Amériques ont posé un problème aux récits établis du « deep time ». Il s’agissait d’un « Nouveau Monde », apparemment sans histoire écrite, qui s’inscrivait difficilement dans les récits bibliques. Cette incertitude, couplée aux révolutions culturelles du temps et de l’espace qui marquèrent les siècles suivant l’expansion commerciale et impériale européenne, eut pour effet de produire une riche imagerie spéculative du temps profond. Comme l’a montré l’école « mythe et symbole » des études américaine dans les années 1950 et 1960, le temps mythique a joué un rôle important dans la culture américaine ; on en retrouve la trace dans les visions d’un Eden mécanique qui combinerait la technologie avec le pastoral, échappant à l’histoire et aux conflits sociaux de l’Europe. Au cours des XIXe et XXe siècles, l’évolution des sciences et de la culture populaire a accéléré un processus d’invention de mondes « anciens » et « perdus » , un imaginaire qui visait à donner un sens à l’idée de nouveau monde. Qu’ils soient plongés au fond des océans, cachés sous la terre ou perdus dans la jungle, ces mondes pouvaient être ramenés à la surface au travers des images.

Ce colloque abordera les images de la préhistoire et leur fonctionnement dans différents médias et dans des contextes artistiques et non artistiques. En se concentrant sur la façon dont ces images participèrent à la création d’un monde imaginaire spécifique, support pour l’invention d’origines lointaines et de temps profonds. Nous nous interrogerons sur ces questions en mettant en jeu les relations entre la production, la circulation et la réception de ces images, ainsi qu’en analysant les liens qui unissent ces mêmes images aux médias, en prenant en considération les questionnements à la fois formels et temporels qui en résultent.

PROGRAMME:

7 avril :

9h00-9h30 — Inscription, café et patisseries

9h30-10h — Introduction
*Francesca Rose, Terra Foundation for American Art.
*Judith Delfiner, HAR, Université Paris-Nanterr.
*Catherine Marcangeli, LARCA, Université Paris Cité.
*Jonathan Dentler, Terra Foundation for American Art, Université Paris-Nanterre, Université Paris Cité.

10h-13h — Panel 1. Déplacer les modèles européens : connexions transatlantiques et indigènes d’Amérique
*Anna Boroffka, CSMC, Universität Hamburg. « Quitter la grotte, entrer dans l’histoire du salut : Les récits visuels de la linéarité temporelle dans les manuscrits du Mexique colonial ».
*Thomas Balfe, Warburg Institute, University College London, Courtauld Institute of Art. « Une race antique ? Le chasseur à bois dans Le bref récit sur ce qui est arrivé aux Français en Floride (1591) de Theodor de Bry ».

*Pause Courte*

*Maria Gindhart, Georgia State University. « L’âge de pierre en Amérique de John J. Boyle ».
*Julia Sienkiewicz, Terra Foundation, American Academy in Rome, Roanoke College. « Tracer la préhistoire dans le corps indigène ? History, Empire, and Ferdinand Pettrich’s ‘Indian Gallery’ ».

13h-14h30 — Déjeuner

14h30 – 16h30 — Panel 2. Échelles et modèles de la (pré)histoire
*Christopher Heuer, University of Rochester. « Le film Primordial de Smithson et Holt ».
*Sigrid Ruby, Institut d’histoire de l’art, Université de Gießen. « Temps profond et histoire moderne : L’excavation du mastodonte américain par Charles Willson Peale ».
*Donna Roberts, Université d’Helsinki. « Poétique au-delà de l’humain : Les méditations minérales de Roger Caillois sur le temps dans les Amériques ».

16h30-17h — Pause café

17h-18h — Keynote
*Rémi Labrusse, Université Paris-Nanterre. Politiques de la préhistoire.

8 avril :

9h15-9h45 — Café et pâtisseries

9h45-11h45 — Panel 3. La préhistoire à travers les médias
*Lucie Grandjean, Université Paris-Nanterre. « Dérouler la préhistoire : Le Moving Panorama d’Egan et la médiation du savoir archéologique dans l’Amérique du XIXe siècle ».
*Jutta Teutenberg, LMU Munich. « Le temps profond en mouvement ».
*Margherita Fontana, Université IULM, Milan. « Les grottes (virtuelles) dans la pratique artistique américaine : Un retour vers le passé pour comprendre le futur ».

12h00-13h30 — Déjeuner

13h30-15h30 — Panel 4. Panaméricanisme et préhistoire
*Mylène Palluel, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Freie Universität Berlin. « Les rapprochements panaméricains de ‘longue durée’ dans l’essai de Robert Morris, ‘Sur les traces de Nazca’ (1975) ».
*Breanne Robertson, National Archives and Records Administration, Washington DC. « Ambivalence animée : La représentation du panaméricanisme et du passé précolombien dans le film The Grain that Built a Hemisphere des studios Walt Disney ».
*Élodie Vaudry, Centre Allemand d’histoire de l’art (DFK). « Le ‘précolombien-préhistoire’ comme outil de propagande mexicaine aux États-Unis, 1920 – 1930 ».

15h30-16h00 — Pause café

16h00-17h00 — Panel 5. Icônes de la préhistoire américaine
*Ryan Linkof, Lucas Museum of Narrative Art, Los Angeles. « La survie du plus fort : Fantaisies Pulp du Super Barbare ».
*André Gunthert, EHESS. « Le dernier des dinosaures, ou la science contre les images ».

17h00-17h45 — Keynote
*Vanessa Schwartz, USC. « Nous ne pouvons jamais revenir en arrière : Questions concernant l’ordre, la séquence et le "pré" dans l’histoire ».

Source: Jonathan Dentler

Invitation_JD-7-8april.pdf